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 « opération collecte de jouets - basil -

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« opération collecte de jouets - basil -  Vide
Message(#) Sujet: « opération collecte de jouets - basil - « opération collecte de jouets - basil -  EmptyDim 26 Déc 2010 - 18:46

Basil & Maxine
" si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. "

    Demandez à n'importe qui ce qu'il attend de la vie, la réponse est simple : être heureux. Mais c'est peut-être cette attente, la quête même du bonheur, qui nous empêche de le trouver. Peut-être que plus on essaye d'atteindre le bonheur, plus on s'embrouille les idées au point de ne même plus se reconnaitre. Alors on continue à sourire et on essaye de toutes nos forces d'être les gens heureux que l'on voudrait devenir. Jusqu'à ce que tout d'un coup, on comprenne que le bonheur est déjà là, pas dans nos rêves et nos espoirs mais dans ce qu'on a déjà : le confortable, le familier.

    Ce bonheur là, n’est plus.

    Les décombres, les arbres tombés, les fils électriques arrachés. Le chaos général. Ocean Grove était à présent une ville fantôme. Certains y avaient tout perdu : leur mobilier, parfois même leur maison. Des proches, un ami, un enfant. Le temps n’était pas aux festins du réveillon de Noël. Mais plutôt à la reconstruction d’une ville, d’un quartier, d’une maison, d’une vie. Il fallait repartir de zéro. Lauren H., ma voisine, m’avait convaincu qu’il fallait agir et ne pas rester les bras croisés. « Même si on est tombé au fond et qu’on a creusé. Il suffit juste de choisir les bonnes mains qui devront nous relever. » Je l’avais suivi dans cette idée folle de stands de la charité, sans trop savoir si l’initiative allait porter ses fruits. En quelques jours, le projet était sur pied. Nous terminions les collectes diverses et variés pour le jour J.

    · · ·


    « Oui-oui, avec sa voiture jaune et rouge.. TUT TUT TUT.. » Je faisais le tri dans les jouets de Teagan depuis plus de trois heures. Comment ce petit garnement avait pu être aussi gâté ces cinq dernières années? Comment pouvait-on amonceler autant de jeux dans une seule pièce? Dans le sac poubelle à mes côtés, je déposais chaque jouet susceptible d’être réutilisable, voire neuf. Mais Teagan n‘était pas de mon avis, et se plaisait à commenter mes moindres gestes : « Pourquoi tu me voles mes joujoux maman? » Il était malheureux, je le voyais , il avait les yeux brillant comme s’il allait éclater en sanglot. « Mon cœur, je ne vole pas. On va donner ça à des enfants qui ont perdu leur jouet dans la tempête. » Il fouilla dans le sac, et en sorti un spider-man encore emballé et le regarda avec envie. « Le Papa Noel n’a pas pu passer pour eux, ils n’ont plus de sapin, plus de maison. Alors on va partager. » Mon gamin n’avait pas l’air d’approuver la nouvelle, alors j’avais essayé - tant bien que mal - de lui expliquer que le partage et la bonté étaient des choses essentielles dans la vie. En vain, Teagan était plus préoccupé par son action-man équipé pour la brousse. Il me tira une flèche au milieu du front et éclata de rire. Je perdais patience. Les deux sacs suffisaient. Il devait bien en avoir pour 500 euros de jouets là dedans. Je m’activais, il était déjà quinze heure et je devais faire le tour du quartier pour savoir si les habitants ne voulaient pas faire quelques dons.

    Teagan poussait sa petite brouette plastique, et moi, la grosse brouette de jardin. A l’intérieur, quatre sacs pleins de jolies choses. J’étais satisfaite j’avais remonté toute la rue Apple Road. Au carrefour, avant de tourner sur Lemon Street, j’incitais mon enfant à faire une petite pause. Je sortis alors de mon sac un beau gâteau, très coloré; il souriait, et le dévora tout entier. Son petit sourire soulevait ses joues encore potelées. Numéro 2968, je sonnais. Basil Lane habitait ici. Je ne le connaissais pas personnellement. Je l’avais croisé à de nombreuses reprises, et c'était une simple connaissance. Teagan c’était assit sur les marches du perron et moi j’attendais patiemment. Peut-être qu’il s’était absenté pour la journée? La lumière était allumée pourtant. J’avais posé la brouette un peu plus loin sur le trottoir. Je réfléchissais. Cette idée de stand n’était pas si mal finalement. Ça rapprochait les gens. On était tous prostré chez nous, comme des égoïstes. Protégeant nos biens, alors qu'il ne nous restait pas grand chose après la tempête. Je ne forçais pas les gens à donner. Mais un échange, une donation. Une invitation. Ce n'était pas grand chose. Donner un peu de son amour, de son temps pour les autres. Est ce qu'Ocean Grove et ses habitant en étaient capable? Il était temps de se relever, cette catastrophe avait marqué les esprits - on n’oublie pas, on vit avec - . Mais il fallait que les habitants passent à autre chose. J’en étais convaincu. La porte s’ouvrit brusquement. « Salut Basil. Je viens pour la collecte de jouets.. » Je ne savais pas par quoi commencer. Comment aborder le sujet. A vrai dire, je n’avais jamais été doué pour le porte à porte. Teagan vint se placer devant moi, et intervint, innocemment : « Maman vient te voler tes jouets, fais attention! » Je poussais un soupir. Il n’avait pas la langue dans sa poche celui là. Mais Basil souriait. Il m’invita à entrer..
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« opération collecte de jouets - basil -  Vide
Message(#) Sujet: Re: « opération collecte de jouets - basil - « opération collecte de jouets - basil -  EmptyJeu 30 Déc 2010 - 0:06

    Par chance, et je devais bien reconnaître qu'il n'y avait pas d'autre phénomène que de la "chance" en cela, l'ouragan n'avait pas eu de trop lourdes conséquences sur nous. Parfaite avait perdu les eaux bien assez tôt pour que l'on puisse se rendre à l'hôpital avant que les routes ne deviennent impraticables, et ce n'était d'ailleurs qu'une fois les jumeaux nés, alors que je rejoignais ma mère dans le grand hall, que j'avais pris conscience de l'apocalypse qui était en train de s'abattre sur le monde... Notre maison avait elle aussi été relativement épargnée, mis à part le jardin qu'il faudrait entièrement repenser -l'occasion peut être pour que je m'y mette enfin- et le salon, envahi par toutes sortes de saletés après que la baie vitrée ait cédé face au déferlement de Mère Nature. Le bilan de l'assureur n'avait pas mis plus d'une demi-heure à être dressé, preuve que l'on avait été plutôt privilégié. Et, en fait, seul Kiki, le chien de Parfaite, n'avait pas pu bénéficier de cette chance qui avait été la nôtre...
    Mais, une fois rassurés d'apprendre que nos proches s'en tiraient globalement sans trop de mal eux aussi, et les quelques travaux d'aménagement effectués, on avait arrêté de penser à ce qui s'était passé ce jour là, du moins l'aspect sombre de la journée. De toute façon, même avec toute la bonne volonté du monde, je voyais mal comment est-ce que l'on aurait pu faire autrement... Ma mère était bien là pour nous aider autant que pour faire connaissance avec ses petits enfants avant de repartir pour notre tendre Albion, mais même à trois le fait de gérer les jumeaux était parfois délicat et le temps s'était mis à passer à une vitesse folle. Je voyais ainsi le soleil se lever le matin en donnant le biberon à l'un ou l'autre, et puis le voyais ensuite se coucher, avec cette impression qu'entre je n'avais rien eu le temps de faire. D'ailleurs, mon activité littéraire s'était considérablement ralentie, et le lectorat de mon blog devait de nouveau se sentir mal-aimé de moi même! Tels étaient les aléas de la paternité... Il n'y avait en fait eu qu'au moment de Noël où j'avais eu l'impression, et Parfaite avec moi, de pouvoir enfin souffler un peu. Le chéri de ma mère nous avait alors rejoint pour que l'on passe les fête en famille, et tous les deux nous avaient proposé de garder les petits quelques heures par jour pour que l'on puisse sortir un peu. Ce n'était pas grand chose, et au début ça avait été un peu difficile pour elle, mais au final on avait du reconnaître que ça nous faisait énormément de bien de nous changer un peu les idées...
    Mais en ce matin du 26 décembre, il avait déjà fallut se dire au revoir. Ma mère et Blake avaient plié bagage, les casant tant bien que mal dans la voiture, Parfaite derrière le volant pour les conduire à l'aéroport. Et je m'étais retrouvé seul à la maison pour la première fois depuis bien longtemps, les jumeaux encore endormis, donnant aux murs une atmosphère quasi surréaliste. J'avais alors descendu de l'étage les deux sacs de jouets prévus pour la collecte qui devait avoir lieu en ce jour, prenant garde à ne pas faire de bruit, et les posai à côté de l'entrée. Une fois la tâche accomplie, j'en conclus qu'il était grand temps de passer à la cuisine pour la suite du programme.

    La première fournée de petits sapins en biscuit était en train de refroidir sur le plan de travail, la seconde au four, et la troisième en cours de préparation, quand les premiers pleurs se firent entendre. L'habitude aidant, je m'arrêtai en plein milieu de la découpe et reposai l'emporte-pièce qui commençait à ne plus ressembler à grand chose recouvert de pâte, et me dirigeai vers la chambre des petits. Et Elinor était justement en train de finir son biberon, Hector gazouillant dans son lit, quand la sonnette retentit. J'eus l'immense tentation de laisser courir, et puis réalisai qu'il devait sûrement s'agit de la collecte, et cédai. Elinor recrachait déjà sa tétine et en deux temps trois mouvement elle était de nouveau dans son lit, et moi à la porte. Salut Basil. Je viens pour la collecte de jouets.. Tout juste! J'étais d'ailleurs presque soulagé de découvrir que c'était bien pour ça que j'étais venu ouvrir, qui plus est à quelqu'un que je connaissais. Car même si Maxine et moi ne pouvions pas vraiment nous considérer comme amis, nous avions déjà eu l'occasion d'échanger quelques mots en se croisant dans le quartier, et à choisir je préférais ne pas avoir affaire à un total inconnu. Maman vient te voler tes jouets, fais attention! Son fils, que je n'avais pas remarqué jusqu'alors, se plaça devant sa mère avec un air si sérieux que je ne pus réprimer un sourire.

    Oh pas tous j'espère, je vais m'ennuyer sinon...

    Il eut l'air d'hésiter, comme s'il ne savait pas quel sort m'attendait exactement, et je leur fis signe d'entrée. Le salon n'était pas ce que l'on pouvait appelé très rangé, résultat d'un Noël plutôt animé, mais pour l'instant je ne m'en souciais pas vraiment. Et puis, si nous avions été épargné par l'ouragan, on ne pouvait pas en dire de même concernant les jumeaux qui étaient une véritable petite tempête!
    Je montrai alors du doigt les deux paquets à côté de l'entrée, avec écrits en gros "jouets" dessus.

    C'est des jouets qu'avaient laissé les anciens propriétaires en partant. Bon ils ont quelques années maintenant, mais ils sont quasiment comme neufs, et j'ai jamais pu me décider à les jeter...

    Je surpris alors le regard de Teagan braqué en direction de la cuisine, et compris aussitôt ce qui était l'objet de tant d'attention de sa part.

    Enfin on a pas trop eu la possibilité d'aller en acheter de nouveaux, donc j'étais en train de préparer des petits biscuits pour aller avec... Si ta maman est d'accord du peux en piquer un.

    Après tout, Noël ce n'était pas que des jouets, mais aussi un bon repas et un dessert hors du commun. Et si je pensais bien que ce n'était pas avec mes petits sapins en attente de glaçage pour la plupart que j'allais sauver les fêtes, au moins j'espérais que ça redonnerait un peu de bonheur à quelques personnes...
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Message(#) Sujet: Re: « opération collecte de jouets - basil - « opération collecte de jouets - basil -  EmptyLun 3 Jan 2011 - 18:49

Basil & Maxine
" si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. "

    Lauren H. avait eu l'idée, cette bonne idée de faire des stands de la charité. Longtemps, j'étais restée sceptique, pensive. Et puis, l'évidence m'avait sauté à la gorge, " si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. " C'était vrai. Je devais au moins ça aux habitants d'OG. Et puis, après le passage de l'ouragan, j'avais croisé cette gamine, qui me regardait avec ses billes, la bouche entrouverte. Y'en avait beaucoup du monde autour de moi, c'était la folie. Je tentais de regagner ma maison au milieu des tôles pliées, j'essayais de redresser ma barrière à l'entrée. Mais cette gamine, elle venait bousculer mes plans et mes résolutions, pourquoi ? Parce qu'elle me fixait du regard, comme seuls les enfants savent le faire, parce qu'ils ne comprennent pas. J'avais sa tête, juste en face de moi, elle était en hauteur sur un toit de voiture, et me regardait comme si j'étais un monstre. Le spectacle derrière elle était à pleurer. La maison avait été complètement dévastée, détruite, anéantie. Elle maintenait son regard, et je baissais les yeux. Cette petite n'avait plus rien. Voilà ce qui m'avait vraiment décidé. La détresse que j'avais lu dans les yeux de cet enfant. Pas de la pitié, de la compassion. Un peu d'humanité..

    Voilà ce qui m'avait poussé aujourd'hui chez ce cher Basil. Quand j'avais passé le seuil de son habitation, une douce odeur de gâteaux sortant du four était venue me chatouiller les narines. Je tenais mon fils par la main, fermement et je m'avançais dans l'entrée. Basil avait l'air serein, la maison était plus ou moins en ordre, ce qui laissait croire que la famille Lane avait été épargné par la tempête. Bon point, cela voulait ainsi dire qu'il avait surement quelque chose à donner.. A ma gauche, deux sacs débordaient de petits trésors en tout genre. Basil ne manqua pas de faire remarquer qu'ils étaient neufs, ou tout comme. Et qu'il n'avait jamais voulu les jeter. Un sourire étira mes lèvres. Fort heureusement d'ailleurs! C'était aujourd'hui l'occasion de faire don de ces précieux jouets. Mon fils, qui commençait à s'agiter entre mes bras posa son regard en direction de la cuisine. Le petit gourmand, je le voyais venir.. Il était vrai que l'odeur qui embaumait la pièce me donnait l'eau à la bouche. " Enfin on a pas trop eu la possibilité d'aller en acheter de nouveaux, donc j'étais en train de préparer des petits biscuits pour aller avec... Si ta maman est d'accord tu peux en piquer un." La proposition de mon hôte avait allumé des étoiles dans les yeux de Teagan. J'hésitais un long moment, j'étais intransigeante sur l'alimentation de mon gamin, et il venait juste de s'enfiler un énorme donuts bien gras. Le regard insistant de mister Lane me fit revenir à la réalité. On ne pouvait pas refuser ça à son fils, je cédais et il finit par suivre Basil dans la cuisine. Je patientais tranquillement dans le salon, mais observait discrètement la scène du coin de l'œil. Je savais combien les enfants étaient difficiles à gérer. Surtout à cet âge là. Teagan en particulier. Le pauvre n'avait jamais eu une autorité masculine digne de ce nom. Être mère célibataire n'était pas une tâche facile. D'ailleurs, j'entendais les gémissements d'un bébé au premier, ce qui rappela vite mon ami à l'ordre. L'espace d'un instant, je m'étais dis qu'il fallait mieux que je file et que je le laisse à ses occupations. Mais il venait d'enfourner une seconde tournée de petits sapins qui menaçait de cramer et avait filé dans l'escalier. " Maman, ça sent pas très bon chez Basil, mais son gâteau il est bon! " J'envisageais sérieusement de prendre les choses en main, car de la fumée commençait à sortir du four dernier cri de mister Lane. C'était une mauvaise blague ou quoi? La situation virait à la catastrophe. J'enfilais les gants de cuisine et ordonnait à Teagan de s'éloigner un peu. Je tirais soigneusement la grille vers moi et retirais les petits sapins en biscuits du four. C'était moins une! Je poussais un doux soupir en enfournant l'avant dernière tournée. Pendant que je m'affairais à nettoyer le plan de travail plein de miettes, Teagan s'était occupé à trier les jouets, quand finalement, Basil finit par redescendre, un petit être entre les bras..
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Message(#) Sujet: Re: « opération collecte de jouets - basil - « opération collecte de jouets - basil -  EmptyJeu 6 Jan 2011 - 0:00

    Le fait de ne pas avoir eu le temps d'aller acheter de nouveaux jouets pour la collecte m'avait rapidement posé un léger cas de conscience. D'un côté, je considérais Noël comme une fête commerciale à laquelle je participais uniquement par convention sociale, mais de l'autre je m'imaginais tous ces enfants qui, eux, y croyaient encore et qui ne méritaient pas le sort qui était le leur en cette fin d'année. Autant dire que je n'avais pas hésité bien longtemps, mais la réalité qui était désormais la mienne m'avait pourtant obligé à revoir mes intentions à la baisse. Pour ma défense j'avais été prévenu quasiment au dernier moment, même si je me doutais que la décision d'organiser cette collecte avait elle-même été prise un peu brusquement... Et puis, une fois pris dans l'euphorie communicative de ma mère ayant retrouvé son chéri, dans les discussions d'avenir et dans tout le reste, je m'étais retrouvé devant le pas de la porte, décidé à partir, une fois l'heure correcte pour aller acheter quelque chose passée. Encore une chance que j'aie gardé les jouets des anciens propriétaires de la maison! Pour une raison qui m'échappait totalement, ils étaient en effet parti en emportant avec eux la plupart des meubles, même les planches intérieures des étagères, mais en laissant plusieurs cartons de jouets dans ce qui avait semblé leur servir de débarras. J'avais alors pris contact avec l'agent immobilier pour qu'il leur les rende, ignorant tout de leur nouvelle adresse puisqu'ils étaient partis depuis trop longtemps pour que j'aie eu la possibilité de les rencontrer, mais celui-ci n'avait pas eu l'air de comprendre mon problème. Il m'avait fixé pendant quelques instants, aussi expressif que l'attaché-case noir qu'il transportait en permanence avec lui, et m'avait répondu que je n'avais qu'à les jeter. Inutile de préciser que, près de quatre ans plus tard, tout ce que contenaient ces caisses avait été trié avec soin, les jouets trop abimés jetés, les autres rangés bien comme il faut. Et là, ils allaient enfin avoir droit à une nouvelle vie, que je leur souhaitais bien plus heureuse que celle avec leurs premiers propriétaires qui les avaient si lâchement abandonnés. Au dire de ma vieille voisine d'ailleurs, ces gamins étaient les plus "insupportablement mal élevés" qu'elle avait jamais vu. Ce qui, venant de Victorine Noiselle, n'était pas peut dire, loin de là...
    Pour me faire pardonner de mon incapacité à jouer le Père Nöel de substitution, je m'étais donc mis en tête de préparer quelques petits gâteaux. Je me doutais bien que pour ceux dont la maison avait été détruite l'humeur ne devait pas trop être à la fête, mais c'était toujours ça. Et puis, un petit sablé glacé avait beau ne pas enlever la misère du monde, j'espérais qu'il pourrait au moins la faire oublier l'espace de quelques secondes; et c'était dans cet objectif que je m'appliquais autant.

    L'arrivée de Maxine et son fils avait eu lieu un peu plus tôt que prévu, bien avant que tout ne soit prêt, mais j'avais eu l'impression qu'ils n'étaient pas si pressés que ça en les voyant entrer. Probablement qu'ils avaient aussi mérité une pause dans leur tournée aussi.
    Très vite, Teagan avait repéré l'odeur qui s'échappait de la cuisine, et son regard ne faisait pas d'erreur quant à ce qui pouvait se passer dans sa tête. Autant dire qu'en entendant ma proposition, son sourire se fit plus grand encore, sans parler du moment où sa maman lui accorda l'immense privilège d'en manger un. Il m'accompagna alors dans la cuisine, courant à moitié à côté de moi, hésitant ensuite au dessus du plat pour choisir lequel il allait bien pouvoir prendre. Un clair? Un doré? Un dont les pointes avaient eu un peu chaud? Il se décida finalement pour un dont le transport du plan de travail vers la tôle avait été quelques peu délicat, et qui conservait les traces de cet incident. Il me sourit avant de le croquer, savourant chaque bouchée avec une concentration que seuls les enfants sont capables d'avoir. Et, en parlant d'enfants, un des miens me rappela à l'ordre depuis l'étage. Je baragouinai une excuse confuse en direction de Maxine et puis montai aussi vite que possible jusqu'à la chambre où Hector était sensé dormir. Sensé, puisque je cernai rapidement le probablement, l'extirpant de son lit avant de le changer, ce qu'il me laissa faire sans montrer trop de résistance. Un rapide passage à la salle de bain pour me laver les mains et puis je retournai le chercher, retournant ensuite au rez-de-chaussée où j'entendais s'affairer. Je vis d'abord Teagan au pied des marches, à moitié avalé par le sac de jouet dans lequel il farfouillait, et qui se releva en m'entendant, souriant. Dans sa main, une figure de Batman avant remplacé le biscuit dont il restait quelques miettes sur son menton. Quant à Maxine, une éponge à la main, il me sembla qu'elle était en train de m'avancer dans le nettoyage de la cuisine. Enfin, ça ce fut la première hypothèse, juste avant de prendre conscience de la légère odeur de brulé présente dans la pièce et d'une nouvelle plaque de sapins cuits. Ah, apparemment je m'étais absenté au mauvais moment.

    Merci pour les gâteaux, je pensais pas te mettre à contribution tu sais...

    Je lui souris, désolé qu'elle se retrouve à faire le ménage chez moi alors qu'elle avait plus urgent à faire, surtout qu'elle n'avait pas à faire le ménage chez quelqu'un qu'elle connaissait aussi peu, même si l'attention était fort appréciable. Peut être qu'un vent nouveau de générosité s'était abattu sur le quartier en même temps que l'ouragan, qui sait...
    Arrivé au bas des marches, Teagan se releva et s'approcha de moi, l'air curieux. Visiblement, ce que j'avais entre les bras l'intriguait, et il avait reposé son Batman pour mieux s'étirer. Cédant à l'appel de ses grands yeux, je me penchai vers lui, tout doucement, jusqu'à ce que le bébé soit à son niveau.

    C'est mon fils, Hector.

    Honnêtement, je ne savais pas trop quoi dire de plus. Comment présenter un bébé à un enfant? La question ne m'avait jamais traversé l'esprit, mais Teagan eu l'air d'y trouver assez de réponses pour l'instant et acquiesça.
    Entre temps, Maxine s'était approché, et je captai son regard juste après qu'elle ait tourné la tête en direction de la chambre pour enfant qui se trouvait un peu plus loin. Il n'y avait pas d'accusation dans ce regard, et pourtant je sentis aussitôt le besoin de me justifier, d'expliquer le fait que l'un des jumeaux soit au rez-de-chaussée et l'autre à l'étage.

    Vu que j'étais tout seul j'ai préféré les séparer, sinon il y en a toujours un pour crier et réveiller l'autre, et ça devient vite ingérable... Pour Elinor je suis à côté, et pour Hector j'ai le baby-phone, comme ça j'arrive à gérer...

    Ou comment essayer de camoufler le fait qu'être seul avec eux m'avait suffisamment angoissé pour que je trouve une solution tordue au possible, et comment ne pas y arriver. Mais relativisons: mes sapins n'avaient pas brulés, j'avais su gérer mes enfants et Teagan semblait complètement subjugué par ce qu'il découvrait chez moi.
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Message(#) Sujet: Re: « opération collecte de jouets - basil - « opération collecte de jouets - basil -  EmptySam 15 Jan 2011 - 16:42

Basil & Maxine
" si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. "

FLASHBACK - quelques heures plus tôt ..

Je suis éreintée. Les derniers évènements sont une véritable leçon de vie pour moi. Ma bonté me perdra, c’est à croire! J’arrive à la fin de la collecte. J’ai commencé par Apple Road. Sonné à toutes les portes, traversé les belles pelouses, passé les petits portillons blancs. J’ai bifurqué sur Lemon Street, et j’ai continué. A mi-parcours, j’ai passé la barrière de la famille X. J’ai suivi timidement le petit chemin de graviers. J’ai réfléchi à deux fois avant d’appuyer mon doigt sur l’interphone, je vous promet. Madame X m’a claqué la porte au nez. Prétextant que « la charité, c’est pour les pauvres d’moiselle Maxine! ». Elle ne croit pas si bien dire, Madame X. Longuement, ses deux yeux, ronds comme des billes m’ont dévisagé avec insistance. Je l’ai défié du regard, et puis elle a fermé la porte, sèchement. Sur le moment, les mots m’ont manqué. J’ai du bredouiller un faible « Oh.. » et puis « Oh la.. La.. » La quoi d’abord? Inhumaine cette pauvre dame! Je suis immobile, là devant la porte. Le comble dans tout ça, c’est surement son écriteau, habillé de rouge et clignotant toutes les deux secondes avec inscrit JOYEUX NOEL. Ironie du sort? J’ai serré les dents. « Mais quelle connasse! » ai-je soufflé. Ça m’a échappé. Comme ça, provoquant un terrible soulagement et un léger frisson de satisfaction en moi. On m’a tiré la veste. Mon fils me regardait, penaud. « C’est quoi une connasse maman? » J’ai souri, me maudissant intérieurement. « Rien chéri. Viens, c’est bientôt terminé. » Fallait-il donner une explication. Mon enfant, tu vois, cette méchante dame? Je t’autoriserai a entourer sa voiture de papier toilette pour Halloween! Non. Fallait-il mentir? Tout leur dire, leur cacher les choses? Mon enfant, conasse, ça viens de cône, tu sais les glaces et bien voilà alors.. ?.. Inventer? Non. J’ai gardé le silence. Être mère célibataire ne m’a jamais facilité la tâche. Et j’éduquais Teagan au mieux. A bien y réfléchir, mon fils n’était pas un enfant gâté. J’essayais de lui inculquer les bases. La charité, aujourd’hui, la liberté demain..

FIN DU FLASHBACK


    Je me brûle en sortant la plaque du four. La fumée me force a plisser les yeux. C’était moins une! J’ôte les gants et pose la fournée sur le plan de travail. Je contemple alors les gâteaux avec satisfaction, mes cils papillonnent. J’inspire longuement les effluves sucrées qui me parviennent. Un soupir. Cela fait de l’agitation dans les chaumières tout ça! Mais tout est calme à présent, le bébé a cessé de pleurer. Je ne surveille même plus mon fils. Un sourire étire mes lèvres. Une véritable scène de ménage. " Merci pour les gâteaux, je pensais pas te mettre à contribution tu sais... " Du coin de l'œil, j'observe Basil descendre prudemment les marches cirées. Quelle importance? Je nettoie seulement trois miettes qui sont tombées lorsque j'ai extirpé les sablés du four. Après la catastrophe, je ne mesure plus trop les choses. J'ai laissé mon égoïsme et ma pudeur au placard. Je viens faire irruption dans vos vies. Amener des jouets, discuter. Parfois bien plus. Proposer mes services. Apporter un peu d'amour, d'attention. Je n'ai plus que ça à offrir, c'est tout ce qu'il me reste : un peu d'humanité.

    Teagan se désintéresse de Batman et autres superhéros en collant moulant à l’arrivée de Basil. Je surveille la scène, légèrement émue. Le petit bébé, lové au creux des bras de son père, agitait ses bras. Mon fils, le regard agrandi, regarde le petit être avec attention. " C'est mon fils, Hector." Je sais pertinemment que je ne peux pas lui donner un petit frère ou une petite sœur. Il en a conscience, je lui ai expliqué. Je pense qu’il n’a jamais vu un nourrisson d’aussi près. Il est attendrit, et moi aussi, ça me rappelle de drôle de souvenirs. Je m’approche timidement. Une nuée de papillons me chatouille l’estomac. " Vu que j'étais tout seul j'ai préféré les séparer, sinon il y en a toujours un pour crier et réveiller l'autre, et ça devient vite ingérable... Pour Elinor je suis à côté, et pour Hector j'ai le baby-phone, comme ça j'arrive à gérer... " A l’entente des prénoms des petits, mes yeux s’étaient surement mis à pétiller. L’explication de Basil laisse sous entendre qu’ils sont jumeaux, ou qu’ils ont très peu d’années d’écarts. Je vois un homme un peu dépasser par les évènements, qui se dresse devant moi. Je ne fais guère mieux en matière d’éducation qu’il se rassure. Je suis une piètre mère. Et je ne suis pas fière de moi, car Teagan est très envahissant et turbulent. Mais comme venait de le faire remarquer mon ami Basil. La situation dérape vite, alors, nous parents, sommes adeptes des plans B et quelques peu foireux. Je plonge une main dans la poche arrière de mon jean. « Et ta femme? » Echappé encore une fois. Ma curiosité -et ma bonté- me perdra. Pourquoi ais-je entrouvert la bouche. Voilà que trois mots absurdes viennent ponctuer la conversation comme ça. Sans raison précise. Je fais la moue, consciente de ma maladresse. Je ne sais que dire de plus. Le silence envahie la pièce.
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Message(#) Sujet: Re: « opération collecte de jouets - basil - « opération collecte de jouets - basil -  EmptyLun 17 Jan 2011 - 23:51

    Tout n'était pas toujours facile dans notre quotidien désormais, mais pourtant, si l'on m'en avait donné la possibilité, je n'aurai rien changé. Il y avait bien cette fatigue qui s'accroissait de jour en jour, cette impression que le temps ne filait plus à la même vitesse, et puis ce même discours à tenir encore et encore, dès que l'on croisait quelqu'un... Oui les jumeaux étaient nés, oui ils étaient mignons, et oui bien sûr ça nous ferait plaisir que l'on vienne nous rendre visite pour les voir. Même des voisins à qui je n'avais jamais adressé à parole jusque là devenaient des modèles de sympathie, comme si une naissance conjuguée au désastre causé par le passage de l'ouragan atténuait un peu la douleur. Et même si ce comportement chez certains me tapait sur les nerfs, je laissais passer, l'air de rien. Après tout, à quoi bon se rendre malade pour quelque chose de si futile? Et, dans cette étrange routine, je trouvais la réponse à de vieilles aspirations que je me trimballais depuis si longtemps que je ne savais même plus depuis quand je les avais avec moi. Ma mère m'avait raconté que, tout petit déjà, j'avais formulé ce désir d'avoir une grande famille; lui demandant à plusieurs reprises si un jour j'aurai un petit frère ou une petite sœur, puis lui assurant que ce n'était pas bien grave, et que je me rattraperai en ayant plein d'enfants quand je serai grand. Bien entendu, la perspective d'en avoir des centaines, telle que je la lui avais annoncée au détour d'une conversation, s'était entre temps confrontée à la réalité de la vie, et en avoir deux d'un coup me paraissait aujourd'hui bien assez pour le moment. Et si le destin se moquait de moi en ayant enfin décidé de me faire avoir une petite sœur, la faute à qui? Ok soyons honnête, la nouvelle m'avait quand même plus inquiété que ravi sur le coup, et je commençais seulement à me faire à l'idée que ma mère allait de nouveau enfanter. Certaines choses avaient ainsi mis plus de temps que d'autres à se réaliser, bien qu'au final tout aille plus ou moins pour le mieux. Et tant pis pour les quelques -nombreux- aspects négatifs, le reste compensait encore bien assez à mes yeux.

    Une fois changé, et comme à chaque fois que ce cas de situation se présentait, Hector s'était calmé, retrouvant cet air serein qui était en train de devenir sa marque de fabrique. Si sa soeur avait la désastreuse habitude de pleurer pour un rien et de chercher à tout prix un contact, lui laissait faire les choses, ne se manifestant vraiment qu'en cas de mécontentement. Comme quoi, alors qu'ils n'avaient pas encore un mois, leurs caractères commençaient déjà à se dessiner. Parfaite s'en était déjà doutée, ayant la ferme impression que c'était surtout l'un des jumeaux qui lui donnait tous ces coups de pieds et non pas un tour de rôle, et là ça se confirmait. De beaux jours en perspective peut-être, suivant comment les choses évolueraient...
    Teagan en tout cas semblait fasciné. Une fois qu'il m'avait vu accroupi pour être à son niveau, il s'était approché jusqu'à être à seulement quelques centimètres de moi, et je voyais qu'il mourrait d'envie de franchir le peu de distance qui restait. Pourtant, il n'osait pas, comme intimidé, scrutant de là où il était le bébé entre mes bras. Le mouvement d'approche de sa mère acheva cependant de le convaincre, et il s'arrêta juste à côté de mon bras, lorgnant par dessus avec un sourire presque déconcertant d'attendrissement. Un regard vers Maxine me fit comprendre qu'elle était presque dans le même état, même si les pensées rattachées ne devaient pas être les mêmes que celles de son fils. Je savais qu'elle l'avait élevé seule, et si j'ignorais tout de sa vie privée et sentimentale, je me doutait que ça ne devait pas toujours être évident. Son gamin avait l'air gentil, mais probablement que ça ne suffisait pas. Elle eut l'air de comprendre ce que je voulais dire par mes justification, et en un sens ça me rassura, presque naîvement. C'était comme si d'un coup mon comportement devenait moins idiot parce que quelqu'un en voyait l'intérêt, alors qu'au fond ça ne changeait pas grand chose au problème. Mais bon, probablement qu'avec le temps je me poserai moins de questions, et Parfaite avec moi par la même occasion; l'habitude aidant. Et ta femme? Hector s'était endormi entre mes bras, ce qui eut l'air de décevoir un peu Teagan qui retourna farfouiller dans le sac de jouets, nous laissant à nos discussions de grands. Je me relevai alors, tout doucement pour ne pas réveiller mon fils, déliant avec minutie chacune de mes articulations.

    Parfaite? Elle est allée raccompagner ma mère et mon beau-père à l'aéroport. Ils étaient venu passer les fête avec nous, et puis là c'est le retour.

    Petite moue de circonstance à la pensée qu'ils s'envolaient pour l'Angleterre, et que maintenant ça allait être à nous d'assumer. D'assurer aussi, et, mine de rien, c'était presque angoissant. A trois c'était faisable, à quatre encore plus, mais à deux ça devenait plus problématique. Et lorsque l'un de nous s'absenterait, la charge laissée à l'autre ne serait pas des plus évidentes à gérer. Mais bon, on allait bien trouver un moyen pour s'arranger, c'était évident.

    Et toi? Comment ça se passe avec le père de Teagan? Enfin, sans vouloir être indiscret bien sûr...
    J'avais compris que ma question était déplacée en même temps que je la posai, alors que le visage de Maxine avait laissé apparaitre un léger changement. Je savais que je n'étais pas doué pour aborder les questions délicates avec les gens, et évidement il avait fallut que je mette les pieds dans le plat une fois de plus...
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Message(#) Sujet: Re: « opération collecte de jouets - basil - « opération collecte de jouets - basil -  EmptyDim 30 Jan 2011 - 14:11

Basil & Maxine
" si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. "

Maladroite. Trois mots fuient d’entre mes lèvres. Je dois - ou devrai - m’assurer d’agir par raison plutôt que par instinct. Les mots me brulent les lèvres et s’échappent malencontreusement. « Et ta femme ? » Mes cils tombent sur mes joues. Confuse, je cherche maintenant à justifier mon propos. La bouche ouverte, le cœur battant, j’attends que les esquissent de pensées, arguments viennent ponctuer la conversation, mais rien. La porte de mes lèvres reste close. Malaise. Je fait volte-face pour voir ce qui occupe mon fils. Il est non loin de là, ses yeux d’enfants pétillent devant tous les jouets. « Tu vas devoir ranger Teagan après.. » Le petit me regarde, désabusé, il mentionne d’un signe de tête qu’il sait. Comme pour confirmer mes dires qui lui semblent évident. Par chance, Basil ne tient pas compte de ma remarque personnelle et me répond sans embarras. « Parfaite? Elle est allée raccompagner ma mère et mon beau-père à l'aéroport. Ils étaient venu passer les fête avec nous, et puis là c'est le retour. » me répond-il presque à mi-voix, pour ne pas réveiller Hector. Mon ami prend soin de ne plus me regarder, le liant visuellement à son enfant entre ses bras. La situation qui s’impose à lui le laisse perplexe et incertain. Doute-t-il de ses aptitudes à faire un bon père de famille? Je pense qu’il ne doit pas se laisser envahir par le doute. Un léger flottement dans la conversation, et puis Basil reprend, d’un ton assuré : « Et toi? Comment ça se passe avec le père de Teagan? Enfin, sans vouloir être indiscret bien sûr..» Je l’observe, et la question de Lane met un certain temps avant de me parvenir au cerveau. Il se mord la lèvre et relève juste la tête à temps pour constater l’effet que vient de me faire son interrogation. Ma physionomie parle pour moi, je suppose. D’ailleurs, l’étonnement écarquille mes yeux, la timidité colore mes joues, et m’oblige à détourner un peu le visage. Je me sens comme pris au piège. Phrase sadique, comme un poing menaçant. Personne ne m’a questionné sur le père de Teagan depuis des années. Il serai judicieux que je trouve une réponse toute faite. La même pour tous, pour que les rumeurs cessent une bonne fois pour toute. Alors, innocemment, j’articule « Il est décédé. » Mensonge. Je prends un air embêté et baisse la tête. Une mèche de cheveux me tombe dans les yeux. Je n’ai pas l’habitude de débattre avec mon passé. Fallait-il mentir à Basil qui lui semblait tout à fait sincère? Fallait-il cacher la vérité? Quelques questions vulgaires et semblables me traverse l’esprit. Je me perds dans des interrogations insensées. J’en oublie presque Basil qui est là, devant moi, pas moins embêté d’avoir posé une de ces « questions qui fâchent ». Je fais un signe de main. « C’est une question comme une autre, tu ne pouvais pas savoir. » Habilement et dans un murmure, je rajoute « Teagan ne le sait pas, j’ai préféré rien dire. Mais quand il va me poser la question, je vais peiner à répondre.. » Mes pupilles vacillent à gauche, à droite et un sourire triste étire mes fines lèvres. Je m’en veux un peu de devoir mentir à Basil, mais pour le moment, je ne peux faire différemment.
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Message(#) Sujet: Re: « opération collecte de jouets - basil - « opération collecte de jouets - basil -  EmptyDim 6 Fév 2011 - 0:00

    Progressivement, j'avais vu tous les gens -ou presque- dont je pouvais être proche se mettre en couple. Les années passant, ça devenait presque normal, comme si c'était dans l'ordre des choses. On grandissait, on commençait à avoir de l'intérêt pour des gens que l'on avait jusqu'alors seulement vu comme de simples amis, et puis le reste suivait de lui-même. J'avais été quelque peu décontenancé au tout début, pas encore préparé à l'idée que l'on en était déjà arrivé là, et finalement j'avais presque rattrapé tous les autres. J'étais en effet l'un des premiers à me stabiliser au point d'emménager avec ma copine, puis de l'épouser, puis d'avoir des enfants avec elle. Ça c'était sûr: là où les plus aventureux s'étaient pour l'instant limité à un, pour nous ça avait été deux d'un coup, et sans même se poser la question de savoir si c'était raisonnable. Au contraire, on avait trouvé ça d'autant plus merveilleux. Comme quoi on n'est vraiment pas sérieux quand on est amoureux et que l'on a tout juste vingt-deux ans.
    A force, je n'étais donc plus vraiment étonné de voir d'autres personnes de ma génération avoir une vie maritale ou sentimentale bien établie. Au contraire, ça avait le don de m'émerveiller. Savoir que je n'étais pas le seul à avoir su prendre le bon cheminement au bon moment dans ma vie, ça avait quelque chose de profondément rassurant. Et même si tout ne marchait pas toujours très bien pour ces personnes, je voyais que la majorité ne regrettaient pas pour autant leurs choix. Au pire, on se séparait, on regrettait ces choses que l'on n'avait pas su faire ou dire à temps, et l'on espérait pouvoir avoir une seconde chance un jour. Au fond, c'était ce que tout le monde souhaitait: s'en sortir malgré tout le jour où tout s'effondrerait.

    De manière générale, je n'aimais pas trop que l'on me pose des questions privées, et ce pour une raison très simple: je ne savais jamais trop quoi répondre. Est-ce que je me devais d'entrer dans les détails, ou juste de dire le strict minimum? Et où se situait la limite? C'était là l'avantage d'avoir des enfants, en plus du reste ils offraient une excellente source de diversion. Plutôt que de savoir si j'étais marié, en concubinage, célibataire, gay ou je ne sais quoi d'autre, toute l'attention se focalisait sur eux, et seulement eux. En cela, Maxine était l'une des premières à faire preuve d'originalité, mais sa question m'avait semblé tellement légitime que je n'avais pas hésité une seule seconde quant à la réponse que je devais lui faire. La vérité était sortie d'elle même, tout comme mon interrogation quant au père de Teagan. Malheureusement, sur ce coup là j'aurai peut être mieux fait de me taire.
    Hector endormi depuis peu, je continuais de le bercer tout doucement pour m'assurer que le sommeil l'ait bien gagné pour de bon, guettant le moment où ce moment serait visible. Et c'est précisément à ce même moment que Maxine me répond enfin, brisant le silence gêné qui était en train de s'installer entre nous. Il est décédé. Je relevai alors les yeux vers elle, m'attendant à beaucoup de choses exceptées ça. Je la savais seule pour élever son fils, aussi j'en avais déduit qu'ils étaient séparés, ou qu'il avait refusé dès le début d'assumer la grossesse de sa copine et l'avait lâchement quittée. Et à la voir baisser la tête, je compris que c'était un sujet sensible pour elle, peut être trop récent, mais dans tous les cas encore trop douloureux. C'était bien normal après tout, si Parfaite venait à mourir maintenant, je ne savais pas comment je pourrais arriver à surmonter ça. Je bafouillai alors une tentative d'excuse, désolé d'avoir mis les pieds en plein dans le plat, sans que les syllabes ne se décident à se former correctement. Elle comprit néanmoins. C’est une question comme une autre, tu ne pouvais pas savoir. Oui, bien sûr, mais quand même... Teagan ne le sait pas, j’ai préféré rien dire. Mais quand il va me poser la question, je vais peiner à répondre.. Nos deux regards se tournèrent vers Teagan qui s'amusait dans son coin, sans se douter de ce que nous pouvions nous dire. S'il savait...

    Ca va pas être facile pour lui, c'est sûr... Ni pour toi, pour lui expliquer... Oh désolé, je parle trop je crois!

    Je réalisai à l'expression du visage de Maxine qu'elle savait tout ça en même temps que je lui disais, et m'arrêtai avant d'en dire vraiment trop. Une fois de plus, il avait fallu que je parle trop, et avec elle je commençais à les accumuler. Mieux valait donc se calmer un peu.

    Euh tu m'excuses deux secondes? Je vais mettre Hector dans son lit, je reviens.

    Enfin une décision raisonnable. Je me dirigeai donc vers la chambre des petits, couchant Hector qui ne manifesta pas le moindre signe d'éveil, et jetai un oeil à Elinor avant de quitter la pièce. Elle aussi dormait à poings fermés, désespérément adorable.
    Et,de retour dans le salon, la vision des sapins se réimposa à moi. Je me dirigeai alors vers le four, laissant Teagan montrer à sa mère les trésors qu'il avait pu dénicher, et en sortit la dernière plaque de gâteaux. Ceux-là étaient dorés à point, pas encore brûlés, cuits juste ce qu'il fallait. Coup de chance, j'en avais bien conscience, vu la façon dont se déroulaient les choses en ce moment. Il ne me restait donc plus que le glaçage et ils seraient enfin prêts, à distribuer parmi les victimes de l'ouragan et à dévorer par ces mêmes personnes.

    Quelqu'un veut m'aider avec la décoration?

    Question à la cantonnade, mais dont je me doutais déjà de la réponse. Teagan ne résista d'ailleurs pas à l'appel, se levant aussitôt pour se précipiter en ma direction. Décidément, ce petit m'avait adopté! A moins que ça ne soient les sapins qu'il ait adoptés, allez savoir!
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