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 | (#) Sujet: T’es un laideron mais t’es bien bonne ! Dim 22 Aoû 2010 - 20:16 | |
| Skylar J. Santos & Thomas R. SullivanLa mort n'est que le commencement...mais le commencement à quoi?
La limousine filait bon train à présent passée le carrefour de la treizième. Des sueurs froides, des frayeurs, tout au long de la sortie comblée de journalistes pour finalement rejoindre le doux et réconfortant habitacle de la Moore cie, l’avaient légèrement essoufflé. A plusieurs reprises alors que photographes le mitraillaient lui et son vip, Sullivan avait porté avec dextérité sa main à sa poche droite craignant l’inévitable. MacLoyd, le présumé responsable de la tentative de meurtre sur la personne de Mr. Callaway, venait de perdre son procès et le résultat était sans appel mais avant de voir son agresseur terminer ses vieux jours dans un neuf mètres carrés, le vieux pontife devait repasser au poste terminer les derniers préparatifs afin de classer le dossier, ce pourquoi Thomas le suivait comme son ombre.
Le vieux serra les dents et marmonna à ses gardiens en levant le poing : « C'est pas demain la veille que ses trous duc auront ma peau! Foi de politicien mes garçons, ils ne sont pas encore nés! » Les deux flics sourirent les traits tirés camouflés derrière leurs lunettes à monture mordorée. Mais le destin en voulait autrement. Comme s'il avait été entendu par quelques oreilles malveillantes, à quelques rues plus loin patientait un semi-remorque dont le chauffeur lorgnait perpétuellement les voitures au travers de son rétroviseur gauche. Lorsqu'il vit la silhouette luisante de la limousine débouler au coin de la rue à une trentaine de mètres en amont, il tourna les clefs et s'engagea sur la voie à hauteur du convoi. Cette avenue était une artère principale de la ville et y croiser des véhicules lourds ou camionnettes n'était pas anodin. Il n'attira donc pas l'attention du chauffeur qui continua son bonhomme de chemin en direction du poste et commença à vriller dangereusement sur le coté.
Entretemps à l'intérieur de sa cible, les deux agents en charge de la sécurité ne pensaient plus à rien, à présent loin des quartiers dits à risques des faux-bourgs. Sullivan portait un regard sans crainte et sans apriori sur les passants tandis que Cloovers se replongeait dans une revue démodée du mois dernier portant sur des conflits à l'étranger. Il en venait même à siffler un refrain tandis que ses yeux balayaient les lignes par intermittences quand l'incident arriva. Soudainement, les bruits du roulement de la berline furent étouffés par un son vif et détonnant. Tous les occupants sans exceptions furent projetés contre la parois puis ballotés. La berline fut trainée. Tôle contre tôle, les pare-chocs des deux véhicules s'entrechoquèrent. Puis plus rien.
Quelques secondes plus tard, Sullivan se réveilla dans les décombres, allongé sur ce qui semblait être jadis le plafonnier de la luxueuse auto. Il scruta le visage meurtri de son collègue, gueule béante collée contre une vitre dépeinte de taches ensanglantées puis pivota sur celui du politicien mais ce qu'il vit ne le rassura nullement. Le bec ouvert, il respirait péniblement mais juste assez et lorsque Thomas se glissa jusqu'à lui, il n'eut pour seule réaction que celle de souffler un nombre....que le flic ne comprit d'ailleurs pas et pour cause une explosion venait d'avoir eu lieu à quelques mètres de là. L'essence, le réservoir du poids lourd avait été amoché durant leur altercation et l'essence se déversait sur toute l'avenue en une marre au reflets ambrés, ameutant les passant tandis que son chauffeur s'extirpait de la cabine le sourire aux lèvres. Il toisa néanmoins la berline renversée et fut ravi du tableau dépeint sous ses yeux. Deux coups de feu furent tirés dans sa direction mais manquèrent leur cible, l'homme s'échappa et se fondit à la foule. Le Beretta braqué toujours sur la scène du crime, Sullivan plissa les yeux sans savoir où chercher et ce qu'il devait chercher précisément. Il venait de faire usage de son arme dans le simple but de fragiliser la vitre arrière. Conscient de la gravité de la situation, il n'espérait plus de miracle mais ne pensait qu'à une seule chose: dégager le corps de son défunt collègue mais surtout et avant cela, porter secours au gros qui les avaient plongé inconsciemment dans cette embrouille. Il se retourna sur lui même et revint au près de Callaway qui, sans le savoir, vivait ses dernières secondes à premières vues. Mais sentant la fin lui glacer les sangs, il eu néanmoins une réaction pour le moins surprenante. Lorsque Sullivan porta sa main à sa gorge pour en vérifier le pou, le vieillard la lui agrippa et enlaça une paire de menottes à son poignet, laquelle était accroché au sien. Liés. Sullivan comprit dans ce geste désespéré une reproche à son manquement. Liés dans la vie comme dans la mort. S'il voulait s'en sortir, le flic allait devoir faire de gros efforts. Le vieux soupira une dernière fois et s'effondra contre la portière enfoncée, les yeux plongés dans le vide.
Trente secondes plus tard, on vit un homme s'extirper maladroitement de la carcasse fumante, à l'allure débraillée, les cheveux hirsutes et rattaché à un bras dont le propriétaire restait encore camouflé à l'intérieur. Il resta là, essayant de contempler son environnement, alors que s'amassait en face de lui une foule de curieux. Ses yeux visaient en amont la cime des immeubles, autrement dit il contemplait le soleil et semblait remercier quelqu'un. Ce qui détourna son attention fut le bruit rutilant des sirènes au loin ou tout du moins ce qu'il pu entrapercevoir, son audition étant fortement affectée par les détonations. Ceci dit, l'odeur abjecte du fuel au sol l'inquiétait d'avantage quand il ressentit une attraction dans tout son bras. Putain de merde, le gros n'avait toujours pas clamsé. Sullivan se baissa et un ricochet de balle perdue vint s'écraser sur le carénage de la belle juste à hauteur de son torse. Le flic n'eut d'autre choix que de s'élancer une nouvelle fois à l'intérieur. « Toujours en vie? » « Jamais ils ne m'auront, jamais! » « Vous pourriez peut-être ....? » lui explicita-t-il en levant sa main menottée. « J'ai pas les clefs! » Dans ses derniers mots, Callaway venait de cracher un fin filet de sang. Celui qui avait attenté à leur vie était toujours là, quelque part dehors et n'attendait qu'une seule chose: qu'ils sortent tous les deux de leur trou pour finir le travail. Mais où était-il donc? Comment parvenir jusqu'au secours? Le flic scruta rapidement au dehors quand un nouveau coup se fit entendre. Une vois s'éleva du cœur des décombres : « Amenez l'ambulance ! ». Un risque de plus pour les secours mais les deux captifs ne pouvaient faire autrement vu l'état de fatigue du plus vieux des deux.
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