as we meet again
LUREY HORSFALL-WHEALER & COREY CARMICHAEL
astryal @LJ
Certaines personnes peuvent faire preuve d’un optimisme qui frôle la naïveté, voire la stupidité. Croyez-moi, Corey Carmichael ne fait pas partie de ceux-là. En revanche, il est d’une distraction et d’une indifférence sans pareilles, et ces deux traits de caractère lui avaient souvent joué des tours. Aussi n’était-ce pas par optimisme en voyant le soleil briller ce matin-là qu’il était sorti de chez lui sans prendre sa veste, mais bien parce qu’il n’avait pas pensé à consulter la météo et qu’il n’avait pas eu le courage de chercher ledit vêtement. Au contraire, Corey s’était rapidement rendu compte qu’il s’était fourré dans un sacré pétrin en voyant le ciel s’obscurcir après quelques moments passés dehors. Il avait cependant pris du retard et s’était vu obligé de se rendre immédiatement dans le centre de Miami, veste ou non. Son boulot l’attendait et il ne pouvait pas se permettre d’arriver en retard. Par chance, il ne plut pas tout au long de son trajet vers le Blue Lagoon Bar, et il entra sain et sauf dans l’établissement où il salua un collègue d’un signe de tête. Pendant la journée, l’endroit était calme et les clients rares. On était bien loin de l’animation qui y régnait une fois la nuit tombée, et bien que cette ambiance fiévreuse plût à Corey, le jeune homme n’était en rien dérangé par un peu de sérénité sur son lieu de travail. En général, il travaillait le soir mais quelques fois par semaine, c’était aux heures creuses qu’il devait assurer le service et c’était le cas aujourd’hui – l’avantage étant qu’au moins, il était à l’abri de l’averse qui se préparait à l’extérieur. Il n’avait plus qu’à croiser les doigts pour qu’elle prenne fin avant qu’il n’ait terminé son service. Ce service consistait en grande partie à rester accoudé au bar en fixant le vide, pour se réveiller de temps à autre lorsqu’un client effronté se risquait à entrer. La plupart d’entre eux étaient trempés jusqu’aux os et Corey se félicita d’être à l’intérieur pour le reste de l’après-midi. Les averses à Miami étaient malheureusement fréquentes, et même s’il n’en faisait pas moins chaud, on finissait trempé en moins de deux. Les heures défilaient lentement au goût du jeune homme, qui ne savait pas quoi faire pour s’occuper. Certes, il avait des clients à servir mais ceux-ci ne semblaient pas enclins à commander des tas de boissons, recherchant plutôt un endroit sec où attendre que l’averse passe. Heureusement, l’heure de la délivrance sonna bientôt et Corey put enfin quitter le bar – il avait prévu de passer la fin de l’après-midi et la soirée en ville mais ses plans étaient visiblement tombés à l’eau, et ce, dans tous les sens du terme. Corey n’eut même pas besoin de jeter un œil à l’extérieur pour deviner que l’averse, loin de se calmer, s’était transformée en déluge. C’est donc avec un soupir résigné que le jeune homme poussa la porte du bar pour se retrouver en plein dans la douche, cherchant un taxi les yeux plissés. Lorsqu’il finit par en trouver un, il fonça dessus et entra dedans en passant sous le nez d’une vieille dame qui s’était apprêtée à le héler. Lui adressant à peine un regard d’excuse tant il était soulagé d’avoir échappé à la pluie, Corey donna l’adresse de l’épicerie d’Ocean Grove au chauffeur qui se mit aussitôt en route. Quitte à rentrer à la maison, ou plutôt à la cage aux fauves, autant s’assurer qu’il y ait encore quelque chose de comestible. Vivre à quatre sous un même toit, sans compter tous les invités qui déambulaient jour et nuit dans la résidence Bowen, impliquait forcément un approvisionnement quasi quotidien. Le Grocer’s Shop était devenu le meilleur allié de Corey depuis son emménagement avec Ozzie, surtout depuis qu’ils avaient été rejoints par Kai et Casey, remplissant ainsi la maison au maximum. Tout ce qui était acheté disparaissait systématiquement – cela expliquait sans doute la difficulté de Corey à retrouver sa veste ce jour-là. Quoiqu’il en fût, Corey ne mit pas bien longtemps à faire ses courses, préférant ne pas s’éterniser et rentrer chez lui. Il était conscient qu’il n’aurait pas une seconde de repos, étant donné qu’il y avait toujours quelqu’un à la maison, que ce fût un des habitants ou quelqu’un d’autre. La maison d’Ozzie semblait être un véritable repère et l’ambiance y était permanente. Mais au moins, il y faisait sec et chaud, et il y avait des vêtements de rechange ; cela valait bien tout le brouhaha du monde. Comme d’habitude, Corey coupa par Lemon Street pour se rendre chez Ozzie, au lieu de prendre Apple Road sur toute sa longueur. La rue était plus ou moins déserte, et ce ne fut qu’après quelques moments passés à marcher en gardant le regard rivé sur le trottoir que Corey remarqua une silhouette un peu plus loin. Une silhouette qui semblait surplombée par un parapluie – aussitôt, le jeune homme accéléra le pas. Il ne reconnut pas la silhouette et ne put que voir qu’il s’agissait d’une femme. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’elle soit gentille et généreuse. Lorsqu’il arriva à la hauteur de l’inconnue, Corey se glissa à ses côtés sous le parapluie, conscient que cela pouvait paraître pour le moins étrange. Il adressa un sourire à la jeune femme et lança : « Ça vous dérange si je vous emprunte votre parapluie ? La pluie risque d’abîmer mon brushing. » La remarque était clairement ironique, étant donné que Corey avait les cheveux en désordre et, surtout, trempés.