« We need a little christmas. » ▬ CHEZ LE NOTAIRE

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WE NEED A LITTLE CHRISTMAS.

J'avais reçu cette lettre quelques jours plus tôt. Je ne m'y étais pas attendu. Je ne pensais qu'une simple lettre aurait pu me faire remonter autant de mauvais souvenir en tête. Pourtant, je savais très bien que ce jour arriverait puisque je l'avais lu dans le journal intime de mon défunt meilleur ami et premier amour. Kristen J. Matthews avait également reçu la même à l'identique ou presque si l'on ne retirait nos noms et prénoms. Ce jour arriverait rapidement. Ce jour où nous devrions nous rendre au notaire pour écouter les dernières vœux de Scott Matthews et son testament. Je craignais cette journée et surtout ce rendez-vous que j'avais mis de côté jusqu'à ce qu'il arrive.

Aujourd'hui était ce jour. Nous étions le 21 décembre 2011 et c'est habillé de mon costume avec mon arme et ma plaque à ma ceinture que j'étais arrivé en compagnie de la grande sœur de Scott, unique représentante des Matthews, sur Bayside Street où j'avais garé mon pick up noir non loin du bureau de ce fameux notaire. Nous étions légèrement en avance. Je m'étais présenté à la secrétaire qui nous avait gentillement dirigé vers une salle d'attente. Je savais que Kristen, qui avait emménagé avec moi, ne se souvenait pas de son frère. Je lui avais pourtant montré des photos pour que sa mémoire lui revienne. Les médecins m'avaient prévenu que le processus serait long et fastidieux. Maintenant, je les croyais ce qui n'était pas dit lorsqu'ils me l'avaient annoncé. Oui, je peux être têtu et borné quand cela me chante ! « Ça va aller ? » Demandais-je à Kristen en la regardant de mes yeux bleus. A peine eus-je terminé ma question que la porte de la salle s'ouvrit. Je pensais que notre tour était arrivé, que le notaire se trouverait derrière elle. Mais non, Jovan Lennon pénétra à son tour dans la pièce. Pour une surprise, s'en était une et une excellente ! J'eus un léger sourire moqueur en le voyant s'installer et je ne pus m'empêcher de lui parler. Ma curiosité me tuera... Peut-être. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Demandai-je calmement à cette ancienne connaissance qui croyait encore ou non avoir couché avec moi. Biensur, je n'avais pas abusé d'un homme ivre mort mais lui faire croire avait été l'un des réveils les plus amusants et drôles de ma vie à Miami.

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La route défilait lentement devant mes yeux. Nous allions bientôt arriver. Étais-je impatiente ? Redoutais-je ce moment ? Je n'en savais rien. A vrai dire, ces temps ci je ne savais pas grand chose. Je connaissais à peine l'image de celui pour lequel nous faisions ce déplacement, seulement en photo. C'était bien maigre, mais je devais me contenter de cela. Mon regard était dans le vide, je le ressentais comme un brouillard dans mon cerveau mais je ne me résignais à obtenir la force de le chasser. Je me tournais un moment vers le jeune blond à ma droite. Concentré sur la route, il m'adressais de temps en temps des regards doux et peut-être un peu inquiet. Inquiet de quoi ?Après tout, tout le mal était fait. Et l'on ne pouvait revenir en arrière sinon essayer d'avancer pour contrer l'amnésie qui avait effacé mes souvenirs. Celle qui m'empêchait d'éprouver un autre sentiment que celui qui embrouillait ma tête. Oui, j'étais perdue et rien d'autre. En de pareilles circonstances, je devrais être triste, en effet nous allions chez le notaire pour entendre les dernières volontés de mon défunt frère Scott Matthews, mais j'étais juste confuse. Et à vrai dire, je m'en voulais aussi un peu, je m'en voulais de ne pas être triste justement.
Bien vite, nous arrivâmes - un peu trop vite et un peu trop lentement à mon goût. Je descendis sans un mot du Pick Up de Tyler. Il m'attrapa doucement par les épaules et m'entraîna vers la porte de chez le notaire. Nous entrâmes. Dans la salle d'attente, je ne distinguais qu'une femme. Cardigan vert, jupe noir de très bon goût, cheveux bruns tombant sur ses épaules. « Ça va aller ? » Tyler tentait de capter mes yeux par les siens si bleus. Heureusement, je n'eus pas à répondre à sa question. La porte de la « salle de consultation » venait de s'ouvrir. Tyler fit un pas en avant pour y pénétrer, mais nous fument devancé par un jeune homme brun qui ne semblait pas se soucier de nous. Par son expression amusée, je me rendais compte que Tyler le connaissait, peut-être même assez bien. Mais je fus tout de même surprise de le voir, au lieu d'aller se rassoir avec moi, s'adresser à l'homme : « Qu'est-ce que tu fais là ? » . Je ne bougeais pas et ne comptais pas me mêler de ça. Après tout, cela ne me regardais en rien.

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Quelques jours plus tôt
Ouvrant la porte de la maison de sa grand-mère en vitesse, Jovan déposa les clefs de sa vieille voiture sur le meuble de l'entrée. « Mamie, t'es là? » Ses yeux scrutèrent le salon, et il découvrit bien vite sa grand-mère, debout près du canapé. « Jovan! Je ne t'attendais pas si tôt! » murmura-t-elle surprise d''entendre son petit-fils entrer de si bonne heure. Jovan s'approcha d'elle, et lui colla un bisou sur la joue. « Je sais, mais on n'a pas pu faire tout ce qu'on voulait aux terrains. La commande tarde à arriver, et il nous manque pas mal de choses encore.» L'ouragan n'avait pas épargné le lieu de travail de Jovan. Les terrains de tennis ressemblaient plus à un champs de bataille qu'a un lieu de loisir. « Très bien, je vais faire réchauffer à manger alors ». L'élégante vieille dame contourna son petit-fils, et partit en direction de la cuisine. L'entraineur de tennis fouilla dans sa poche, et y attrapa son téléphone portable. Cet après-midi, ne pouvant plus rien faire sur les courts, il pourrait aller là où se trouvait la maison de Laurence, et aider un peu pour sa reconstruction. « Ah, Jovan, tu as reçu du courier! Ca a l'air d'être important » Fronçant les sourcils, Jovan -un peu inquiet- délaissa son téléphone, et fit les quelques pas qui le séparait de l'endroit habituel où son ailleuil déposait les lettres. Il fouilla dedans, et en retira une. L'enveloppe semblait plus qu'officiel. Stressé, il l'ouvrit et commença à lire. Son stress s'en alla, mais son visage blémit quelque peu; on lui demandait de se rendre chez le notaire pour la succession de Scott Matthews.

C'est ainsi que quelques jours plus tard, le 21 décembre 2011, Jovan se gara non loin du bureau de ce notaire. Habillé d'un jean, d'un pull rayé, il pénétra dans l'immeuble, et alla voir la secrétaire en se présentant. Elle l'invita à rejoindre la salle d'attente, première porte à gauche de son bureau. Il s'y rendit, et à peine eut-il ouvert la porte que cette fois, la tristesse qui l'avait envahi depuis la réception de la lettre se transforma en dégoût. Assis là se trouvait Tyler Wendel, en compagnie d'une jeune femme que Jovan reconnut comme étant la soeur de Scott. La surprise se lut également sur le visage du flic « Qu'est-ce que tu fais là ? »
Sa question et son ton en disaient long sur l'entente entre les deux jeunes gens. Pour tout vous dire, Jovan n'avait guère envie de passer du temps avec lui. Se réveiller un beau matin d'un lendemain de cuite dans le lit d'un homme -qui plus est un flic- avait été traumatisant. Alors, certes, Jovan l'avait déjà revu depuis, mais à chaque fois, c'était la même chose. Il l'ignorait. Et quand bien même il le voyait au San Estephe, un 'bonjour' et c'était tout (il demandait à un autre serveur de s'occuper de sa table..). Un peu gêné de se retrouver à côté de lui, Jovan alla se placer près de Kristen, le plus loin possible du flic. « Ca ne te regarde pas Tyler.. » répondit-il. Il fit un petit sourire à la jeune femme à ses côtés, et lui dit alors « Bonjour. » Il ne lui demanda pas si ça allait. Les rumeurs allaient bon train; il était au courant que la jeune femme était devenue amnésique. Et que dire à une jeune femme qui ne se souvenait de rien? Jovan en aurait mis la main au feu, elle ne devait même pas se souvenir de son frère..
Assis dans cette salle d'attente, Jovan stressait. Il détestait les cabinets d'avocat, juriste, et etc.. C'était le monde de la justice, laquelle même l'avait condamné des années avant. Le jeune homme leva les yeux, et fixa le mur, n'osant pas regarder le flic assis pas très loin. Parce qu'il savait que s'ils étaient tout les trois dans cette salle, c'était pour l'unique et même raison: les derniers désirs de Scott Matthews. Il était long de se douter du mal-être qu'il ressentira dans quelques minutes.