| | ▬ we're all disposable, collapsable (aidan) | |
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| (#) Sujet: ▬ we're all disposable, collapsable (aidan) Mer 22 Fév 2012 - 23:07 | |
| When you try your best, but you don't succeed When you get what you want, but not what you need When you feel so tired, but you can't sleep C’était sans grande conviction que Bridget s’était vu menacer son colocataire. Peu déterminée à tenir ses paroles, le chantage avait été un moyen concret de lui faire comprendre qu’il devait se bouger l’arrière train sans quoi, Bridget ne serait plus Bridget. Et si Bridget n’est plus Bridget, l’arrivée est semblable à celle de ses soirées bien trop arrosées : quiconque ne sait ce qu’elle sera. Si elle mettait autant de cœur à l’ouvrage (ouvrage consistant tout de même à lui donner une vie plus stable, ce qui n'était pas négligeable), elle constatait tous les matins lors de son départ pour le travail qu’Aidan se faisait de moins en moins désirable. L’image de ce corps autrefois si attirant emballé dans ce que l’on appelle aujourd’hui un ‘jogging’, aussi gras que le foie du canard qu’ils avaient englouti la veille de Noël, cette image la hantait en permanence dans la rue, au travail. Son bien-être était bien sa seule préoccupation, tournant en rond dans sa chambre puis finissant par prendre place sur le tapis. Les jambes croisées, elle s’adonna à un peu de yoga et son acharnement à se concentrer n’y faisait rien, en dix ans de tentatives jamais elle n’avait pu se relever apaisée par cette pratique qu’elle exécra dès lors qu’elle fut sur ses jambes flageolantes. « J’ai prévu d’aller au zoo cet après-midi, ça te dit ? » Sa robe fleurie et son parfum de rose se répandit dans la pièce tandis qu’elle adressait un sourire à Aidan. Ses pulsions étaient régulières, sa température était redescendue et la Bridget de la veille n’était plus comparable à celle qui se présenta les cheveux détachés. En effet, la technicienne était tombée malade, ou plus exactement son état psychologique s’était empiré. Elle avait passé la soirée cloîtrée dans sa chambre et lorsqu’elle daignait se montrer, elle posait des baisers sur les joues d’Aidan puis elle repartait aussitôt, sans plus d’explications. Mais tout cela était à présent révolu et elle ne prit aucunement la peine de renseigner l’autre moitié de sa colocation, ou tout simplement sa moitié. « Avant que tu ne dises quoi que ce soit, je tiens à clarifier une chose. Je ne reviens pas sur ma décision, nous ne sortirons plus dehors ensemble tant que tu n’auras pas changé de mode de vie. » En tant que bonne moitié qui se respecte, Bridget avait brillamment deviné les paroles d’Aidan ; elle préférait mettre les choses au claires le plus rapidement possible. Elle fit le tour du canapé, sur lequel Aidan reposait tel un centenaire, puis posa un baiser sur sa joue. Elle posa sa tête sur son épaule. « Je me dis juste que ta famille sera certainement plus convaincante que moi. » Elle se décolla, passa sa main dans ces cheveux bruns. Puis, secouant sa tête d’un air tout au plus innocent, elle souleva ses épaules. « Je parle des babouins. » Son rire semblable à celui d’un enfant se fit entendre dans l’appartement et bien au-delà. Elle revint à la réalité, fit de gros yeux à Aidan et se rapprocha de son visage. Au dernier moment, Bridget posa un baiser sur son nez. « Tu as intérêt à venir, on se voit au zoo ! » Fin de la discussion, il n’avait pas le choix. C’était un samedi après-midi. Le monde affluait sur les divers chemins menant au zoo, notamment celui qu’emprunta Bridget pour retrouver Aidan. Elle avait quitté le travail plus tôt, le samedi elle terminait à une heure trente. Elle avait fait un saut rapide à l’appartement, pour déjeuner et n’y avait pas trouvé son Aidan dégoulinant. Peut-être avait-il trouvé un travail, pensait-elle non convaincue. Ce fut donc d’un pas actif qu’elle se dirigea vers le lieu de rendez-vous qu’elle lui avait laissé sur un post-it. « Tu n’étais pas là à l’heure du repas. » dit-elle, en posant ses lèvres sur la joue d’Aidan. « Tu comptes me montrer ta prochaine fiche de paie ? Nous pourrons même l’accrocher, j’ai le cadre parfait pour ça. » Que ce soit vrai ou faux (elle s’était déjà fait son idée), ça permettait d’en remettre une couche sur son envie qui se résumait aussi comme un besoin. Le zoo, où comment tirer des informations et en faire rentrer de manière plus ou moins naturel. Naturel, oui, le mot n’aurait pu être mieux choisit.
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| (#) Sujet: Re: ▬ we're all disposable, collapsable (aidan) Ven 24 Fév 2012 - 13:42 | |
| Affalé sur le sofa, le regard absent, Aidan fixait un point invisible de l’appartement qu’il partageait avec sa meilleure amie. Chaque matin, c’était la même rengaine, il s’installait avec un bol de céréale devant la télé éteinte. L’allumer ne lui était jamais venu à l’idée parce qu’il n’y voit pas grand intérêt, le film défilait dans son esprit sans qu’il n’ait besoin de réelles images pour aider son imagination défaillante. Bridget ne se trouvait jamais loin, quelque part, entrain de faire ce qu’elle voulait. Il s’en moquait un peu, dans le fond. N’étant pas du matin, il préférait qu’on le laisse immerger en douceur avant de l’attaquer avec les éternelles questions qu’elle avait toujours. Les questions hameçons. Celles qui se referment sur vous pour vous emprisonner sans que vous ne puissiez y comprendre quoi que ce soit. Tiquant légèrement au son mélodieux de sa voix, Aidan tourna son regard vers la jeune femme et demanda avec raideur : « Le zoo ? C’est quoi ? C’est le truc avec tous les animaux en cage ? » Aidan avait beau avoir fait un grand pas en avant en quittant sa pénible existence d’Amish, il n’en demeurait pas moins très avancé sur l’état actuel des choses. Les cinq années passées à Londres n’avaient guère suffit pour tout lui apprendre et certaine notion restait pour lui d’énormes mystères. « Si c’est ça, non, ça me dit rien. » Voir des animaux enfermés, tourner en rond dans des cages ne l’intéressait pas. Au contraire, ça le mettait plus ou moins mal à l’aise. Longtemps, il avait été lui-même un oisillon enfermé et il savait combien c’était usant de devoir pavaner devant les autres sans avoir la moindre récompense. Pourtant, un large sourire étira ses lèvres. Elle avait craqué ! Mais à la simple vue de son sourire, elle n’avait pas hésité à clarifier les choses. « Oh, t’es chiante, bon sang ! J’y peux rien si je fais tout foirer. Ils veulent pas de moi, les gens. J’y peux rien. Tu sais je leur fais le coup du sourire, celui auquel toi tu pas résister, je leur fais une blague ou deux, tu sais celles qui te font toujours râler, et bam ! ils me virent. Je n’comprends pas. Je fais de mon mieux, je t’assure. » Il était sérieux. Mais il fallait avouer qu’Aidan n’avait jamais été très doué pour respecter les règles, aussi, se voir imposer un supérieur hiérarchique était d’une complication extrême pour son pauvre cerveau. Mais le léger baiser de Bridget sur sa joue lui fit bien vite oublier tout ça et le poids de sa tête sur son épaule le fit sourire. Il ne savait pas comment elle faisait ça, mais avec elle, il avait toujours l’impression de perdre. « Les babouins ? Ces trucs tout moches avec le derrière à l’air ? Je suis vexé ! Ah moins que… Tu veux voir mes fesses, c’est ça ? Coquine ! » La main qu’elle passa dans se cheveux le fit grogner, pas touche aux petites boucles, non mais ! Mais encore une fois, elle avait le don de l’apaiser et de le faire se sentir tout petit. Comme un faible baiser déposé sur le bout de son nez. Tu as intérêt à venir, avait-elle dit. Il s’était apprêté à rétorquer que, puisqu’elle ne l’emmenait jamais nulle part, il n’avait pas la moindre idée d’où se trouvait ledit zoo mais, elle avait déjà mis les voiles. Fabuleux, comment il allait faire, lui ?
Pour démonter un peu de bonne volonté à sa meilleure amie, Aidan était passé sous la douche et avait fait un effort pour dompter sa chevelure folle. Il avait enfilé ce qu’elle lui avait offert pour Noël, espérant ainsi la contenter enfin. Et dès qu’il fut près, il avait quitté leur appartement. Ne sachant pas où se trouvait le zoo, il avait volé le post-it qu’elle lui avait laissé et l’avait montré à un nombre incroyable d’inconnus pour que ceux-ci puisse l’aiguiller et au bout d’un temps qui lui avait semblé infini, il avait mis le doigt sur le lieu de rendez-vous. Arrivé en avance, il se permis de faire rapidement le tour du zoo, essayant de comprendre l’intérêt de tout ça. Il s’installa alors sagement sur le banc qui se situait devant la cage avec tous les babouins et avait penché la tête d’un air intrigué. Pendant près de trente minutes, il était resté là, idiot et dubitatif. Quel était l’intérêt de tout ça ? Les animaux n’étaient pas plus des esclaves que les hommes et pire, qu’est-ce qu’il y avait de drôle à observer ça pendant des heures ? Les questions étaient bien trop complexes pour lui et il fut bien content de se voir interrompre par Bridget. « Je cherchais mon chemin. » souffla-t-il indifférent, en s’essuyant la joue. « Et arrête de m’embrasser, c’est dégueulasse ! » et d’un geste rapide, c’est lui qui glissa un petit baiser sur le sommet de son crâne. Mais comme prévu, Bridget ne lâchait jamais l’affaire. Mais quelle idée avait-il eu de la trimballer avec lui jusqu’ici ! « T’exagères. » gronda-t-il, entre ses deux. « J’ai plus de chance de me faire de l’argent en vendant mon corps à la science que de trouver un emploi ici. » L’idée lui avait apparue alors très intéressante à de nombreuses reprises. Combien ça coûtait, un rein ? « Tu sais bien que je ne suis pas comme toi. J’ai du mal à m’habituer aux choses. Toi, t’as qu’à sourire et tout le monde t’aime. T’es pas fatiguée de plaire ? Peut-être qu’on aurait du rester à Londres, en fait. » Les sourcils froncés, le regard droit devant lui, observant une bestiole pour laquelle il n’avait aucun nom en tête, Aidan avait la mine sombre des jours boudeurs. Ce qu’elle était chiante à la fin.
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| (#) Sujet: Re: ▬ we're all disposable, collapsable (aidan) Ven 2 Mar 2012 - 21:05 | |
| Il semblerait que tu aies toujours été à la recherche de ce chemin. Le regard scotché sur celui d’Aidan, la douce blonde tomba une nouvelle fois dans ses pensées et comme s’il s’agissait à présent d’une habitude, ce fut son colocataire l’acteur principal de ces pensées philosophiquement incorrectes. Pourquoi recherchait-il encore son chemin, alors qu’ils l’avaient trouvé ensemble ? Bridget n’était pas suffisamment stupide ni même prétentieuse pour se juger capable de lui apporter une once de bonheur dans sa vie si trépidante, mais elle le pensait plus sensible à son bien être, à elle, et recevoir en mémoire ce sentiment amer la laissait immobile. Ce chemin, ils l’avaient bien déterré ensemble, non ? Celui du bonheur et de la paix, ils y étaient presque au bout, n’est-ce pas ? De son côté, Bridget n’avait pas soulagé sa peine. Ses nuits ne s’étaient pas rallongées ni même embellies, son cœur n’avait pas retrouvé son rythme harmonieux ; tout n’allait pas mieux dans le meilleure des mondes. Mais sa vie avait pris une nouvelle bouffée d’air au départ de Londres, elle qui n’avait jamais voyagé ailleurs qu’en Loire, pour les vacances scolaires faisait un progrès considérable en prenant sur soi. Et puis, elle avait accepté que plusieurs personnes entre dans sa vie depuis son arrivée dans ce quartier. Nohe était un bon exemple. Il n’était pas forcément la personne la plus stable psychologiquement, du moins c’est ce qu’on devait penser de lui rien qu’en voyant son métier, mais il était un ami fidèle attentionné, la crème des crèmes. Croque-mort, attirant n’est-ce pas ? Et même si la vie de Bridget Wortham n’était pas aussi passionnante et lisse comme elle l’avait souhaité plus petite, elle lui convenait. Elle aimait n’être que peu entourée et le clamait assez fort pour que les morts l’entendent (sincèrement, qui n’aimerait pas avec un croque-mort pour ami proche ? Ne trouvez-vous pas ça classe ?), elle aimait se promener et se poser des dilemmes dont personne d’autre n’aurait eu l’idée. C’est sa vie et même si elle l’avait pu, jamais elle ne l’aurait troqué pour une quelconque autre vie de pouffiasse. Non, jamais… Et Aidan, était-il satisfait de ce qu’ils avaient entrepris ? Lui en voulait-elle d’avoir accepté sa proposition et d’être son poids ? Elle ne le savait pas particulièrement heureux, il ne lui avait jamais semblé heureux de toute façon. Alors, réjoui ou non monsieur Truelove ? Ses pupilles brillèrent, Bridget se reconcentrait sur la scène principale. Que venait-il de dire déjà ? Ah oui, il avait cherché son chemin. La phrase qu’elle avait relevé n’avait donc rien à faire dans cette scène légèrement déconnectée à ses pensées. Mais soit, elle ne laissait rien paraître. « Si tu veux. » Elle souhaitait se moquer de lui, le féliciter d’y être arrivé, mais elle se souvient qu’Aidan n’avait pas été habitué à faire face à ce ‘genre’ de choses. Elle la mit en veilleuse, se contentant d’hausser les épaules et de poser son regard ailleurs. Aidan parlait, encore et toujours, toujours et encore. Un instant, Bridget crut entendre parler d’un travail, mais non, il s’agissait encore et toujours, toujours et encore d’une de ses pitreries. Cependant, ce n’est pas ce qui retint l’attention de Bridget. Fixée, comme collée au sol et retenu de tomber par des lianes renforcées, elle venait de recevoir en plein visage ce qu’elle craignait. Il n’était pas satisfait. Son ‘Peut-être qu’on aurait du rester à Londres, en fait’ signifiait-il un désir intérieur de faire demi-tour ? Si c’était le cas, Bridget se voyait abandonner. Car Ocean Grove était pour elle un signe concret d’un nouveau départ, d’une nouvelle chance. Sa vie, elle ne comptait pas sur elle pour être éternelle, et ‘Merde bien merci’ pensait-elle, mais dans ce cas il lui fallait trouver une petite étincelle qui évoluerait en un feu puissant, luttant contre les torrents de pluie, la tempête. Aidan lui avait offert cette étincelle, il lui avait offert Ocean Grove. S’il quittait le navire, elle sauterait avant lui pour ne pas avoir à le perdre, tant pis s’il souffrirait de son départ précoce, elle serait en paix. C’était aussi simple que ça : il abandonnait, elle abandonnait à son tour. « Cacher ce que tu souhaites me dire en me faisant indirectement des compliments ne sert à rien Aidan. Je peux comprendre. » Je crois, voulait-elle rajouter mais c’était parfait comme ça. Elle inspira, retenue par une force inexistante, expira par les narines. « Tu veux rentrer à la maiso… à Londres, c’est ça ? » Elle regrettait déjà son erreur, ‘maison’ n’était plus un mot approprié pour qualifier Londres. Elle se demandait même s’il l’avait déjà été, mais peu importe. Hésitant à croiser le regard d’Aidan, elle s’y força mais n’y trouva aucune réponse. Elle ignorait comme il réagirait et, étrangement, elle craignait sa réaction. Bridget se contenta donc de croiser ses bras sur sa poitrine, bougeant au passage son petit orteil droit qu’elle ne sentait plus depuis quelques minutes déjà. Elle eut envie de lui expliquer que si c’était le cas, s’il voulait partir, elle ne le suivrait pas. Elle ne ferait pas la même erreur que lui et même s’il y avait une grande probabilité qu’elle se retrouve brisée, peut-être bien qu’elle ne s’en remettrait jamais et terminerait ses jours dans leur logement de la Bilberry Residence et mourrait probablement du manque de son souffle sur sa peau, elle ne ferait pas le choix du retour car même à ses côtés elle ne pourrait supporter la vie autant que la vie ne la supporte pas, ce qui pourrait causer de la peine à Aidan, ce qu’elle se refusait catégoriquement. Alors non, elle ne le suivrait pas. S’il partait ce serait sans elle. Secrètement, le regard éternellement posé sur Aidan, elle priait les dieux du ciel, de la mer, des poissons rouges et même des nains (au cas où), de lui faire changer d’avis s’il voulait quitter Ocean Grove, ce qui se résumait aussi à la quitter. Croisant ses doigts de pieds pour que ça passe inaperçu, Bridget priait pour qu’il ne soit pas comme les autres. Tu vas rester auprès de moi Aidan, comme tu me l’as intiment promis dans mes rêves, hein ? C’est ce que tu vas faire Aidan ? |
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| (#) Sujet: Re: ▬ we're all disposable, collapsable (aidan) Mer 7 Mar 2012 - 16:40 | |
| La vie ne lui apportait rien de te tout ce qu’il avait pu imaginer et façonner dans ses rêves. Il avait pensé qu’en quittant sa communauté, c’était à la liberté qu’il se serait heurté. Il avait pensé qu’elle lui aurait ouvert les bras et l’aurait dorloté. Il avait pensé qu’il aurait pu la dompter, l’apprivoiser, la conquérir comme une maitresse dans un bar tard le soir. Il avait pensé que courir pieds-nus dans les rues, chanter sous la pluie et crier au monde entier qu’il existait lui serait permis. Mais il n’avait rien compris. Rien de rien. La liberté, ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait rencontrer, ce n’était pas une amie qu’on avait la chance d’avoir pour nous. La liberté c’était une garce suffisante qui prenait son pied à toujours fuir plus loin. A s’envoler alors qu’on était à deux doigts de l’attraper. À se pavaner en criant regardez-moi pour juste agacer. La liberté, c’était une illusion qu’il avait bâtit de toute pièce et aujourd’hui, il n’avait même plus cet espoir pour avancer. Aidan avait l’impression de s’être fait roulé dans la farine. Si les années à Londres avaient au moins eu le mérite d’atténuer sa déception, son arrivée ici avait éveillé un sentiment étrange en lui. Celui de s’être paumé dans les dédales de la vie, celui d’avoir perdu la ridicule place qu’il s’était faite, celui de n’être rien de plus qu’un grain de sable dans le désert du Sahara. Tout ce qu’il souhaitait lui semblait impossible à atteindre, impossible à comprendre. Il avait voulu repartir à zéro, il l’avait trainée avec lui et aujourd’hui, il abandonnait tout, il lâchait prise. Comme s’il avait tout oublié des belles promesses qu’il avait faite. Il avait dit : tu vas voir, là-bas c’est le rêve, là-bas ce sera bien, là-bas on sera heureux. Il l’avait dit et ça n’avait jamais été que des paroles en l’air. Parce qu’il ne pouvait pas savoir ce qu’il y avait de l’autre côté du monde. Parce qu’il ne savait déjà même pas ce qu’il y avait de son propre côté. La vie, il s’en était fait une image si idéalisée que parfois, le souvenir de la réalité l’accablait de milles maux. La souffrance de sa tête n’avait d’égale que celle de son cœur. Qui saignait sans savoir pourquoi. À trop attendre, on est toujours déçu et il l’était. Parce que Bridget attendait des choses de lui, ces choses qui étaient normales et que chacun se devait de faire mais… il s’en sentait tout bonnement incapable. Comme paralysé dans son corps aux tablettes de chocolat devenues marmelade. Peut-être que la vie, finalement, ce n’était à Miami ni à Londres… Peut-être que sa vie, ça faisait six ans qu’il l’avait lâché et que là-bas, quelque part en Idiana, quelqu’un l’attendait quelque part. « Cacher ce que tu souhaites me dire en me faisant indirectement des compliments ne sert à rien Aidan. Je peux comprendre. » Il ne voulait pas lui cacher quoi que ce soit. C’était loin d’être dans ses intentions. Il pensait réellement ce qu’il disait. Parce que pour lui, Bridget, c’était la personne la plus forte et la plus belle qu’il n’avait jamais rencontré. Elle s’habituait à tout. La preuve, elle s’était habituée à lui. En comparaison, il n’était qu’un idiot. Incapable de faire les choses correctement, incapable de prouver à sa meilleure amie qu’il pouvait devenir quelqu’un de bien. Le problème avec Aidan était là. Il paraissait être insupportable, détestable, arrogant, désinvolte et indifférent mais il avait un cœur d’artichaut. Il s’accrochait aux choses et aux gens comme s’accroche à une bouée au beau milieu des flots agités. « Tu peux pas comprendre, non. » dit-il d’une voix prudente. Il ne voulait pas la vexer, ni la rembarrer mais ce qui se passait dans sa tête était impossible à expliquer. C’était comme vouloir parler du néant avec des mots plein de sens et bourré d’intérêt alors que… Non, le néant, c’est vide et ça n’a pas de sens. Un peu comme le fond de ses pensées. C’était vide d’intérêt, insensé, pénible et ridicule. Tu ne peux pas comprendre puisque moi-même je n’y comprends rien, aurait été les mots justes, ceux qui n’aurait pas blessé mais il était impensable qu’il les prononce. Allergique aux bons sentiments, Aidan ne parvenait jamais à penser les plaies comme il l’aurait voulu. « Et puis, c’est vrai. T’es tellement belle quand tu souris. » avait-il alors ajouté, difficilement, en haussant des épaules avec indifférence. Son regard fuyait celui de son amie parce qu’il avait peur de ce qu’il pourrait y voir. Sans doute de la déception et il détestait ça. il connaissait ce sentiment, trop bien et il ne voulait pas en être la cause. « Tu veux rentrer à la maiso… à Londres, c’est ça ? » Londres étaient leur maison ? Depuis quand ? Avait-il seulement déjà eu une maison ? Parfois, il se le demandait. Mais non, la réponse était non. Il ne voulait pas rentrer à Londres. Pourquoi faire ? Il savait juste qu’ici, il avait du mal. Que là-bas, il avait du mal. Et qu’encore là-bas, il avait eu du mal. Il était fait pour vivre au milieu du désert avec ses seules pensées. Au moins, il n’aurait pas été déçu du voyage, tout n’aurait été qu’illusion provoqué par la déshydratation. Peut-être qu’il devrait essayer. Se laisser mourir de faim et voir comment les choses allaient évoluer. « Je veux pas, non. Je veux rester ici. Avec toi. Je veux construire quelque chose. Vraiment. » Les mots quittaient ses lèvres avec difficultés, parce qu’il mettait les pieds dans le plat et que c’était compliqué. Il attrapa les mains de la jolie blonde entre les siennes et les serra, glissant ses prunelles dans les siennes. « Je suis désolé, tu sais… De pas être ce que t’attends de moi. Parce que je le vois bien que je te déçois et que je fais tout de travers. T’as beau faire comme si de rien n’était, je te connais Bridget. Je te connais probablement plus que je ne me connais moi-même et je sais que tu vois plus en moi que tu ne le devrais. Arrêter de bâtir tes rêves de mensonge. » Il déglutit légèrement, resserrant la prise sur ses doigts. Ce geste était déjà un effort pour lui qui avait du mal avec ce genre de chose et d’aveu. Il ne savait pas d’où ça lui venait, mais c’était là, alors autant que ça sorte. « Je veux pas retourner à Londres… Mais je sais pas si toi et moi, on forme le tout qu’on devrait. » Comment en était-il arrivé à cette conclusion avec simplement une visite au zoo ? Lui-même se le demandait. Mais il savait qu’il avait raison. Rester aux côtés de Bridget ne ferait qu’alimenter ses sentiments à son égard et il était franchement bien incapable de lui donner ce qu’elle voulait. Du moins, pour le moment. Il ne voulait pas la blesser, ni l’égratigner, elle était tout ce qu’elle avait. Pour le meilleur comme pour le pire. Dans la richesse ou dans la pauvreté. Dans la vie comme dans la mort… |
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