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 n°1407 Apple Road - Sur les ruines

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Message(#) Sujet: n°1407 Apple Road - Sur les ruines n°1407 Apple Road - Sur les ruines EmptyJeu 2 Déc 2010 - 21:10

Sujet se déroulant pendant l'ouragan...


SUR LES RUINES


Confortablement avachit sur le canapé, tout contre Gabriel qui avait glissé un bras autour de lui, Romain fixait avec anxiété la large fenêtre contre laquelle une pluie drue et diluvienne s’abattait. Cela faisait un moment déjà qu’il ne s’intéressait plus au film sur DVD qu’ils étaient censés regarder tous les deux afin de passer une après-midi cocoon et tranquille. Ce ciel noir. Ce vent de plus en plus violent. Et cette pluie tourbillonnante. Tout ça ne lui disait rien qui vaille. Romain était animé d’une étrange impression. Et si cette tempête était les prémices d’un ouragan ? Si c’était effectivement le cas, son équipe l’en aurait avertit, non ? Tout Miami serait en ce moment même en plein branle-bas de combat, les fenêtres des maisons barricadées et les habitants bien en sécurité dans les caves ou en dehors de la ville. Or, ce n’était pas le cas. Il n’y avait donc pas là de quoi s’inquiéter.

« Ca n’a pas l’air de se calmer dehors. » chuchota-t-il en regardant l’eau turquoise de la piscine s’agiter sous les bourrasques de vent. « Il faudrait peut-être que tu songes à rentrer dans le garage les meubles de jardin. » Ou comment lui demander poliment de le faire…

Un souffle de vent plus puissant et plus violent que les autres fit soudainement trembler la maison. Les vitres se mirent à siffler sinistrement, ainsi que les portes qui ne cessèrent de trembloter. Un petit cri résonna alors dans l’une des pièces à l’étage, puis il fut suivit de pleures et de bruit de pas rapide à travers le couloir. Romain eut à peine le temps de se redresser dans le canapé que déjà, Samuel, le fils de deux ans à peine de son mari, lui sauta dans les bras pour s’y blottir. Romain l’accueillit contre son corps, l’enserrant frottement de ses bras afin de le rassurer.

« N’aies pas peur mon cœur, ce n’est que le vent. » Il tenta de le passer à Gabriel mais le petit resserra son étreinte autour de lui, se soudant quasiment à son corps et marquant ainsi son refus d’être porté par son père. « Tu ne veux pas aller dans les bras de papa ? »

« Na ! » Comme à son habitude, Samuel ignorait et refusait la présence de Gabriel à leurs côtés. Le petit garçon avait toujours – malgré le mois écoulé en leur compagnie – beaucoup de mal à aller naturellement vers son père. Romain devait sans cesse le pousser vers Gabriel afin qu’ils interagissent et échangent tous les deux. Le jeune homme expliquait le blocage du petit garçon par l’appréhension que son mari éprouvait envers lui. Tant que le sénateur serait sur la défensive, rien ne changerait. Samuel devait ressentir que Gabriel avait du mal à se faire à sa présence. « Pipi. » bafouilla tout bas l’enfant.

« Tu as fait pipi ? » Romain tâta d’une main le lange du petit caché sous son pantalon. « On va aller te changer alors. » Il échangea un regard désolé avec Gabriel, puis il se leva en tenant Samuel dans les bras. Il délaissa son mari dont le téléphone portable se mit à sonner. Avant de sortir de la pièce direction la salle de bain à l’étage, il lâcha très sérieusement : « Si c’est Andrew, dit-lui de rester où il est. Avec un temps pareil, les routes doivent être toutes inondées. »


Dernière édition par Romain McAllister le Mer 8 Déc 2010 - 21:58, édité 2 fois
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Message(#) Sujet: Re: n°1407 Apple Road - Sur les ruines n°1407 Apple Road - Sur les ruines EmptyDim 5 Déc 2010 - 1:17

    «  Tu ne veux pas aller dans les bras de papa ? »
    «  Na ! »
    Gabriel se tassa imperceptiblement dans le canapé, à la fois refroidit et affligé par la rebuffade de son garçon. Ce n'était là que la monnaie de sa pièce, au fond le sénateur en avait conscience. Au départ, lors du voyage en Arizona, il avait compté sur un déclic. Persuadé qu'en apercevant la petite tête brune de l'enfant, il verrait en lui sa chaire, que son instinct paternel le reconnaîtrait d'office comme sien et que l'amour filial suivrait naturellement son chemin.
    Seulement voilà, déclic il n'y avait pas eu.
    Chacun de ses efforts – forcés, certes, mais efforts quand même – se soldaient invariablement par un échec retentissant et Samy finissait toujours par aller s'accrocher à la jambe de Romain comme un naufragé agrippé à une bouée de sauvetage.

    Comme à la veille d'Halloween. Ce jour là, Gabriel avait essayé de resserrer les liens entre son fils et lui en sculptant ensemble une citrouille pour décorer le perron quand les autres enfants du quartier viendraient chercher des bonbons. En fait, il avait surtout laisser Samy faire, vu que ce dernier se renfrognait à chaque tentative de son père pour partager avec lui l'art de sculpture sur cucurbitacée. Finalement, malgré le sourire étiré sur le coté un peu vicelard du légume, ils était arrivés à un résultat satisfaisant.
    Sauf que pendant la nuit, la citrouille avait commencé à pourrir et qu'une partie de son visage s'affaissait drôlement. Rien de grave selon Gabriel... Résultat, le jour J, quand il avait éclairé la citrouille, les enfants qui passaient par là s'étaient mis à pleurer. Samy aussi avait pleuré... Et si ce n'était pas de la compassion qu'il avait lu dans le regard de Romain, ce devait être son cousin germain : la pitié.
    Depuis lors, Gabriel n'avait pas tellement progressé dans son rôle de père. Et en dépit des efforts de Romain pour rapprocher père et fils, sa relation avec Samuel demeurait au point mort.

    La sonnerie de son portable chassa de ses pensées ce malheureux incident. L'énigmatique conversation qui s'en suivit entre Gabriel et Micaela durait depuis quelques minutes lorsque le hurlement de la taule écrasée éclata dans l'émetteur du cellulaire.

    «  Micaela ?... » appela Gabriel. Pas de réponse. En une seconde son rythme cardiaque s'affola. «  Micaela !! » Seule la tonalité de la ligne coupée lui répondit. Son premier réflexe fut de presser frénétiquement le bouton de rappel pour tenter de joindre à nouveau son amie.

    C'est à ce moment là que l'imposante baie vitrée du salon explosa. Une déferlante de pluie et de verre brisé s'abattit violemment sur Gabriel. La force de la bourrasque manqua de le renverser et il eut juste le temps de se protéger le visage de ses bras et de fléchir les jambes pour rester debout. Des morceaux de verres, des plus petits éclats à d'autres de plusieurs centimètres, se fichèrent dans sa peau.

    Abasourdi par le double choc psychologique puis physique qu'il venait de subir en moins de dix secondes, le brun n'avait encore qu'une conscience diffuse de la douleur de ses multiples coupures. Il fit lentement volte-face pour contempler les dégâts. Papiers, bibelots, jouets de Samuel et même son téléphone qu'il avait lâché sous le choc, tourbillonnaient à présent dans le salon, bringuebalés en tout sens par les rafales de vents engouffrées dans la maison. Et Romain qui marchait toujours pieds nus dans la maison ! Une nouvelle vague d'inquiétude frappa Gabriel de plein fouet. Est-ce que tout allait bien en haut ?

    Le plus vite possible, il traversa la pièce à la merci des intempéries et se précipita à l'étage en gravissant les escaliers quatre à quatre. Avec un infini soulagement, il croisa son mari et son fils dans le couloir, au sortir de la salle de bain. «  Vous êtes là ! » s'écria-il le souffle court, en les serrant contre sa poitrine. Il profita quelques secondes de cette étreinte apaisante, puis s'en dégagea lentement et déposa ses mains sur les épaules de Romain. «  Il faut descendre à la cave, tout de suite ! » Il se rendit compte du regard angoissé du jeune homme et baissa lui-même les yeux sur les marques sanguinolentes qui imprégnaient sa chemise comme de l'encre sur du vélin humide. « Je vais bien. » assura t-il « Une fenêtre a explosé pendant que j'étais au téléphone avec... »

    Un bruit assourdissant, comme une détonation, suivie d'un interminable craquement résonna au dessus d'eux. Ils levèrent tout les trois la tête en même temps : sous leurs yeux impuissants, la toiture puis le plafond se détachait du reste de la maison. C'était la première fois que Gabriel pouvait admirer le ciel gris plomb de l'intérieur de chez lui sans s'arrêter près d'une fenêtre.
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Message(#) Sujet: Re: n°1407 Apple Road - Sur les ruines n°1407 Apple Road - Sur les ruines EmptyLun 6 Déc 2010 - 21:47

La pluie et le vent ne cessaient de mettre à mal les vitres et la tuilerie de la demeure. Tout en changeant Samuel dont la couche était trempée et en la remplaçant par une autre, Romain jetait de temps à autre quelques regards discrets vers la fenêtre. Il essayait de ne pas laisser transparaître son inquiétude afin de ne pas terrifier davantage Samuel. Le petit garçon s’agitait de plus en plus, effrayé par le son sinistre que faisait le vent dehors. Romain avait bien du mal à lui enfiler son pyjama-grenouillère « Spiderman » tant il gesticulait dans tous les sens.

« S’il te plaît mon cœur, reste calme. Encore une fois, ce n’est que du vent et de la pluie. »

Le jeune homme était soucieux. Son inquiétude ne cessait de s’accroître à mesure que les palmiers se courbaient sous le souffle puissant du vent qui sillonnait les rues. Non, ce n’était pas une simple tempête tropicale qui se déroulait dehors. Mais bien un ouragan. En bon scientifique qu’il était, Romain reconnu les signes de la catastrophe à venir tels que la forme des nuages, la puissance du vent ou même la façon qu’avait la pluie de tomber en tourbillonnant du ciel gris cendre. Ils n’étaient plus en sécurité dans cette maison. Et comme pour le lui confirmer, il entendit un immense bruit de verre brisé en provenance du salon. Samuel ouvrit aussitôt de grands yeux, apeuré, mais Romain l’empêcha de se mettre à pleurer en lui offrant un sourire réconfortant. Tout en rapprochant son visage du sien afin de lui bécoter les joues, il chuchota, doux et aimant à la fois :

« Je t’ai dit de ne pas avoir peur, mon cœur. Tout ira bien. »

Il termina rapidement de boutonner le haut de son pyjama, récupéra la tétine que Samuel venait de laisser tomber au sol, puis après lui avoir donner son doudou-lapin dont il adorait suçoter le bout des oreilles, Romain prit le petit garçon dans ses bras et quitta la pièce. A peine furent-ils sorti de la salle de bain que déjà, ils tombèrent nez à nez sur Gabriel. Soulagé, le sénateur les enlaça avec force. Romain ne put faire autrement que de remarquer qu’il était trempé et que sa chemise était déchirée et imbibée de sang ici et là.

« Gabriel ! Que s’est-il passé ? » demanda-t-il même si au fond de lui, il savait déjà que la baie vitrée donnant sur la piscine avait dû éclater sous la pression de la tempête.
« Je vais bien. » assura t-il « Une fenêtre a explosé pendant que j'étais au téléphone avec... »

Mais le sénateur n’eut pas le loisir de terminer sa phrase. Un craquement monumental qui couvrit le hurlement du vent, emporta la toiture et fissura les murs dangereusement, faisant trembler au passage le parquet. Aussitôt, un vent tourbillonnant s’engouffra dans l’habitation, soufflant et abattant sur les corps une pluie épaisse et glacée. Samuel se mit à pleurer et à hurler de terreur, alors que Romain resserrait ses bras autour de son frêle petit corps, et qu’il prenait soin de lui protéger la tête d’éventuel débris. Face à un tel spectacle de désolation, les deux hommes n’eurent pas le temps de paniquer, ni même le temps de s’attarder devant la beauté macabre des forces déchaînées de la nature. Ils devaient fuir… Et ce fut ce qu’ils firent !

A toutes jambes et ce malgré les débris, ils détalèrent à travers le couloir, Gabriel ouvrant la route tout en tenant Romain par la main. Le vent balayait tout sur son passage, projetant à travers la maison les objets les plus légers. Un panneau « Stop » venu d’on ne sait où, manqua même de faucher de plein fouet Romain et Samuel. Mais heureusement, l’instinct protecteur du sénateur évita la catastrophe de justesse. Sous l’assaut des éléments, les murs s’effondrèrent, ébranlant peu à peu et toujours un peu plus la demeure. Tout n’était que chaos et désolation. Une détonation électrique provenant d’un pilonne vibra dans l’air et tout de suite après, un arbre s’effondra en plein milieu du salon en provoquant un bouquant atroce. Son branchage feuillu et humide obligea le couple à le traverser s’il voulait rejoindre le plus rapidement possible la cave. Gabriel écarta les branches pendant que Romain s’y faufilait tant bien que mal, ignorant la douleur qui montait de ses pieds meurtris par les morceaux de verre soufflés par le vent.

« Par tous les dieux ! » haleta-t-il une fois en sécurité dans la cave. « C’est un ouragan, Gabriel ! Je n’en reviens pas ! Nous n’avons même pas été prévenus ! »

Il s’empara d’une lanterne électrique accrochée près de l’entrée, puis il descendit les marches des escaliers, laissant son époux barricader solidement l’épaisse porte. S’il y avait bien un endroit dans cette maison qui n’avait pas de prise au vent et qui était donc susceptible de leur garantir un minimum de sécurité durant cet ouragan, c’était bien la cave. Elle avait été aménagée en véritable bunker anti-catastrophe climatique. Il y avait ici de quoi tenir plusieurs jours. Trousse de premier soin, vivres, eau, lampe électrique, couvertures… ils étaient parés pour le siège imposé par la tempête.

Alors que le sénateur terminait d’harnacher solidement une barre d’acier aux gonds de la porte, Romain s’agenouilla près d’un établit dans un coin, délaissant quelques secondes le petit Samuel en pleure. Il ouvrit les battants du meuble à l’armature d’acier pour en sortit de nombreuses couvertures, une trousse médicale et une nouvelle lanterne électrique qu’il alluma. Ensuite, tout en rassurant du mieux qu’il le put le petit garçon, il commença à le déshabiller pour le sécher dans une couverture. Le corps de Samuel tremblait de toute part, tant à cause du froid qu’à cause de ses sanglots. Il n’était pas question qu’il reste dans des vêtements mouillés tout le temps de l’ouragan.

« Ai peur… » pleura-t-il violemment. « Row ai peur… »
« Faut pas, poussin. Tu vois, papa est entrain de barricader la porte. Ici, maintenant, le vent il ne peut plus venir nous embêter. »

Durant une bonne dizaine de minutes, Romain ne s’occupa que de Samuel. Il l’emmitoufla dans une épaisse couverture, lui donna son doudou et sa tétine, le câlina pour lui montrer qu’il était en sécurité, puis enfin, il le coucha à l’intérieur du meuble dans lequel il avait prit soin au préalable de déposer plusieurs couvertures afin d’offrir à Samuel une espèce de lit de fortune. En cas d’éboulis, le petit garçon serait ainsi protégé sous l’établi. Un baiser et une promesse de ne pas être loin plus tard, Romain le délaisser pour rejoindre son mari. Gabriel était assit à terre, contre le mur et les yeux fermés. Il tapotait plusieurs fois l’arrière de son crâne contre les briques. Romain savait ce qui le tourmentait. Il s’agenouilla entre les cuisses de son mari et tendrement, il déposa la paume de sa main sur sa joue afin d’attirer son attention.

« Eh ? Mon amour ? » chuchota-t-il de la voix la plus tendre possible. Romain était conscient du supplice que ce devait être pour un claustrophobe de rester enfermer dans cette cave sans fenêtre. « Je suis-là, et j’ai besoin de toi. Nous avons tous les deux besoins de toi. » Son pouce vint caresser tendrement le coin d’une narine, alors que dehors, il pouvait entendre la tempête détruire leur maison. « N’y pense pas. Reste avec moi. » Il laissa son regard glisser de son visage anxieux, à la chemise humide et imbibée de sang. « Il va falloir te soigner, si tu ne veux pas que ça s’infecte. » Du bout des doigts, Romain défit les premiers boutons de la chemise, dévoilant peu à peu le torse parfait de son époux. Les coupures qui lui entaillaient la chaire n’étaient pas très profondes, une chance ! « Heureusement pour toi, je ne vais pas devoir te faire des points de suture. Car crois-le ou non mon chéri, mais je ne suis pas très doué pour jouer les urgentistes. Okay, je porte très bien la tenue de l’infirmier sexy comme tu le sais, mais mes talents dans le médical s’arrêtent hélas là… au grand dam de ma mère. Tu savais qu’elle avait toujours rêvée que je devienne médecin ? Manque de pot pour elle, je préfère de loin soigner les poissons. Tu seras mon exception, mon amour. Mon gros poisson à moi ! Pour toi, je vais tâcher de me transformer en docteur Quinn… le talent et Sully en moins ! » Il rit afin de détendre un peu l’atmosphère, essayant par cette manœuvre de détourner l’attention de Gabriel qui devait être focalisé sur la cave. « Tu savais que j’étais amoureux de Sully quand j’étais môme ? J’te jure ! Une vraie groupie ! J'ai même écrit pour avoir une photo dédicacé à l'époque, mais je ne l'ai jamais reçue. Imagine ma déception.»
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Message(#) Sujet: Re: n°1407 Apple Road - Sur les ruines n°1407 Apple Road - Sur les ruines EmptyJeu 9 Déc 2010 - 22:42

    Au moment de barricader la porte à l'aide d'une lourde barre d'acier, Gabriel eut un infime mouvement de recul, hésitant. Face à la tempête qui faisait rage au dehors il devait les mettre à l'abri et pour cela, il devait les enfermer. Amer concept pour un claustrophobe que d'essayer de lier emprisonnement et sécurité.
    Profitant toutefois de l'élan d'adrénaline qui parcourait encore ses veines, Gabriel ignora tant bien que mal les battements effrénés de son cœur, resserra sa prise et barra la porte de la cave dans un claquement métallique sourd. Un silence relatif – si l'ont exceptait le vacarme extérieur – envahit la pièce exigüe, seulement entrecoupé par les sanglots de Samuel.

    Gabriel demeura quelques instants appuyé contre la porte close, le temps de rassembler ses esprits et assez de courage pour se mouvoir. A tâtons, sa main se détacha de la porte pour venir trouver le mur, à la recherche constante d'un appui. Puis il se retourna lentement, comme au ralenti, et descendit les escaliers à la même allure de condamné à mort.
    Une fois en bas, son regard croisa Romain, affairé à réconforter Samuel. Une pointe d'admiration mêlée de jalousie effleura Gabriel qui se détourna rapidement d'eux pour s'adosser au mur. Sa respiration s'accélérait malgré ses efforts pour conserver son calme, il lui semblait que les murs se resserraient autour d'eux et une incontrôlable impression d'étouffer s'enroulait comme un serpent invisible autour de sa gorge. Plus il essayait de relativiser sa situation, plus elle lui semblait sans issue. C'était rester prisonnier des heures durant ou risquer sa vie au beau milieu d'un ouragan. Faute de choix acceptable, il allait devoir apprivoiser sa peur. Le sénateur rejeta la tête en arrière et inspira longuement, incapable de contrôler les tremblements de ses mains, il ferma les yeux, se laissa glisser par terre et tapota frénétiquement le sol pour s'occuper les doigts.

    Il fut presque surprit de sentir le contact de Romain entre ses cuisses. Romain n'en n'avait que pour Samuel aux dernières nouvelles...
    « Eh ? Mon amour ? » Une douce chaleur balaya ce nouveau pique de jalousie lorsque sa main incertaine vint glisser sur sa joue. Les doigts étaient pourtant glacés. Gabriel soupira et posa une main sur la sienne. Prisonnier de sa propre cage pour l'esprit, il fit de son mieux pour concentrer son attention sur la voix de Romain. Ce dernier entreprit de défaire sa chemise qui collait à sa peau et tout les deux considérèrent ses plaies du regard pendant que le jeune homme pépiait à n'en plus finir. « ...pour avoir une photo dédicacé à l'époque, mais je ne l'ai jamais reçue. Imagine ma déception.»

    Gabriel aurait voulu parvenir à dissimuler à quel point il avait besoin de ce contact. D'entendre sa voix, de le sentir près de lui, contre lui. Pourtant, avec une douceur dont il se sentait à peine capable, le brun se pencha en avant pour saisir la taille du jeune homme et l'attirer contre son corps. Romain le regardait sans rien dire, essayant sans doute de lire sur son visage ce qu'il ne disait pas, puis il bougea un peu contre lui pour se mettre dans une meilleure position. Gabriel ne put retenir un léger mouvement de recul et une grimace de douleur. C'était juste un réflexe. Ça ne faisait pas mal, pas tellement.

    « Ce ne sont que des coupures de rien du tout, ça ne va pas s'infecter tout de suite... » Après ce qu'il venait d'apprendre sur les talents d'infirmière de son mari, il n'avait qu'une envie très modérée de passer entre ses mains. « On jouera au docteur autant que tu veux. » Promit-il comme il resserrait son étreinte. « Dans cinq minutes. »

    Pour le moment il n'avait pas besoin de jouer à Docteur Maboule à extraire de morceaux de verre de sa peau. Il avait besoin de Romain. Il était venu vers lui, et comme d'habitude, il l'avait étonné par la douceur de sa voix et l'honnêteté de ses mots. Il lui avait simplement demandé de rester avec lui, alors c'était ce que Gabriel faisait. Ses mains tremblaient moins violemment maintenant et le nœud dans sa gorge s'était desserré.

    Au bout de quelques minutes, sans doute un peu plus que les cinq prévues à la base, un vrombissement se fit entendre et la lumière vacilla. Gabriel décida de rompre l'étreinte et se redressa. Romain releva le visage vers lui, attendant que son époux l'aide à se relever, mais il n'en fit rien. « Reste là. » Il y avait plus qu'une suggestion dans sa voix, mais ce n'était pas non plus un ordre. Il fouilla dans les affaires que Romain avait sortit de l'établit et en retira un matelas qu'il déroula devant le meuble sous le regard attentif de Samuel, blottit sous les couvertures dans sa cabane improvisée.

    Il revint ensuite vers Romain, passa un bras sous ses cuisses, l'autre sous ses épaules et le porta jusqu'au matelas sur lequel il le coucha avant d'aller lui-même s'asseoir à l'autre bout. Il tendit le bras pour attraper la trousse de premiers secours et adressa un sourire en coin à son amant tout en relevant ses jambes pour les poser sur ses cuisses. « Si le look indien chevelu te plait tant que ça, je peux essayer de me laisser pousser les cheveux. » offrit-il un peu narquois, histoire d'éviter de tergiverser sur ses propres capacités de médecin ou sur sa ruse qui consistait à s'occuper de Romain pour éviter d'être soigné par lui. Compresses et bouteille de désinfectant en main, le sénateur inspecta les écorchures sous les pieds de Romain. Il avait soigné un tas de bobos dans sa vie, de la simple éraflure au genou, au doigt explosé coincé dans la porte en passant par les bleus, les bosses, les brûlures et toute la panoplie : Andrew lui avait tout fait. Le côté positif c'est que ça valait à Gabriel une certaine expérience en matière de chirurgie de base et que c'est avec une certaine habileté qu'il s'empara d'une pince pour ôter un morceau de verre d'une plaie. « Crois tu qu'on puisse la faire enlever ? » demanda t-il en effleurant pensivement la brûlure dégradante et cruelle sur le talon de Romain. « On est plus au Moyen-Âge. Je sais bien qu'elle est censée te protéger mais les seules marques que je veux te voir porter sont celles que tu désires. »
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Message(#) Sujet: Re: n°1407 Apple Road - Sur les ruines n°1407 Apple Road - Sur les ruines EmptyDim 12 Déc 2010 - 3:54

Le temps passé entre les bras rassurants de Gabriel fut agréable et apaisant. Le jeune homme en oublia un instant l’ouragan qui les menaçait, ainsi que tous ses soucis. L’odeur et le contact chaud du corps de son mari avaient toujours eu cet effet-là sur son moral. En compagnie de Gabriel, Romain ne craignait rien n’y personne. Car il savait que jamais son époux ne laisserait quiconque lui faire du mal. Les paupières closes, Romain écoutait le rythme cardiaque de Gabriel, espérant que cette étreinte dure pour l’éternité. Mais hélas, ce ne fut pas le cas. Son époux en avait décidé autrement. Gabriel s’était levé, avait étalé un matelas sur le sol, puis il l’avait porté, fort de ses muscles saillants, pour aller l’allonger sur le tapis moelleux et examiner minutieusement ses pieds. Si les coupures n’étaient pas profondes, l’adrénaline s’estompant de son organisme, Romain commençait à ressentir peu à peu quelques picotements désagréables. Il avait l’impression qu’une dizaine de petites fourmis rouges tentaient de se frayer un chemin à travers sa peau à grand coup de mandibules.

« Si le look indien chevelu te plait tant que ça, je peux essayer de me laisser pousser les cheveux. »

Allongé de tout son long, les coudes en arrière et un pied nu entre les mains du sénateur, Romain laissa échapper un rire. « Tes cheveux sont assez longs comme ça. » sourit-il alors qu’il retombait en arrière et qu’il cachait ses yeux sous son avant-bras afin de dissimuler un début de grimace lorsque Gabriel entreprit d’extraire un morceau de verre. « Mais je ne dis pas non à une barbe un peu plus drue et piquante parfois. Voir même à un bouc ! » Sur sa cheville, Romain pouvait sentir les doigts de son mari se rapprocher peu à peu de la brûlure qui stigmatisait son talon. Il espérait qu’il n’en parlerait pas car les souvenirs qui s’y rattachaient n’étaient pas agréables. Il souhaitait que Gabriel se contente de le soigner et de passer à l’autre pied. Mais, ce ne fut hélas pas le cas. Le sénateur venait de glisser le plat de son pouce dessus, dessinant pensivement les contours du sceau morbide que formait la cicatrice.

« Crois tu qu'on puisse la faire enlever ? » Sous son avant-bras, Romain osa un regard discret en direction de son mari. «On est plus au Moyen-Âge. Je sais bien qu'elle est censée te protéger mais les seules marques que je veux te voir porter sont celles que tu désires. »

Même s’il ne la voulait pas, elle était indispensable, et tous les deux le savaient. Romain ne pourrait pas vivre sans elle désormais. Qu’ils le veillent ou non, cette cicatrice était son seul salut. Elle représentait son seul espoir de vivre en sécurité. Elle faisait dorénavant partie de sa vie. « Je sais que tu ne l’aimes pas. Et je ne l’aime pas plus que toi. » assura-t-il alors que lentement, il se redressait en position assise, et qu’il plongeait à l’intérieur de l’océan bleu du regard du sénateur. « Mais, nous ne pouvons pas la faire disparaître. Et même si on le pouvait, je ne le voudrais pas car j’ai peur. Nous avons vus de quoi ils étaient capables, quels étaient leurs « hobbies » et ce qu’ils me voulaient réellement. Sans elle, je suis condamné, mon amour. » Il lui prit une main et la serra fort, sa voix tremblotant légèrement. « Jamais je n’aurais imaginé être un jour un esclave. Pas au 21e siècle. »

Avec une légère anxiété facilement déchiffrable à travers son regard, Romain posa les yeux sur la marque qui dénaturait son talon. Elle était ronde, à peine plus grande qu’une pièce de monnaie et représentait un chiffre romain dans un cercle. C’était un sceau, une marque imposée par le fer à la chaire. « XVII » Romain fut le dix-septième à crier sous cette douleur lorsqu’on la lui infligea.

« Tu devrais faire comme moi et tâcher d’y voir autre chose qu’une marque horrible et dégradante. » suggéra-t-il d’une voix basse afin de ne pas trop être entendu par Samuel qui continuait de les fixer de ses petits yeux ensommeillés, comme pour s’assurer qu’ils ne l’abandonnerait pas. « Essaie d’y voir le symbole de ta bienveillance envers moi. Pour me sauver la vie Gabriel tu as joué à leur jeu, tu m’as acheté et tu es devenu mon maître. » Les larmes lui montèrent instantanément aux yeux, faisant briller ses pupilles dans la lueur blafarde de la cave. « Si tu ne m’aimais pas autant, je serais mort à l’heure qu’il est. Assassiné sauvagement comme ce pauvre type. » Tristement, Romain baissa la tête, cachant son visage entre ses mains. Les souvenirs de cette nuit le hantaient toujours mais il se refusait à pleurer, pas devant Samuel qui les observait attentivement. Il ravala donc ses larmes, chassa ses idées noires et croisa de nouveau le regard de son époux : « Je te mène la vie dure, n’est-ce pas ? Si tu savais comme je regrette de ne pas être parfait et de ne pas être à la hauteur de l’homme que tu es. A cause de moi, tu fais partie des leurs. »
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Message(#) Sujet: Re: n°1407 Apple Road - Sur les ruines n°1407 Apple Road - Sur les ruines EmptyVen 21 Jan 2011 - 9:51

    « Essaie d’y voir le symbole de ta bienveillance envers moi. Pour me sauver la vie Gabriel tu as joué à leur jeu, tu m’as acheté et tu es devenu mon maître. » Sa bienveillance. Là il y avait de quoi tiquer, et le terme n'échappa pas à son destinataire qui bien que de marbre de l'extérieur, ricanait avec une amertume consommée en son for intérieur. Parlons-en de sa bienveillance, vu les circonstances plus que douteuses dans lesquelles ils avaient atterri à cette soirée et la position dans laquelle il avait vu son mari. Non. Vraiment. Ce soir là, sa bienveillance s'était fait la malle à la milliseconde où le passé de Romain avait ressurgit pour – une fois n'est pas coutume – enfoncer une lame douloureuse dans le cœur et la fierté du sénateur. D'ailleurs, de là à dire qu'il avait prit un plaisir vengeur, malsain et pas assumé pour un sou, à voir le jeune homme marqué comme sa propriété, il n'y avait qu'un pas. Un petit pas pour l'homme. Un grand pas qui en disait long sur son intégrité morale et sa prétendue bienveillance. Et non, McAllister n'avait pas l'étoffe des héros en collants.

    Alors qu'il contemplait le visage baigné de crainte et les yeux humides de son époux, Gabriel décida de garder pour lui sa petite introspection personnelle et préserva judicieusement un silence qu'il fit passer pour contrit, tout en bandant avec précaution le pied soigné avant de s'emparer de l'autre. C'est à ce moment là que, au cas où le fantôme de la culpabilité ne s'était pas assez imposé dans son esprit, Romain s'attribua tout le mérite et lui vola sa place d'enfoiré du couple. « Je te mène la vie dure, n’est-ce pas ? Si tu savais comme je regrette de ne pas être parfait et de ne pas être à la hauteur de l’homme que tu es. A cause de moi, tu fais partie des leurs. »

    Ah douce ironie. Niveau hauteur, il était clair que Romain avait surestimé de très loin la noblesse de cœur de son conjoint. Évidemment Gabriel faisait tout pour, mais une petite voix perfide vint sournoisement lui rappeler que la chute n'en serait que plus sévère quand le beau piédestal sur lequel Romain l'avait élevé s'effondrerait à la lumière d'une vérité qui se faisait de plus en plus oppressante chaque jour. La gorge nouée, et sans quitter des yeux les plaies qu'il s'appliquait à soigner, le brun soupesa les différentes options qui s'offraient à lui.

    Il pourrait berner Romain encore six mois, un an, cinq ans peut-être. Mais pas la peine de s'en cacher plus longtemps : même lui avait un cœur, et il se consumait d'amour pour l'insolent océanologue. Viendrait un jour inexorable où ses secrets déborderaient un peu trop sur sa vie privée, et plus la comédie durerait, plus la sentence du jeune homme trompé ferait figure de châtiment insoutenable.

    Alors que faire ? Lui dire la vérité, ici et maintenant ? Coincés dans une cave... La cave comme lieu de confession, ça avait des allures de déjà vu sinistre. De plus Gabriel n'aurait pas mit sa main à couper que le combo Samuel, Romain en furie et sénateur claustrophobe, joyeusement enfermés ensemble pour dieu seul savait combien d'heures encore, était vraiment recommandé pour la survie familiale. Un ouragan à l'extérieur ça suffisait, pas besoin d'en déclencher un dans son couple.

    Il raya donc mentalement cette option. Toutefois, il ne pouvait pas non plus regarder Romain s'approprier un blâme qu'il ne méritait (pour une fois) pas. C'était sans doute très con, et ça le mettrait tôt ou tard dans de beaux draps, mais son mariage lui donnait des envies de franchise, de sincérité et de limpidité. Ineptie, bien sûr. Rien ne l'empêchait malgré tout de lui offrir des demi-vérités, non ? C'est donc en taisant la moitié de ses sombres pensées que le sénateur mit l'autre moitié, bien plus reluisante et prometteuse, en avant.

    « Ne dis pas de conneries. » commença t-il en extrayant le dernier morceau de verre de la plante d'un pied malmené avec un peu moins de doigté. Volonté inconsciente d'accaparer son attention par la douleur ou simple maladresse ? Mieux valait ne pas se poser la question. Avec une grimace d'excuse, il termina de panser ses plaies. Ceci fait, Gabriel saisit d'une main ferme l'avant bras de son époux pour le redresser et le forcer à lui faire face. « Écoute moi bien Romain McAllister. Si tu as vraiment besoin de te rabaisser plus que cette soirée ne s'en est déjà chargée, tu peux, mais fie toi au moins à mon jugement. » Il assenait, avec plus de véhémence qu'il ne voulait réellement, exaspéré au fond de voir son époux si prompt à l'auto flagellation. « Je ne me laisserais jamais séduire par un minable indigne d'intérêt. Mais pour toi et pour toi seul, je pactiserais avec tout les démons de l'enfer et Satan lui même s'il le fallait. Et laisse moi te faire une confidence à ce sujet. » Une esquisse de sourire indéchiffrable se dessina sur ses traits sévères. Il passa alors sa main derrière la nuque du jeune homme, approcha son visage du sien et glissa à son oreille : « Je n'hésiterais pas même une seconde. »

    Puis aussi brusquement qu'il l'avait attrapé, Gabriel relâcha Romain et s'adossa de nouveau à l'établi, la tête basse, manifestement plongé dans quelque douloureuse réflexion.

    « Et puis, c'est autant de ma faute que de la tienne... » confia t-il au bout d'un moment à voix basse. Une longue inspiration vouta son dos alors qu'il se redonnait un peu de consistance et le courage d'aller au bout « Je n'aurais jamais dû t'emmener là bas. »

    Voilà qui ressemblait fort à des excuses. En plus d'une dépendance amoureuse instable qui l'emmenait tantôt au sixième sous-sol, tantôt au septième ciel, le futur trentenaire ressentait maintenant les affres de la culpabilité et de son petit frère immédiat, le regret. Gabriel McAllister devenait de plus en plus sentimental. C'était Horrible, avec un H majuscule. Romain était en train de le guider vers l'éblouissante lumière de l'amour, de la vérité et des gens intègres et loyaux... lui qui avait prit depuis longtemps son aller simple au terminus des corrompus et dressé un majeur impudent au visage d'une justice dont il se voulait pourtant le pilier central en en ratifiant décrets et amendements. Il courait à sa perte.
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Message(#) Sujet: Re: n°1407 Apple Road - Sur les ruines n°1407 Apple Road - Sur les ruines EmptyVen 21 Jan 2011 - 19:08

    Ce n’était pas ce qu’il désirait entendre. Romain n’avait pas besoin que Gabriel s’excuse. Le jeune homme assumait – certes difficilement et douloureusement – ses choix et ses actes. C’était de sa faute à lui, et non celle à Gabriel, qu’ils avaient plongé tête la première dans ce que le monde avait de plus sale et de plus malsain. C’était à cause de ses choix passés – fait il y a des années – que leur présent était devenu pour une nuit un vrai cauchemar. Romain s’en voulait d’avoir forcé Gabriel à se salir les mains pour lui. Il regrettait amèrement de souiller ainsi l’honorable sénateur qu’il était. A cause de lui, Gabriel était devenu l’un des leurs. Il avait déposé à ses pieds toute sa bonté d’âme, toutes ses convictions et tout son statut de beau sénateur. Il était devenu « leur ami ». Le jeune homme n’était pourtant pas dupe ; il se doutait qu’en son époux se trouvait une part d’obscurité capable de bien des choses, mais de là à le penser prompt à traiter avec des meurtriers, il y avait un monde auquel Romain se refusait à croire. Ce qu’il avait obligé Gabriel à faire cette nuit-là pour lui sauver la vie était odieux, et même si son mari semblait s’en être remit, et vivait très bien avec cette culpabilité, Romain ne pourrait jamais se le pardonner.

    « Tu ne pouvais pas savoir. » répondit tristement le jeune homme alors qu’il retombait en arrière et couvrait ses yeux de son avant-bras, et cela dans le but absurde de dissimuler ses larmes. « Si tu savais comme je suis désolé. »

    Mais, alors qu’il s’apprêtait à sangloter ouvertement afin d’extérioriser la peine qui le rongeait, la présence de Samuel se rappela à lui. Une petite voix lui ordonna d’être fort. Alors, Romain ravala ses plaintes, les rangeant dans un coin de son esprit, là où il ne pourrait plus les apercevoir. Il ne devait pas craquer devant Samuel. Le petit garçon était déjà assez anxieux à cause de l’ouragan. Voir Romain pleurer ne ferait que l’inquiéter davantage. Ce fut donc pourquoi le jeune homme se sécha vite les yeux avant de se redresser en position assise sur la couverture. Il échangea avec un époux un regard dans lequel se trouvait toute sa reconnaissance, puis il se tourna vers le petit garçon à qui il s’efforça de sourire le plus naturellement possible.

    « Ils étaient douloureux mes bobos et papa n’est pas très doué pour jouer au docteur. » dit-il afin d’expliquer ses larmes. « Tu me donnes un bisou pour me redonner du courage ? » Samuel accepta d’un signe de tête empressé et Romain s’approcha de lui en rampant sur quelques centimètres. Allongé sur le ventre et appuyé sur les coudes, le jeune homme n’entra que la tête dans la cachette du petit cow boy. A peine eut-il rejoint le visage du petit garçon du sien que déjà celui-ci le mitraillait de bisous et enlaçait sa nuque de ses bras. « Oooooh… tout ça pour moiiiii ! Je suis gâté… »

    Et pendant plusieurs minutes, ils se câlinèrent l’un l’autre, jouant d’une manière complice. Romain souffla de l’air chaud dans le cou du petit garçon pour le chatouiller pendant que celui-ci éclatait de rire en essayant de le repousser de ses petites mains. Une fois rassasié de l’odeur, du goût de la peau et tout simplement de la présence de Samuel, le jeune océanologue se dégagea de la cachette. « Il faut que j’aille soigner papa. » Il se redressa et du bout des doigts de pieds, il clopina à travers la cave jusqu’à des étagères soigneusement rangées. Il dit alors qu’il lisait mentalement les étiquettes des nombreux cartons :

    « Si j’ai bonne mémoire, dans l’un de ces cartons, il doit y avoir de vieux vêtements, non ? » Il suivit du doigt l’index du sénateur et s’empara de la caisse indiquée. Il l’ouvrit et en effet, empilés à l’intérieur se trouvaient quelques vieux jeans, de vieux pull et des t-shirts dépassés de mode. Romain fouilla à l’intérieur à la recherche de son bonheur et une fois trouvé, il se déshabilla à la lueur blafarde des lampes. Il revêtit ensuite un simple pull d’une association laitière du Kansas (sans doute cadeau fait au sénateur lors d’un voyage officiel dans un salon agricole), puis il sauta dans un vieux jeans troué. Quelques clopinements plus tard, Romain se retrouva à nouveau sur la couverture. Il rejoignit Gabriel qu’il chevaucha pour être face à lui, puis il commença à déboutonner sa chemise ensanglantée avec douceur. « J’espère que tu ne comptais pas y échapper ? » demanda-t-il, un petit sourire en coin. « Je vais tâcher de ne pas trop te faire te souffrir. Suffit que je garde bien en tête que je ne suis pas entrain de jouer au Docteur Maboule avec mes neveux. Ça la foutrait mal si j’envoyais le jeu valser, hein ? »

    Une fois la chemise retirée, Romain examina d’un œil douloureux les plaies sur le torse et sur les avant-bras du sénateur. Elles n’étaient pas profondes mais il y avait de quoi faire grimacer quand même lorsque le désinfectant coulerait à l’intérieur de la chaire meurtrie. Romain fit une légère grimace. « Ca risque de ne pas être agréable. » D’une main très tendre, il caressa plusieurs fois le coin de la mâchoire de son époux, tandis que son regard se noyait dans l’océan bleu de ses yeux. Cet homme était sa vie. Romain se rendait compte de la chance qu’il avait d’être aimé par lui, et ce malgré tout se qui les avaient et les opposaient encore parfois. Même si l’envie de lui déclamer à nouveau sa flamme consumait son corps, Romain estima qu’il valait mieux se contenter d’un baiser. Ce n’était pas le moment, ni même l’endroit pour de trop grande effusion qui allaient – il en était certain – encore le faire pleurer. Ce fut pourquoi, il lieu de mots, il se contenta d’un geste. Romain scella pour un long moment d’un baiser langoureux ses lèvres à celles de son sénateur de mari. « C’était pour te donner du courage. Evite de pleurnicher devant ton fils. Je lui ai dit un jour que t’étais aussi fort que Spiderman. Ne me fait pas passer pour un menteur. » conclu-t-il alors qu’il s’emparait de morceaux de coton et de la bouteille de désinfectant.
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Message(#) Sujet: Re: n°1407 Apple Road - Sur les ruines n°1407 Apple Road - Sur les ruines EmptyVen 4 Fév 2011 - 17:33

    Désemparé face aux nouvelles excuses de Romain, le sénateur se contenta de l'observer, interdit, repousser ses larmes en dissimulant son visage sous son avant-bras. Pourquoi diable Romain s'obstinait-il à s'attribuer tout le blâme dans cette affaire ? Ne pouvait-il pas laisser son mari jouer son rôle et l'épauler ? Pour une fois que Gabriel daignait reconnaître sa part de torts, et faire un simili d'excuses, il fallait que le jeune homme s'en contre fiche... Excédé de voir son époux embrasser sa culpabilité chérie alors qu'il faisait de son mieux pour l'en soulager, le brun poussa un petit soupir en passant une main nerveuse dans sa chevelure humide, avant de se laisser aller mollement contre l'établit.

    Par automatisme, il tourna ses yeux bleus vers Romain lorsque celui-ci se redressa. Ayant manifestement reprit le dessus sur ses glandes lacrymales, il adressa à Gabriel un de ses regards de cocker abandonné, plein de reconnaissance et qui donnaient au sénateur l'envie de fondre surplace ou de s'auto coller une droite étant donné le mari indigne qu'il était réellement, au choix.

    Un dilemme qui ne s'accentua que plus lorsque le jeune homme s'adressa à Samuel et rampa dans sa cachette. Gabriel contempla la scène avec prudence, comme un intrus qui épie un moment privilégié auquel il n'a pas été convié. C'était un peu le cas quelque part.
    Après quelque secondes, lorsque la culpabilité et le remord eurent prit le dessus sur l'attendrissement, il détourna le regard, trouvant soudainement le bout de ses chaussures absolument fascinant.

    « Si j’ai bonne mémoire, dans l’un de ces cartons, il doit y avoir de vieux vêtements, non ? »
    La voix de Romain le tira soudainement de sa séance de flagellation morale et il indiqua un carton qui dans son souvenir, contenait toutes les vieilles frusques indignes d'être portées.
    « Sexy... » se moqua gentiment Gabriel en lui lançant une œillade suggestive. Si le vieux pull qu'il venait d'enfiler avait atterri dans un carton, ce n'était pas par hasard, mais en cas de catastrophe naturelle, même son canon de mari avait le droit de ressembler à un sac à patates.
    Sac à patate qui vint justement le chevaucher. Une position qui ne manquait jamais d'émoustiller l'imagination fertile du brun ainsi que sa libido.
    « J’espère que tu ne comptais pas y échapper ? » demanda le jeune homme, brisant cruellement sa douce rêverie.
    « ...Pas vraiment non. » répondit Gabriel circonspect.
    Romain lui enleva finalement sa chemise et dévoila une chaine à laquelle pendait une alliance. Celle de l'océanologue justement. Si aujourd'hui Gabriel portait la sienne à son doigt, hors de la maison, il la gardait autour du cou, soucieux de garder son mariage secret. Mais depuis que Romain lui avait rendu son anneau lors de leur dispute au Parkwest, le sénateur n'avait pas daigné la lui rendre et elle avait rejoint la chaîne du brun qui malgré tout, la gardait en permanence sur lui. Presque deux mois plus tard, c'était sa façon à lui de lui dire « Je t'aime et ça ne changera jamais, mais je t'ai pas encore pardonné. »

    Pour le moment toutefois, il était très loin de ces considérations. A présent torse nu, à la merci de Romain perché sur ses cuisses, Gabriel se dit que finalement, son déguisement de laitière du Kansas n'entamait en rien son capital beauté.
    « Ca risque de ne pas être agréable. » le prévint Romain (bien qu'après la référence au docteur Maboule, Gabriel n'était pas tellement sûr qu'il ne prenne pas un plaisir sadique à l'idée de le torturer).
    « Hmm... J'ai connu des situations plus critiques que celle-ci. » estima t-il tout en posant par réflexe ses mains sur les hanches du jeune homme.
    Romain l'embrassa dans ce que Gabriel interpréta comme une tentative évidente de l'apprivoiser pour mieux lui farfouiller les entrailles par après. Il ne se laisserait pas avoir à ce petit jeu ! Oh ça non ! Pourtant malgré les protestation vaillantes de son esprit, il ne put empêcher son corps de répondre favorablement et de s'apaiser, baissant piteusement les armes. De toute façon il n'avait aucune chance face à ce genre d'argument, mais il s'était (un peu) défendu ! Et puis, à vaincre sans péril... ouais c'est ça ta gueule looser, trancha fermement un coin aigri de son ego meurtri.
    « Spiderman c'est de la gnognote à coté de moi. » répliqua t-il pour se redonner un semblant de consistance tant morale que physique, lorsque Romain détacha ses lèvres de ses siennes. Puis comme pour le faire mentir, un éclair de panique passa subrepticement dans son regard en le voyant s'armer d'alcool et de coton.
    Gabriel saisit au vol le poignet de Romain qui s'approchait dangereusement d'une vilaine plaie. Il lui lança un regard d'avertissement. « N'oublie pas que ce torse est celui de ton mari ! Tu te rends bien compte de ce que ça veut dire ? Jusqu'à ce que la mort nous sépare. Si tu venais à moins l'aimer parce qu'après ton intervention il est couvert de cicatrices, ce sera entièrement de ta faute. » Il le relâcha et le gratifia d'un coup d'œil à la fois fourbe et amusé, et ses lèvres tressaillirent, initiant l'ombre d'un sourire. « A part ça j'ai toute confiance en tes capacités de médecin. Tant que tu ne touche pas au kit de sutures. »

    C'était de la pure comédie avec un soupçon de provocation. Gabriel pouvait tolérer un seuil de douleur plus élevé que ça sans paniquer outre mesure. Mais il avait subitement besoin de décompresser.
    Un ouragan était en train de ravager leur maison. L'adrénaline quittait doucement son corps, il avait froid. Il avait mal. Cette salope de culpabilité se délectait de son estomac.
    Et il était impuissant.
    Impuissant face à la tempête. Impuissant, prisonnier de sa toile de mensonges. Impuissant, victime de la fuite d'humanité que Romain avait percé dans sa carapace.
    Alors oui, dépourvu de ses armes habituelles, c'était tout ce qu'il avait trouvé. Un peu d'humour à mettre devant pour mieux cacher ce qu'il y avait à l'intérieur. C'était trop noir à l'intérieur.

    Et puis un peu de pression psychologique ne pourrait que pousser son aide soignante personnelle à s'appliquer davantage, non ?

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