Assise sur une des chaises de jardin, sur ce que l'on pourrait appeler une terrasse devant la maison qu'elle avait habité il y a quelques mois, Zephyr regardait dans le vide, la tête ailleurs. Cela faisait déjà plusieurs heures elle était là, qu'elle attendait. Il faisait maintenant nuit depuis quelques minutes seulement et les réverbères de la rue étaient déjà allumés, de plus, la lumière de la cuisine était toujours allumée ce qui permettait à Zephyr de voir comme en plein jour. Elle ne regardait jamais l'heure, ne regrettait pas d'être là et ne se sentait pas hors la loi. Après tout, elle avait vécu dans la maison devant laquelle elle siégeait pendant près de neuf mois, et être devant celle-ci malgré le fait qu'elle n'y habite plus maintenant ne la gênait pas. Cette maison lui appartenait aussi et elle en était bien consciente. Et puis, cette maison hébergeait des souvenirs, beaucoup de souvenirs. Bons comme mauvais, de très mauvais comme de très bons souvenirs. L'anglaise se remémorait ces souvenirs, les bons en essayant d'effacer le pire de ces souvenirs de sa mémoire. Elle regardait dans le vide, ne parlait pas, elle était dans son monde... Il sortait chaque soir, pas d'heure précise, mais elle savait très bien qu'il avait toujours des choses à faire. A vrai dire, elle savait que la semaine il avait son émission de radio libre à partir de vingt et une heure, il devait donc partir de son logement aux alentours de vingt heures trente et que les week end, il trouvait toujours une occupation, que ce soit d'aller chez des amis afin de regarder un match de baseball, seulement sortir la poubelle... Ce soir là, elle avait eu une idée. Il est vrai que depuis quatre mois, il l'évitait, la fuyait et la renvoyait paitre. Ce n'était pas la première fois que la jeune femme était assise là, elle faisait ça environ une fois par semaine. Non, elle ne voulait pas harceler, loin de là, bien que cette attitude puisse être interprétée comme telle. Mais en réalité, elle voulait s'expliquer avec le jeune homme. En effet, ils avaient un passé commun, une déception commune, une blessure commune aussi. Elle se demandait ce qu'il pensait, elle se demandait pourquoi il y a plus de quatre mois, le cubain l'avait quitté si brutalement pendant une période des plus difficile après plusieurs jours passé à son chevet. Il ne lui avait jamais donner la raison, il ne voulait pas lui en donner une sans doute. Et pourtant, cela faisait des mois que l'étudiante essayait sans relâche d'obtenir cette information qui lui tenait pourtant à coeur. A vrai dire, la blonde l'aimait toujours, n'avait jamais essayer de l'oublier et ne voulait pas l'oublier. Elle se disait que ça ne pouvait pas se finir comme ça, pas comme ça. Et puis, elle le voulait près d'elle plus que n'importe qui d'autre. C'est pour cette raison que ce soir là, elle avait bien dans l'idée de le coincé, enfin. Parce qu'il lui avait trop souvent dit "on en reparlera plus tard, Zephyr" sans aucune conviction et sans suite. Elle avait donc eu une idée. A vrai dire, depuis l'ouragan qui avait frappé le quartier, le portillon de la maison était très "capricieux" car il avait été détruit par la catastrophe naturelle. Nino avait eu beau essayer de remettre son portillon d'une façon convenable, il n'avait jamais réussi à le remettre comme à l'origine. Il coinçait de temps en temps et Zephyr avait fini par apprendre comment le coincer et le décoincer au contraire de Nino qui avait toujours essayé de tirer dessus comme un fou afin de le décoincer mais qui, manifestement, ne s'y était jamais prit de la bonne façon. C'était ça son idée, elle avait coincé le portillon afin qu'il ne puisse pas sortir de sa propriété avant de s'être expliqué avec Zephyr. La blonde regardait son piège depuis sa place, assez fière d'elle et de ce qu'elle allait accomplir. Il ne manquait plus que lui pour parfaire le tableau. La jeune femme se leva de sa chaise l'espace d'un instant afin de regarder à travers la fenêtre de la cuisine où était son ex petit ami et ce qu'il faisait. Et justement, elle découvrit qu'il s'apprêtait à sortir de chez lui. Elle se rassit sur sa chaise doucement puis croisa les jambes en étant la plus décontractée possible. Et lorsque la porte s'ouvrit, la jeune femme attendit quelques secondes avant de lancer courageusement : « Nino, je crois qu'il est temps que l'on s'explique... » elle se leva doucement de sa chaise, s'avança vers Nino avec prudence et s'arrêta à environ un pas de lui, consciente qu'il allait fuir une fois de lui vers son portillon bloqué.