FABIEN LEFEVRE ¤ MUSE HANNIGAN
07:19 PM – Muse's House La nuit commençait à peine à tomber, l’air se rafraichissait, les enfants arrêtaient de jouer et rentraient chez eux, et Muse, Muse continuait de se balancer. Cela faisait un peu plus d’une heure qu’elle était installée sur la balancelle dans son jardin. Les travaux dans sa maison étaient enfin terminés, et c’est ainsi qu’elle avait pu reprendre ses quartiers. Difficile de retrouver le marbre froid de sa demeure lorsqu’on avait vécu pendant de longues semaines dans le confort d’un hôtel chaleureux. Pire, difficile, de se retrouver seule lorsqu’on avait vécu pendant de longues semaines dans les bras de l’être aimé. Mais il n’y avait plus de bras, plus d’être, plus d’hôtel, plus rien. A part la petite boule de poils qui restait lovée contre le corps chaud de la jeune mannequin. Celle-ci, passait, sans vraiment s’en rendre compte, sa main dans le poil soyeux du jeune félin, tandis que de son autre main, elle portait à ses lèvres un verre de whisky. Cela faisait plus d’une heure que ce petit manège se déroulait. La jeune femme n’avait pas bougé, elle avait à ses côtés une bouteille de whisky et tandis qu’elle observait les autres, elle buvait. Elle se fichait bien des murmures à son encontre, elle savait que les gens parlaient, c’était humain après tout. Elle ne se souciait vraiment plus des commérages, et des « qu’en dira-t-on ». Elle était seule, Pride Berrington venait de briser leurs fiançailles, il l’avait réduite en miettes, elle n’était plus rien. Juste une âme en peine. C’était étrange. Elle n’avait jamais soupçonné qu’il fusse possible de se sentir vide à l’intérieur, tout en ressentant cette douleur lancinante qui fait tout pour vous faire souffrir mais rien pour vous quitter. Et dans ces moments là, quand plus rien n’a d’importance. Que faut-il faire ? Comment fait-on pour vivre ? La question, n’est sans doute pas la bonne, Que faut-il faire pour survivre ? Oui, celle-ci me semble plus appropriée. Parce que pour Muse, la vie n’avait plus vraiment d’intérêt, pour ne pas dire aucun. Assise sur sa balancelle, elle revoyait les grands moments de sa vie. Ses victoires, peu nombreuses, et ses grandes déceptions. Il y en avait tellement. Il y avait Joe Cotton. Le premier à avoir créé une faille, le premier à l’avoir faite souffrir, le premier à l’avoir brisée. Elle l’avait aimé, d’une passion dévorante, elle l’avait admiré, elle l’avait désiré, et puis, et puis… Tout s’était écroulé. Elle s’était refermée sur elle, avait dis non aux sentiments, et puis avait cédé à nouveau face au charisme incendiaire du jeune Berrington, il lui avait retourné la tête, le cœur et les entrailles. Elle s’était vue finir avec lui, mais n’avait pas imaginé une seule seconde qu’il allait finir par la tuer à petit feu. Il ne fallait pas se leurrer, c’était bien ce qui était en train de se dérouler. Ayant perdu gout à la vie, la jeune femme passait ses journées à broyer du noir. Aujourd’hui, elle avait passé sa matinée dans son lit, et son après-midi avec une bouteille de whisky… Charmante compagnie.
Alors qu’elle ressassait sans cesse l’instant tragique où Pride avait jeté la bague de fiançailles par la fenêtre, Muse vit Fabien passer devant chez elle avec un large sourire. La jeune femme, sans vraiment réfléchir, leva son verre dans sa direction tout en disant d’une voix tremblante et mal assurée à cause de l’alcool ingurgité: « Aux cœurs brisés ! » Elle avait pensé qu’il allait poursuivre sa route, mais au contraire, il poussa le petit portillon et pénétra dans son jardin. Elle l’observa, toujours aussi élégant, souriant, toujours aussi attirant. Elle ne savait pas si elle voulait vraiment de sa compagnie, si elle voulait le voir à ses côtés, si elle voulait faire l’effort de lui parler français de le comprendre, d’être aimable. Leur relation n’était pas simple, elle ne l’avait jamais été et ce en grande partie à cause de Muse, qui était plus que lunatique auprès de Fabien. Il arriva alors à sa hauteur, et d’une main tremblante elle lui tendit sa bouteille: « A la tienne Fabien ! » Et prononcé dans un français parfait bien que légèrement bégayant. Elle se décala doucement, prit la main de Fabien et l’entraina sur la balancelle à ses côtés. Elle eut un petit rire amusé lorsqu’il s’installa à côté d’elle, et posa sa tête sur son épaule. Elle murmura alors: « Qu’est-ce que tu veux, dis-moi, tu veux quoi ? » Pourquoi t’es là, pourquoi tu me regardes, pourquoi tu restes vers moi alors que personne ne m’aime, pourquoi tu me souris, pourquoi…Pourquoi… Des questions qui brulaient les lèvres de la jolie brune mais qu’elle s’interdisait de poser. Une once de fierté existait donc encore chez elle, mais pour combien de temps ? [/color]