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 Encore des désillusions ▬ Rachel M

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Encore des désillusions ▬ Rachel M Vide
Message(#) Sujet: Encore des désillusions ▬ Rachel M Encore des désillusions ▬ Rachel M EmptyJeu 21 Mai 2009 - 13:43

Il avait passé la nuit à côté d’elle, le malheureux. Il avait cru qu’elle irait mieux ainsi. Il s’était endormi sur un fauteuil, le dos courbé et les cheveux en batailles, comme un enfant qui a peur. Toute la nuit il avait tenu son poignet comme il aurait tenu la main si rassurante d’un adulte. Parfois, il avait émis des petits bruits plaintifs. Il pensait à la veille. Il se sentait chatouillé par les flammes, il les voyait ployer sous le vent pour encore mieux gronder les maisons. Il voyait le feu rugir et dévorer ses proies, restées à l’intérieur de ces taudis carbonisés. Et il la voyait elle, inconsciente, endormie contre le mur de la cuisine. Il voyait ses yeux rougis et ses lèvres carmin, et il voyait son visage d’ordinaire si pâle sali par la poussière et la suie. Il la voyait arracher l’herbe avec plainte et aveulissement. Même décharnée et enlaidie par les cernes, elle était toujours rayonnante. Après cette nuit, il s’était levé paisiblement, l’avait bordée et s’en était allé de sa chambre. Il avait veillé à ne pas la déranger, à ne pas la réveiller. Et il avait été prendre un café et s’occuper d’autres patients. Il avait peur d’être de trop. Il se sentait si maladroit. Il était tout seul, avec une femme dont il ne savait pas s’occuper. Il fallait qu’il lui fasse des examens, mais voulait qu’elle se repose. Il voulait qu’elle lui sourie, mais c’était impossible. Et cet entêtement pourtant le poussait toujours plus loin dans ses attentes. Maladresse, envie et enfantillages rythmaient sa façon de séduire. Et s’il ne plaisait pas, alors il recommençait encore et toujours. Sans avoir peur de la suite, sans ne craindre aucun rejet. Il avait eu peur que son mari n’arrive. Et finalement il était apparu, lorsqu’elle s’était réveillée. Elle avait eu l’air si heureuse de le voir qu’il s’était senti intrus. Elle l’avait embrassée, avec ses petites lèvres. Ses joues avaient rosi. Et alors qu’il était resté avec elle une nuit entière, il avait fallu juste une présence autre pour qu’elle se revigore. C’était déconcertant. Elle lui avait dit à bientôt, et voilà. C’était tout. Il s’était retrouvé là, comme tout nu, dévêtu de ce qu’il avait désiré, affublé seulement par la honte. « Wouah… » s’était-il dit tout bas. « C’est comme ça qu’on fait. ». On arrive, on fait un sourire et tout est pardonné, toute la misère du monde semble s’être envolée. Mais il n’avait pas compté le nombre de regards adorables et de sourires malicieux qu’il lui avait adressés. C’était injuste.

Adrian toqua à la vitre transparente. Elle était allongée dans son lit, sage. Il devait lui faire des prises de sang. Peut-être allait-ce être comme la fois précédente. L’aiguille allait dérailler, et ce serait fini. Ou bien faudrait-il recommencer, comme chaque fois. Il faut toujours recommencer. Il entra dans la chambre, avec un air gêné. Une sorte de moue qui donnait un air craquant à sa bouche. Elle avait la peau diaphane, et ses yeux bleus le regardèrent. Il la sentait, il la voyait. Pas comme l’avant-veille où il lui semblait qu’elle le regardait sans le voir. C’était étrange. Il fit le tour de son lit et se dirigea vers la commode près d’elle. Il prit les clefs qui l’ouvraient et en sortit le matériel nécessaire à sa prise de sang. Il ne lui parlait pas. Il avait encore ancrées dans sa tête ses paroles à demi prononcées « Ne parle pas … ». Comme si le bruit eût pu broyer le moment et déparer la beauté du silence. Dans sa tête, il réfléchissait à tout ce qu’il aurait pu dire. Et plus il attendait, plus il avait l’impression que ses mots étaient stupides. Même un bonjour était agaçant. Après être resté le plus longtemps possible qu’il pouvait dos à elle, il se retourna. Son air gêné devait lui apparaître, et il n’aimait pas cela. Rachel avait l’air froid aujourd’hui. Qu’avait-il fait ? En la regardant, il prit son bras. Adrian ne voulait pas qu’elle frémisse encore ou qu’elle croie qu’il ne voulait que la toucher. C’était facile de lui en vouloir. Puis il se sentit obligé de lui expliquer ce qu’il faisait et il sentit comme une libération de lui parler. Ces mots contenus en lui pouvaient enfin aller à elle. C’était agréable ; il se sentait délivré d’un poids.

▬ Je..Je vais..vo..te faire une prise une prise de sang. Essay..essaie de ne pas bouger.
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Encore des désillusions ▬ Rachel M Vide
Message(#) Sujet: Re: Encore des désillusions ▬ Rachel M Encore des désillusions ▬ Rachel M EmptyJeu 21 Mai 2009 - 14:49

Spoiler:

Elle détestait l'hôpital. C'était une des rares choses que Rachel Menken détestait à vrai dire. Elle détestait ces murs gris, ces blouses d'infirmière, ces instruments de torture, cette odeur de morphine, ces visages inquiets dans les couloirs... Elle avait bien sûr donné naissance à Samantha dans cet hôpital, ce qui était un événement heureux. Mais le souvenir de l'accouchement n'était pas si réjouissant, il fallait le reconnaître. Souffrir pour donner la vie. Ce devrait être sa devise.

Elle LE regardait s'avancer dans le couloir, tout hésitant. Elle suivit chacun de ses pas avec attention. Elle pressentait qu'il faisait tout ce chemin pour la voir. Et elle n'aimait pas se sentir si arrogante dans cette certitude. Il devait y avoir tellement d'autres patients dans cet hôpital, mais elle avait la présomption de penser qu'il allait venir s'occuper d'ELLE. Rachel soupira et détourna son regard de la vitre avant qu'il ne se mette à toquer doucement dessus. Elle feignit l'indifférence. Elle se mit à penser à sa petite Samantha qui avait sauté sur son lit. Elle sourit. Son petit remède miracle: Sam. Elle se rappela aussi de l'inquiétude qu'elle avait lu dans les yeux de Don. Elle soupira. Adrian venait d'entrer dans sa chambre, silencieux. Elle continua à se concentrer sur ses pensées. Elle n'aimait pas que Don s'inquiète pour elle. Ce devait être elle qui s'inquiète pour lui et son passé. Rachel fut soudainement amusée par leur relation, ils n'aimaient tous les deux pas confier leurs secrets et assumer leurs faiblesses, et ils se devaient de cacher leurs soucis pour ne pas inquiéter l'autre. C'était peut-être un manque de communication dans leur couple, mais leur amour fonctionnait différemment. Ils y allaient doucement, construisant petit à petit leur mariage afin qu'il perdure. C'était sans compter certains éléments perturbateurs, et pas seulement du côté de Rachel...

"Je..Je vais..vo..te faire une prise une prise de sang. Essay..essaie de ne pas bouger."

Rachel le laissa prendre son bras mais restait étonnamment tendue à son approche. Elle se souvenait de la manière dont il l'avait prise dans ses bras à maintes fois le soir de l'incendie. Leurs deux corps rapprochés l'un de l'autre l'avaient fait sentir en sécurité, alors que Adrian était supposé symbolisé un danger pour elle et son couple. Rachel s'était laissée aller avec lui, comme elle ne l'avait jamais fait avec Don, et c'était une erreur. Elle lui avait donné l'occasion de se montrer faible. D'ailleurs, elle jeta un coup d'oeil au bras du jeune médecin, où on pouvait voir plusieurs marques de griffures. Rachel se mordit les lèvres, regrettant qu'il pusse arborer la preuve de sa douleur. Rachel lui en voulait. Elle lui en voulait de l'avoir sauvé. Parce que maintenant, elle savait qu'ils avaient établi un nouveau lien, et un lien bien plus dangereux que leur petit jeu dans lequel il avait essayé de l'entraîner. Il lui avait sauvé la vie. Et il connaissait un de ses secrets...

- Pourquoi?

Rachel était sur la défensive. Pourquoi devait-il faire une prise de sang? Elle lisait dans ses yeux qu'il SAVAIT déjà. Rachel posa sa main sur sa poitrine et toussa. Elle avait toujours du mal à respirer. Elle ne savait pas vraiment pourquoi. Les médecins lui avaient informé de "complications respiratoires". Et ils avaient fait des examens dans son sang déjà. Et Adrian était au courant.

- Est-ce vraiment nécessaire?

Rachel n'arrivait plus à sourire. Rachel regardait froidement le pauvre Adrian >_<, qui n'avait rien fait de mal. Et c'était ça le pire, elle savait qu'elle lui reprochait d'une chose qui était totalement ridicule et pas à son avantage. Rachel inspira profondément. Elle ne bougeait pas, se montrant tout de même docile malgré ses interrogations. Le bégaiement d'Adrian et ses gestes maladroits la perturbaient. Elle ne comprenait pas pourquoi il ne prenait toujours pas avantage de sa position. Et elle était terrifiée par l'attente du moment où cela arriverait. Alors elle se tenait prête, prête à répliquer.
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Encore des désillusions ▬ Rachel M Vide
Message(#) Sujet: Re: Encore des désillusions ▬ Rachel M Encore des désillusions ▬ Rachel M EmptyJeu 21 Mai 2009 - 21:59

Spoiler:

A vrai dire, Adrian se refusait à admettre qu’elle avait un problème. Lorsqu’elle dormait, il avait été contraint par d’autres médecins à vérifier qu’elle n’avait aucun dommage. Le temps de l’ignorance était donc révolu. Mais il se refusait à l’admettre. Comment pouvait-elle être…C’était impossible. Il y avait une erreur dans ces fichues machines, c’était certain. Elles se trompent si souvent, c’est insupportable. Rachel Menken est bien trop gentille, trop belle, trop fragile et peut-être…peut-être trop triste. Il avait bien perçu dans son regard ce soupçon de cynisme et de nostalgie. Et pourtant, voilà qu’il accusait la vérité. Il se préférait innocent, lorsqu’il savait de Rachel ce qu’il avait simplement eu le droit de deviner. Parce que maintenant, il était bien idiot. Elle allait lui en vouloir et leur relation pourtant déjà très tendue allait le devenir davantage. Ses chances s’étaient envolées, et la seule chose chose qu’il pouvait espérer était qu’elle veuille encore le regarder. D’ailleurs, elle avait tourné sa tête lorsqu’il était entré. Elle avait dû deviner. Mais lui allait se résoudre à lui mentir. Il n’accepterait jamais de la perdre de vue. Peu importait qu’elle fût droguée, malade, folle ! Elle était elle. Il se sentait obligé de veiller sur elle, de la protéger. Et Rachel était là, assise, pâle. Adrian ne pouvait rien faire. Ou juste le médecin, ce qui dans ce cas ne lui plaisait guère. J’ai envie d’être plus que ton putain de médecin. Je veux que tu regardes avec les mêmes yeux, ce que t’as fait à ton mari. Je veux pouvoir te regarder sans que tu croies que c’est malsain, pensait-il. Cette voix hurlait en lui. Et arrête de me sourire. Tu souris comme ça à tes amis.

▬ T’as besoin d’une prise de sang parce que je dois (et que je veux) vérifier que tout va bien. Puis il la regarda dans les yeux, avec une tendresse infinie. Et que tu vas bien.

Il allait donc mentir. Il ne voulait pas qu’elle ait peur de ce qu’il penserait d’elle. Son petit cœur altéré par les médicaments pourrait peut-être battre à nouveau s’il prenait soin d’elle. Il voulait s’en persuader. Il avait tant besoin d’être utile pour elle, qu’il se serait bien levé et aurait dansé pour voir son visage égayé d’un sourire. Mais pas un sourire comme les autres, un de ceux qui disent « merci », beaux et touchants comme une promesse. Elle demanda si la piqûre était nécessaire. Bien sûr qu’elle l’était ! Il s’excusa, comme un dû alors qu’il essayait seulement de dissiper la colère peinte sur son visage. Il ne la supportait pas. C’était comme la main terrible d’un bourreau qui frappait sa joue encore et encore. Il passa sa main sur son visage et sur ses yeux, comme si en redécouvrant la pièce Rachel lui serait apparue aimable et heureuse.

▬ Oui, ça l’est. Désolé.

Adrian était perdu dans son propre jeu. Il était le héros malheureux qui venait d’échouer le niveau neuf qu’on aurait pu appeler « aider Rachel ». Les autres niveaux avaient faciles à gérer. Il y avait bien eu le boss et ses flammes dévastatrices un niveau en dessous mais le feu lui avait fait moins peur que cet air qu’elle exhibait froidement. On reconstruit une maison, mais on ne peut pas reconstruire une relation ni un cœur. Une fois que c’est déchiré, c’est ad vitam eternam, comme le dit l’expression. Finalement, comme il ne l’avait jamais fait dans toute sa vie, il se décida à parler. Il avait déjà parlé, oui. Mais il ne s’était jamais confié. A personne. Sauf à Liam. Il n’avait jamais entrepris de parler de sa vie, de ce qu’il ressentait. Tous ses secrets d’alcôve étaient bien enfouis au fond de lui. Et personne, d’ailleurs, n’avait tenté de les faire rejaillir. Il s’assit sur son lit, dos à elle. Et il courba son dos et croisa ses mains. Il n’eut pas le temps de réfléchir, tous ses mains glissaient de sa bouche.

▬ Je…je sais que tu sais. Et. Je crois que tu m’en veux de savoir. C’est fou que..que j’arrive pas à être normal ou juste intelligent. Je suis trop maladroit. Un vrai boulet. Je sais que ça se dit pas, dans les monologues ou les tirades, enfin j’ai oublié la différence entre les deux deux mais bref, je suis pas vraiment réputé pour être quelqu’un de génial. J’ai une p’tite vie tranquille, j’ai un boulot qui me plaît. Je m’en sors bien dans la vie. Je dirais pas que t’es venue tout éclairer. Et ne fais pas ta bouche énervée quand je dis ça, même de dos je l’aperçois. T’es pas venue tout éclairer, juste éclaircir un peu le paysage. Et…j’essaie tout. Enfin, tout ce que je crois être bien. Je sais bien que je suis pas un exemple du mec bien dans sa peau, bien dans sa vie, qui a une femme et des gosses, qui sait tout entreprendre parfaitement. Mais chaque fois que je crois accomplir un truc bien avec toi, ou être sympa…c’est toujours le même rejet.

Il se tourna vers elle, les yeux ternis. Il la regarda.

▬ Je suis désolé si je te bouscule. Et je suis désolé d’être pas très…avenant. Mais si seulement t’avais pas cet air-là. Je sais pas. Il me fait flipper. J’ai l’impression que tu m’en veux, alors que je crois avoir rien fait. Enfin. Encore une fois je suis ridicule, alors, ben je vais te faire cette piqûre et tu vas m’en vouloir. Et ton héros va arriver et moi je serai le con qui attendrai à côté. Mais tant pis.

Il prit son bras, et y planta l’aiguille. Son cœur se resserra.


Dernière édition par Adrian D. Taylor le Ven 22 Mai 2009 - 22:26, édité 1 fois
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Encore des désillusions ▬ Rachel M Vide
Message(#) Sujet: Re: Encore des désillusions ▬ Rachel M Encore des désillusions ▬ Rachel M EmptyJeu 21 Mai 2009 - 23:08

Pour ce qui était d'arrêter de lui sourire, c'était réussi, Rachel était loin de lui envoyer son image de jeune femme charmante et aimable. Au contraire, elle semblait vouloir le faire fuir à tout prix. Elle sortait l'artillerie lourde: la froideur de son regard. Leur relation avait pris un tournant encore plus compliqué et encore plus tendu. Rachel luttait, elle luttait contre lui, mais aussi contre elle-même. Elle s'empêchait de lui être reconnaissante. Elle se connaissait. Elle savait qu'elle risquait de lui montrer des marques d'affection et d'estime si elle lâchait prise. Elle ne pouvait pas. Il pourrait y lire encore de l'espoir pour "eux" deux. Elle pourrait simplement le remercier et lui sourire, comme elle le ferait pour un ami. D'ailleurs, c'était étonnant qu'elle ne l'avait pas encore déjà fait. Elle semblait préférer le détester à... lui offrir de nouveau son amitié. C'était elle cette fois-ci qui refusait de s'engager dans cette voie-là. Pourquoi cherchait-elle à rendre les choses encore plus difficiles? A vrai dire, Rachel savait que cet événement avait créé un lien plus profond entre eux, un lien qui dépassait le stade de l'amitié pure et simple. Entre haine ou amour, elle choisissait... la peur. Elle n'était pas habituée à ce sentiment de dégoût et de rejet, ce n'était PAS elle! Elle ne tiendrait pas longtemps, elle en était consciente. Alors elle luttait. Elle luttait contre l'inéluctable opposé.
Ne voyait-il donc pas que le trouble de son sommeil était causé par ces interrogations? Ne voyait-il donc pas que son indifférence n'était qu'une arme pour cacher ses doutes?
En même temps, c'était rassurant qu'il ne le voit pas. Elle n'aimait pas être percée à jour si facilement. C'était aussi pour cela qu'elle n'appréciait pas qu'il SACHE ce qu'elle avait caché pendant des années à sa famille. Elle avait l'impression qu'il voyait à travers elle à présent. Elle avait toujours soupçonné qu'il la déshabillait de manière malsaine dans ses pensées, mais petit à petit elle avait repris son esprit naïf et bon et lui avait accordait le bénéfice du doute. Mais maintenant... elle se sentait réellement nue devant lui. Dans le sens métaphorique, et non pervers. Et elle en était terriblement gênée. Elle se sentait comme une enfant, on avait découvert qu'elle avait fait une bêtise et la seule manière pour elle de nier son embarras était de... bouder.

Rachel sursauta légèrement en l'entendant la tutoyer. Elle ne s'y faisait pas. Son coeur ne s'y habituait pas. Ce n'était pourtant pas la première fois. Mais cela lui faisait l'effet d'une chanson que l'on repasserait en boucle sans jamais pouvoir s'arrêter de la savourer. Rachel peina à garder son air distant en entendant le son de sa voix, et son adresse à elle dans ce tutoiement hésitant. Elle se décrispait petit à petit, sans s'en apercevoir. Rachel soupira lorsqu'il s'excusa. C'était à elle de s'excuser de se comporter de la sorte. Elle avait conscience que son attitude était plus que inappropriée. Elle avait également honte de ce comportement enfantin. Mais elle n'arrivait plus à se contrôler avec lui ! Elle était toujours en train de se battre pour la meilleure attitude à aborder et à chaque fois, elle choisissait celle qui lui ressemblait ... le moins.

"Je dirais pas que t’es venue tout éclairer. Et ne fais pas ta bouche énervée quand je dis ça, même de dos je l’aperçois. T’es pas venue tout éclairer, juste éclaircir un peu le paysage."

Rachel allait répliquer qu'elle n'appréciait pas qu'il puisse présumer qu'elle ferait cette "bouche énervée" et qu'il ne la connaissait pas assez, comme elle avait pu le faire il y a quelques semaines dans ce même hôpital. Mais c'était faux. Elle faisait en effet cette moue boudeuse lorsqu'il parlait d'elle avec autant de tendresse et il était loin de ne pas la connaître maintenant. Rachel tortilla des mèches de cheveux dans ses mains en l'écoutant. Elle était nerveuse. Elle savait qu'elle allait bientôt lâcher prise. Elle ne pouvait pas rester longtemps aussi... méchante!

"Mais chaque fois que je crois accomplir un truc bien avec toi, ou être sympa…c’est toujours le même rejet."

Rachel baissa les yeux. "Un truc bien ou sympa"... est-ce que cela regroupait "me sauver la vie" là dedans? Ce n'était pas comparable à ces adjectifs "bien" ou "sympa"! Ce geste de bravoure que Adrian avait fait avait BIEN plus de valeur que ces termes si neutres, si inutiles! Il ne méritait vraiment pas sa méprise, il méritait vraiment mieux que cela. Il méritait au moins un regard. Il méritait plus que des paroles sèches et dures. Il méritait des louanges. Il méritait de l'attention. Il méritait même plus que de la reconnaissance. Il ne méritait pas... elle.

"Encore une fois je suis ridicule, alors, ben je vais te faire cette piqûre et tu vas m’en vouloir. Et ton héros va arriver et moi je serai le con qui attendrai à côté. "

Rachel leva les yeux à présent. Elle le laissa lui faire sa piqure sans rien dire, sans protester. Elle le dévisagea avec peine. Son héros de mari... Non, c'était bien Adrian le héros dans l'histoire, ou plutôt un ange, elle préférait cette appellation là en fait, bien moins romanesque mais plus idéalisée.

- J'aime les piqûres. J'en raffole. Je ne t'en veux pas, tu vois?

Rachel émit une moue timide. Elle plaisantait bien sûr. Mais elle parlait doucement, sur un ton amusé presque comme une mère qui cherchait à rassurer son enfant. Elle glissa son regard vers lui doucement, posant son regard délicatement sur son visage comme si elle était en train de le toucher et qu'elle ne voulait pas l'abîmer. Rachel secoua la tête avec un petit sourire.

- Et je suis sûre que dans le théâtre contemporain, Figaro aurait emprunté tes paroles "Je suis trop maladroit" "Un vrai boulet" dans son fameux monologue. Enfin, bref... >_<... Je divague.

Rachel chercha les yeux d'Adrian, et une fois qu'elle vit qu'il la regardait lui aussi fixement, elle se sentit encore plus troublée. Elle avait du mal à respirer. Et ce n'était pas à cause de son état de santé, elle le savait.

- Je... hum... Je ne suis pas si... méchante normalement, je suis désolée, je n'agis jamais comme ça normalement, avec personne. J'aimerai te remercier... vraiment! pour ce que tu as fait, tu aurais pu me laisser aux mains des pompiers, mais non... C'est juste que je pense que tu mérites plus qu'un remerciement, et ... je ne sais pas quoi... enfin bon >_<...

Rachel sentait qu'elle bafouillait (L). Elle était complètement perdue dans ses propres paroles. Elle se noyait dans le bleu océan du regard d'Adrian et n'arrivait pas à retourner sur terre. Rachel se rendit compte qu'elle s'était approchée de lui. Ses mots avaient été prononcé d'une voix tellement douce qu'elle avait eu peut-être peur qu'il ne l'entende pas? Elle n'abordait pas - encore! - le sujet fâcheux... qui n'allait pas tarder à ressortir, elle le savait. D'ailleurs, il FALLAIT que ça sorte, enfin moi personnellement je VEUX que Rachel se fasse soigner! xD ... Ou pas?
Et si elle commençait par dire "Merci"? C'était pourtant simple. Trop simple, peut-être? Elle avait pourtant l'habitude de le dire à tout le monde. Mais voilà, Adrian n'était PAS... tout le monde.
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Encore des désillusions ▬ Rachel M Vide
Message(#) Sujet: Re: Encore des désillusions ▬ Rachel M Encore des désillusions ▬ Rachel M EmptyVen 22 Mai 2009 - 18:04

Adrian ne voyait pas son sauvetage comme un geste héroïque. Qualifiait-on d’héroïque la grâce d’un soldat, l’amour d’une mère ? Cela semblait identique aux yeux du jeune médecin. Il sacrifiait sa vie pour son travail pour en sauver d’autres, et c’était en ça qu’il était excellent. Mais là dans les flammes, il avait bien sauvé Rachel, et pas une patiente. Son métier justifiait ses passions. Alors, oui, il avait été amical et affectif. Quel inhumain aurait pu laisser une femme s’étouffer dans le feu ? Et qu’était-ce le mérite dont il parlait ? Adrian se fichait bien de ce mérite. Il ne voulait rien dire. Le mérite, la valeur, tout cela n’a de valeur que dans l’économie. Une vie humaine est au dessus de la valeur présumée. Et l’affection et l’amour la surpassent encore davantage. Heureusement qu’Adrian ne lisait pas dans ses pensées. Il l’aurait regardé avec de gros yeux béats. « Un ange… ». S’il avait su qu’elle le trouvait angélique, il ne se serait pas senti si mal. Pourtant, il voyait bien le teint de la jeune femme s’apaiser petit à petit. La courbe de ses sourcils redevenir souriante, et ses mains cesser de se tordre. Mais il ne voulait pas y croire. Le jeu n’était jamais fini. Il faudrait la conquérir encore, et chaque jour un peu plus. Et c’était cela sa vision de l’amour. Les compromis, les conquêtes perpétuelles d’un cœur dompté seulement par le désir. Un défi permanent. Et en plus d’être sa définition de l’amour, c’était aussi celle du bonheur ; essayer toujours de voler plus haut et être mené par l’ambition seulement. Il l’écouta sourire ; c’était agréable. Oui, il entendait le sourire dans sa voix qui la faisait chanter. Et il aimait lorsqu’elle ironisait, ou peut-être seulement gentiment. Les espoirs venaient à nouveau repeupler son cœur abimé. Il ne répondit rien, il sourit.

▬ Sûrement. Moi je préfère le théâtre ancien. Leurs costumes déchiraient tout :D

Il se retourna pour aller chercher un pansement. Et s’excusa, d’un air espiègle, de n’avoir pas de pansements avec des hippocampes. Il dégagea sa blouse de son épaule dont la manche venait de retomber, et lui colla le pansement beige – si banal – sur la peau. Et puis il remarqua qu’elle respirait péniblement. Mais il pensa que la piqûre lui donnait cet effet. Il était trop naïf pour, étant si près d’un sourire, croire en la vérité. Il rougit légèrement en entendant le « normalement ». Ce qui signifiait qu’il portait déjà la mention « hors normes ». Et qu’en un certain sens, il cultivait les chances qui n’appartenaient pas aux autres. Qui n’appartenaient pas à Duncan, et qui, peut-être, n’appartenaient pas à son mari. Ses mots s’égaraient, elle bafouillait. Il la regarda avec un air…si attendri. Son état ne faisait qu’accroître sa tendresse envers elle. Devait-il parler ? Se taire ? Peut-être que son silence la ferait douter.

▬ Je..merci.

Oui, il la remercia. Il n’avait pas de raison valable de la remercier, mais c’était peut-être seulement « merci d’être là » ou encore « merci de sourire ». Une niaiserie. Il pensa que c’était l’heure des excuses et se surprit à vouloir lui en faire. Mais il risquait de lui remémorer des souvenirs qui, pour ses chances, valaient mieux d’être tues. A présent, il ne savait plus quoi faire. Il était debout, elle allongée, presque recroiser à l’autre extrémité du lit. Et lorsqu’il avait dû se pencher pour lui faire sa piqûre, son odeur l’avait encore envoûté. Il s’assit près d’elle, les jambes presque étirées. Et il regarda le mur blanc. Il le fixait, étonnamment.

▬ T’es pas un défi. Ce qui, en fait, est assez dommage parce qu’on arrête vite un défi. Enfin non ! Non non non, je veux pas que tu partes, pas du tout. Mais il y a eu des fois où je me suis dit que j’étais trop idiot pour espérer juste..ces sourires que tu m’as faits. Parce que c’est vrai que je m’y prends assez mal, même pas bien du tout, pour exprimer mes émotions, et tout ça…En fait c’est un peu dur de les sortir alors que je l’ai jamais fait avant. Dans les séries américaines, ils arrivent toujours à pleurer devant l’autre et à se jeter dans ses bras. Moi…je l’ai jamais fait parce que…parce qu’on m’a pas appris. On m’a dit d’être fort, alors maintenant, je le suis peut-être un peu trop. Et finalement, c’est en ça qu’on ressemble toi et moi. Et c’est peut-être ça qui m’a attiré. Enfin je dis pas qu’il y a que ça parce que c’est pas vrai. Euh..enfin je vais pas tout citer mais j’imagine que tes sourires et tout ça a pas aidé à décoller ton image dans ma tête…

Adrian ferma les yeux et croisa ses mains.

▬ Juste ça. Juste un sourire, un « merci »…et je sais pas, je suis..apaisé. Je dois être le seul à qui ça fait ça…ces petites fourmis dans mon cœur. Il rit. Je suis con ! Mais c’est drôle comme sensation.


Dernière édition par Adrian D. Taylor le Ven 22 Mai 2009 - 22:25, édité 1 fois
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Encore des désillusions ▬ Rachel M Vide
Message(#) Sujet: Re: Encore des désillusions ▬ Rachel M Encore des désillusions ▬ Rachel M EmptyVen 22 Mai 2009 - 19:16

Le théâtre ancien...le théâtre grec peut-être? Au temps où les histoires d'amour étaient violentes et causes de guerres violentes? Paris qui entraina avec lui toute la patrie de Troie pour les beaux yeux d'Hélène? Oedipe qui tua son propre père pour obtenir la main d'une reine incestueuse? Rachel aimait lire ses classiques d'Euripide ou Sophocle, mais elle redoutait que la passion fasse autant de ravage si jamais elle la ressentait un jour ou si quelqu'un l'éprouvait pour elle. Rachel ferma les yeux un moment, pour se rappeler d'une dispute qui avait eu lieu entre cette jeune femme... Kayleigh et elle-même. C'était le fruit d'un malentendu. D'un terrible malentendu. Et elle se demanda si la rage de Kay avait été symbolisée par cet incendie, que Rachel pensait accidentel x). Le feu pouvait représenter tellement de chose en même temps: colère, haine, ressentiment, destruction, passion, désir, amour... ou un peu de tout en même temps.

Elle ne répondit pas à Adrian. Pourtant elle pourrait très bien continuer la discussion et tomber dans une conversation littéraire et intéressante. Mais elle n'en avait pas l'envie. Elle n'en avait pas non plus la force. Chaque fois qu'elle parlait de livres elle se rappelait de son projet qui s'était envolé en fumée - et pas seulement au sens propre. Rachel se demanda si on avait pu retrouver des bouts de son manuscrit. Elle se moqua de sa propre naiveté intérieurement. Il ne devait pas rester un bout de bois de leur maison, d'après le silence de Don lorsqu'elle l'avait interrogé à ce sujet, alors son bouquin? Et pourtant elle ne pouvait s'empêcher d'espérer. Qui sait? Peut-être que cet optimisme l'inspirera pour en écrire un autre?
Elle rouvrit les yeux et l'entendit murmurer qu'il n'y avait pas de pansement hippocampe.

- Dommage, je faisais collection à force.

"A force"... d'être ausculté par lui T_T' xD. Rachel soupira et combla le silence par ses excuses maladroites. Chaque mot était dit de manière si spontanée et donc si irréfléchie, qu'il n'y avait peut-être aucun sens si on les reliait les uns aux autres. Rachel remarqua que le teint du visage d'Adrian avait pris de légères couleurs. Elle fit mine de ne rien voir, même si ce rougissement sema le trouble encore plus dans ses paroles. Elle savait que plus elle était... elle-même, plus il continuerait à espérer. Rachel Menken n'était pas du genre à rejeter ou à se moquer. Elle laissait faire les gens, elle les laissait rêver. Et elle savait qu'en étant elle-même, elle allait le laisser rêver à propos ... d'eux. Rachel se mordit les lèvres lorsqu'il la remercia. Elle pencha sa tête légèrement la tête sur le côté, soucieuse. Elle forma deux syllabes avec ses lèvres, presque inaudibles.

- Intriguant.

Et peut-être un peu niais aussi xD. En même temps, elle aussi était très niaise en amour. Elle laissait toujours les hommes venir à elle, faire le premier pas, de peur de s'emmêler trop facilement dans le jeu de séduction. Elle aimait les hommes prévenants et qui n'avaient pas peur d'être trop avenants. Et contrairement à ce qu'Adrian devait s'imaginer, Don était à la fois prévenant et avenant. Elle n'était pas tombée sur un gros macho ou un sale égoïste, elle n'était pas tombée amoureuse d'un fou furieux qui la frappe ou d'un père indifférent qui délaisserait sa famille. C'était pour cela qu'Adrian allait avoir du fil à retordre. Il avait réussi à semer le trouble, certes. Mais... était-ce assez? Le jeu était bien loin d'être terminé. Et le plus difficile, c'était qu'il semblait être le seul à vouloir jouer. Rachel était trop sérieuse pour tomber aussi facilement amoureuse. Elle avait déjà tant donné pour son mariage, qu'il lui semblait qu'elle ne pouvait pas ressentir encore ce sentiment pour d'autres personnes que Don et Samantha.

- ... Si j'étais aussi forte que toi, je.. je... ne.. prendrais pas ces... trucs...

Rachel détourna les yeux. Qu'est-ce que tu fais Rachel? Pourquoi tu abordes ce sujet? Alors que tu voulais l'éviter depuis le début? Pourquoi est-ce qu'il réussit à te mettre à l'aise comme ça? Adrian était un médecin, c'était sûrement grâce à ça. Mais Liam aussi était médecin, et son ami en plus, alors elle devrait plutôt se confier à lui et non à un parfait étranger? "Parfait". Ils étaient drôles tous les deux. L'un à fixer le mur et l'autre à regarder la beauté de ses draps. Rachel se crispait sur elle-même, en reculant légèrement pour ne pas sentir son corps trop proche du sien. Elle se demandait s'il allait profiter de la situation. Elle était clouée dans un lit après tout! Rachel savait qu'il n'avait pas d'intentions malsaines, mais il fallait tout de même admettre que ce devait être tentant... Rachel se mit à tousser violemment, sous un coup de stress certainement. Elle posa sa main sur sa poitrine et secoua la tête, comme si elle refusait d'être encore si faible. "Non non non! Je n'ai pas le DROIT de tousser comme ça, d'avoir mal, alors que je suis en vie!"

"Euh..enfin je vais pas tout citer mais j’imagine que tes sourires et tout ça a pas aidé à décoller ton image dans ma tête…"

- J'arrêterai de te sourire alors xD.

Rachel ne put s'empêcher de ... sourire xD en faisant cette suggestion. Rachel haussa des épaules, toujours la main sur son coeur, avec un petit air gamin dans les yeux. Elle ne savait pas quoi faire maintenant. Elle ne devait pas être désagréable avec lui, elle lui était redevable pour lui avoir sauvé la vie et... elle appréciait tout de même sa compagnie. Un peu trop peut-être. Mais en même temps, si elle était TROP gentille avec lui, il se faisait des idées. Arf! éternel dilemme. Etre ou ne pas être Rachel?

"Mais c’est drôle comme sensation."

Rachel le regarda soudainement.

- Tu... ressens vraiment.. ça?

Rachel paraissait inquiète. Elle ne souriait plus. Elle l'avait déjà averti chez Duncan et lui qu'il risquerait de souffrir, mais apparemment ... il voulait continuer à s'aventurer dans un terrain aussi dangereux pour son coeur. Et Rachel ne voulait pas qu'il se fasse encore plus mal. Avait-il soigné sa brûlure l'autre jour d'ailleurs? Elle se doutait que non. Il était bien trop têtu. Rachel continua de le fixer et attendit qu'il rouvre ses yeux pour la regarder.

- Des ... frissons quand je m'approche de toi? des frissons quand je te touche? Ton coeur qui se met à accélérer quand je te regarde? Tes poumons qui t'empêchent de respirer normalement quand tu essayes de me parler alors que tu ne fais que .. bredouiller?

Rachel secoua la tête. Parlait-elle de lui ou d'elle? Qu'importe, elle jouait au médecin, cherchant à diagnostiquer les sentiments d'Adrian. Comment pouvait-on ... être aussi épris d'elle? Comment pouvait-on risquer sa propre vie pour celle d'une autre? Comment... pouvait-on pleurer une personne que l'on connait à peine?
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Message(#) Sujet: Re: Encore des désillusions ▬ Rachel M Encore des désillusions ▬ Rachel M EmptyVen 22 Mai 2009 - 23:45

« A force », sourit-il avec un semblant de mélancolie. Il n’y en avait pas eu tant que cela, des fois. Quelques unes seulement étaient venues passionner ses journées et flirter avec ses après-midis. A les regarder, de loin, on aurait dit deux enfants qui ne savaient pas quoi dire. Deux petits qui voulaient réciter leur poésie et se rendaient compte à sa moitié qu’ils ne la racontaient pas bien, qu’ils mélangeaient les rimes. Alors ils se regardaient, péniblement, en se plongeant dans les yeux de l’autre pour y déceler la petite once d’espoir. Et ils se mettaient à bafouiller, à rougir et à se tourner vers le tableau pour se cacher des autres. Eux, ils ne comprenaient rien à leur désarroi. Ils étaient tous deux face à ces mille yeux rieurs. Leurs petites bouches formaient des syllabes qu’ils ne comprenaient pas. Ils essayaient de restituer le texte, celui qu’ils avaient lu la veille. Rachel et Adrian avaient eux aussi cette âme enfantine éternelle. Oui, intrigant. Mais c’était surtout l’inextricable enchevêtrement de leurs sentiments qui l’était. Bien sûr que son mari était exceptionnel. Adrian n’en doutait pas. Il fallait qu’il y ait un obstacle à son bonheur, sinon il était illusoire. La facilité ne pouvait pas conduire à la joie, même passagère. Ses idées étaient si braquées qu’elles en devenaient idiotes. Qu’est-ce que signifiait « trop sérieuse pour tomber amoureuse ». On ne le décidait pas. Autrefois, on avait inventé Cupidon pour justifier ces coups de foudre insensés. On croyait qu’il suffisait de deux flèches pour rapprocher les cœurs. Aujourd’hui, on met plus de temps à aimer par orgueil et par poursuite de la perfection. Mais jamais il n’a été possible de se dire que l’on est trop sérieux pour aimer. Il l’écouta parler de ses médicaments. Une vie lui prit soudain qu’il garda pour la suite. Inconsciemment, il avait déjà prévu la façon dont il quitterait la chambre. Il se retourna vers elle le temps d’un sourire consolant. Et elle toussa, encore. Il avait conscience que les médicaments qu’elle avait pris n’arrangeraient pas son état. C’était difficile pour lui de la voir ainsi sans pouvoir la prendre dans ses bras. Il se tourna de nouveau vers son visage.

▬ T’arrêteras de me sourire ? Han. Enfer et damnation !

Il ne cessait pas de sourire, lui non plus. Il était comme un adolescent, cette fois. Il revoyait les périodes de sa vie en seulement quelques heures. Il se rappelait les feux de camps et les premiers clins d’œil. Les premiers rendez-vous. Et Rachel redevint plus sérieuse en abordant la question…redoutée. Elle allait s’énerver. Peut-être. Il le craignait. Et pourtant il se demandait ce qu’il avait dit de mal. Oui, il ressentait ces étranges frissons. C’était doux, chaleureux, glacé…Les ambivalences des désirs. Il écoutait la description de ces signaux. Elle les connaissait ! C’était adorable. Elle pouvait lire en lui. Il la regarda avec un air intrigué.

▬ Ouais…C’est ça. Exactement ça. Comment tu le sais ?

Il avait cet air naïf et étonné, comme s’il découvrait quelque chose. Comme s’il avait découvert l’universalité de l’amour. Puis il revint sur le sujet qu’elle avait abordé, sentant qu’il était temps. Il prit une inspiration étouffée.

▬ Pour..pour en revenir à tout à l’heure. Je suis pas si fort. C’est facile de dire ou de le montrer. Donne-moi ta main. En réalité, il la prit de lui-même, n’attendant pas qu’elle la lui donne. Il se sentit à nouveau débordé par ces frissons qui chatouillaient son corps. C’était gênant qu’elle puisse les décrypter. N’était-il donc pas « différent » ?
Tu vois, si je te serre comme ça…Tu peux ne rien dire, et faire comme si t’avais pas mal. Dans ce cas-là, tu feins d’être forte. Tout le monde fait ça, sauf ceux qui aiment les complaintes. Par contre, si je me retourne vers toi, et que…

Il l’embrassa sur la joue, avec tendresse. Il ne s'était pas même posé la question, c'était un élan qui l'avait poussé. Non, il n'y était pour rien ! Son instant, ses émotions, ses frissons, ses battements de coeur. Tout lui criait depuis le début de l'oser.

...Là, tu peux plus feindre. N’est-ce pas ?

Il se retourna, prit sa veste et s’apprêta à quitter la chambre.
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Message(#) Sujet: Re: Encore des désillusions ▬ Rachel M Encore des désillusions ▬ Rachel M EmptySam 23 Mai 2009 - 1:07

" Ouais…C’est ça. Exactement ça. Comment tu le sais ?"

Rachel arrêta de décrire les émotions qu'elle devinait en lui. Ces émotions qui subvenaient lorsqu'elle était aux alentours. Elle se sentait tellement présomptueuse d'avancer de pareilles hypothèses! Comment pouvait-elle présumer qu'il ressentait ... la même chose qu'elle? Nous ne parlons pas d'amour, mais d'envoûtement. Elle était intriguée par lui, par sa manière d'être, sa manière de réfléchir, par sa manière d'agir, elle lui avait même confessé. Et elle ne pouvait se lasser de continuer à s'interroger à son sujet. Elle avait le symptôme de "curiosité maladive". C'était ce qu'il avait cherché depuis le début en fait. Il avait voulu la connaître mais surtout susciter en elle l'envie de le connaître lui. C'était réussi, il avait gagné cette manche-là, Rachel était totalement captivée par lui. D'ailleurs, elle rougit lorsqu'il reconnut avoir ces mêmes sentiments. Rachel regarda son air naïf et aveugle, celui qu'elle portait en général sur son visage. Il devinait les maladies, mais ne devinait pas ses troubles, c'était rassurant d'un côté. Elle ne répondit rien, détournant le regard d'un air indifférent. Elle ne voulait plus se trahir. Elle aurait pu le risquer, rien qu'en posant ces questions sordides! Et qu'aurait-il fait? qu'aurait-elle voulu qu'il fasse? Elle ne savait pas, et en fait elle appréciait qu'il la surprenne avec ses réactions si imprévisibles et enfantines.Pour le moment du moins.

"Donne-moi ta main."

Rachel fronça des sourcils. Elle reprenait son air légèrement énervé. Il tenait tant que cela à la mettre mal à l'aise? Ah non, elle avait oublié, il n'était pas au courant qu'elle puisse ressentir ces mêmes frissons qui lui nouaient le ventre et qui lui faisaient aussi peur.

"Tu vois, si je te serre comme ça…Tu peux ne rien dire, et faire comme si t’avais pas mal. "

"Tu ne me fais pas mal, pauvre idiot, tu ... me fais peur!" pensait-elle alors qu'elle sentit qu'elle ne respirait plus. C'était elle la "pauvre idiote". Elle était effrayée de ce contact qui la rendait si folle intérieurement. Ses doigts frôlaient ceux d'Adrian et la paume de leurs mains se touchaient chaleureusement. Adrian serra son étreinte doucement, alors qu'elle ordonnait à son corps de se tenir tranquille. Elle se forçait à détourner son regard. Et pourtant, elle était captivée par ses lèvres qui remuaient en lui donnant une explication. Elle ne savait pas à quoi il voulait en venir, à vrai dire peu importait, elle essayait plutôt de résoudre une autre énigme, bien plus troublante et dangereuse... Rachel leva les yeux pour arrêter de fixer sa bouche si bavarde et plongea son regard bleu dans celui d'Adrian. En effet, elle feignait l'indifférence. Elle restait aussi droite qu'une statue et ne faisait ressortir aucun signe que son corps voulait se rapprocher de celui d'Adrian. Ils étaient déjà très proches l'un de l'autre en fait. Lui assis sur le lit à ses côtés, le visage proche du sien. Elle lui laissant sa main, à le regarder avec un semblant de neutralité, alors que son corps tremblait. Elle n'avait pas décrit ce dernier symptôme d'ailleurs, elle tremblait. Lorsqu'il lui avait tenté de lui faire une prise de temps, il y a deux semaines, elle avait tremblé également. Elle se demanda si enfin compte Adrian n'agissait pas comme ces pilules qu'elle ingurgitait chaque jour pour essayer de garder la forme. Ces pilules qui la rendaient forte en apparence, mais qui entraînaient ses poumons à si difficilement respirer. Elle essayait de feindre son courage à leur résister, mais tout son corps la trahissait et la laissait tomber. Ses pilules l'empêchaient de respirer. Et le pire, c'est qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir les prendre. Elle était devenue accro. Et elle commençait à avoir une autre drogue, qui n'allait pas s'en prendre à sa santé, mais à la parfaite vie qu'elle menait jusqu'à aujourd'hui...

Rachel poussa un léger soupir, comme si elle avait essayé d'attraper un grand bol d'air. Elle se sentait vaciller. Elle ressentit une baume de chaleur au coeur, et ce dernier ordonnait à ses poumons d'arrêter de respirer pour savourer le moment. Ce baiser si bref, mais qui causait pourtant tellement de dégât dans sa tête ! POURQUOI TU ME FAIS CA, CORPS INGRAT !! Rachel le regarda, comme frappée par la foudre.

"...Là, tu peux plus feindre. N’est-ce pas ?"

Rachel avait la bouche légèrement ouverte, et toujours ce regard terrorisé. Elle sentit ses joues lui brûler le visage. Elle rougissait, et le savoir n'aidait en rien puisqu'elle rougissait encore plus d'embarras. Rachel n'avait pourtant pas ressenti toute cette bouffée de sentiments lorsqu'elle-même avait déposé un baiser sur sa joue pour le saluer, l'autre soir. Elle voulait appeler sa mère "au secours", comme si Adrian était le grand méchant loup. Elle lui en voulait d'avoir su LA décrypter à nouveau. Elle voulait le frapper, lui donner ce genre de claque que l'on voyait dans les films américains. Elle voulait enfoncer ses ongles dans son bras encore une fois, sans qu'il n'en prenne plaisir!

- Je.. je.. je porte plainte >_< xD xD.

Elle avait déjà fait le coup de la plainte une fois xD xD. Elle ne se rendait plus compte du ridicule de la situation. Ses joues gardaient leur rougeur flamboyante, témoignant de la rage, de la honte et... des sentiments qu'elle éprouvait sur le moment. Adrian semblait avoir prévu la réaction impulsive et gamine de la jeune femme, ce qui n'aidait en rien à la calmer. Lui par contre restait serein et plutôt fier de lui. Il savourait la couleur qui était survenu soudainement sur les pommettes de Rachel.

- J'ai demandé au docteur Stanfield de me faire sortir demain.

Rachel lui tourna le dos et remonta les draps jusqu'à son visage pour camoufler sa gêne (L). Adrian avait un sourire naïf qui l'empêchait de bien écouter les paroles de Rachel. Elle venait de lui annoncer qu'elle quittait l'hôpital et refusait qu'on lui accorde plus de soins. Elle venait de lui annoncer qu'elle ne voulait plus rester ici, et que donc ils ne se reverraient pas de sitôt. Mais il semblait savoir mieux. Elle allait avoir besoin de retrouver l'usage de sa jambe et donc de retrouver ces lieux. Rachel n'avait pas encore réfléchi à un stratagème pour l'éviter à l'avenir, sur le moment elle était encore sur le choc de ses propres réactions. Adrian quitta la salle sans un mot de plus. Qu'il y avait-il de plus à dire? Il avait eu sa réponse.
Elle regarda l'heure sur l'horloge électrique déposée sur la table. Elle détestait vraiment être prisonnière dans cet hôpital. Et l'idée qu'il puisse recommencer à la mettre dans cet état n'aidait pas à la rassurer. Elle devrait rester plus longtemps pour se soigner et se désintoxiquer de ces produits en elle. Mais elle choisissait de fuir, de reprendre sa vie normale, de... vivre. En espérant ne plus avoir affaire à LUI. Même si une part d'elle déplorait que ce baiser n'ait pas plus longtemps duré...

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