Cette nuit-là, il avait à nouveau connu ce qui s'appelait un moment de pur bonheur. Paisiblement collé à Roxanne, ils s'étaient endormis l'un contre l'autre, bercés par la respiration de l'autre. Malgré l'énormité de leur acte -ils n'auraient pas pu choisir plus mauvais moment pour céder à leurs pulsions refoulées !- Tadeck avait le cœur léger et se sentait terriblement bien. Il s'endormit pour une fois sans la moindre pensée négative, tout simplement heureux et détendu. Contrairement à d'ordinaire, il ne se réveilla qu'une seule fois dans la nuit, encore agité par quelques cauchemars. Mais d'habitude, c'était beaucoup plus et il ne pouvait qu'apprécier la chose. Quand il s'était réveillé, Roxanne dormait toujours dans ses bras et il devinait légèrement ses traits, la pièce étant éclairé par la couleur pâle de la lune. Il caressa tendrement son visage avant de déposer un rapide baiser sur sa joue et de la serrer contre lui, se rendormant à ses côtés. Il ne se réveilla plus par la suite, dormant d'un sommeil profond et réparateur, comme si tout ce qu'il s'était passé cette nuit-là l'avait libéré d'une pression folle. Certes il avait "trompé" Laurence et si elle le découvrait ça risquait de lui coûter atrocement cher. Mais c'était franchement le cadet de ses soucis cette nuit-là. Il profitait, tout simplement. Et qu'importe tout le mal qui pouvait les entourer et compliquer les sentiments qui les rapprochaient l'un de l'autre. Cette nuit était la leur, et rien ni personne ne pourrait leur enlever ça pour une fois.

Le lendemain matin, Tadeck s'était réveillé... seul. Clignant des yeux, il tâta le lit à l'aveuglette, à la recherche du corps de Roxanne. Mais il ne trouva que des draps froissés et une place froide. Dans les vapes, il tourna la tête à la recherche de la jeune femme, mais rien. Il n'y avait personne dans la chambre. Il soupira, d'abord incapable de se bouger ne serait-ce qu'un peu. Après quelques minutes, il finit par se redresser dans le lit, se passant une main lasse sur le visage et dans les cheveux. Néanmoins, il perçut du bruit dans la cuisine et comprit qu'elle devait être en train de déjeuner. Rassuré, un mince sourire se glissa sur ses lèvres. Mais ce dernier disparu rapidement. Qu'est-ce qu'ils avaient fait bon sang ? Ils étaient tous les deux casés et Tadeck n'avait aucune idée de quand il retrouverait sa liberté... Et ils ne pouvaient pas vraiment dire que c'était la faute à l'alcool, car quand ils étaient arrivé chez elle, les effets s'étaient déjà majoritairement dissipés et ils avaient eu leur entière conscience. Même si Tadeck n'arrivait pas à regretter cette nuit magique, il sentait une certaine culpabilité l'envahir. Au non, pas du tout pour Laurence ! De ce côté là, c'était plutôt la peur d'être découvert et que ça le mette dans la merde. Mais bel et bien vis-à-vis de Roxanne. Il n'avait pas le droit de lui imposer ça. Il se rappelait encore des mots qu'elle lui avait dit la veille, comme quoi elle avait pensé que ça n'arriverait jamais etc. C'était bien signe de son attachement à l'égard du garçon et de ce qu'elle espérait à la suite de cette nuit. Non, il n'avait pas le droit de lui faire ça. Mais comment le lui expliquer sans la blesser ? Il n'en savait rien et il se sentait sérieusement perdu à cet instant.

Et pour ne rien arranger aux choses, son téléphone sonna. Il partit alors à la recherche de son jean et le trouva à l'autre bout de la chambre. Là il attrapa le portable et lu le texto qu'il avait reçu. C'était... Laurence. Elle lui demandait où il était, ça faisait 10 minutes qu'elle sonnait chez lui, elle avait besoin de lui car Jovan allait venir récupérer Rachel et elle voulait qu'il soit là. Tadeck ferma les yeux quelques secondes et soupira. La dur réalité des choses lui revint brusquement en pleine face, ses entrailles se tordant douloureusement. Il n'avait pas d'autres choix de rappliquer en vitesse et de trouver un mensonge pour justifier son absence imprévue. Il se dépêcha alors de s'habiller, récupérant son t-shirt dans le couloir. Il hésita pendant quelques secondes à s'enfuir discrètement, pour ne pas avoir à affronter Roxanne. Mais il repoussa rapidement cette idée, trouvant ça particulièrement lâche. Et même s'il l'était pas mal ces derniers temps, il voulait faire un effort pour une fois. Il prit une grande inspiration et débarqua dans la cuisine. Ce qu'il y vit termina de le briser. Pendant quelques secondes, son visage se décomposa. Roxanne était en train de LEUR préparer le petit déjeuner... Il releva le regard sur elle, dépité. Il avait soudainement perdu toutes forces, touché par ce qu'elle faisait. Elle lui préparait des pancakes, toute souriante, visiblement heureuse, plus que jamais. Et lui, il allait tout gâcher, encore une fois. Mais il n'avait pas le choix... Malheureusement. Il se redressa alors, retrouvant une mine froide et désintéressée. Il prit alors la parole, se faisant sec et désagréable : « Ma copine vient de m'envoyer un message... Elle se demande où je suis, elle s'inquiète et elle a besoin de moi. Alors... j'y vais. » Il se retourna, prêt à s'en aller. Mais au dernier moment il se retourna et ajouta sur le même ton : « Ah au fait ! Que ce soit bien clair Roxanne... Il ne s'est rien passé cette nuit. Et à l'avenir, vaut mieux qu'on ne se voit plus du tout. » Son regard se baissa alors sur les pancakes avant de remonter sur Roxanne. Il souffla froidement : « Et bon appétit. » Puis, sans demander son reste il fila, claquant bruyamment la porte d'entrée derrière lui, ne laissant pas le temps à Roxanne de réagir. Et de toute manière, il ne voulait pas la voir réagir, ça lui faisait déjà trop mal comme ça. Être obligé de la faire souffrir alors qu'il ne le voulait pas.. c'était une véritable torture psychique. Ce fut le cœur lourd qu'il se rendit chez Laurence, l'esprit obnubilé par la jeune femme et par le regard qu'elle avait posé sur lui après qu'il ait prononcé ces mots sévères. Il se détestait.