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 Garden Party ?

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Garden Party ? Vide
Message(#) Sujet: Garden Party ? Garden Party ? EmptyVen 19 Nov 2010 - 22:15

Spoiler:

LUNDI 31 OCTOBRE 2011 ~ 22H

« Ouvre ! » « Nan ! » « OUVRE ! » « NAN J'TE DIS ! » « PUTAIN CRASH FAIS PAS LE CON OUVRE CETTE PUTAIN DE PORTE ! » « Va cuver ailleurs, j'en ai ras le bol que tu casses toujours TOUT ! T'es pas bien ou quoi, t'as vu l'état dans lequel t'es là ? Moi je dors pas avec ça à proximité ! » « PUTAIN ! PUTAIN DE PUTAIN ! DE PUTAIN DE ... PUTAIN ! »

Violemment, sous le coup de l'énervement, de la frustration et de l'alcool, Jed avait assené à la porte un coup de poing à travers lequel suintait toute la force de sa colère. Une force que son état de délabrement avancé n'avait visiblement pas affaiblie, bien au contraire, du moins c'est ce qu'avait laissé deviner le craquement sinistre qu'avait émis le bois au moment de l'impact. Un craquement qui aurait tout aussi bien pu provenir de ses jointures endolories, il aurait été bien difficile de se prononcer dans l'agitation du moment. Derrière la porte, barricadé et passablement effrayé de voir la tournure que prenait la situation, le colocataire de Vargas s'était alors intimait à lui-même de ne pas craquer et de ne pas laisser son ami rentrer de nouveau à l'intérieur, non pas par volonté de le voir dormir dehors, mais bel et bien par instinct de survie.

Jusqu'à la toute dernière seconde avant que Jed ne sorte de ses gonds, celui que l'on surnommait BigMac avait sincèrement cru que profiter de son ivresse afin de le faire parler s'avérerait être une technique infaillible pour lui faire extérioriser toute cette colère et cette douleur dont il refusait de se séparer, comme s'il avait fallu qu'il s'inflige à lui-même cet état de malêtre permanent. Seulement, lorsque le nom de Sally était apparu dans la conversation, tout avait chaviré. Les sourires s'étaient figés, l'un après l'autre. Celui de Jed, premièrement, puis celui que Crash, qui s'était rendu compte qu'il n'aurait pas du faire dévier le sujet de la sorte. Ce qui s'était voulu être une beuverie entre copains avait tourné à la crise de nerfs en moins de temps qu'il n'en avait fallu au propriétaire des lieux pour oser croire que Jed était prêt à tourner la page. A ce moment là, le colocataire avait à peine eu le temps de se lever et de s'écarter du champ de tire du français, ce qui avait été une idée plus que pertinente, au final, puisqu'à l'endroit où il avait été assis quelques minutes auparavant était venu s'éclater le cadavre d'une bouteille de vodka à moitié vide. Cette bouteille avait été la deuxième de la soirée et la précédente - mélangée à une consommation excessive de drogues, certes, douces, mais abondantes - n'avait pas manqué de rendre le terrain psychologique de Vargas plus instable que jamais. Aussi s'était-il jeté sauvagement à la poursuite de Crash, avec une lueur meurtrière dans le fond des yeux, comme s'il avait voulu en finir une bonne fois pour toute avec celui qui lui avait fait le coup bas de le ramener à la dure réalité des choses dans un moment où il s'était presque senti libéré de toute souffrance. Son esprit, abruti par ses excès, tant de fumette que de boisson, n'avait pas su effectuer le cheminement logique sensé lui rappeler que l'individu qu'il avait alors la ferme intention de tuer n'était autre que l'un de ses meilleurs amis. Alors, contraint et forcé de protéger sa propre intégrité physique, Crash n'avait pas eu d'autres choix que de feinter pour faire courir Jed jusqu'au hall d'entrée afin de l'attraper au vol pour le foutre à la porte en veillant à bien la verrouiller derrière lui.

Debout sur le perron, plus rouge qu'un piment équatorial, Jed tentais de refouler ce qui s'annonçait être une crise d'hystérie comme il en avait rarement faites, mais, comme c'était à prévoir, rien n'y fit et le volcan explosa. Balancelle, jardinière, pots de fleur, cendrier, aucun objet ne fut épargné par la colère débordante et incontrôlable de l'adolescent complétement ivre et totalement défoncé. Aveuglé par sa rage, il avait cassé une vitre du premier étage de la demeure en y balançant la manette de console Wii qui l'avait suivi jusque dans le jardin puisqu'accrcohée à son poignet par la lanière de sécurité qu'il avait enfilé lorsque tout allait bien et qu'ils - Crash et lui - jouaient encore en paix dans le salon de Cooper. Les flots d'insultes qu'il avait déversé en continu tout en s'attaquant à la façade de la maison s'étaient vite transformés en cris de rage et de douleur plutôt qu'en jurons parfaitement cohérents, ce qui, en définitive, aurait pu faire croire à n'importe qui qu'un ours blessé était en train de saccager un jardin dans l'avenue d'Apple Road.

« CONNARD ! CONNAAAARD ! CONNAAAAAAAAAAAAAAAAAA-AAAAAA-AAAAARD » Avait-il crié en direction de la maison après plus que 10 minutes passées à tout casser autour de lui, mais sa voix s'était déchirée sur la deuxième répétition et l'avait fait s'écrouler d'épuisement au beau milieu de la pelouse, en larmes et plus qu'évidemment au bord du gouffre psychologique. Abattu par sa crise d'hystérie (puisqu'il n'y avait aucun autre mot pour définir clairement les gestes désarticulés et remplis de haine qu'il avait pu commettre durant ces 10 minutes de perdition), il avait alors senti quelque chose céder en lui, quelque chose qu'il n'avait pas pu retenir et qui l'avait fait grimacer en pleurant comme le plus malheureux des orphelins.

MARDI 01 NOVEMBRE 2011 ~ 07H10


Il devait être aux alentours de 7 heures du matin lorsqu'un rayon de soleil plus hardi que les autres prit le risque de venir taper dans l'œil de Jed. Ce dernier, échevelé et courbaturé, émit alors un grognement de protestation en se retournant sur lui-même et en tendant mécaniquement le bras dans le but de s'emparer de son portable habituellement placé sur la table de nuit. Ainsi, lorsque sa main tomba à plat sur quelque chose de hérissé et d'humide, il arqua un sourcil dans le demi-sommeil qui l'habitait encore et se mit à caresser la surface du bout des doigts pour deviner ce que cela pouvait bien être, trop paresseux qu'il était pour tout simplement ouvrir les yeux et s'en informer d'un seul regard. Peut-être était-ce son mal de crâne apocalyptique ou cette impression d'avoir la gorge brûlée au troisième degré, toujours est-il qu'il ne parvint pas à identifier la nature de cette texture étrange. Résigné, il se risqua alors à ouvrir un œil et ne put contenir un couinement d'animal apeuré en recevant la lumière aveuglante du matin en plein dans la rétine. Il ne lui en fallut pas plus pour refermer promptement les yeux et replonger sous sa couette en dessous de laquelle il savait qu'il pourrait se réveiller en douceur sans avoir à cohabiter avec la luminosité du jour. Peinant à refaire surface et à joindre les deux bouts d'un raisonnement logique, il s'accorda 20 bonnes secondes de silence radio (tant vocal qu'intellectuel) avant d'enfin consentir à analyser la situation à voix basse, comme il le faisait souvent lorsqu'il se croyait seul.

« Qu'est ce que tu fous endormi dans le jardin Jed ... ? » Allongé sur le dos et entièrement caché par la couverture contre la surface de laquelle les rayons du soleil rebondissaient en donnant à la bulle protectrice qui l'entourait une teinte bleu de méthylène, Vargas ouvrit les yeux et détailla d'un air perplexe les motifs du tissu qui lui barrait la vue. « Et qu'est ce que c'est que cette ... Mais ! Elle est pas à moi cette couette ! » De moins en moins certain de ne pas être en train de rêver, il fit un effort pour se retourner sur lui-même - toujours en s'arrangeant pour qu'aucun rayon de soleil ne puisse s'immiscer dans sa bulle d'obscurité artificielle - et finit par se retrouver allongé sur le ventre, le nez dans l'herbe perlée de rosée et l'odeur de la terre plein les narines. Il n'avait pas rêvé, ici comme à quelques centimètres plus loin, l'herbe était hérissée et humide ; bien loin de la texture boisée de sa table de nuit. « ... » Paumé, Jed envisagea le temps d'un instant de se rendormir et de remettre à plus tard la résolution de ce mystère, mais le fait était qu'une fois réveillé il devait bien reconnaitre que cette position, en plus de ne rien avoir de confortable, ne lui apporterait rien de plus que la certitude d'en ressortir grippé et encore plus fatigué qu'il ne se sentait déjà. Alors, résigné, il prit son courage à deux mains et retira d'un coup sec la couette pour se confronter au monde extérieur avec une radicalité similaire à celle que l'on pouvait retrouver dans les plongeons des gens qui préfèrent sauter tout entier dans une eau glacée plutôt que d'attendre bêtement en y pénétrant petit à petit. Une fois encore, il ne put retenir un grognement râleur et se redressa en position assisse pour mieux se frotter les yeux de ses poings fermés. La première chose qu'il vit en détaillant les alentours fut le visage d'Ella, qui dormait profondément à environ un mètre de lui, roulée en boule sous une autre couverture aux motifs similaires à la sienne. Puis son regard dévia en direction de la maison et bloqua sur le bordel monstrueux qui régnait sur le perron et tout autour. Que s'était-il passé au juste ? Et qu'est ce que la voisine pouvait bien faire endormie sous le même arbre que lui ?

« Ella ? » Murmura-t-il à l'attention de la jeune fille. « Ella ? ... Ell - Tu dors ? »



Dernière édition par Jed Vargas le Jeu 16 Déc 2010 - 4:18, édité 2 fois
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Garden Party ? Vide
Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptySam 20 Nov 2010 - 4:24

Garden Party ? 10ehvmf
Ella J. Nielson & Jed Vargas
FLASHBACK
« Dis...! Tu pourrais me déposer? » demanda l'adolescente en descendant les marches à la volée en tentant de ne pas s'écrouler en se prenant les pieds dans sa robe. D'ailleurs, la surprise de Lawson en la voyant ainsi vêtue lui tira un sourire gêné alors qu'elle lui tendait sa main en riant quand il la lui demanda. « Évidemment que je t'emmène! T'es très jolie, Ella, elle te va comme un gant! » « Merci. Tu vas la faire fondre, ta Dolly, comme ça! » précisa Ella en riant, glissant un diadème délicat dans sa chevelure blonde bouclée et remontée en un chignon d'où des mèches un peu folles s'échappaient. Sa robe semblait tout droit sortie de la cour de Louis XIV, dans un bleu délicat qui s'harmonisait parfaitement à ses yeux et ses cheveux couleur de blé.

Son tuteur la déposa devant l'école alors qu'il y avait déjà de nombreux petits monstres qui attendaient pour y entrer. Ella se tourna vers lui avec un petit sourire timide et lui donna un bisou sur la joue pour le remercier. « Promis, tu rentres en taxi? T'as l'argent que je t'ai laissé? Tes clés? Sinon, tu m'appelles! » « J'ai tout ça! Bonne soirée, Lucifer! Avec ta charmante dulcinée! » Un sourire éclaira son visage alors qu'il la sommait de passer un agréable moment également, alors que l'école avait spécialement organisé une soirée d'Halloween pour ses étudiants. Ella s'extirpa de la voiture alors que les anneaux qui rendaient sa robe bouffante étaient de vraies plaies à traîner! Elle trouva difficilement les gens qu'elle connaissait, alors qu'elle ignorait leurs déguisements, mais rencontra un groupe de sa classe et resta sagement avec eux, rougissant légèrement sous les compliments avant de les renvoyer quant aux costumes de ses camarades. Bien vite toutefois, lorsque ses amis décidèrent de quitter le gymnase pour se rendre ailleurs, chez quelqu'un où il y aurait de l'alcool notamment, elle préféra décliner l'invitation et rentrer à pied, ne s'amusant pas beaucoup de toute façon.

Ce ne fut que lorsqu'elle fut arrivée chez elle qu'elle remarqua le foutoir de la maison d'à-côté et qu'elle se dirigea vers le jardin, là où Jed s'écroulait au sol à l'instant même, en pleurs et visiblement chamboulé. Inquiète, la jeune fille traversa de l'autre côté et se dirigea vers lui en redressant sa robe, avant de s'accroupir à ses côtés, sourcils froncés. « Jed? » Soucieuse, elle comprit d'un simple coup d'oeil qu'il avait abusé sur la drogue et l'alcool et souleva sa robe légèrement afin de s'asseoir dans l'herbe à côté de lui. Ella resta avec lui jusqu'à ce qu'il s'endorme, mort de fatigue, et se mordit la lèvre avant de se relever pour rentrer chez Lawson. Elle retira sa robe et enfila un simple pantalon de jogging ainsi qu'un tee-shirt et un sweat-shirt, avant de défaire la coiffure qu'elle portait avec délice. Elle brossa ses cheveux avant de récupérer deux couvertures, qu'elle emmena dans le jardin. Elle en glissa une sur les épaules de Jed afin qu'il ne prenne pas froid et fronça les sourcils en se mordant la lèvre, consciente qu'elle pouvait l'observer à loisir maintenant qu'il dormait à poings fermés. Elle s'éloigna un peu, mais garda ses prunelles rivées sur lui alors qu'elle s'assoyait au sol également, prête à passer la nuit à ses côtés. De toute façon, elle avait spécifié à Lawson qu'elle irait peut-être dormir chez une amie et qu'il n'aurait pas à s'inquiéter.
« Ella ? ... Ell - Tu dors ? » Émergeant du sommeil difficilement en ouvrant à peine les yeux, elle vit d'abord un Jed plutôt flou, jusqu'à ce qu'elle se décide à s'asseoir en posant une main derrière elle, frottant vivement ses yeux de l'autre. « Je dormais avant que tu me réveilles, oui... » fit-elle avec un petit sourire, ravie de voir qu'il semblait aller un peu mieux. Elle plissa un moment les yeux afin de s'habituer à la lueur du jour et se redressa finalement en position assise alors qu'elle posait un regard à peine réveillé sur le jeune homme qui lui, avait sans doute eu la chance de se réveiller avec douceur et sans être brusqué. « Je dois dire que niveau confort, mon lit est cent fois mieux! » maugréa-t-elle en glissant la couverture sous elle pour se faire un petit promontoire duveteux. Elle grimaça et la replaça jusqu'à ce qu'elle s'y sente bien et récupéra le reste pour s'y emmitoufler malgré la chaleur des rayons du soleil. La journée s'annonçait belle, pour un « après Halloween » et les anciens vampires et monstres sanguinaires auraient tôt fait de retirer leurs costumes en voyant la lueur du jour!

Son regard se posa sur Jed, non loin d'elle, alors qu'elle grimaçait en récupérant une feuille dans ses cheveux blonds. Emmêlés, elle y passa les doigts pendant un court instants afin de tenter de les démêler et finit par abandonner. Ses prunelles se portèrent finalement sur le bazar dans la cour arrière, bazar qu'elle n'avait pas pris la peine d'observer longtemps le soir d'avant. Des pots cassés, des éclats de verre, même la balancelle n'avait pas été épargnée. Décidément, Jed avait eu besoin de se défouler, mais si elle comprenait la violence qui faisait rage dans son coeur, jamais elle n'aurait pu agir de cette façon. Elle se demanda même, pendant un moment, ce qu'elle avait fait et pourquoi elle avait finalement décidé de dormir là, à ses côtés. Elle aurait tout aussi bien pu amener une couverture et rejoindre son lit, pourquoi rester? La réponse se perdait dans les tréfonds de ses questionnements et elle préféra reporter à nouveau son attention sur Jed. « On dirait qu'un éléphant est passé ici hier soir. Tu voulais ameuter le quartier? » Amusée, elle glissa son regard dans le sien avec un petit sourire, afin de lui montrer qu'elle n'était pas contre lui et qu'elle ne lui reprochait pas son attitude. Bien sûr que c'était déraisonnable de sa part, bien sûr qu'il avait agit comme un pauvre con! Mais Ella se disait que si elle-même le savait, il le savait aussi, qu'il n'avait pas agit de la meilleure des façons ce soir-là, et le lui rappeler encore et encore ne servirait à rien sinon à envenimer les choses.

« Tu te sens comment? » demanda-t-elle, plus par curiosité que par réelle inquiétude. Après tout, il lui avait parlé, il s'était même assis, donc il n'était pas trop mal en point, contrairement à ce que son état laissait présager la nuit passée. Selon les dires de Pride, elle avait été, une fois, sous l'emprise de drogues, mais c'était bien sans son consentement et sans qu'elle ne l'ait réellement voulu, ce qui la déculpabilisait de l'état dans lequel elle s'était trouvée au matin. Elle se rappelait très exactement de la sensation de vertige qu'elle avait eue, mais elle avait du mal à concevoir qu'on puisse se droguer pour quelques minutes de « high » et redescendre tout aussi rapidement sur Terre avec un réveil aussi brutal! Vu son état lorsqu'elle l'avait retrouvé dans le jardin, il ne devait pas en mener bien large malgré sa tentative de paraître plus ou moins en forme.
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Garden Party ? Vide
Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptySam 20 Nov 2010 - 5:59

« Je dormais avant que tu me réveilles, oui ... » Répondit-elle d'une voix encore endormie tout en se redressant peu à peu et en faisant preuve de mouvements assez raides pour qu'il en déduise qu'elle non plus n'était pas au top de sa forme physique après une nuit passée à dormir à même le gazon. « Je dois dire que niveau confort, mon lit est cent fois mieux ! » Finit-elle par avouer en confirmant ses soupçons, ce qui l'incita à lui tendre sa propre couverture tandis qu'elle gesticulait à la recherche d'une position un peu plus confortable à adopter. « Tiens ... » Fit-il en lui rendant ce qu'il pensait être à elle.

Assis seul au milieu du périmètre d'herbe que son corps avait aplati durant son sommeil, Jed se sentait fiévreux et aussi lourd qu'un semi-remorque. Chaque geste - depuis celui qu'il fit pour se mettre en tailleur, jusqu'à celui qu'il amorça pour fouiller le fond de la poche de sa chemise - chaque inspiration, chaque battement de cil lui coutait un effort, mais ce n'était rien en comparaison du désastre nucléaire qui semblait avoir eu lieu au sein de son encéphale. « On dirait qu'un éléphant est passé ici hier soir. Tu voulais ameuter le quartier ? » Jusqu'alors profondément absorbé dans ce qui semblait être la recherche de quelque chose dans sa poche, Jed releva la tête et croisa le regard d'Ella. Ce qu'il avait voulu faire ? Comment ça, il ? Tout à coup, quelque chose de mordant se mit à lui attaquer l'estomac, mais il fallut qu'il regarde de nouveau le carnage qu'avait subit le perron pour comprendre que ce mal n'était autre qu'un relent de culpabilité. Et pour qu'il y ait relent de culpabilité, il fallait qu'il y ait un coupable. Or il venait de se réveiller dans le jardin en compagnie Ella et, la connaissant, il n'avait aucun mal à imaginer lequel d'eux deux était le plus susceptible d'y être pour quelque chose ... « C'est moi qui ai fait ça ... » Releva-t-il d'un ton monocorde - perdu entre la question ayant déjà une réponse intérieure et l'affirmation craintive ne voulant pas tout à fait se résigner quant à la véracité du propos émis - plus pour lui-même que pour elle qui devait s'en être rendu compte bien avant qu'il ne reprenne connaissance.

S'il avait été moins à côté de ses pompes et s'il n'avait pas eu tant de mal à mettre de l'ordre dans ses idées, Jed aurait certainement pensé à Crash. Crash qui l'avait accueillit chez lui et qui supportait son attitude de gamin en crise depuis plus d'un mois. Un Crash qu'il ne se souvenait pas encore d'avoir menacé lorsque ce dernier l'avait mis à la porte, mais dont il ne tarderait pas à assez bien imaginer l'état d'esprit, puisqu'il était évident - au vu du bordel qui régnait dans le jardin - qu'il n'avait pas pu ne pas l'entendre tout casser de la sorte. Stoïque, comme détaché du monde, Vargas observa les débris de verres qui brillaient au loin à cause de la réverbération du soleil et entendit à peine le « Tu te sens comment ? » que lui adressa sa voisine au delà de la frontière qui séparait son monde nébuleux de celui, certainement plus réaliste, dans lequel elle se trouvait. Son silence perdura une longue poignée de secondes avant qu'il ne prenne la décision de reprendre ses fouilles dans le fond de sa poche. En s'appliquant et en faisant un effort de concentration, il dénicha enfin ce qu'il cherchait : son feu, son keps, une clope et des feuilles ; le rituel du matin, l'action de survie depuis presque 7 mois. Sans un mot - de manière solennelle presque - et avec des gestes rendus précis par la force de l'habitude, il s'appliqua entre effeuillage, collage, mélange et roulage pour obtenir en un temps record un pétard prêt à l'emploi qu'il coinça entre ses lèvres d'un geste las. Plus que l'heure matinale et que le savoir faire évident qui démontrait le caractère régulier du rituel, c'est la lassitude avec laquelle il alluma le tout qui aurait fait s'ébranler quiconque avait un tant soit peu d'empathie. Qu'un gamin de 18 ans puisse avoir cette lassitude dans le geste avait quelque chose de désespérant pour celui ou celle qui savait y voir que tout plaisir avait disparu, remplacé par la nécessité - et non plus l'envie - de la chose. Un pétard pour se lever du bon pied. Un pétard pour ne pas se laisser le temps de se faire happer par la réalité.

« 'a va » Marmonna-t-il sans chercher à avoir l'air convainquant tout en se laissant choir sur le côté de façon à reprendre la position allongé sur le dos avec la tête à environ 50 centimètres d'Ella. Ses yeux se braquèrent sur le ciel d'un bleu renversant malgré l'automne déjà bien installé, et c'est sans vraiment en prendre conscience qu'il se mit à parcourir du regard l'infinité de ramures que constituaient les branches du chêne sous lequel ils avaient tous les deux dormi. Pourtant, lorsqu'il fit pour tirer une seconde taffe de son bédot, ses poumons et surtout sa gorge protestèrent en provoquant chez lui une quinte de toux caverneuse ... ce qui ne l'empêcha pas pour autant de persister. « Qu'est ce que tu fais là ? » Questionna-t-il enfin toujours en fixant le ciel et en sentant avec soulagement que son point d'ancrage au monde réel s'éloignait au fil de ses inspirations toxiques.
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Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptySam 20 Nov 2010 - 8:18

Ella récupéra la couverture, mais la posa non loin d'elle; elle la ramènerait à l'intérieur plus tard. Elle eut un léger haussement d'épaule avec un petit sourire pour le remercier, non sans lui jeter un coup d'oeil furtif alors qu'il s'affairait à chercher dans sa poche quelque chose qui lui avait l'air important, ou même presque vital vu la fougue avec laquelle il s'y mettait. Il sembla mettre quelques instants à comprendre le sens de ses paroles, instants qu'il occupa en observant autour de lui d'un oeil intéressé. « C'est moi qui ai fait ça ... » Ella n'eut pas besoin d'acquiescer qu'il avait compris tout seul, alors qu'elle penchait simplement la tête de côté en lui laissant la liberté de voir par lui-même les dégâts qu'il avait causé. Il n'y était vraiment pas allé de main morte et si Ella avait été surprise de le retrouver en pleurs dans le jardin, elle ne l'était plus en voyant les tracas qu'il avait causé. Jed avait dû être dans une terrible colère pour tout détruire comme ça et ce n'était même pas une surprise qu'on l'ait foutu dehors! Elle en était encore plus choquée de sa propre initiative, alors qu'elle était consciente qu'il aurait pu ne pas être gentil avec elle, qu'il aurait pu continuer ses conneries en se foutant bien qu'elle soit là ou pas. À quoi jouait-elle, sérieusement?

Sa question demeura suspendue dans le vide alors qu'il refusait de lui répondre; ce fut néanmoins ce que crut tout d'abord l'adolescente alors qu'il fouillait de nouveau dans sa poche, jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'il n'avait tout simplement pas compris qu'elle s'adressait à lui. Était-il vraiment si perdu et si désarçonné qu'il perdait pied? Elle arqua un sourcil, mais observa d'un oeil suspect et intéressé ce qu'il faisait, mémorisant les gestes sans avoir l'intention de les réutiliser plus tard. C'était comme ça, Ella était une grande observatrice et aimait s'asseoir simplement pour regarder et prendre la peine d'étudier les faits et gestes de chacun. Ainsi, elle pouvait parfois mieux les comprendre, même si c'était difficile, pour certains. Jed fait partie de cette catégorie, alors qu'elle n'arrivait pas vraiment à le cerner, qu'elle avait toujours l'impression qu'il se perdait lui-même dans un monde qui était pourtant le sien depuis longtemps. Comment espérait-elle pouvoir le retrouver alors que lui-même s'échappait à la vitesse grand V? Il n'y avait aucune solution miracle, elle espérait simplement qu'il ne soit pas trop tard.

Lorsqu'elle le vit allumer le joint qu'il venait de fabriquer, Ella se mordit la lèvre alors qu'elle voyait bien à quel point il ne faisait pas ça que pour le « high », il n'y prenait même plus goût. Il le faisait par pur automatisme, parce que son cerveau lui recommandait de le faire. Comme un robot. Elle avait l'irrésistible envie de le lui arracher des mains et de le balancer elle ne savait où, mais elle ne le fit pas. Elle ne le fit pas parce qu'elle savait que ce comportement ne changerait rien. Il trouverait son matériel ailleurs, il en ferait un autre. Et maintenant qu'il était réveillé, elle avait peur de sa réaction, même si elle n'oserait jamais le lui avouer. « 'a va » Elle eut un petit sourire, légèrement sceptique, alors qu'elle le regardait s'allonger et que ses prunelles se glissaient sur son visage, sur le joint qu'il tenait entre ses lèvres. Ça allait? Bien sûr que ça allait. Et c'est pour ça qu'il avait besoin de se rouler un joint? Parce que ça allait? Elle passa une main dans ses cheveux lorsqu'il se mit à tousser, soucieuse et gênée à la fois. Elle n'aurait pas dû être là, sous cet arbre, avec lui. Elle n'aurait pas dû perturber son rituel du matin avec autant de désinvolture.

« Qu'est ce que tu fais là ? » « Rien. » murmura-t-elle simplement alors qu'elle détournait précipitamment le regard, comme si la question de Jed avait pu prêter à confusion. Il en avait rien à faire, qu'elle le regarde et qu'elle soit intriguée par son comportement, il n'avait sans doute même pas remarqué.

Consciente qu'elle devrait bientôt lui fournir une explication sur la raison de sa présence à ses côtés, dans sa cour, plus précisément, elle haussa légèrement les épaules. « Ça marche si je te dis que je voulais passer une soirée au clair de lune? » demanda-t-elle en replaçant ses cheveux d'un seul côté de son visage en suivant le regard de Jed de ses yeux clairs. « T'étais mal, hier. Je suis restée avec toi, c'est tout. » ajouta-t-elle avec délicatesse, afin de ne pas le brusquer ni même l'énerver. Elle n'avait certainement pas besoin de se confondre en excuses de ne pas lui avoir demandé la permission pour dormir sous son chêne car il devait bien se douter que de un, il n'aurait jamais été en état de la lui donner ou pas et de deux, elle n'aurait sans doute pas écouté sa réponse de toute façon. Avisant la drogue, douce, mais drogue quand même, qu'il tenait à la main, elle osa poser la question qui lui brûlait les lèvres. « Pourquoi tu fais ça? T'as pas l'impression que ça... t'enfonce? » au lieu de te sortir de la merde? Ces mots demeurèrent néanmoins cloués au fond de sa gorge sans qu'il ne puisse les entendre. Ce n'était pas son rôle de lui faire la morale et de toute façon, elle n'en avait pas envie. « Oublie. » fit-elle simplement en secouant la tête, se relevant finalement afin de se diriger vers le perron, d'où elle récupéra certains des débris pour les mettre en un tas bien défini. Amusée en voyant un pot de fleur en une multitude de morceaux, elle se tourna vers lui en croisant les bras sur sa poitrine, sourire aux lèvres. « Y'a des trucs qu'on peut recoller, tu crois? Ou plutôt... Y'a des trucs qui valent la peine d'être recollés? »
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Garden Party ? Vide
Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptySam 20 Nov 2010 - 20:16

« Rien. » Jed passa un bras derrière sa tête pour se donner l'illusion d'un oreiller. Avec du recul et un peu de philosophie, il devait bien admettre que - foncièrement et en cet instant précis - il ne lui donnait pas matière à faire quoique ce soit. Conscient de peut-être la mettre mal à l'aise par son comportement à la limite du négligé (voir même franchement dedans, tout dépendait de l'approche que l'on avait de cette notion), il n'arrivait cependant pas à se défaire de cette gestuelle matinale. A bien y réfléchir, c'était la première fois qu'elle le voyait aussi bas, car - de toutes les fois précédentes, de toutes les conversations du bout du jardin et de tous les avions en papiers envoyés par fenêtres interposées - aucune situation ou conversation n'avaient jamais affiché son malêtre de manière aussi concrète. De la confidence à la mise en évidence, des mots aux gestes, le fossé était grand, il le savait mais n'arrivait pas à ne pas s'en foutre. Comme si rien n'avait vraiment pu l'atteindre dans l'état dans lequel il se trouvait, il continua de fumer en refoulant tout ce qu'il pensait, en se disant que le penser ne servait à rien et que le dire non plus ne servirait à rien. Qu'est-ce qu'il aurait pu dire de toute façon ? Il ne se souvenait de rien. Il ne pouvait même pas lui présenter d'excuses potables puisqu'il n'avait aucun souvenir précis sur ce qu'il avait d'hypothétiquement à se faire pardonner.

« Ça marche si je te dis que je voulais passer une soirée au clair de lune ? » Le regard toujours perdu dans le bleu du ciel, Vargas sentit la commissure de ses lèvres frémir en ce qui semblait être les prémisses d'un sourire. Comme si Ella avait eu besoin de venir se terrer dans un jardin saccagé en sa compagnie pour passer une soirée au clair de lune alors qu'elle avait certainement plusieurs autres amis capables de lui apporter autre chose qu'un réveil aux senteurs épicées typiques de la marijuana et au niveau de conversation qui frisait le zéro à cause de sa trop grande propension à l'évasion spirituelle. « T'étais mal, hier. Je suis restée avec toi, c'est tout. » Cet ajout tua dans l'œuf le début de sourire qui s'était esquissé sur ses lèvres mais eut au moins le mérite de lui faire savoir qu'elle était sincère envers lui et, malgré la gueule de bois, le mal de crâne, le pétard et tout ça, il ne manqua pas de dénoter la délicatesse avec laquelle elle lui avait avoué cette vérité, comme si, quelque part, elle avait eu peur qu'il s'énerve. Qu'il s'énerve ... Il ne faisait que ça de sa vie depuis 7 mois. Entre deux périodes de léthargie et de je m'en foutisme exaspérant, intervenaient des périodes d'énervement indescriptible. Colère, cris, larmes ou parfois juste comportements à risques et silencieux, un rien suffisait à allumer la mèche quand il ne prenait pas le soin de s'anesthésier à grand coups de consommations abusives et dangereuses. « Pourquoi tu fais ça ? T'as pas l'impression que ça ... t'enfonce ? » Retirant le joint de sa bouche pour le coincer entre son indexe et de majeur afin de le regarder d'un air pensif, Jed recracha par le nez la fumée jusqu'alors accumulée dans ses poumons et garda le silence. Pour pouvoir répondre en toute sincérité à Ella il aurait fallu qu'il accepte d'avouer qu'il ne se droguait pas QUE pour se calmer les nerfs ou s'évader de la réalité. Mais avouer qu'il y voyait aussi une méthode d'autodestruction efficace et rapide n'était pas à l'ordre du jour. Révéler qu'il avait conscience de s'abrutir autant qu'il se tuait à petit feu aurait trop eu l'air d'un appel à l'aide, or de l'aide il n'en voulait pas, quelle qu'elle fut et quelle que fut la personne prête à la lui proposer. Finalement, son silence était peut-être la plus éloquente des réponses car Ella finit par le sommer d'oublier sa question et se leva pour s'éloigner de lui. Curieux de savoir s'il l'avait fait fuir comme bon nombre de ses amis français avant elle, il se hissa sur un coude pour suivre du regard la direction qu'elle prenait. Sa surprise n'en fut que plus grande lorsqu'il la vit grimper les marches du perron et ramasser les débris qui y gisaient. « Y'a des trucs qu'on peut recoller, tu crois ? Ou plutôt ... Y'a des trucs qui valent la peine d'être recollés ? » Lui lança-t-elle après un temps de ramassage en se tournant de nouveau vers lui. Lui, qui - de prime abord - ne sut pas comment interpréter cette question qu'il considéra comme à double sens. Peut-être était-ce les effets de la drogue ou tout simplement le fait qu'il avait toujours eu tendance à voir des allégories et des messages cachés partout, mais quelque chose dans cette question lui faisait se demander si elle parlait réellement du pot de fleur éclaté dont elle venait de rassembler les morceaux ou s'il s'agissait d'une question visant quelque chose de plus abstrait comme " recoller les morceaux de sa vie " par exemple. Pensif, il l'observa lui sourire en se disant que cette fille avait quelque chose qui relevait de Meryl, mais en beaucoup plus doux et en beaucoup moins égoïste. En effet, s'il devait reconnaitre à Meryl d'avoir toujours tout fait pour le tirer vers le haut depuis la disparition de Sally, il ne perdait pas de vue non plus que cela avait toujours été dans le but inavoué de peut-être réussir à le garder pour elle toute seule, du moins c'est ce qu'il avait toujours cru et ce qu'il continuait à croire lorsqu'elle lui envoyait des textos soit-disant destinés à prendre de ses nouvelles. Cependant, généraliser le cas de Meryl aurait été prétentieux de sa part, il le savait et refusait de tomber dans cette facilité là. Repousser Ella juste parce qu'elle avait la " malchance " d'être, à sa manière, aussi déterminée que Meryl vis à vis de lui n'était pas envisageable. Quand bien même beaucoup de ses principes étaient passés à la trappe en 7 mois d'existence, celui de ne pas juger les autres de prime abord avait perduré. Aussi fit-il l'effort de se relever et d'aller la rejoindre sur le perron, non sans peine, puisque chaque muscle de son corps lui faisait mal et qu'il avait la désagréable impression qu'il suffirait d'un rien pour qu'il vomisse ou tombe dans les pommes.

Debout à ses côtés, joint en main et cheveux hérissés sur la tête, il contempla avec elle le tas de débris accumulés dans un silence qui aurait presque pu être comique pour quelqu'un qui serait passé à pieds devant l'entrée du jardin et les aurait vu là, sales et ébouriffés, en train de bloquer sur un pot en terre cuite morcelé. « Tu voudrais recoller les morceaux avec moi ? » Lâcha-t-il enfin, non pas indifférent au double sens de sa question à lui aussi, mais plutôt comme anesthésié par les effets du pétard qui avait toujours eu le don de le rendre plus confiant et plus culotté qu'il ne l'était en étant clean ... Son regard alla même jusqu'à se détacher du tas de débris pour accrocher celui d'Ella sans bien savoir ce qu'il cherchait au juste. Voulait-il la troubler, pour qu'elle se perde elle aussi dans les méandres des messages cachés ? Était-ce sa façon à lui de lui montrer qu'il était tellement mal en ce moment qu'il n'avait même pas réussi à prendre sa question à elle comme une question anodine ? Voulait-il qu'elle réponde au sens propre plutôt qu'au sens figuré ? Avait-il vraiment envie que la conversation ne vire au questionnement existentiel ? En fait il ne savait pas. Il ne savait plus. Il avait trop bu la veille, il avait trop mal partout et le joint était en train d'épuiser ses dernières capacités en terme d'activité cérébrale plus ou moins conventionnelle. Se laisser aller, voilà la seul chose qu'il voulait vraiment, au final. Se laisser aller et oublier le temps d'un instant qu'il ne savait rien de ce qu'il voulait.

Vouloir ne plus se rendre compte qu'il n'était pas capable de vouloir quelque chose, ou du moins, de ne pas savoir quoi vouloir ... En voilà un drôle de désir.
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Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptySam 20 Nov 2010 - 22:24

« Tu voudrais recoller les morceaux avec moi ? » Suspendant son geste alors que de son pied elle récupérait un énième morceau pour le placer avec les autres, elle redressa un regard farouche, presque sauvage, sur Jed, plantant ses prunelles au creux des siennes alors qu'elle tentait vainement de comprendre le cheminement de ses pensées, obscures et mélancoliques. Lorsqu'elle le regardait dans les yeux, elle avait l'impression qu'elle le connaissait un peu mieux, qu'elle pouvait lire dans son regard la peine et la douleur qu'il tentait de cacher. Ou peut-être n'était-ce qu'une parure, une allure que lui donnait la drogue qui le consumait. Peut-être. Mais comment pouvait-on avoir des yeux si tristes, une expression si lasse et si morne alors qu'il avait la vie devant lui pour avancer? Elle semblait voir défiler devant ses yeux certaines parcelles de sa vie, moments qu'il lui avait raconté seulement par écrit. Et pourtant, c'était si vrai, si... réaliste. Elle était tombée sur un Jed complètement dévasté, le soir d'avant, elle n'avait aucun mal à imaginer la douleur qui avait été la sienne et qui l'était sans doute encore. Elle se plaisait à visualiser le Jed d'avant. L'éclat de ses prunelles. Le sourire sur son visage. Les éclats d'un rire sincère. Il n'y avait plus rien de tout ça, désormais, et Ella se demandait si elle aurait un jour la chance d'en être témoin.

Gênée, elle détourna le regard en passant une main troublée dans ses cheveux. « Si ça se recolle, je veux bien. » précisa-t-elle simplement sans réellement lui laisser la chance de savoir si oui ou non, elle avait capté le double-sens de sa phrase. Ella n'avait d'abord voulu que réparer certains des pots cassés, sans espérer autre chose de sa part pour le moment. Elle avait la désagréable impression que Jed avait passé un point de non-retour, qu'il s'était tellement enfoncé dans sa galère qu'il aurait du mal à en sortir sans l'aide de quelqu'un. Et malheureusement, elle ne voyait pas comment elle pouvait l'aider, surtout pas en sachant qu'il y avait déjà, sans doute, tellement de gens qui avaient essayé. Pourtant, elle avait décidé de jouer au jeu qu'il proposait inconsciemment, comme si les double-sens pouvaient lui permettre d'en connaître davantage sur Jed, comme si de ce fait, elle se rapprochait instinctivement de l'aide qu'elle pourrait éventuellement lui apporter. Ça ne servait à rien de tenter de recoller un pot brisé en mille morceaux - le puzzle était trop difficile - tout comme ça ne servait à rien de tenter d'aider une âme à se ressouder, lorsque son propriétaire refusait de faire les efforts qui allaient en ce sens. Elle comprenait que ce soit difficile, elle comprenait qu'il ne pouvait pas se lever du jour au lendemain en se disant que c'était un jour nouveau, mais elle ne comprenait pas pourquoi il s'abaissait autant à détruire sa vie, sa santé et ses souvenirs.

« Je reviens. » fit simplement l'adolescente avant de tourner les talons, le laissant en plan. Il y avait, dans la remise derrière la maison, des tas de produits qu'elle avait étudié en riant avec Lawson - se demandant à quoi ils pouvaient bien tous servir - et elle était presque certaine d'y avoir aperçu de la colle tout usage, qu'ils pourraient utiliser pour recoller certains des morceaux. Elle fronça le nez en pénétrant dans l'endroit exigu vu toutes les babioles qui s'y trouvaient, mais réussit tout de même à récupérer ce qu'elle cherchait. Elle se glissa dans l'ouverture taillée dans la haie pour accéder au jardin de Jed, ouverture qui aurait presque pu être créée pour elle, et revint auprès de lui en tendant fièrement sa trouvaille. « Si ça, ça fonctionne pas, on a plus qu'à abandonner! » fit-elle avec un petit sourire à son égard.

Prenant place sur le perron, elle s'y assit en tailleur sans lui demander son avis et retrouva les deux morceaux qui constituaient l'un des pots qui avait eu la mauvaise idée de se trouver sur le chemin de Jed la nuit dernière. Elle saisit le tube de colle et tenta en vain de le déboucher, sans doute inutilisé depuis des décennies (Bon okay, des mois peut-être!). Elle grimaça et le tendit à Jed sans le regarder, un petit sourire amusé aux lèvres. Vu l'état dans lequel il avait laissé le jardin, la jeune fille pouvait être assurée qu'il saurait dévisser le tube et que sa force n'était pas amoindrie avec la gueule de bois, ou la drogue notamment. Avisant un détail qu'elle n'avait pas vu avant, elle releva finalement des yeux rieurs sur lui alors qu'elle donnait un léger coup de tête en direction de la manette de wii. « T'as fais quoi pour qu'il te foute dehors, au fait? Tu l'as battu à Mario Kart? » Évidemment, c'était une manière détournée de lui demander ce dont il se souvenait de ce qui s'était passé, mais elle espérait que la légèreté avec laquelle elle s'adressait à lui suffirait à détendre l'atmosphère. Elle l'espérait de tout son coeur.
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Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptyDim 21 Nov 2010 - 3:16

* Pan * Tire croisé lorsqu'elle le fusilla du regard avant de détourner les yeux et de se passer la main dans les cheveux comme il avait remarqué qu'elle le faisait souvent lorsque la gêne l'habitait. Il aurait pu se coller une claque mentale pour se punir de l'avoir piquée à vif avec sa question, mais au lieu de ça il resta là, comme un gland anesthésié et bien incapable de prendre du recul quant au caractère dérangeant de sa façon d'être et du malaise que cette dernière provoquait chez tout le monde : ses parents, ses amis, Meryl, Crash, elle. A trop longtemps vivre en autarcie, il en avait oublié que certaines choses ne se font pas au contact d'autres êtres humains civilisés. A vrai dire, à force de se foutre de tout avec entêtement, il ne s'en rendait pas compte, mais il était en train de perdre tous les repères et autres bonnes manières que son statu de fils de bourgeois lui avait appris. Délicatesse et bienséance n'étaient plus que des notions très vagues désormais, seuls comptaient l'instant présent, la douleur et l'évasion qui lui coutait toute sa concentration au détriment de ce qu'on se plait à appeler " une vie sociale saine et épanouie ". A qui la faute au final, si ce n'était la sienne, s'il n'avait plus d'amis véritables ? Voyant la façon dont il s'appliquait pour tout le temps pousser les autres à bout, le doute n'était plus permis : la mort de Sally avait bel et bien déclenché chez ce mec un sérieux problème relationnel.

« Si ça se recolle, je veux bien. » Nouvelle inspiration toxique, nouveau silence, nouveau regard en coin en direction d'Ella. Le fait qu'elle ait détourné les yeux ne l'aidait pas à savoir si, en dépit du regard assassin qu'elle venait de lui décocher quelques secondes auparavant, elle était entrée dans le jeu - malsain, soulignons-le - des phrases à double connotations. De toute façon, il aurait été hypocrite envers lui-même s'il ne s'était pas avoué préférer ne pas savoir ce qu'elle plaçait dans ses mots. Trouillard peut-être, mais tordu plus probablement (ou tout simplement maso, à voir), il appréciait plus le concept d'avoir à se torturer l'esprit à l'idée de ne pas tout deviner de ses pensées plutôt que celui d'avoir des certitudes bien arrêtées. Les certitudes n'avaient jamais été faites pour les gens comme lui. Quand on est rêveur né, on n'accepte pas les points à la ligne. « Je reviens. » « Okay ... » Répondit-il simplement en la laissant partir et en s'asseyant sur la première des 5 marches qui descendaient du perron jusqu'au jardin. Jambes repliées et coudes sur les genoux, il nicha son menton entre les paumes de ses mains et se couvrit le visage de ses doigts, le pétard à moitié consumé toujours coincé entre son indexe et son majeur. Là, dans la pénombre approximative que lui offraient ses mains en coupe, il s'accorda un soupire impressionnant qui en disait long sur son état de fatigue, tant physique que psychologique. Pensif, il garda la pause un certain temps, jusqu'au retour d'Ella en fait. « Si ça, ça fonctionne pas, on a plus qu'à abandonner ! » Curieux de s'informer sur la nature du " ça ", il ouvrit ses mains comme on ouvre les volets d'une maison et se retrouva nez à nez avec un tube de colle multi-usages. Là, il devenait évident qu'elle parlait bien de recoller les morceaux de vase et pas d'autre chose ... Assez convaincu par l'aspect radical de l'emballage, il opina du chef et pivota sur ses fesses pour se tourner dans la direction de l'adolescente lorsque celle-ci prit place à ses côtés, s'asseyant en tailleur. Conscient qu'il ferait certainement pire que mieux en entreprenant lui-même la délicate action de réparation, il la regarda faire jusqu'à ce qu'elle lui tende le tube visiblement non désireux de coopérer. Coinçant de nouveau son joint aux coins ses lèvres, il attrapa l'objet et prit un air pincé le temps de tordre le coup au bouchon soudé par la colle. Il venait à peine de réussir à le dévisser lorsqu'Ella lui fit remarquer la présence d'un cadavre de manette de Wii à quelques mètres de leurs pieds, sur la pelouse. En voyant la télécommande éventrée sur le sol, il eut de vagues réminiscences de la soirée de la veille et, en faisant un effort de concentration inhumain, il finit par se remémorer la scène durant laquelle Crash et lui se vannaient gentiment en se traitant d'ignares devant un jeu de shoot stylé seconde guerre mondiale.

« En fait non, c'était lui qui gagnait même ... » Répondit-il l'air lointain tout en lui rendant le tube de colle débouchonné. « Ce trou du cul *, il m'a complétement explosé ! » Finit-il par avoué en revoyant mentalement son compteur de cadavres ridiculement bas en comparaison de celui de son ami dont il gardait une image relativement floue, certes, mais pas assez pour qu'il puisse croire à une erreur de sa part et faire comme s'il avait été le meilleur de la partie.

Ce souvenir inattendu sembla ouvrir une porte pour inciter les autres à s'extirper des tréfonds de sa mémoire. Le regard toujours fixé sur la manette abandonnée, il se souvint alors - par flashs - de la bouteille de vodka volant à travers la pièce, du premier cri poussé et de la façon dont il s'était fait avoir comme un bleu lorsque Crash l'avait intercepté dans le hall pour le foutre à la porte. Le reste, par contre, restait beaucoup trop approximatif pour qu'il s'en souvienne réellement. Le bad trip n'avait pas du aider à graver les souvenirs de sa crise d'hystérie sur le disque de sa mémoire, il avait cette impression désormais habituelle (puisqu'il n'en était pas à son premier réveil insolite en 7 mois de décadence ...) qu'une piste avait sautée, passant d'un moment de la BO de sa nuit à un autre en zappant tout un couplet de la chanson (comprenez par là qu'entre " mise à la porte " et " réveil dans le jardin " rien n'avait été retranscrit tel quel dans son esprit). Par contre, certainement refoulé quelque part dans son subconscient, le malêtre profond d'avoir craqué psychologiquement était bel et bien là, lui, ce qui faisait que - même s'il ne se souvenait plus d'avoir pleuré toutes les larmes de son corps avant de sombrer dans le sommeil - il se sentait groggy et désemparé, comme vidé de toute substance.

« Tu l'as pas entendu partir en cours ce matin ? » Demanda-t-il alors, estimant que le niveau de luminosité qui baignait le quartier était approximativement le même que celui qui accompagnait en général le départ de son colocataire pour la faculté. « ... J'espère qu'il va bien ... » Sa remarque se perdit dans l'étendue paisible du jardin qu'il contemplait sans vraiment le voir, incapable de revenir à la réparation des pots de fleurs qui était pourtant leur but premier. S'il n'était pas en état intellectuel de prendre conscience de la portée de cette dispute, il parvenait quand même à faire le rapprochement entre les éclats de verre qui brillaient dans le jardin et la dangerosité que pouvait représenter une fenêtre cassée pour le peu que l'on soit de l'autre côté lors de l'impact ... Cette image lui donna le cafard, ce qui légitima - à ses yeux - les deux autres grandes bouffées qu'il tira sur son joint en ayant conscience qu'arriverait fatalement l'instant où son corps manifesterait physiquement son trop plein de conneries et d'abus depuis les 10 dernières heures ... D'ailleurs, la tête se mit à lui tourner quasi instantanément, ce qui le fit dangereusement tanguer sur lui-même et l'obligea à tendre un bras vers l'arrière pour s'assurer un appui stable tandis qu'il toussait de plus belle.

* : En français dans le texte.


Dernière édition par Jed Vargas le Mer 24 Nov 2010 - 1:12, édité 3 fois
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Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptyDim 21 Nov 2010 - 18:48

« En fait non, c'était lui qui gagnait même ... Ce trou du cul, il m'a complétement explosé ! » Alors qu'elle reprenait le tube de colle dans un éclat de rire, elle ne put s'empêcher de tenter de reproduire les mots qu'elle ne connaissait pas, dans un accent anglophone parfaitement perceptible. « Throo du cuw? J'imagine que c'est pas sympa, hein? » En riant, elle attrapa le premier morceau et appuya légèrement sur le tube de colle pour en faire couler sur la porcelaine abîmée. Tirant la langue, concentrée, elle en fit le tour et put ensuite placer les deux morceaux ensemble jusqu'à ce que la cassure ne soit plus qu'une mince ligne presque invisible. Elle appuya un moment, alors qu'elle secouait la tête à sa question. Non, elle n'avait pas vu le colocataire de Jed aller en cours, elle n'avait même absolument rien entendu depuis l'instant où elle s'était endormie, un peu trop tard, et le moment où Jed l'avait réveillée, un peu trop tôt.

Elle essuya l'excédent de son index avant de se débarrasser de la colle en frottant son doigt avec son pouce. Elle observa son travail et, satisfaite, se retourna vers Jed en tenant le pot devant elle. « Tiens! Je pense que... » débuta-t-elle avant de s'arrêter net alors que Jed ne semblait plus la voir, ne semblait même plus prendre conscience qu'elle était là et qu'il vivait dans un monde réel, avec des personnes réelles. Elle déposa avec délicatesse le pot recollé derrière elle et arqua un sourcil alors qu'elle tenta de s'intéresser au point que fixait Jed, sans succès. Elle le vit du coin de l'oeil prendre de nouvelles bouffées et lorsqu'il perdit légèrement l'équilibre, l'adolescente tendit une main dans sa direction pour le retenir, mais elle n'eut pas besoin de le faire qu'il se stabilisait lui-même. Se rendant compte de la proximité qui était la leur, elle s'écarta légèrement, gardant néanmoins ses prunelles sur la silhouette de Jed alors qu'il recrachait la fumée de son inhalation. Elle se mordit la lèvre de nouveau, légèrement déstabilisée par ce qui se passait autour d'elle. Ella n'avait jamais eu à voir Jed dans cet état, ils avaient toujours pu avoir une discussion pour le moins convenable sous le chêne, alors qu'elle n'avait jamais eu à le voir comme ça, à ce point dévasté. « Tu sais, si c'est la santé de ton ami qui t'inquiète... Je suis certaine qu'il va bien. » murmura-t-elle d'une voix douce en haussant légèrement les épaules, comme si ces quelques mots pouvaient vraiment le ramener dans le même monde qu'elle. Troublée par le regard qu'il renvoyait, par les miroirs d'ambre qui reflétaient toute sa douleur intérieure même s'il refusait d'en faire étalage, l'adolescente n'en laissa pourtant rien paraître alors qu'elle attendait simplement qu'il ait la force de tourner le regard vers elle, qu'il comprenne d'un coup d'oeil qu'elle serait là.

Mais il ne le fit pas. Du moins, pas dans les quelques secondes qu'attendit Ella et la jeune fille détourna finalement les yeux avant de récupérer quelques éclats de porcelaine. Elle tournait presque le dos à Jed alors qu'elle tentait de reproduire les mêmes gestes qu'elle avait d'abord réalisé. Néanmoins, cette fois, elle eut besoin d'une autre paire de mains afin de tenir deux des fragments, histoire de pouvoir recoller le troisième. « Jed? J'ai besoin de toi, là. Tu veux bien mettre tes mains là? » demanda-t-elle en se retournant légèrement vers lui pour lui montrer ce qu'il devait faire pour l'aider. Après tout, c'était lui le coupable, dans l'histoire, c'était lui qui avait décidé de tout casser dans le jardin de son colocataire! Elle voulait bien l'aider, mais il devait néanmoins faire un effort! Elle n'eut pas le temps de prendre la colle qu'un craquement sinistre la fit se retourner d'un coup sec, alors que le pot qu'elle avait recollé gisait maintenant en deux éléments séparés. Surprise et déçue que ça n'ait pas fonctionné, Ella resta un moment pantoise devant le spectacle qui s'offrait à elle, ses épaules s'affaissant légèrement alors que son nez se fronçait.

« Merde! Pourquoi ça colle pas? » Furieuse, elle abandonna son nouveau collage afin de se diriger vers l'ancien, qu'elle tenta de garder ensemble, sans succès. Le souvenir d'une dispute entre son frère et elle revint vivement à son esprit, alors que la lampe en porcelaine, très ancienne, s'était affalée sur le sol dans une cacophonie épouvantable. L'oeuvre d'une arrière grand-mère, apparemment, ramenée à l'état de centaines de petits éclats de faïence. La vengeance serait terriiiiiiiiible, leur avait avoué leur père lorsqu'il avait appris le carnage, mais si Ella n'avait que huit ans à l'époque, elle se souvenait parfaitement des yeux rieurs de son paternel, qui n'avait jamais autant plaisanté. Apparemment, il n'attendait que ça, que l'un de ses enfants brise la lampe, puisqu'il n'avait pas le coeur à la jeter de lui-même. L'adolescente qu'elle était désormais se mordit la lèvre alors qu'elle se sentait attirée par ces anciens souvenirs. « Je comprends... » murmura-t-elle simplement pour elle-même, alors qu'elle savait la douleur et la peine avec laquelle devait vivre Jed, en plus de la culpabilité qui ne le quittait sans doute plus. Ce n'était pas sa faute, mais elle n'avait jamais pu le lui écrire, ni même le lui dire clairement, simplement parce qu'elle avait préféré lui dire que sa soeur ne le quitterait jamais, qu'il ne l'oublierait jamais, alors qu'elle-même avait parfois du mal à se souvenir de l'éclat de la voix de son père, de ses mimiques qui la faisaient tant rire. Tout le monde avait dû lui dire, à Jed, que ce n'était pas de sa faute à lui, que c'était le destin et que c'était comme ça, mais comment pouvait-on vivre avec l'impression étouffante d'avoir joué un rôle dans la mort de sa soeur? Elle n'avait pas à le lui redire encore, elle savait que ça ne changerait rien.

Ce que Jed ne parvenait pas à comprendre, c'est qu'en continuant ses conneries, non seulement il détruisait sa vie, mais il détruisait également tous les souvenirs qu'il pouvait garder d'elle. Peu à peu, plus il se raccrochait à la drogue, plus elle s'éloignait. Plus il s'égarait, plus elle s'effaçait.
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Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptyMer 24 Nov 2010 - 1:59

« Tu sais, si c'est la santé de ton ami qui t'inquiète ... Je suis certaine qu'il va bien. » Peut-être oui. Sûrement même. Plus grand, plus vieux, plus fort, Crash n'avait logiquement rien à craindre d'un Jed totalement bourré, tout aussi incontrôlable qu'il ait pu être la veille au soir et quand bien même l'américain avait préféré le mettre à la porte pour plus de sécurité. Non, ce qui se cachait derrière l'espérance de Vargas relevait plutôt du domaine psychologique, à savoir si Crash allait bien mentalement, s'il n'était ni trop déçu, ni trop remonté et si - surtout - il ne regrettait pas trop de l'avoir accueilli chez lui après ce qui s'avérait-être une presque fugue de Paris, sa ville natale, sa maison, celle chez qui il avait tout laissé pour migrer dans un pays qu'il ne connaissait pas vraiment, dans l'espoir peut-être sous-jacent de se couper de tout, de disparaitre et de se défaire de toute responsabilité autre que sa course droit dans le mur, sa propre perte. Il pouvait bien dire ce qu'il voulait et se moquer de tout, cela ne l'empêchait pas d'avoir de l'amitié, de l'estime et même une certaine affection pour son colocataire. Aussi ne pouvait-il pas s'empêcher d'avoir une pensée pour lui à l'heure où tout autour de lui lui semblait si flou, si lointain.

« Jed ? » « Hum ? » Répondit-il en tournant un regard agar dans sa direction, visiblement bien incapable de se souvenir avec exactitude de la raison pour laquelle elle le sollicitait de la sorte « J'ai besoin de toi, là. Tu veux bien mettre tes mains là ? » Obéissant, Vargas se redressa et répéta l'action de coincer le pétard au coin de ses lèvres pour englober de ses mains la partie du pot qu'elle lui désignait. Il tentait de se concentrer au maximum sur l'assurance de sa prise lorsqu'un bruit de casse mollasson le fit arquer un sourcil et chercher l'origine du son. Suivant le regard d'Ella qui s'était retournée sur elle-même, il découvrit deux morceaux de vase, encore tremblant de leur chute, qui gisaient sur le sol pour symboliser l'échec de leur première tentative de réparation. « Merde ! Pourquoi ça colle pas ? » Prenant une inspiration pour proposer une réponse à sa question, il se ravisa, conscient que ce qu'il aurait pu dire dépassait de loin le cadre des vases, de la colle et de la réparation. A croire que plus le joint s'amenuisait, plus Jed s'enfonçait dans l'allégorie des propos tenus. Pourtant, raccroché à la réalité par ce pot qu'il tenait toujours entre ses mains, il ne pouvait s'égarer complètement, sous peine de tout lâcher et de provoquer un autre craquement sonore qui n'arrangerait en rien son mal de tête. Aussi se contenta-t-il de la regarder rejoindre le pot récalcitrant tout en battant des cils pour chasser la fumée irritante qui lui léchait le visage maintenant qu'il n'avait plus de main disponible pour en éloigner la source. Silencieux toujours, il la regarda s'acharner à tenter de recoller ce qui ne voulait pas être recoller et décida, sur un coup de tête typique des effets de la beuh, qu'il était temps d'agir pour remédier à cette situation ridicule.

Décidé, il se releva tant bien que mal, en chancelant encore une fois, mais en parvenant à garder entre ses mains le pot qu'il tenait toujours fermement serré. Trois enjambées lui suffirent à rejoindre Ella et à s'arrêter en face d'elle pour l'entendre lui dire qu'elle comprenait. Dans le silence matinal qui les entouraient, Jed n'avait l'impression de n'entendre que deux choses : le ronronnement du tabac qui se consumait paresseusement au bout de ses lèvres et la course muette de leurs souvenirs qui tendaient en direction des êtres chers qu'ils avaient tous deux perdus. Son père, sa sœur, deux histoires différentes pour deux douleurs similaires. Pourtant, de la douleur il en avait déjà assez physiquement pour accepter de céder au spleen, d'autant plus qu'il connaissait la musique et qu'il savait que s'il se mettait à déprimer avant midi, il ne finissait généralement pas la journée sans avoir encore une fois sombré dans les excès en tous genre. Alors, pour couper court à toute déprime collective, il pivota légèrement sur la droite et lança de toute les forces qu'il lui restait le pot qu'il tenait entre les mains pour que ce dernier aille s'éclater à quelques mètres de là, sur la rambarde du perron, sans qu'aucun éclat ne leur revienne. Profitant qu'Ella révélait subitement la tête, horrifiée par ce nouveau bruit de casse, il s'accroupit et lui prit son pot à elle aussi pour le lancer dans la même direction que le précédent.

« Voilà ! » Dit-il enfin, conscient du virage à 180° qu'il venait de prendre, « Plus de pot, plus de morceaux à recoller, plus de tentative désespérée. CQFD. Maintenant, si tu m'invites à prendre un bol de lait dans ta maison qui est ouverte (contrairement à la mienne je suppose ...), je te revaudrai ça en te payant ... en te payant ... un ciné ! Ca te va ? »

Ou comment fuir les problèmes de manière radicale en une leçon par Jed Vargas, expert en la matière et précurseur dans le domaine du retournage de veste émotionnelle.


Dernière édition par Jed Vargas le Mer 24 Nov 2010 - 19:22, édité 2 fois
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Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptyMer 24 Nov 2010 - 5:42

Tout d'abord sous le choc, Ella suivit des yeux le pot de porcelaine qui alla malencontreusement finir sa course en milles éclats. Paniquée, elle crut d'abord que Jed refaisait la crise qui l'avait poussé à tout détruire le soir d'avant et elle se redressa légèrement, la bouche légèrement entrouverte, tentant en vain de le dissuader. Or, ce ne fut que lorsqu'il fit de même avec le pot qu'elle tenait en main qu'elle comprit qu'il n'avait tout simplement pas envie de s'y attarder. La surprise se mélangea bientôt à son rire cristallin et doux, alors qu'elle plissait le nez en prenant à la légère le fait que Jed venait de martyriser la porcelaine sans doute chérie par son colocataire. Apparemment, le jeune homme n'en était pas plus choqué que ça et Ella ne pouvait pas l'être pour lui étant donné que ce n'était pas elle qui avait fait le carnage. Elle avait tenté d'aider à récupérer ce qui était encore potable, mais elle ne pouvait pas non plus faire des miracles.

Se relevant en levant les mains comme pour dire: « Okay très bien, moi j'y touche plus! », un sourire égayant son visage.

« Plus de pot, plus de morceaux à recoller, plus de tentative désespérée. CQFD. Maintenant, si tu m'invites à prendre un bol de lait dans ta maison qui est ouverte (contrairement à la mienne je suppose ...), je te revaudrai ça en te payant ... en te payant ... un ciné ! Ca te va ? » Elle perdit néanmoins son sourire au profit d'un air un peu confus et rêveur. L'idée de le faire entrer chez Lawson ne lui disait rien qui vaille, ne serait-ce que parce qu'elle n'avait encore jamais emmené personne chez son tuteur, mais l'envie de se rendre au cinéma en sa compagnie fut plus forte et elle fit une moue amusée avant d'hocher la tête. « Okay! Mais pas un film d'horreur! Et pas non plus ce genre de film où des extra-terrestres attaquent la planète! Et pas non plus... Hum... Je te laisse décider, finalement! » Consciente qu'ils devraient voir un film du genre « Il pleut des hamburgers » si elle continuait à mettre des conditions, elle éclata de rire en tournant vivement la tête vers lui pour s'assurer qu'il la suivait. S'arrêtant net, néanmoins, avant de franchir la haie qui séparait les deux jardins, elle attendit qu'il soit à ses côtés pour s'adresser à lui. « Par contre, ça, ça entre pas. » fit la jeune fille, déterminée, avant de saisir le joint qu'il avait pour l'écraser au sol avec virulence. « De toute façon, il était presque finit. » Haussant les épaules comme si son geste avait été anodin, elle traversa sans mal de l'autre côté en gardant une certaine distance entre Jed et elle, juste au cas où la perte de sa drogue ne le pousse dans une future crise de nerf.

Lorsqu'elle atteignit la porte de derrière, qu'elle avait laissée déverrouillée en sachant que de toute façon, personne n'oserait s'y aventurer avec les deux jeunes à proximité, elle l'ouvrit et entra sur la pointe des pieds, alors que la maison endormie ne semblait en rien se rappeler qu'Ella vivait aussi parmi eux et qu'elle n'y avait pas passé la nuit. Elle se dirigea nonchalamment vers l'entrée, où, surprise, elle vit que les chaussures de Lawson n'y étaient pas. Elle en conclut bêtement qu'il n'était pas rentré et qu'il avait passé la nuit chez Dolly, ce qui la réjouit sincèrement, alors qu'il aurait pu simplement se rendre à sa chambre sans prendre la peine de retirer ses chaussures - peut-être n'en avait-il pas eu le temps? Tout compte fait, cette possibilité ne lui vint même pas à l'esprit et elle se retourna en haussant les épaules vers Jed, un petit sourire aux lèvres. « Viens, je vais te montrer où sont les choses. » Une fois dans la cuisine au style moderne qu'elle adorait, elle lui désigna l'armoire pour les bols, celle pour les verres, sortit le lait du réfrigérateur et quelques boîtes de céréales, tout en lui proposant des croissants. Elle se servit un bol de céréales et s'installa sur l'un des tabourets du plan de travail central pour le déguster, après s'être versé un verre de lait au chocolat.

« Alors? On va le voir quand, ce film? » Amusée, elle avait reporté son attention sur lui afin de lui préciser qu'elle n'oublierait pas ce qu'il avait proposé en échange de son déjeuner. Elle garda son regard rivé sur son bol de céréales afin de ne pas se faire prendre à le détailler bêtement, préférant de loin garder le contrôle de ses émotions. Dès qu'elle posait les yeux dans les siens, elle semblait en apprendre davantage sur ses états d'âmes et elle s'y perdait à chaque fois, prenant conscience qu'elle le connaissait de plus en plus et que ce n'était plus seulement la curiosité qui la poussait à aller vers lui, mais bien l'intérêt. Elle avait envie de connaître sa vie, elle avait envie d'en savoir plus.
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Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptyJeu 25 Nov 2010 - 3:19

Moment d'attente vide de sens. A l'heure où n'importe quel garçon aurait pu se sentir nerveux face au sourire distant d'Ella et craindre de se manger un râteau en béton, Jed, lui, dégoulinait d'une assurance frelatée et en grande partie due à la brume qui lui englobait le cerveau. A vrai dire plus rien n'avait de conséquences quand il était dans cet état second. Le bien, le mal, les responsabilités ... Tout se mélangeait dans un tourbillon de pensées approximatives qui ne laissaient aucune place à la peur, si ce n'était celle de plonger dans un bad trip éprouvant, mais il avait conscience qu'il en fallait toujours beaucoup pour bousculer la paresse intellectuelle que provoquait chez lui la consommation de marijuana. Se complaire dans l'instantané sans chercher à voir plus loin que le bout de son nez lui suffisait amplement, il adorait ça même, toute aussi peu flatteuse que pouvait être cette attitude envers la personne autrement plus active qu'il avait été avant que sa vie ne bascule. Cela dit, le fait de ne pas prendre conscience des enjeux ne l'empêchait pas d'apprécier les résultats à leur juste valeur, aussi sourit-il victorieusement en entendant Ella accepter son deal. Docile, il la suivit à travers le jardin en essayant - sans grandes convictions - de se souvenir de ce qu'il y avait de programmé au cinéma en ce moment et qui aurait pu répondre à ses goûts visiblement difficiles quand il lui fallut tout à coup stopper son avancée pour ne pas la percuter. « Par contre, ça, ça entre pas. » Impuissant, il loucha sur son joint lorsqu'elle le lui arracha de la bouche pour l'écraser au sol. « De toute façon, il était presque finit. » Septique, il observa pendant un moment le cadavre de son pétard ratatiné dans l'herbe et faillit manquer le coche lorsque l'adolescente traversa la haie. Indifférent et trop défoncé pour s'enfoncer dans un débat à ce propos, il enjamba le feu bédot et traversa à son tour le mur végétal qui lui permit de déboucher sur le jardin du voisin. Allégé des éclats de verre et de porcelaine qu'il y avait dans celui qu'il venait de quitter, ce jardin là paraissait tout de suite plus propre que son homologue, mais ce détail importait peu finalement puisque Vargas ne s'y arrêta pas et préféra suivre Ella jusqu'à la porte de derrière. En silence, ils pénétrèrent la demeure et c'est avec surprise que Jed découvrit une maison d'aspect bien plus sophistiquée sur la " sienne ". Comme quoi, se dit-il, la nature du / des propriétaires des lieux jouait affreusement sur le rendu final de l'habitat. Là où des tas de vêtements sales et des sacs de sport encombraient l'entrée de chez Crash et lui, le passage était clair et dégagé chez Lawson et Ella. Attentif (du moins autant que le lui permettait le nuage sur lequel il se trouvait), il accompagna sa voisine jusque dans l'entrée où elle s'arrêta pour lui proposer de la suivre dans un tour de découverte, ce qu'il fit en continuant de détailler les murs, les sols, les fenêtres et tous ces autres menus détails qui laissaient deviner qu'il se trouvait dans le même genre de maison que celle de Crash, mais en mieux entretenue. Lorsqu'ils arrivèrent dans la cuisine, Jed se demanda si cette impression de propreté n'était pas tout simplement due au fait qu'il y avait chez Lawson quelque chose qu'il n'y avait pas chez eux : une femme. De 16 ans, certes, mais une femme quand même.

Écoutant les instructions de l'unique détentrice du chromosome XX à la ronde, il ouvrit les placards à bols et à verres pour en sortir - avec des gestes lents et minutieux, de façon à ne rien casser - deux de chaque sorte qu'il déposa sur le comptoir avant de se percher lui aussi sur l'un des tabourets libres, face à elle. Affamé, il attrapa un croissant en la remerciant d'un signe de tête et y planta ses crocs en poussant un " hurrrm " de satisfaction. A bien y réfléchir, il n'avait fait que boire et fumer depuis la veille au matin, ce qui ne rendait que meilleur ce petit déjeuner improvisé. « Alors ? On va le voir quand, ce film ? » La bouche pleine, Jed fit signe à Ella de patienter un instant, le temps qu'il avale. Il profita de sa mastication pour se servit un verre de lait à lui aussi et en avala une gorgée pour faire passer le tout. La froideur du liquide le fit frisonner. « Quand tu veux. Note, vu qu'hier c'était Halloween, à mon avis la carte sera blindée de films d'horreurs ... » Répondit-il en reposant son verre et avec une perspicacité qui l'étonna lui-même. « Mais s'tu veux on peut louer un DVD et se commander une pizza aussi, c'comme tu préfères. J'dois même encore savoir comment on fait des pop corn maison, mais j'garantis rien.» Proposa-t-il alors pour palier au choix éventuellement restreint que risquait de leur offrir le cinéma à cette période particulière de l'année. Attendant qu'elle lui fasse part de laquelle des deux alternatives la séduisait le plus, il attrapa une boite de céréales et la secoua au dessus de son bol pour s'en verser quelques unes. Attentionné, il tendit le paquet au dessus du bol d'Ella et la questionna d'un signe de tête pour savoir s'il fallait qu'il en secoue dans sa coupe aussi.
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Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptyJeu 25 Nov 2010 - 7:25

« Quand tu veux. Note, vu qu'hier c'était Halloween, à mon avis la carte sera blindée de films d'horreurs ... Mais s'tu veux on peut louer un DVD et se commander une pizza aussi, c'comme tu préfères. J'dois même encore savoir comment on fait des pop corn maison, mais j'garantis rien. » Une légère moue s'était glissée sur le visage de Ella à l'énonciation des films d'horreur, mais elle arqua un sourcil intéressé à l'annonce du DVD qu'ils pourraient regarder tous les deux à la place. Il ne lui fallut pas plus qu'un regard de la part de Jed pour qu'elle se revoit, très jeune, affalée contre son frère à écouter un film en sa compagnie. C'était bien les seuls instants où elle avait pu profiter de la chaleur de ses bras alors qu'elle fronçait le nez devant le sang qui giclait parfois, ses mains venant cacher ses yeux alors qu'elle enfouissait son visage contre le thorax de son grand frère. Il y en avait toujours un pour commencer une guerre de pop corn et les derniers mots de Jed la ramenèrent d'ailleurs à l'ordre, la jeune fille secouant brièvement la tête afin de chasser ses souvenirs, encore une fois. « Tu m'intrigues. Avec tes pop corn! Je veux bien un DVD et une pizza, finalement! » fit-elle avec un petit sourire en coin, amusée.

Elle laissa son regard dériver sur la boîte de céréales qu'il venait de saisir et hocha la tête doucement lorsqu'il proposa de lui en verser dans son bol également. « Merci! » Plongeant sa cuillère dans les céréales, elle les inonda délicatement avant d'en prendre une bouchée sans regarder son ami, assis directement en face d'elle. Elle prit une nouvelle gorgée de son lait, un peu perdue dans ses propres pensées. Elle tendit néanmoins l'oreille afin de tenter d'entendre le moindre son venant de l'étage supérieur de la maison, ou même un bruit de voiture qui se gare dans l'entrée. Elle n'était pas certaine que Lawson serait enchanté de la savoir avec Jed et si Ella avait d'abord été troublée par l'idée de l'inviter à prendre le petit déjeuner en sa compagnie, elle était un peu moins sur la défensive maintenant qu'il semblait l'avoir mise un peu plus en confiance. Et puis de toute façon, elle ne pouvait pas laisser Jed seul dans son jardin, affamé et drogué de surcroît, non? Elle saurait bien se débrouiller s'ils en venaient à se faire prendre, même si Ella se doutait pertinemment que ce ne serait pas de tout repos. Néanmoins, elle en vint à se demander ce que ferait Jed, une fois qu'ils auraient mangé et qu'ils auraient peut-être un peu discuté. Il ne pouvait décemment pas rentrer chez lui puisqu'il n'avait pas les clés, mais s'il restait avec elle... Si ça se trouve, ils pourraient retourner méditer en terrain neutre, dans le jardin.

Ella n'eut toutefois pas le temps de se perdre plus longtemps dans ses réflexions qu'une sirène de police lui vrilla les tympans, la forçant à se redresser en jetant un coup d'oeil surpris à Jed, fronçant les sourcils avant de se rendre à la fenêtre. Une seconde voiture la suivait de près et la jeune fille poussa un soupir mi inquiet, mi énervé. « C'est quoi, leur problème? Ils pensent pas aux gens qui dorment? » Il faut dire que le bruit d'une sirène, quelle qu'elle soit, n'était jamais vraiment plaisant, surtout quand on détestait déjà celle, un peu plus sympathique, du réveil-matin. Elle les suivit néanmoins des yeux, mais finit par revenir près du plan de travail en plissant le nez, comme à son habitude lorsqu'elle réfléchissait ou qu'une situation lui déplaisait. « Si ça se trouve... Ils en ont après toi! Avec tout le grabuge que t'as fait, ils t'ont peut-être pris en chasse! » Elle avait malgré tout réussi à retrouver un peu de sa bonne humeur en tentant de se moquer gentiment des conneries qu'avait faites Jed, même s'il devait bien se douter que personne n'était à sa recherche et qu'ils n'auraient sans doute pas attendu au matin pour faire étalage de leur badge. De toute façon, deux voitures de police pour un mec défoncé, c'était sans doute un peu trop demandé. Elle reprit sa place devant son bol de céréales et engloutit une nouvelle bouchée, dorénavant un peu plus apte à regarder Jed dans les yeux sans s'y perdre.

« C'est vraiment moi qui décide pour le DVD? T'as quelque chose de prévu ce soir? » demanda-t-elle finalement en faisant une moue particulièrement adorable. Non seulement il lui avait donné envie, avec son pop corn et sa pizza, mais elle avait l'impression qu'elle pourrait apprendre à connaître une nouvelle facette de sa personnalité, ce qui n'était pas pour lui déplaire.
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Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptyLun 29 Nov 2010 - 5:58

« Tu m'intrigues. Avec tes pop corn ! Je veux bien un DVD et une pizza, finalement ! » « Marché conclu ! » Voyant qu'elle acquiesçait, Jed s'appliqua à lui verser des céréales dans son bol en se concentrant pour ne pas en mettre à côté malgré l'impression de légèreté cotonneuse qui accompagnait la drogue et qui tendait à le laisser croire que rien n'était grave, qu'il s'agisse de renverser des céréales ou de casser des verres. Or il n'était pas chez lui, il ne pouvait donc décemment pas se permettre de se moquer de l'insalubrité, il en avait conscience et - mieux - il savait qu'Ella faisait un effort en acceptant de le faire rentrer dans un lieu à l'intérieur duquel elle n'avait jamais trouvé bon de l'inviter avant ça (ce qui, en soit, voulait tout dire). La dégustation des victuailles se fit dans un silence pensif après qu'il eut reposé la boîte de kornflex mais fut interrompue par l'arrivée d'une sirène de police criarde à souhait qui fit se froncer les sourcils de Vargas autant que s'arquer ceux d'Ella. Accompagnant du regard la traversée de la cuisine que cette dernière effectua pour aller se poster à la fenêtre alors qu'une autre voiture suivait la première, Jed n'en était déjà plus à se soucier des dormeurs comme elle venait de le souligner en râlant. Drogué oui, mais réceptif quand même, il eut tout à coup une montée d'angoisse propre aux gens qui se savent coupables de quelque chose avec l'intime conviction d'être en sursis. Sur l'instant, sa foi en Crash sembla s'ébranler au profit d'un doute horrible qui le fit croire que ces sirènes lui étaient peut-être destinées. Pour tenter de se rassurer, il se persuada que son ami n'aurait jamais appelé les flics pour régler un problème qui leur était personnel, mais, une peur en chassant une autre, c'est l'image des voisins adeptes de la délation qui vint combler le trou laisser par le contre de la première hypothèse. « Si ça se trouve ... Ils en ont après toi ! Avec tout le grabuge que t'as fait, ils t'ont peut-être pris en chasse ! » Figé d'horreur, Jed se força à rire à la plaisanterie, mais son rire avait quelque chose de jaunâtre qui entrait en parfait contraste avec le blanc éclatant du lait qu'il porta à sa bouche comme pour retrouver contenance et/ou se donner du courage. Il aurait pu - s'il avait reposé son verre et enchainé dans la seconde avec l'adresse qu'on lui connaissait pour changer de sujet - sauver les apparences et ne rien laisser paraitre de ce côté " à fleur de peau " que la drogue stimulait à l'excès chez lui, mais il ne put s'empêcher d'attendre, le coude levé et les lèvres toujours trempées dans le lait, que les sirènes se soient éloignées pour se détendre et enfin reposer sans verre, sans même en avoir bu une goutte (ce qui attaqua en grande partie l'étiquette du mec cool et serein, voir même, ce qui aurait pu inciter à se poser la question de savoir s'il n'avait pas autre chose à se reprocher que d'avoir tout casser dans le jardin de Cooper ...).

« C'est vraiment moi qui décide pour le DVD ? » Ravi qu'elle ne s'attarde pas sur ce moment de crispation ostentatoire, il décida de rebondir dans son sens, histoire de tourner la page bien comme il faut, sans même se donner la peine de réfléchir sur le pourquoi du comment qui avait amené deux voitures de police à débarquer dans un quartier résidentiel toutes sirènes allumées et ce à une heure aussi matinale : « Ouais vas-y, choisis, j'le ferai livrer en même temps que la pizza. Y sont forts les américains, j'ai découverts ça avec Crash, on peut louer la pizza et demander que le DVD soit apporté avec. J'sais pas trop comment ça marche, si c'est un concept de location deux en un ou quoi ... » Imaginatif, il leva les yeux au plafond en visualisant un pizzaiolo aux mains pleines de sauces enfourner ses pizzas tout en fourrant des DVD dans des pochettes en carton si bien qu'au final - drogue aidant - il se mit dévier sur l'éventualité que le mec puisse se gourer entre disques DVD et rondelles de peperoni ... « T'as quelque chose de prévu ce soir ? » Sortant de son trip, Vargas reporta son regard et son attention sur l'adolescente avant de penser qu'il serait peut-être pertinent de sa part de trainer le moins possible chez Crash le temps de quelques jours, histoire de faire passer la pilule de ses conneries et que le soufflet de la colère plus que probable de son colocataire retombe. « Nan, rien. J'ai pas l'courage de sortir ... » Il appuya sa réplique d'une main dans les cheveux histoire de s'ébouriffer le poil avant de continuer, « On le fait ce soir ? » Puis, se rendant compte du drôle de sens que cette phrase pouvait avoir (à tort ou à raison, on préfère ici accuser les déformations d'interprétation occasionnées par la drogue plutôt que l'esprit pervers), il se dépêcha d'ajouter : « ... ce plateau télé. »
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Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptyMar 30 Nov 2010 - 5:12

Si Ella avait remarqué que sa blague n'avait pas eu l'effet escompté de détendre l'atmosphère, elle n'en fit rien savoir, se contentant de revenir à sa place sans bruit. Pas plus inquiète que ça, elle finit par se dire que c'était peut-être simplement une fausse alerte, ou un vol dans une maison un peu plus loin dans la rue, ou même une course poursuite, ce qui, en soit, mettrait un peu de piquant dans la vie des habitants d'Ocean Grove. Ayant opté pour le DVD, elle ignorait non seulement ce qu'ils pourraient regarder, mais également le genre de films qui pouvait plaire à Jed. Finalement, c'était évident qu'ils finiraient par choisir tous les deux, Ella passant en revue ceux qui lui plaisaient et qu'elle n'avait pas encore vu. Elle haussa les épaules, surprise, n'ayant même jamais pris conscience que ce genre de location était possible, n'y ayant jamais eu recours. Elle n'en savait donc pas plus que lui, s'amusant des prunelles de Jed qui semblaient parfois avec elle, parfois ailleurs. Elle ne pouvait même pas oser imaginer ce à quoi il pensait tellement ce devait être saugrenu et elle en profita pour retirer son polo, la chaleur de la maison ayant eu raison d'elle.

« On le fait ce soir ? »Ce fut avec une moue délicate qu'elle lui avait proposé une soirée cinéma le soir même et elle n'aurait même pas capté l'ambiguïté de sa réponse, si seulement il n'avait pas rajouté un: « ... ce plateau télé. » après quelques instants d'hésitation. La jeune fille eut un léger rire amusé avant de passer une main nerveuse dans ses cheveux, baissant les yeux avant de les redresser soudainement avec l'impression de sonder celles de Jed dans l'espoir d'y voir une lueur de naïveté qui lui ferait bien comprendre qu'il n'avait jamais pensé autrement que par les trois mots qu'il avait rapidement rajouté. Elle n'en fut pas déçue et, soulagée, haussa les épaules avec un petit sourire en coin. « Si tu veux, ouais! Pourquoi pas! »

Se relevant finalement en saisissant son bol de céréales, qu'elle faillit échapper alors qu'une goutte de lait sur le rebord fit glisser son doigt, elle le rattrapa de justesse et s'empressa d'y glisser la cuillère pour en avaler une bouchée, histoire que son presque-dégât passe inaperçu.

Battant en retraite dans le salon, elle saisit la télécommande d'une main, posée sur le dessus du sofa, et ouvrit la télévision, son bol de céréales ramollies dans l'autre. Elle tomba pile poil sur le poste de nouvelles régionales et fronça les sourcils alors que l'inscription Apple Road au bas de l'écran attirait son attention. La date était celle de la nuit du 31 octobre au premier novembre, à l'emplacement exact où se donnait la fête d'Halloween où était censé se rendre Lawson! « Jed ... » D'une voix tremblotante, Ella n'avait même pas pris la peine de se retourner, oubliant pendant deux secondes qu'elle avait un bol à la main, une partie du lait qui restait ayant le temps de se répandre sur le sol avant qu'elle ne redresse vivement son bras, les yeux rivés sur l'écran. Une maison était apparemment en flammes, ou du moins, une partie de la maison, alors que les images semblaient avoir été tournées peu après la catastrophe, un périmètre de sécurité ayant été instauré autour de la propriété.

« [...] Deux meurtriers recherchés depuis de nombreuses années ont été abattus, cette nuit, dans le quartier aux apparences tranquilles d'Ocean Grove. Le couple donnait une soirée d'Halloween qui aurait pu très mal tourner sans l'intervention des policiers. Heureusement, personne ne semble gravement blessé [...] » « Lawson ... » murmura-t-elle en posant son bol sur la table de salon, se dirigeant brusquement vers le téléphone afin de tenter de l'appeler. Elle vit toutefois que le voyant clignotait, signe qu'un message avait été déposé sur le répondeur. Fronçant un sourcil, elle saisit le combiné en gardant les yeux rivés sur les images de la maison en flammes, composant de mémoire le code pour accéder à la boîte vocale. Elle poussa un soupir de soulagement en entendant la voix de Lawson, qui spécifiait qu'il allait bien, mais qu'il allait rester avec Dolly pour la nuit. « Ça va... Ils se portent à merveille... Ils n'ont rien. » C'était presque davantage pour elle-même que pour Jed, mais elle ne put s'empêcher de le prononcer à voix haute, afin de tenter de se rassurer.

Soulagée, mais néanmoins un peu sous le choc, elle reposa l'appareil sur son socle et se laissa tomber sur le canapé. « T'imagines...? Ils vivaient à deux pas d'ici. Les gens leur faisaient confiance... » Passant une main dans ses cheveux, encore une fois, sous le coup de l'émotion, l'adolescente se mordit nerveusement la lèvre en glissant sa main dans son cou, ses ongles s'enfonçant légèrement dans sa peau.


Dernière édition par Ella J. Nielson le Mer 1 Déc 2010 - 20:52, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Garden Party ? Garden Party ? EmptyMar 30 Nov 2010 - 20:11

Crétin, crétin, CRÉTIN ! En voyant Ella baisser le yeux et fourrager dans ses cheveux de manière maladroite, Jed en vint à penser que l'on devait difficilement faire plus con que lui en matière de grand dadais abruti par la fumette. En définitive, ce n'étais pas tant le fait de se faire mettre à la porte pour ses paroles malencontreuses qui l'embêtait que celui de passer pour un gros pervers aux yeux de la seule personne du coin avec laquelle il arrivait à avoir des discutions plus ou moins profondes sans ressentir de l'indifférence pure et simple vis à vis du contenu des propos échangés. Peut-être était-ce son calme, sa tolérance ou tout simplement la réserve qu'elle gardait toujours avec lui, mais il se sentait bien en compagnie d'Ella et l'idée qu'elle puisse le considérer comme un obsédé n'avait rien de séduisant, quand bien même cela pouvait s'avérer vrai parfois (principalement quand il était défoncé à des drogues plus dures que la beuh), avec elle il n'avait pas cette impression de profit dans le vice qu'il pouvait avoir avec Meryl, Ophélia ou avec toutes ces autres nanas passablement séduites par son côté " mec peu fréquentable et mentalement instable ". Aussi insistât-il avec application sur l'air de ne vraiment pas y toucher qu'il lui servit au moment où elle releva les yeux pour vérifier la nature profonde de sa pensée.

« Si tu veux, ouais ! Pourquoi pas ! » Content de voir que sa diarrhée verbale ne l'avait pas rebutée, il acquiesça d'un hochement de tête et se replongea dans la dégustation de ses céréales d'un air pensif, peut-être encore un peu inspiré par cette image de mec qui faisait des pizzas avec des morceaux de DVD ... D'ailleurs, l'image devait être plus poignante qu'on aurait pu le croire, car il ne se rendit pas tout de suite compte qu'Ella s'était levée et dirigée en direction du salon. En fait, il ne releva la tête de la contemplation de son bol de cornflakes que lorsque la sourdine de la télévision lui parvint depuis la pièce voisine. « Jed ... » « Hum ? » Lui répondit-il depuis son tabouret sur lequel il se sentait trop bien assis pour en descendre sans qu'elle le lui ait clairement demandé.

« [...] Deux meurtriers recherchés depuis de nombreuses années ont été abattus, cette nuit, dans le quartier aux apparences tranquilles d'Ocean Grove. [...] » Stoppant son geste alors qu'il s'apprêtait à porter une énième cuillère de céréales à sa bouche, Jed laissa choir le couvert en tournant vigoureusement la tête en direction du salon. Des gouttes de lait qui éclaboussèrent la joue lorsque la cuillère retomba dans le bol, mais il n'y prêta aucune attention et descendit fissa de son perchoir pour rejoindre Ella tendit que la télévision continuait de détailler les circonstances d'un incendie ayant visiblement eu lieu non loin de chez eux. « Lawson ... » A peine fut-il arrivé à hauteur d'Ella (les deux pieds dans la flaque de lait qu'il n'avait pas vu, évidemment), que cette dernière se détourna du téléviseur pour se diriger vers le téléphone. Vargas, quant à lui, continuait de regarder les images mouvantes sans réellement prendre conscience de leur portée hypothétiquement tragique pour le tuteur de son amie. « Ça va ... Ils se portent à merveille ... Ils n'ont rien. » Soupira-t-elle de soulagement en revenant vers lui dans le silence septique qu'il faisait régner à lui tout seul dans la pièce.

« Ils ? Qui ça ils ? » Demanda-t-il en faisant le tour du canapé pour s'asseoir à ses côtés. « T'imagines ... ? Ils vivaient à deux pas d'ici. Les gens leur faisaient confiance ... » Voyant qu'elle se faisait du soucis et que les images de flammes vacillantes sur le petit écran n'arrangeaient rien, il tendit le bras par dessus l'épaule d'Ella pour attraper la télécommande laissée sur le dossier du canapé. « Allez hop, ta gueule ! » Joignant le geste à la parole, il éteignit le poste d'une pression sèche sur le bouton OFF de la télécommande, « Tu m'fais confiance ? Ca tombe j'suis un grand malade moi aussi. Genre, peut-être que je mange des chats préalablement accrochés par la queue au plafond de ma cave et fumé pendant des mois ... » Ajouta-t-il en direction de l'adolescente d'un air de conspirateur passablement anesthésié (ou endormi, au choix), mais, voyant que sa blague paraissait plus bizarre que drôle, il haussa les épaules et enchaîna sur une façon plus conventionnelle de la détendre : « Décrispe, ça va, y'a pas mort d'homme, c'est qu'une baraque qui flambe, y'en aura d'autres avant qu'on meurt assassinés par je ne sais qui ... »

Peut-être était-ce la drogue, ou bien peut-être était-ce une philosophie de pensée qui transcendait l'état de " j'en foutiste " dans lequel il se trouvait, mais toujours est-il qu'il ne manifestait aucune inquiétude visible quant à cette information pourtant capitale sur le vie du quartier. De toute façon ce quartier n'était pas le sien. Lui, depuis qu'il ne vivait plus que pour se laisser mourir bêtement, il n'avait plus de maison.


Dernière édition par Jed Vargas le Jeu 2 Déc 2010 - 3:25, édité 1 fois
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