Si tu devais raconter le pire souvenir de ton existence, lequel te viendrait en premier à l’esprit ? Dans le cas de Kayslee Cavendish, le choix était très vite fait, le premier, qui était d’ailleurs le plus important selon elle, relatait sa première rencontre avec Victoria Blythe. Ses parents organisaient un dîner, jusque là rien de très surprenant, cela arrivait souvent dans la demeure des Cavendish, surtout lorsque les relations du couple étaient encore au beau fixe. A ce dîner était convié Monsieur Blythe, un collègue de son père, son épouse et sa fille. Les parents de Kay lui avait bien précisé qu’elle avait de la chance, que pour une fois elle n’allait pas s’ennuyer seule dans son coin, patientant en se rongeant les ongles que le dîner prenne fin, pour une fois, elle allait pouvoir discuter avec une enfant de son âge, ce qui aux yeux de ses parents étaient une nouveauté et un fait primordial. La petite Kay, elle, s’en fichait un peu, qu’elle soit seule ou avec une autre enfant de son âge, cela la laissait de glace. Lorsqu’elle avait eu en face d’elle sa « copine d’un soir », elle l’avait automatiquement pris en grippe. Physiquement, les deux petites filles n’avaient rien en commun. L’une était un petit angle blond au teint de porcelaine, l’autre était une petite fille des îles avec des boucles chocolatées ; rien en commun, même au niveau du caractère. Kay l’avait observé de haut en bas et ne lui avait pas adressé la parole au début, puis sa mère l’avait prise à part, l’obligeant à discuter avec la gentille petite fille de Monsieur Blythe. Victoria, quel prénom stupide. Quel parent sain d’esprit, donnerait ce prénom à sa progéniture ? Victoria représentait le parfait stéréotype de l’américaine parfaite, celle-ci, du haut de ses huit ans, ne faisait pas exception à la règle. Après le dîner, pendant que les adultes discutaient dans le salon, Kay avait enfin décidé de lui parler, enfin, de la torturer. A l’époque, la brunette avait déjà ses « sales » habitudes. Kay avait donc invité la parfaite petite blonde dans sa chambre, pour lui tirer sur ses couettes et l’enfermer dans le placard en seulement quelques secondes. Ce souvenir était étrangement satisfaisant, néanmoins, la suite lui avait fait regretter ses actes. Ses parents l’avaient punie, et ensuite, ils n’avaient cessé de faire des compliments sur la « jolie petite fille parfaite » des Blythe et de la comparer à cette dernière. Elle n’était plus si parfaite à leurs yeux après cette visite, ce qui avait eu le don de la mettre hors d’elle. Les semaines s’étaient écoulées, les années aussi, et à chacune de leurs visites, ou lorsque le père de Kay travaillait avec celui de Vicky, ils ne cessaient de complimenter la blonde et dénigrer la brune. C’est à cet instant, que Kayslee la prit réellement en aversion.
Perdue dans ses pensées négatives, elle ne regardait pas où elle mettait les pieds. Elle savait juste qu’elle avait dans une des rues commerciales de Miami. Le soleil flottait déjà haut dans le ciel azuré, malgré le fait qu’il soit encore très tôt dans la matinée. Il fait chaud, trop chaud, Kay avait toujours eu du mal à supporter la chaleur, elle avait vite chaud, et préférait les endroits frais et climatisés. Malgré qu’elle était habillée légèrement, d’une petite jupe en coton blanche et d’un top à fine bretelles fuchsia, la chaleur qui était quand même insupportable. Ses cheveux flottant dans son dos, lui collaient à la nuque, ouvrant son sac, elle commença à y fouiller afin de trouver un élastique ou une pince pour les attacher. Mais elle percuta quelque chose de dur avant d’avoir réussi à trouver ce qu’elle désirait. Kay partit en arrière, et se retrouva assise dans la rue. Surprise, elle resta d’abord sans voix, contemplant le contenu de son sac désormais éparpillé sur le sol. Puis elle redressa la tête, croisant le regard de ce « tas » qui était responsable de sa chute. Découvrant le visage de la jeune Victoria Blythe, Kay sentit le sang quitter son visage. Était-ce une hallucination ? Si non, le hasard lui pourrissait vraiment l’existence. Tout mais pas cette gamine ! Furieuse, elle reprit rapidement sa contenance et lui lança un regard noir, furibond.

- Non mais quelle cruche, tu ne sais pas regarder où tu vas ? J’aurais mieux fait de te laisser dans ce placard, me vie en aurait été beaucoup plus simple !