I am bored... are you here ? - PV Olivia

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Je me réveillais; de nouveau en sursaut et en sueur, dans des draps de satin que je ne reconnaissais pas. Les boîtes de pilules destinées à stabiliser mon humeur étaient renversées par terre, j'avais passé une nuit agitée. Le mélange : amphétamines, cocaïne, somnifères et antidépresseurs ne faisaient pas bon ménage. Qu'est-ce que j'en avais à foutre. Si ça se trouve, j'allais mourir demain, écrasée par un vieux chauffard à la vue trouble. Il fallait rapidement que je trouve une occupation. Logan ne me rappelait pas, j'avais trop d'égo pour rappeler Quinn après notre seul et unique baiser, quand à Xuan et le reste... ça n'avait pas d'importance. Comme d'habitude. Je fis la seule chose qui me changea de mon quotidien et dont je ne me laissais pas; prendre la voiture en direction de l'autoroute et rouler jusqu'à en être fatiguée, aller dans n'importe quelle direction mais sortir de Miami. Sortir de ce trou ou suinte l'ennui au plus vite... j'avais la nausée. Les banlieusardes me donnaient envie de rendre.

J'étais une paria volontaire, de la société. J'avais fais le choix de vivre recluse mais l'atmosphère plus que pollué de New York m'avait aussi rendue malade. Sans compter les affiches et toute cette médiatisation après le décès de Connor. Il pouvait bien crever en enfer, je le détestais. Et je le connaissais bien, pour avoir été sa compagne, sa fiancé et ce pendant plusieurs années. Pour avoir bien profité de son argent et de sa renommée pour me faire un nom, pour fouiner dans son carnet d'adresse et me remplir le mien. Les choses étaient pourtant simple. Et parfois al lucidité me rattrapait. Je n'étais qu'un débris de mannequin camée. Sans passé, et sans avenir... l'un dans l'autre la conduite me fatiguait et je passais devant un fast-food que je connaissais bien. Je décidais de m'y arrêter et me résolu à commander quelque chose à manger, me rappelant n'avoir grignoté que des fruits secs les jours derniers. Avais-je dans l'espoir de revoir Olivia, je ne voulais pas l'admettre. Je ne voulais pas non plus me rappeler que j'avais évoqué de l'intérêt pour sa personne. Elle était mineure et je me dégoûtais moi-même. Nous avions six ans de différence et c'était mal, très mal. Pourtant je n'avais qu'une version édulcorée du bien et du mal. Je suppose que certains principes sont, et puis c'est tout. Sans qu'on sache pourquoi. Depuis que j'avais appris son jeune âge, je m'étais montrée froide, bien, pas plus que d'habitude, mais, disons que j'avais été plus distante que je ne l'avais été, que je fus moins curieuse lorsqu'il s'agissait de parler d'elle.

Je me dirigeais au comptoir, cherchant du regard Olivia et demandais à une caissière que je traitais comme un chien, comme à mon habitude.

« Une glace et un soda. Frais et vite. »

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Ma journée allait mal se passer, je le savais. Atchoum m'avais encore une fois chapardé le déjeuné que Granny m'avait préparé et je n'avais pas trouvé ma chemise rouge dans tout ce fourbis qu'était ma chambre. Oui je suis quelqu'un de simpliste, un rien ne m’énerve et justement, aujourd'hui, le rien était de trop. Cependant, ma journée à la fac ne fut pas si atroce que je n’aurais pu l’imaginer. Je me souviens même avoir eu l’honneur de ne pas être comptée absente une fois de plus en cours de Mathématiques. Le professeur, avait je pense d’énormes problèmes de vue, étant donné que même en étant au premier rang, il ne me voit jamais et malgré mes nombreux efforts pour lui dire que je me prénomme Olivia, il continue de m’appeler Oliver. La journée passa bien vite, et pour une fois, j’étais contente d’arriver au travail. Je mourrais de faim et Buck, le tenancier du Fast-food ne rechignait jamais à me préparer un hamburger lorsqu’il me trouvait un peu trop pâlotte à son goût. Ce bout de viande seccos’ passait à merveille quand j’entendis la clochette de la porte s’agiter. Sautant sur mes pieds, j’enfilais mon tablier et filait derrière le comptoir. Rangeant négligemment mon assiette, j’attendais patiemment de voir débouler un routier tatoué de la tête au pied me demander un « Hamburger poupée » Ne me dites pas que tout les hommes sont comme ça, sinon je me fais none.

Buck m’interpella alors que j’attendais le corps gras dudit routier. « P’tite olive, va donc me chercher des bières dans la réserve. » Je m’exécutais immédiatement, Buck était quelqu’un de bien et même si parfois il faisait des blagues un peu vaseuses et m’appelle "p’tit cul" pour rire, je l’aimais bien, comme un patron gentil disons. Les bras chargés d’un pack de bière, j’entendant Nancy, l’autre serveuse du fast-food marmonner dans sa barbe alors qu’elle préparais une glace. « Revoilà la mégère. »

La mégère, ou autrement dit Daphne, personne ne l’appréciait au fast-food, elle était hautaine et riche. Autrement dit tout ce que Nancy détestait. Rangeant les bières dans le frigo de la cuisine, je prenait la glace que Nancy me tendant et l’apporta à l’horrible monstre que représentai le bout de femme que j’avais en face de moi. « Le soda arrive. » Mon ton était plat, je ne montrais aucun sentiment à personne et encore moin à elle.

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« Le soda arrive. » « Et pas tiède, de préférence. » Je snobais totalement ce que j'appelais : le petit personnel. Dieu merci, je n'avais jamais eu à passer par la case fast-food. Je préférais mourir de faim, quoi que. Par ennui, je calculais lentement les calories que suggéraient le soda et la glace. Je grimaçais. Peu importe, j'allais oublier de manger les autres jours. Aussi imposant que peu imposer un mètre soixante, je haussais les sourcils et croisais les bras en l'attente de ma commande. Et pourtant ce n'était pas si lent, il y avait un gros débit sur l'autoroute. Mais j'étais impatiente et ne supportais pas d'attendre, faute à mon passé de personnalité trop assistée. Je me forçais à regarder le nom épinglé sur l'employée qui m'apportât ma commande; Olivia. Je relevais la tête et la reconnue, impossible d'empêcher d'esquisser un petit sourire. Je ne sais pas, elle dégageait quelque chose qui me plaisait. J'oubliais un peu à quel point ma vie me dégoûtait.

« A quelle heure tu prends ta pause déjà ? »

Elle me l'avait sûrement dit, j'avais dû oublier. Je la détaillais. Debout, raide et affublée d'un uniforme ridicule et surtout affreux. Quand à moi, je n'avais pas vraiment pris soin de me vêtir comme il se fallait. Mais je n'avais qu'en ma possession des vêtements de créateurs, donnés, gardés. Bref, je n'achetais pas beaucoup de vêtements vu la quantité qu'on me donnait. Je portais un jean serré, des talons hauts à lanières couleur marron et un haut blanc large qui cachait mes formes, ou devrais-je dire ma maigreur de plus en plus apparente. Enfin, selon le toubib d'ici.

« Carte de crédit. »

Annonçais-je, tel un robot devant la caisse. Je n'avais pratiquement jamais de liquide sur moi. A moins de voir mon fournisseur. D'ailleurs, cela faisait quelques jours que je ne l'avais pas vu, il ne me contactait pas non plus. C'était mauvais signe, il préparait quelque chose. Il me préparait quelque chose. Me faire chanter ne marchait qu'à moitié alors...

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« Carte de crédit » Lui demandais-je tel un robot bien huilé en tendant la main. Son ton hautain m’avait froissée et je ne comptais pas faire de politesse avec elle si elle n’en faisait pas avec moi. Gardant les yeux rivés sur mes baskets, je ne levais que rarement la tête vers les clients. J’avais appris à oublier les regards moqueurs que ceux-ci portaient sur moi. Oui mon uniforme de serveuse est débile, et alors ? Je m’en contrefiche, tant que je gagne de l’argent. Quitte à devoir servir de table basse aux clients, je suis prête à tout pour pouvoir continuer de vivre avec Granny. C’était bien la seule qui se souvenait de mon prénom pour vous dire. Je tendais ma main vers la cliente, je préférais ne pas l’appeler par son nom. Elle ne le méritait pas. Lorsque celle-ci me tendis la carte, je l’attrapai et la passa dans la machine, la trace bancaire avait été prise, je lui rendis alors sûrement le seul objet qu’elle devait respecter. Nancy posa le soda devant Daphne et lui lança un regard des plus noirs. Elle ne l’aimait pas, c’était flagrant. « J’fini à 11heures » Répondis-je froidement avant de repartir vers la cuisine. Je n’avais aucunement envie de me montrer méchante, cependant, c’était plus fort que moi, elle était désagréable, pourquoi me montrerais-je gentille ? Certes elle n’avait pas l’air au meilleur de sa forme, mais ce n’était pas mes oignons. Je la laissais derrière moi sans me soucier de si elle s’étoufferait avec sa glace. Je vis Buck reluquer Daphne avec ce regard que je connais si bien. "Le regard du chasseur".

Buck était en chasse, c’est clair et net, et sa proie n’était autre que Daphne, lui lançant un regard des plus incertain, je lui fis comprendre que ce n’était sûrement pas la meilleure idée à moins qu’il ne veuille se prendre la plus grosse veste de sa vie. Mais Buck ne se décourageait jamais, ça, je m’en rendis bien vite compte. Alors qu’il commençait à faire la conversation à " la gazelle" comme il l’avait appelée, je m’assis sur l’un des plan de travail de la cuisine et sortit le Levy que j’y avais caché. Buck ne voulait pas que je lise au travail, mais je ne pouvais pas m’en empêcher, il fallait que je meuble le temps de façon intelligente, c’était plus fort que moi. Je ne pouvais pas me permettre de compter les mouches au plafond. Ca non.
Nancy me regardait faire, comme si on avait montré une fourchette à un chimpanzé. Elle ne devait sûrement même pas savoir lire et trouvait ça étrange que je le fasse dans la cuisine. Je m’en foutais complètement. Mais j’entendis Buck revenir en traînant les savates ; il s’était pris une veste, comme je m’en doutais. Planquant le livre à toute vitesse derrière la cuisinière, je pris mon air rêveur en levant les yeux au plafond. Je m’amusais même à siffloter, pour me rendre encore plus innocente. Mes jambes se balançaient dans le vide et Buck marmonnait dans sa barbe. La journée ressemblait à toutes les autres enfin de compte.

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« J’fini à 11heures » « Il est presque onze heures. Rejoins moi dans la salle. » Dis-je. Je ne concevais pas qu'elle puisse refuser, après tout, avait-elle quelque chose de mieux à faire ? J'en doutais. Toisant le personnel, je plains Olivia, entre Nancy comme l'indiquait l'étiquette et le charmant Buck qui profita de mon séjour à la caisse pour me draguer. Je plissais les lèvres. Loin d'être insensible, je fus tout de même flattée, lorsqu'on s'intéressait à ma beauté, je ne pouvais rester stoïque. Cela me prouvait que j'avais une chose au moins dans la vie. Mes couvertures de ma magazine, mon piano et ma beauté. En fait, ça ne représentait pas grand chose, avec ou sans ces détails, ma vie n'aurait pas été différente. Ah si, peut-être aurais-je finis par travailler dans ce fast-food minable. « Ceci est la première et dernière incursion que tu tenteras à mon égard. La prochaine fois, prends-toi quelqu'un que tu puisses saisir. » Je n'avais pas besoin d'être méchante. Mais outre le fait que je fus flattée, car je l'étais, je fus vexée. Vexée qu'un type comme ça me drague, devant tout le monde en plus. Ainsi donc je ne méritais que ça ? D'employés ou peu importe, de fast-food ? Ridicule, absurde. Aussi absurde que l'idée d'explorer plus loin les recoins de l'amitié, si je puis l'appeler ainsi, que je partageais avec Olivia. Depuis mon récent changement de comportement, j'avais ouvert les hostilités, elle s'était refermée comme une moule et me parut soudainement plus intéressante, peut-être parce qu'en soit, elle représentait d'avantage un défi.

Saisissant mon plateau, je me trouvais un coin tranquille ou je déposais mon blackberry sur la table. Avalant ma glace par petite bouchées, je consultais mes mails. Je fus désespérée. Que des invitations. Gala de charités, avant-premières de films de secondes zones... aucun contact de mannequins de New York, ça se comprenait. Je m'étais montrée un peu vache avec les collègues. Elles l'avaient méritées. Elles avaient besoin qu'on les remettent à leur place. Je ne me pensais pas supérieure. Je l'étais.

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Onze heures onze, je revenais à moi et retirait mon tablier. J’avais toujours en tête l’étrange invitation de Daphne et hésita longuement à la rejoindre, après-tout mon pick-up m’attendais dehors, et tout mes autres Levy patientaient sagement dans ma chambre. Mais je ne pouvais pas lui refuser ça, elle avait l’air tellement.. Seule. Oui, il fallait que je fasse ça, même ne serais-ce que pour lui faire plaisir. Mon tablier était maintenant roulé en boule dans ma main, et je ne pouvais m’empêcher de mordiller le coin de ma lèvre inferieure, signe d’intense réflexion. Oh et puis zut, elle ne devait pas être si méchante que ça puisqu’elle a tenté de se montrer à peu près « gentille » à mon égard. Cependant, je ne décidais pas de me laisser avoir si facilement, je ne compte pas devenir « l’amie » si je puis dire, d’une pimbèche, cette demoiselle devrait changer si elle souhaitait avoir, ne serais-ce qu’un petit peu de ma considération. Nancy avait déserté, à peine onze heures sonnées, qu’elle avait couru en dehors de la bâtisse rejoindre son petit-ami. Encore quelque chose que je ne comprendrais jamais. Comment les gens pouvaient ressentir l’envie de s’échanger leur bave en public ? Cette pratique devrait être interdite par la loi. Voilà, je vais devenir présidente des Etats-Unis d’Amérique, pour interdire les baiser langoureux. Oui, pardon, il m’arrive souvent de me faire des blagues à moi-même. A défaut de rire avec quelqu’un, je ris seule, dans ma tête. Elle au moins, elle rigole à mes blagues. Posant alors mon tablier sur le porte manteau prévu à cet effet, je lissais d’un geste soigneux ma chemise, celle-ci ayant été choisie à l’arrache dans un magasin où Granny avait réussi à me trainer. Décidément, cette femme a bien trop d’emprise sur moi, il va falloir que ça cesse.

Mes cheveux était attaché en chignon depuis 11 heures ce matin, en effet, j’avais du attacher mes cheveux en cours d’Art et la seule chose que j’eu sous la main fut un pinceau. Ainsi donc, je me retrouvais, puant la frite à trois kilomètres, les cheveux tenu par un pinceau n°20, un jean troué et une chemise bucheronne sur le dos à aller affronter ce que tout le monde appelait, le diable.

Je m’installe alors sans un mot en face de Daphne, elle avait le nez plongé dans son Strawberry. Euh non, Blackberry. Encore quelque chose que je ne connaissais pas. Mon portable était un vestige à lui-même. Le Panthéon aurait palis devant l’ancienneté de mon téléphone, mais il était résistant, je l’avais déjà fait tombé de nombreuses fois, et jamais il ne m’avait lâchée. Croisant alors mes bras, je posais mon sac à côté de moi. C’était un sac robuste, à bandoulière, lui non plus ne m’avais jamais lâché, mais lui, je le trouvais cool. Il était orné de diverses choses. Pin’s, dessins, calligraphies. Ce sac était le récit de ma vie à lui tout seul. Désordre et originalité.

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Elle s'assit en face de moi, ses cheveux attachés à la va-vite derrière sa jolie frimousse. Elle portait une chemise à carreaux, à l'allure bucheronne et masculine, surplombant un jean troué. J'arquais un sourcil mais ne fis aucun commentaire. Mon psy me recommandait de faire des efforts et je ne sais pourquoi, je décidais aujourd'hui de l'écouter. Histoire de me prouver qu'avec ou sans conseils, je pouvais le faire. Je remarquais qu'un pinceau tenait son chignon dont quelques mèches retombaient sur son visage avec une négligence travaillée, du moins, semblait-il. Peut-être n'y faisait-elle tout bonnement pas attention. Je ne pus m'empêcher de remarquer le sac robuste qu'elle déposa sur le sol, s'écrasant dans un bruit sourd près de mes talons hauts.

« Dis-donc, tu transportes ta maison à l'intérieur ou quoi ? »

Je reconnais que ce n'était pas des plus raffiné et un peu bourru sur les bords mais... ça avait le mérite d'être direct. Je devais bien me comporter. Ne pas tout faire foirer, comme on dit. Après tout, comme avec tout le reste, je finirai par me lasser ou l'abandonner sans regret. M'éloigner d'une quelconque emprise. Elle me changeait de ce que j'avais l'habitude de voir, de ce que je voyais, tous les jours, en sortant de ma propriété. Elle était le changement, le rappel à la vie. Mais elle n'était pourtant qu'un désir éphémère. Qu'une gamine un peu seule en manque d'argent je suppose. Qu'est-ce qui me prenait. Nous étions trop différentes et même si j'appréciais et cultivais la différence, il y avait une limite et elle ne saurait tarder. Elle me traiterait bientôt de femme riche, de grande fille à papa. Si elle savait... si elle savait que je les avais quittés. J'avais même pas dix huit ans. Je me souvins de la déception, de la déception lorsque mon père m'avait surprise entrain d'embrasser une fille... de discours moralisateurs après m'être lancée dans ce milieu cruel du mannequinat dans lequel on est traité comme un objet... j'avais finis par couper les ponts et tant pis pour sa poire.

« J'ai pensé à toi ces jours-ci. »

Je n'étais pas démonstrative, je ne savais même pas si c'était vrai ni la raison qui me poussais à lui dire ça. Mais c'était trop tard et quelque part, ça n'avait pas d'importance n'est-ce pas ?

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« Dis-donc, tu transportes ta maison à l'intérieur ou quoi ? » Non mais pour qui se prenait-elle. Parce qu'elle se trimabalait avec un jean de marque posé sur les fesses, elle pensait pouvoir faire ce que bon lui semblait de ma petite personne. Elle va voir ce qu'elle va voir cette pimbèche. « Non, je fais comme tout le monde, je vais en cours. » Comme à mon habitude, je ne la regardais pas, je préférais me concentrer sur mes mains, qui d’ailleurs ne semblaient pas vraiment au meilleur de leur forme. Je demanderais conseil à Granny lorsque je rentrerais. Oh mince.. Elle doit se faire du souci à l’heure qu’il est. Peut importe, Daphne avait besoin d’être remise à sa place.

« J'ai pensé à toi ces jours-ci. » Tiens donc, tu penses à des êtres humains maintenant ? Comme si ma petite existence t’importait. Je me décidai à tout de même rester courtoise et polie. « Ah ». Voilà à quoi ressemblait ma courtoisie. Je ne préférais pas m’attarder sur de longues discutions inutiles. Je n’étais après tout qu’une serveuse de fast-food, que pouvait-elle bien vouloir de moi ? Certainement pas de l’argent. Je n’en avais pas. Peut-être de la compagnie ? Pardon, mais j’ai tant que ça une gueule de Chihuahua ? Bon, je lui accorde le bénéfice du doute, mais je ne préfère pas m’embarquer dans un délire de fille riche. Je n’ai pas les moyens de la suivre.

Attendant donc que princesse Daphne daigne me dire ce pourquoi elle a requis ma présence à presque minuit, je laissais mon esprit divaguer sur diverses choses que j’aimerais faire. Voyager, oh oui. Ca pourrait être cool. Allez au Kenya, voir les lions et les éléphants. Ou même faire du cheval. J’ai toujours admiré ces bêtes là. Mais ma mère en avait peur, et c’est bien la seule personne présente dans ma vie qui pouvait me payer même ne serais-ce que le fait de regarder l’animal. Minutes après minutes, j’attendais, le silence se faisant pesant, et j’étais vraiment épuisée. Ma journée de cours et mes nuits de 5 heures ne me suffisaient plus, je n’osais pas me lever et annoncer mon départ de peur de la frustrer, mais ce silence me fatiguait.

«Et sinon, tu.. Ehm, tu f’sais quoi ici ? » Dis-je d’un ton mal assuré en attendant une quelconque réponse de sa part.

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« Ah » Très éloquent. C'est ce qu'on apprend à la fac ? Je devais m'être montrée encore un peu mauvaise, mais je ne savais pas en quoi. Ma franchise devait se rapprocher à de la méchanceté gratuite, je suppose. Son : « Non, je fais comme tout le monde, je vais en cours. », me montrais qu'elle avait été piquée au vif mais avait répondu comme si ma question ne l'importait pas. Je tentai de me rattraper, sentant qu'elle en valait le coup, pour le peu de temps ou je m'attardais ici.

« J'ai pas été à la fac. Je n'ai pas le souvenir d'avoir eu un sac si gros, c'est tout. Au lycée, je mettais mes bouquins dans le casier. »

Il n'y avait pas de casier à la fac. Je n'y avais pas pensé sur le coup. Je pensais bêtement qu'elle serait passée chez elle y déposer ses affaires avant d'aller travailler. Je ne compris pas son hostilité, bien qu'elle fut polie, je lui accordais.

« Et sinon, tu.. Ehm, tu f’sais quoi ici ? » « J'avais envie de te voir. » Dis-je, dans mon éternel jeu de séduction, bien que je n'eus aucune arrière pensée. Je ne la charmais pas, c'était habituel. Un don peut-être que j'avais quand ça m'arrangeait. Celui de faire croire à l'interlocuteur qu'il était le centre du monde. Je ne savais pas pourquoi je me donnais cette peine. C'était naturel et décroché sans un sourire. Et la réponse paraissait plus acceptable que la vérité. Je m'ennuyais alors je suis allée faire un tour, passionnant...

Elle avait l'air épuisée. Et comme j'aurais trouvé gênant qu'elle s'endorme sur la table car elle semblait prête pour, et vexant qu'elle me laisse en plan et, dans un généreux et surprenant élan de bienséance, je déclarais.

« Je comptais rentrer chez moi, je te ramènes ? »

Je ne savais même pas si elle habitait Miami, peu importe, rouler jusqu'à huit heures du matin ou pas. Je voulais juste faire de la route et... avoir un peu de compagnie. Sa compagnie sûrement.

« J'ai toute la nuit devant moi. A moins que t'ai une voiture, ou déjà un chauffeur. »

Je désignais Buck d'un geste de la tête en ricanant. Ce n'était pas méchant. En fait, je lui décrochais même un sourire amical.

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« J'avais envie de te voir. » Epargne-moi donc tes salades. J'ai horreur des gens qui mentent, sache-ça. Peut importe ce qu’elle voulait, tant que ça dépassait le bon vieux bonjour au revoir, ça ne m’intéressait pas. Cependant, je ne voulais pas lui faire de peine et secoua ma tête pour reculer une mèche tombant sur mon visage avant de tourner les yeux vers mon sac, tenant ainsi de me réveiller de quelque façon que ce soit.

« Je comptais rentrer chez moi, je te ramènes ? »
Outch, question piège. Comment faire, mon pick-up est sur le parking, mais je ne veux pas la froisser. Je n’ai plus qu’une chose à faire, demandé gentiment à Buck de ramener ma voiture chez moi. Ca lui évitera en même temps de faire du stop pour rentrer chez lui. « Euhm, ouais, s’tu veux.. » Je ne voulais pas qu’elle s’imagine que j’était encore plus pauvre que j’en avais l’air, je lui précisais donc que je devais aller demander à Buck de ramener ma voiture en me levant lentement. Mes jambes étaient lourdes et avaient du mal à me porter. Il faut décidément que je me mette aux vitamines que Granny me conseille. M’approchant alors du comptoir, je souriais poliment à Buck et lui demandait de ramener ma chère et tendre chez moi, lui tendant les clés, je lui lançais d’un air faussement jovial « Et fait pas l’andouille avec hein. » Bon, là, il faut vraiment que je dorme, je commence à devenir amicale.
Me retournant alors vers Daphne, je lui lançais un regard se voulant interrogateur avant de venir attraper mon sac sur le sol, le hissant sur mon épaule.

« Go ? » Voilà à ce à quoi elle aurait droit. Je n’ai pas le courage de former d’autres mots avec ma bouche et veut au plus vite pouvoir fermer les yeux

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« Go ? » Voilà qui avait le mérite d'être direct. J'acquiesçais cependant, d'accord pour déserter de suite ce fast-food. Je laissais mon plateau derrière moi et ouvris la porte pour respirer l'air frais. Je n'avais jamais ramené Olivia chez elle. Elle n'avait jamais vu ma voiture et je ne savais même pas si elle habitait un appartement, une maison, ou dans le coin. Cela faisait beaucoup de choses à apprendre ce soir. Je m'installais et dis.

« Tu me guides. Et n'oublies pas de t'attacher. »

Je démarrais et rentrais sur l'autoroute. J'avais parfois, ses élans de protection. Cela venait du fait que j'avais vécut avec une petite sœur dont j'avais pris soin. Amber, une jeune femme très agaçante mais à laquelle je suis profondément attachée. Je ne l'avais revu depuis quelques mois, depuis mon départ en fait. Pour m'empêcher d'y penser, j'actionnais le lecteur CD. Les élégies de Gabriel Fauré, par un violoncelliste soliste. Peut-être Olivia s'imaginait-elle que j'écoutais de la pop, comme l'indiquait certains de mes accessoires suggérés par de vieux stylistes. En fait, avoir des stylistes ne présentait pas beaucoup de désavantages. Je ne passais pas longtemps à choisir mes vêtements, ils étaient choisis pour moi et je passais trop de temps à me rappeler quel jour nous étions pour me soucier de ma tenue vestimentaire. Ma voiture était un coupé sport noir laqué. Un modèle acheté avant ma venue à Miami. Un plaisir en quelque sorte. Je ne m'achetais pas grand chose mais je ne regardais pas à la dépense. Les sièges étaient en cuir et l'intérieur était soft, en bois vernis. Le silence s'était installé, je craignais qu'elle s'endorme mais à la fois de la réveiller.

« J'ai un plaid sur la banquette arrière, si tu veux. »

Il fallait que je fasse quelque chose de bien, je ne comprenais pas ce besoin... je la ramenais chez elle, c'était déjà bien, non ?

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« J'ai un plaid sur la banquette arrière, si tu veux. »
Je ne la comprenais décidément plus du tout. Elle devait avoir sentis que je ne résisterais plus très longtemps aux bras que Morphée me tendais. Attrapant rapidement le plaid, je le posais sur moi sans même remercîment, je ne sais pas pourquoi, mais cette voiture puait le luxe. Je ne me sentais pas à ma place dedans, et malgré le moteur silencieux comme un chat ronronnant, je ne parvenais pas à m’endormir. Ma ceinture me lacérait la gorge. Je décidais de l’abaisser légèrement et posait ma tempe contre la vitre bien plus froide que l’intérieur de la voiture. Lui indiquant Lemon Street, je sentis mes paupière se fermer alors que le pinceau dans mes cheveux m’empêchait d’appuyer ma tête contre le dossier prévu à cet effet. Je ne voulais pas me la jouer l’Oréal, à ça non. Retirant discrètement le pinceau, je ne pris même pas le temps de mettre mes cheveux de façon correcte sur mes épaules et me mis à l’aise, j’aurais voulu poser mes pieds sur le siège, mais il respirait tellement le coût des plus astronomique que je ne me retins pour la peine. Daphne n’était pas bavarde, mais elle devenait peu à peu plus gentille, allez savoir pourquoi.

La route défilait et les mouvements fluide et aériens de la voiture me berçait, je comatais dangereusement contre la vitre. Les yeux clos, j’attendais patiemment que Daphne m’annonce que nous entrâmes dans Lemon Street, mais ce moment ne venait pas, soudainement, je m’endormais.

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Lemon Street, nous habitions la même rue et je trouvais cela étonnant, quoi que, pas tant que ça en réalité. Cette rue était l'un des quatre axes principaux d'Océan Grove, et puis, de toute manière, je ne prenais pas le temps de connaître mes voisins, fut-elle ma voisine. J'habitais une grande propriété coupée de tout, portail immense, grillage haut et impénétrable, systèmes de sécurité haute gamme, bref. Elle s'endormit et je ralentis ma conduite.

Elle avait l'air si innocente, si inoffensive. Les yeux clos et la tête penchée contre la vitre, ses longs cheveux détachés et retombant négligemment sur ses joues. Une idée me traversa l'esprit et je la trouvais immédiatement folle. Cette image me traversa et me fouetta en plein visage. Je me comportais à l'image d'une sœur. Je la ramenais chez elle, je lui prêtais un plaid, bref. Ça ne me plaisait pas mais ça rattrapait mon écart de conduite précédent. Mais quelque part, je détestais cet aspect. Cela me prouvait que j'avais un cœur et donc encore possibilité de m'attacher à quelqu'un, je me dégoûtais et me sentis naïve, bonne poire. L'un dans l'autre je me rappelais qu'elle ne crierait pas sur tous les toits ma bienséance, je fus rassurée et je ne compris pas pourquoi. Les médias s'en fichaient non ? La peste du show-business pouvait avoir un cœur... je m'y étais habituée à ce nom et c'était devenu une part de moi-même. Ça m'avait encouragé à rester la même. Je baissais la musique jusqu'à laisser un faible fond sonore.

J'entrais dans Miami. Les rues défilaient; identiques, éclairées et parsemées de larges bâtisses aux affiches monstrueuses. De la publicité mensongère, je connaissais si bien ce milieu que je découvrais les vices avant même d'avoir vu l'envers du décor. Les nombreuses discothèques projetaient des lumières dans le ciel couvert de publicité. Néanmoins, on pouvait distinguer les écritures, ce qui différait de New York ou le ciel était plus pollué.

« Lemon Street. »

Annonçais-je en augmentant le volume de la musique de façon à la réveiller.

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« Lemon Street. »

Annonçais-je en augmentant le volume de la musique de façon à la réveiller.

C'était un de ces réveils brutaux que je déteste. J’émergeais lentement, m’étais-je assoupi ? Visiblement oui, je n’aimais pas ça. Lorsque je dormais, j’avais l’air tellement l’air d’un gosse que je m’énervais moi-même. Comment réagir à cette façon qu’elle avait presque de me surprotéger. Je me redressais sur mon siège, mes yeux me piquaient, il fallait que j’aille me coucher. Aucune autre chose que dormir. Voilà ma seule pensée pour le moment.

« C’est la maison au bout de la rue. La bleu. » Lui dis-je sans plus m’étaler sur le sujet. Elle allait en effet devenir la seule personne qui savait où je vivais. Enfaite elle était la seule qui savait que je vivais. Ca avait quelque chose de grisant, mais encore une fois, je restais stoïque. Mes yeux scrutaient toutes les maisons plus chères les unes que les autres qui défilaient. Je m’attendais à tout moment à voir celle de Granny. La seule qui n’affichait pas un gazon verdoyant ni même de grand portails en fer forgé. Voir tout simplement une voiture garée devant la maison. Je garais mon pick-up dans le garage, pour ne pas ternir encore plus l’image de la maison de Granny. Je devenais soudainement plus froide, l’idée de retourner dans cette maison me donnait des frissons dans le dos. Je n’avais pas envie de voir ma chambre, je n’avais pas envie de voir Granny, ni même Atchoum qui devait sûrement déjà s’être approprié la place sur mon oreiller. Il fallait que j’aille dans mon refuge. J’y passerais la nuit, peu importe la froideur de la nuit qui se présentais.

J’attendais patiemment que Daphne se gare, il fallait que je sorte, et inspire l’air de la ruelle dépourvue de toute pollution. Et vite.

Invité

« C’est la maison au bout de la rue. La bleu. » Je n'avais jamais fais attention au décor. Ni même aux maisons qui ornaient les rues, décorées de parterres fleuris si garnis que le slogan : regardez-moi, me sautait au visage. Nous n'habitions pas vraiment loin, l'axe était grand, et jonché de rues adjacentes. Mais il fallait s'y connaître pour trouver. Je ralentis, car nous entrâmes dans un quartier résidentiel mais avant tout dans le but de distinguer cette fameuse maison bleue. J'étais curieuse de découvrir l'endroit ou elle vivait. Seule ? Avec ses parents, des amis, peut-être. Elle avait hâte de rentrer chez elle. Du moins, j'en avais l'impression. Elle n'était jamais bavarde mais je la trouvais particulièrement distante ce soir. Peut-être était-ce la fatigue, je n'en savais que trop rien. Difficile de ressentir quelques émotions physiques, si ce n'est la douleur, avec la dose de cachets prescrits par le médecin.

« Heureusement que tu habites dans le coin, tu éviteras de passer une nuit chez moi. Et oui, moi aussi j'habite dans les environs. A quelques minutes de chez toi en fait. »

Je lui lançais un regard amusé. Je savais pertinemment la piètre estime qu'elle put avoir de moi. Je n'étais pas sourde non plus, j'entendais les grognements poussés par les employés du fast-food. Ça n'avait pas d'importance, ça entrait par une oreille et sortait par l'autre. Rien ne pouvait m'atteindre. Quinn exceptée.

« Je crois que c'est... celle-ci. »

Je fus dépitée. Elle ne ressemblait pas aux maisons du coin bien que Lemon Street fut la co-habitation de différents milieux sociaux, de part les nombreuses rues qui composaient l'axe. Je ne m'attendais pas à voir ça. La pelouse était taillée grossièrement et le jardin n'était pas mis en valeur, si il y en avait un toutefois. La maison était propre et soignée mais manquait d'élégance et de raffinement. Elle ne collait pas à mon image de Miami. Néanmoins elle inspirait la simplicité, une idée qui ne me déplaisait pas. Et elle était effectivement... bleue. Nonobstant je me garais sans faire de réflexions, fusse l'heure tardive ou mon effort considérable pour ne pas vexer les gens. Les lumières étaient éteintes et le silence était écrasant, à peine eus-je ouvert la vitre pour laisser l'air frais remplir mon véhicule de la fraîcheur humide et nocturne de la nuit.

« Tu ne risques pas de les réveiller ? D'ailleurs, tu vis avec quelqu'un ? »

Je ne pensais pas qu'elle puisse vivre seule, je ne concevais pas l'idée. Elle travaillait dans un fast-food, ce qui signifiait qu'elle ne possédait pas de fiche de paye conséquente, donc, à quoi bon payer une maison à elle seule ? Héritage, peut-être ? J'étais curieuse, trop curieuse. Je me forçais à penser qu'Olivia n'avait pas de réelle importance pour moi. Je me leurrais.