1612 ♦ You can't feel anything, that your heart don't want to feel.
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(#) Sujet: 1612 ♦ You can't feel anything, that your heart don't want to feel. Lun 6 Déc 2010 - 0:14
Riley Blodwen & Jane Blodwen
La veille, au soir. Jane n’avait plus vécu accompagnée depuis un long moment, qui remontait à l’époque où elle avait emménagé avec son petit ami, de qui elle s'était séparée un mois plus tard. Elle n’avait jamais véritablement profité des joies (ou des peines) de la colocation. Depuis que Riley s’était installée chez elle, Jane avait du modifier bon nombre de ses habitudes. Il y avait un tas de choses qu’elle ne pouvait plus faire. Bien qu’elle ne fût pas du genre à se balader nue à travers la maison ou roter à tord et à travers, vivre en compagnie de quelqu’un d’autre comprenait des obligations. Ce qui ne la dérangeaient pas tant que ça. D’autant plus que dans un désir de faire un maximum plaisir à Riley, qu’elle affectionnait tout particulièrement, elle s’efforçait de se plier en quatre pour lui offrir une vie aussi confortable que possible. Mais le jeune homme était loin de croiser les bras en attendant que tout apparaisse comme par magie devant lui. Il se montrait très reconnaissant envers sa cousine. Ces excès de courtoisies provoquaient régulièrement des situations cocasses au sein de la maison. L’un et l’autre insistaient longuement pour aller vider les poubelles jusqu’à les sortir de force, ou encore couraient jusqu’au lavabo pour faire la vaisselle en premier – tout ça juste dans l’optique de rendre service. Oui, dans l’ensemble vivre avec Riley était très agréable, et hormis ses scènes du quotidien, il y avait des avantages, comme la garantie de passer chaque soir accompagnée. C’était donc dans les bras de Riley, avachie sur le canapé à regarder la télévision, que Jane passait la soirée. La situation lui paraissait quelque peu gênante. Elle se trouvait très proche de lui, comme ils l’avaient été il y a si longtemps… mais sa position était si confortable et réconfortante qu’elle n’osait bouger. Elle savourait le moment tout en redoutant la suite. Elle souhaitait simplement que les choses restent comme elles étaient. (…)
La chef cuisinière était de repos pour l’après midi et comme le temps gris la déprimait plus qu’autre chose, elle avait choisi de traîner à la maison, tel un fantôme. Le moral n’était pas au beau fixe depuis l’épisode de la veille. Le fait qu’elle n’ait aucune occupation pour le moment ne faisait qu’aggraver les choses, cuisiner lui permettant de se changer les idées et de vider un tant soi peu son esprit tourmenté. Mais elle ne faisait qu’errer dans cette maison de banlieue, bien trop spacieuse pour une seule personne, et ses pensées n’étaient tournées que vers son cousin. Evidemment, être chez elle ne l’avait pas empêché de s’adonner à son activité favorite : un tas de petits plats préparés occupaient le frigo et des viennoiseries encore chaudes ornaient la table de la cuisine. Jane avait pris l’habitude de cuisiner double maintenant que quelqu’un partageait son quotidien. Seulement, elle doutait que sa nourriture ne profite à un autre qu’elle, ne sachant pas si Riley allait revenir ce jour-là, ou même si il allait revenir tout court. Elle aurait bien inviter la voisine d'en face à dîner, mais elle se remémora soudain qu'elles étaient en guerre depuis que Texas s'était soulagé dans ses hortensias. Après avoir passé plusieurs heures à casser, mélanger, ajouter, émincer et assaisonner, Jane s’était enfermée dans la chambre. Installée au centre de son lit, elle feuilletait nerveusement des magasines, regardant sans les voir les pages colorées qui défilaient sous ses yeux. Elle ne pensait qu'à une seule personne. Elle était certaine que les choses finiraient par aller trop loin, mais elle s’était obstinée à penser qu’il y avait une chance que rien ne dégénère. Riley représentait l’un des seuls bonheurs de sa vie en cette période compliquée. Son cœur était encore blessé à l’endroit où Tray l’avait trahie pour la énième fois, son quartier entier avait failli flamber et deux personnes étaient froidement mortes d’un coup de feu sous ses yeux mortifiés, tout ça au cours d’une seule et même soirée. Le temps passait rapidement mais douloureusement, plus d’un mois s’était écoulé et la peine avait du mal à s’atténuer. Pendant ce temps là, la télévision était restée allumée dans le salon, et diffusait une alerte spéciale : un ouragan allait déferler sur la ville d’un instant à l’autre. Jane, depuis la chambre, n’avait rien saisi des paroles pressantes de la journaliste, mais elle entendait le bruit provenant du poste. Lentement, elle rassembla les revues, les rangea dans le tiroir du bureau et entreprit d’entièrement refaire son lit quelque peu froissé. Une fois ceci fait, Jane se dirigea vers la porte pour aller regarder la télévision, jusque là allumée inutilement. Elle crue être prise de vertige : en effet, le sol tremblait sous ses pieds lorsqu’elle marchait. Mais l’instant d’après, elle comprit que ce n’était pas sa tête qui avait un problème : c’était la terre elle-même. Elle ne saurait dire ce qui se passa les minutes qui suivirent car les évènements s’enchaînèrent d’une vitesse improbable. Elle se précipita sous le bureau qui, la seconde d’après, explosa. Le mur s'envola, un vent engouffra la pièce et une multitude d’objets se mirent à taper contre son corps. Impuissante et sous le choc, Jane resta immobilisée durant un long moment, en attendant que les choses se calment, que tout s’arrange, que quelqu’un vienne l’aider … ?
Dernière édition par Jane Blodwen le Mar 7 Déc 2010 - 19:29, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: 1612 ♦ You can't feel anything, that your heart don't want to feel. Lun 6 Déc 2010 - 2:22
you can't feel anything that your heart don't want to feel. JANE & RILEY BLODWEN
flash-back.
Depuis son emménagement à Ocean Grove, Riley Blodwen avait été en proie avec ses vieux démons qui, animées d’une fervente ardeur, s’étaient acharnés à lui rappeler tout ce qu’il s’était efforcé d’oublier au cours de ces dernières années. Alors que, peu à peu, il avait oublié ses sentiments pour Jane, sa cousine qu’il n’avait jamais réellement considérée comme telle, il avait eu la mauvaise surprise de réaliser que, dès le moment de leurs retrouvailles, son cœur avait recommencé à s’affoler lorsque le regard de Riley croisait celui de la jeune femme. Peu après, son passé l’avait rattrapé, tout comme ses sentiments inavouables. Et malgré tout, bien qu’il sût qu’il était impossible de retrouver ce qu’il avait vécu autrefois aux côtés de Jane, Riley avait tout fait pour se rapprocher de sa cousine, par des gestes anodins qui, à ses yeux, étaient bien plus importants qu’ils n’y paraissaient. Ils étaient là, côte à côté sur le canapé de Jane, regardant, à la demande de cette dernière, une série quelconque dont Riley peinait à voir l’intérêt. Jane était appuyée contre lui, et machinalement, il avait entouré ses épaules d’un bras. Un geste anodin, et pourtant, Riley sentait chacune de ses fibres en contact avec le corps de Jane picoter. Sensible au moindre toucher, il aurait tout donné pour qu’elle ne s’écarte plus jamais de lui. Pourtant, Riley fut rapidement rattrapé par une autre réalité : cette série était d’un ennui à mourir. Il fut donc tout à fait naturel, aux yeux du jeune homme, de se plaindre auprès de sa cousine avant de mourir, terrassé par la bêtise de la télévision. « Jane, je t’en supplie, dis-moi que je peux zapper. J’ai jamais vu un truc aussi con. » Il avait prononcé ces paroles sans détacher son regard de l’écran, conscient que s’il venait à croiser le regard de Jane, il sentirait sa volonté s’évanouir aussitôt. En revanche, une main tendre et douce s’était immiscée dans la longue chevelure de Jane pour y jouer avec une mèche, un geste qu’il effectuait d’un air absent – il aurait pu s’agir d’un automatisme si Riley n’avait pas autant apprécié la sensation de la douceur des cheveux de Jane entre ses doigts… Il devait se ressaisir, prendre conscience que ses gestes pleins de sous-entendus pourraient le mener à sa perte… Mais il était bien trop imprudent et têtu pour s’en rendre compte.
Accoudé au comptoir d’un bar quelconque de la ville, Riley Blodwen ruminait ses pensées toutes plus noires les unes que les autres, furieux à cause des événements de la veille. Furieux contre lui-même, parce qu’il avait réagi de la manière la plus stupide qui fût. Furieux contre Jane et ce qu’elle lui avait confié la veille. Riley avait passé la nuit ici, et était parti au petit matin, non sans avoir perdu un grain de sa colère. Le ciel était gris et orageux, le vent soufflait avec des bourrasques d’une force improbable. Bien que peu désireux de s’installer une nouvelle fois dans une salle enfumée pour y broyer du noir, le jeune homme dut se résoudre à rebrousser chemin pour s’abriter dans le premier café qu’il trouva. Il commanda, de mauvaise grâce, un café, et observa les bourrasques de vent gagner en force et en vitesse. Riley soupira, agacé et se demandant quand les intempéries allaient cesser de sévir dans cette ville. Il regretterait presque l’Australie et ses jours monotones, tous identiques… Le patron vint lui apporter une tasse de café tiède et Riley lui tendit aussitôt un billet, en lui disant de garder la monnaie. Il ne toucha pas à la boisson dont la couleur ne lui inspirait que peu confiance, et se perdit à nouveau dans ses pensées, dont le fil conducteur semblait ne pas vouloir changer, peu importe les efforts qu’il faisait pour que ce fût le cas : qu’il le veille ou non, Jane Blodwen était, comme toujours, au centre de ses réflexions. Il ne pouvait s’empêcher de voir ses traits déformés par la fureur et d’entendre sa voix perçante raisonner dans ses oreilles. Quelque part, il voulait partir d’ici, rentrer chez eux et s’excuser pour son comportement, quitte à mettre de côté la rancœur qu’il ne pouvait s’empêcher d’éprouver à l’égard de sa cousine. Repenser à tout cela n’était en aucun cas ce qui l’aiderait à se changer les idées, aussi Riley leva-t-il les yeux de sa tasse de café et regarda-t-il autour de lui, à la recherche de quelque chose pour le distraire. Le café était vide, à l’exception du patron et d’un vieil homme ventru, dont on pouvait deviner qu’il carburait à la bière et aux frites. Celui-ci héla le patron d’une voix bourrue : « Hé, Dicky ! Apporte-moi encore une bière… » Riley sourit intérieurement en se rendant compte qu’il avait eu raison dans ses suppositions, et parce que le surnom donné au patron était des plus ridicules. La fin de la phrase du client fut toutefois noyée par le son de la télé, qui s’amplifia soudainement à cause d’un flash spécial. Un ouragan.
L’estomac tenaillé par la peur, Riley avait foncé hors du café quelques minutes après avoir entendu la nouvelle. Il était en plein centre-ville, et aucun taxi ne voulait s’aventurer du côté d’Ocean Grove, autrement dit le quartier directement situé dans la trajectoire de la catastrophe. Le jeune homme dut attendre de longues minutes, ou peut-être étaient-ce de longues heures, avant qu’un taximan ne daigne lui annoncer que l’ouragan était passé. Riley ne se fit pas prier et bondit dans la voiture, craignant le pire. Lorsqu’ils arrivèrent à hauteur de la maison de Jane, Riley sentit son estomac se retourner. Une aile avait totalement été arrachée – et il savait de laquelle il s’agissait. Il lança un billet au hasard au chauffeur de taxi et se précipita vers la maison, après s’être démené parmi les débris qui jonchaient le sol. Tout en se précipitant aussi vite qu’il le pouvait vers l’étage, Riley hurla, affolé : « Jane ? JANE ! » N’entendant pas de réponse directe, il se dit aussitôt que c’était inutile, qu’elle ne l’entendait pas. Mais l’ouragan était passé, et le silence était assourdissant – alors, pourquoi ne répondait-elle pas ?
La porte de sa chambre, miraculeusement en place, était bloquée. Riley dut s’y appuyer de tout son poids pour la faire céder, et il se précipita aussitôt dans la pièce dévastée. Son regard effrayé balaya rapidement la chambre de Jane, et soudain, dans un énorme soulagement, il l’aperçut. Il se précipita vers elle, la gorge nouée, et l’aida à se tirer des décombres et des débris qui jonchaient le sol dont il ignorait comment il tenait encore en place – d’ailleurs, une partie avait cédé à la force de l’ouragan, révélant un trou vertigineux avec vue sur le salon. Riley serra Jane contre lui, en proie à un soulagement comme il n’en avait jamais connu. « Dieu merci, t’es saine et sauve… Pendant un moment, j’ai cru que… » Mais il ne put achever sa phrase et, au lieu de cela, l’embrassa avec douceur sur le sommet du crâne.
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(#) Sujet: Re: 1612 ♦ You can't feel anything, that your heart don't want to feel. Mar 7 Déc 2010 - 20:22
La veille, au soir. Ce qu’elle redoutait tant se réalisa avant qu’elle n’eut l’intelligence de couper court à toute cette mascarade, qui consistait à faire semblant d’être de bons amis alors qu’ils étaient bien plus que ça. Il commença par lui caresser doucement les cheveux, et millimètre par millimètre, le corps de Riley glissait sur le canapé jusqu’à ce que leurs deux visages soient à la même hauteur. Jane avait l’impression d’être dans une autre dimension et après coup, elle ne comprenait toujours pas comment elle n’avait pas pu éviter cet incident, ce malentendu. Elle eut un infime mouvement sur le côté dont Riley profita. La main d’homme toujours posée sur la chevelure brune rapprocha la tête de la sienne et la seconde d’après, il avait posé les lèvres sur les siennes. Les yeux grands ouverts et choqués, Jane réalisa enfin ce qu’il se passait et eut un mouvement de recul bien plus brutal qu’elle ne l’aurait voulu. Elle fût si brusque qu’elle manqua de tomber par terre, sauta du canapé et se retrouva debout contre le fauteuil d’à côté. Elle observa Riley dont le teint avait viré au rose vif et ne trouva pas ses mots sur le coup. Elle s’en voulait terriblement, elle percevait déjà la honte et la colère contre elle-même. « Mais ? » finit-elle par lâcher pour combler le silence. Elle se donna de nouveau le temps de réfléchir avant de continuer mais ne parvint pas à trouver les mots justes. « Je ne peux pas faire ça. » Elle avait dit « je » et non pas « on ». Elle n’avait pas dit ceci dans le sens ‘nous sommes cousins, ça ne se fait pas’. Non, elle avait autre chose en tête. Prise d’un tournis, Jane se laissa tomber dans le fauteuil et plongea la tête entre ses mains, avant de répéter plusieurs fois le mot « désolée ». Puis d’une voix basse, proche d’un murmure, elle dit « Je suis amoureuse de Tray. » Et bien que ce ne soit pas adressée à Riley mais une constatation à elle-même, lui, il l’avait très bien entendu.
Si Jane était quotidiennement en proie au stress, souvent pour des raisons non apparentes ou superflues, elle avait à ce moment là atteint le summum. Parfois, lors de pressions intenses au travail, Jane se mettait à trembler ou à se ronger furieusement les ongles. Mais la plupart du temps, elle transformait volontairement son stress en excitation, par le biais de cris aigus ou de gestes brutaux – comme pouvaient en témoigner les employés de «Jannie’s» dont Riley faisait d’ailleurs parti. En effet, Jane pouvait être perçue comme une patronne tyrannique (dans les limites du légal, ou presque) ce n’était qu’une carapace pour cacher la perpétuelle tension qui pesait sur les épaules et qu’elle enfouissait habilement au fond de soi. Ici, bloquée par un objet lourd et imposant qu’elle ne parvenait pas à identifier, Jane avait difficilement les moyens de faire exploser sa rage. Pourtant, elle avait rarement ressenti un état de choc si intense. Elle luttait pour tenir bon, rester éveillée (elle avait vu dans un film qu’il était possible de tomber dans le coma après un accident du genre). Elle ressentit une forte douleur au creux de la nuque et pria de toutes ses forces pour ce ne soit pas un traumatisme crânien (elle avait aussi appris ça à la télévision). Il y avait sûrement un moyen pour qu’elle s’extraie toute seule des débris mais elle n’en avait ni la force ni la patience. Jane demeura immobile un moment, guettant l’instant où le cauchemar recommencerait. Elle entendit des bruits de fissures et imaginait un instant le sol sur lequel elle reposait se dérober, ce qui l’encouragea à ne pas remuer un seul membre de son corps. La moindre seconde lui paraissait durer une éternité tant son esprit était en alerte. Elle entendit un aboiement au loin et se demanda si c’était Texas ou bien la chienne du voisin, Diki. Jane se mit à avoir peur pour son propre animal et rassembla toutes ses forces pour l’appeler d’une voix rauque. Elle crut entendre le bruit caractéristique des pattes qui tapent sur le parquet mais elle s’admit à elle-même que ce n’était que le fruit de son imagination : son appel avait été inutile. Seulement ensuite, Jane eut une pensée pour ces voisins, se demandant si ils vivaient la même chose qu’elle ou si un coup de foudre n’avait frappé que sa propre maison. A peine eut-elle sa première pensée douloureuse envers son cousin depuis l’accident, celui-ci se matérialisa sous ses yeux. Elle ne l’avait pas entendu arriver et s’étonna même de le voir ici, comme si il vivait à des milliers de kilomètres. Mais à son plus grand soulagement, il l’avait libéré de son emprisonnement et avant même qu’elle ne comprenne ce qui lui arrive, elle se trouvait dans les bras de Riley. Toujours stupéfaite, elle n’écouta pas ce qu’il lui dit et savoura un moment le contact de son corps contre le sien. Ses lèvres rosées finirent par remuer faiblement. « Mais bon sang, où étais-tu passé ? » Elle écouta la réponse, soucieuse d’avoir des nouvelles de son cousin, de savoir ce qu’il avait vécu. Mais lorsqu’il termina de parler, Jane se redressa soudainement. Elle venait enfin de voir l’ampleur des dégâts. Elle s’était relevée trop rapidement et tenait difficilement debout. Son pied droit se trouvait à peine à un mètre d’un énorme trou dans le sol, par-dessus duquel elle apercevait son salon. Puis elle pivota et constata que la plupart du mur de sa chambre avait disparu et qu’elle avait une vue directe sur le quartier. Des larmes de colères se mirent à couler le long de ses joues, et elle eut l’impression qu’elle pleurait très souvent depuis la soirée d’Halloween : mais chaque fois pour une raison différente.
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(#) Sujet: Re: 1612 ♦ You can't feel anything, that your heart don't want to feel. Ven 31 Déc 2010 - 4:48
flash-back.
Pourquoi, au juste, avait-il fait cette connerie ? Riley savait dès le début, en emménageant ici, qu’il ne pourrait pas retrouver la relation qu’il avait autrefois entretenue avec Jane. Tout d’abord parce qu’ils avaient grandi, vieilli, changé. Ils avaient gagné en sagesse et avaient moins tendance à prendre des risques aussi grands qu’avant. Et surtout, les sentiments, eux aussi, avaient évolué. Si Riley avait recommencé à ressentir l’amour, ou, du moins, quelque chose qui y ressemblait, qu’il avait autrefois éprouvé pour sa cousine, il doutait que ce fût le cas de Jane, qui ne semblait aucunement disposée à reprendre leur histoire là où elle s’était arrêtée, des années auparavant. Riley savait que c’était mal, pas parce que ces sentiments étaient honteux en soi, mais parce que personne ne pouvait comprendre. Personne ne pouvait mettre de côté ses préjugés pour accepter le fait que quelqu’un puisse aimer sa cousine d’un amour qui n’a rien de fraternel. C’était contre nature, tabou, interdit par la société et très mal perçu. Riley savait tout ça, et c’est précisément la raison pour laquelle il n’était pas venu avec l’intention de reconquérir Jane. Il savait qu’elle avait construit une nouvelle vie, une vie dont il ne faisait pas partie, et que malgré cela, et connaissant leur passé commun, elle avait accepté qu’il vienne vivre chez elle pendant une durée indéterminée. Il avait onc décidé de ne pas tenter quoi que ce soit, par pur respect pour elle et la vie qu’elle s’était efforcée de construire après la dernière fois qu’ils s’étaient vus, quelques années plus tôt. Riley ne pouvait pas lui en vouloir, il n’y avait rien de plus normal que de vouloir laisser un tel passé derrière soi, peu importe la beauté, la pureté et la sincérité des sentiments qui avaient pu l’habiter. Et pourtant… Riley ne s’était sûrement pas attendu à ressentir ses anciens sentiments pour Jane avec autant de force. Il ne s’était pas attendu à ce qu’il perde tous ses moyens dès qu’ils étaient à une certaine proximité l’un de l’autre, comme un enfant de douze ans. Il ne s’était attendu à rien de tout cela. Mais ce moment semblait irréel tant il était parfait et semblait dénué de toute complication. Avant de se rendre compte de ce qu’il faisait, Riley s’approcha encore plus de Jane, et croyant peut-être à un signe d’encouragement de sa part, il l’embrassa avec une infinie douceur, comme s’il voulait savourer le goût de ces lèvres qui lui avaient trop longtemps été interdit. La réaction de Jane était prévisible et tout à fait logique – pourtant, il se sentit frustré, et même blessé, lorsqu’elle le repoussa. La bulle de bonheur éclata, laissant place à un Riley déçu et une Jane qui avait perdu tous ses moyens. Lorsqu’elle lui dit qu’elle ne pouvait pas faire ça, un sourire sans joie et plein d’ironie s’étala sur les lèvres de Riley, qui interpréta aussitôt ces paroles de la manière la plus logique et la plus prévisible qui soit : « Quoi, tu as peur de l’avis des voisins ? Du scandale qui éclaterait ? ‘‘Jane Blodwen se tape son cousin encore mineur’’, tu as peur d’entendre ça partout ? » Riley détourna le regard, désabusé et énervé. Mais les paroles de Jane, destinées à s’expliquer, peut-être à rassurer Riley, peu importe leur but, percutèrent le jeune homme avec une force indicible. « Je suis amoureuse de Tray. » Riley écarquilla les yeux, sans pouvoir poser le regard sur sa cousine. Il ne savait pas qui était ce Tray, ni ce qu’il avait d’extraordinaire ou ce qu’il avait vécu avec Jane. Il l’ignorait, et ça ne l’intéressait pas. Tout ce qu’il devait faire, c’était empêcher son cœur de se fendre en deux. Après quelques secondes de silence insoutenable, Riley se leva brusquement, sortit de la pièce, attrapa ses affaires et sortit de la maison en claquant la porte.
Mais maintenant plus que jamais, Riley était heureux d’être avec Jane. Ce n’était plus du tout intéressé comme la veille, bien que cet intérêt fût tout sauf désiré, étant donné les conséquences désastreuses qu’il avait entrainé. C’était une joie, un soulagement sans pareil. Pendant quelques moments, il avait cru l’avoir définitivement perdue. Il avait cru ne plus jamais la revoir, si ce n’était après que la vie lui a été arrachée, et cette pensée était insupportable pour le jeune homme qui ne pouvait pas s’imaginer une chose pareille. Il se rendait compte du danger des sentiments qu’il recommençait à éprouver, mais pour une fois, il n’y pensa pas – il était bien trop heureux de savoir sa cousine saine et sauve, et de la serrer contre lui, avec l’espoir qu’elle ne s’en aille jamais, tant il avait peur de la perdre une fois pour toutes. « Mais bon sang, où étais-tu passé ? » L’inquiétude sincère qui teintait la voix de Jane réchauffa le cœur de Riley, qui réalisa combien elle tenait à lui, même si ce n’était pas avec les sentiments qu’il avait espéré voir chez elle. Riley se tut quelques instants, puis finit par répondre, plus ou moins contre sa volonté : « Avec ce qui est arrivé… hier soir, j’ai – j’avais besoin de prendre l’air, être seul. Je suis désolé, je ne voulais pas t’inquiéter et je n’imaginais pas que quand je reviendrais, tout serait dans cet état. » Apparemment, ce n’était qu’à ce moment-là que Jane semblait réaliser l’ampleur des dégâts qui avaient accablé sa jolie maison. Conscient de l’obsession qu’avait Jane par rapport au ménage, Riley craignit pendant quelques instants qu’elle ne pique une énorme crise, mais celle-ci ne vint pas. Au lieu de cela, lorsque Jane tourna à nouveau son visage vers Riley, celui-ci aperçut des larmes étinceler dans ses yeux et sur son visage. L’estomac contracté par la peine et le cœur serré, Riley essuya avec douceur les larmes sur les joues de sa cousine, et murmura : « Ne t’en fais pas, ça va s’arranger. Viens, ne restons pas ici. » Conscient qu’emmener Jane dans le salon ne ferait rien pour arranger l’ambiance, étant donné l’état du plafond de celui-ci, il la guida hors de sa chambre sans trop réfléchir, et poussa la porte de la sienne. Par miracle, la pièce ne semblait pas avoir été touchée, à l’exception de la baie vitrée qui avait éclaté. Riley attendit que Jane s’installe sur le lit, mais lui resta debout – il était peu désireux de provoquer une crise similaire à celle de la veille, et l’expression qu’arborait Jane aurait fait pleurer une pierre. Riley craignait de s’emporter une nouvelle fois, cette fois-ci dans son envie de réconforter Jane, et c’est pourquoi il se contenta de lui tendre la boîte de mouchoirs qui se trouvait sur sa table de chevet, en attendant que Jane prononce quelque chose.
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(#) Sujet: Re: 1612 ♦ You can't feel anything, that your heart don't want to feel.
1612 ♦ You can't feel anything, that your heart don't want to feel.
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