nasty sunny beam.

AVEC TRAY RANNIGAN ET PENNY NICHOLS

Le week-end débutait et le soleil de Miami étendait ses rayons depuis plusieurs heures lorsque Penny se décida à sortir de chez elle. La soirée de la veille avait été longue puisqu'elle avait du participer à une fête d'enterrement de vie de jeune fille (quel manque de tact quand on sait que Penny venait à peine de divorcer) et même si elle n'avait pas spécialement affiché un air ravi tout du long de la fête, elle était rentrée à une heure avancée de la nuit et totalement ivre. Fort heureusement, une amie l'avait déposée en voiture sans la moindre protestation : Penny était connue pour ne pas avoir de voiture et de toute manière, son état ne lui aurait jamais permis de prendre le volant. Ainsi, le lendemain, avait-elle eu du mal à sortir de ses draps. D'ordinaire matinale, elle avait pris une bonne heure pour réussir à s'asseoir sur son lit et une bonne demi-heure pour rejoindre la salle de bain. L'intérieur de son crâne bourdonnait sans relâche et la luminosité de Floride lui brûlait les yeux mais elle tenait absolument à suivre le programme traditionnel de ses samedis matins, quitte à passer trois heures sur ce qui lui prenait en général une heure à tout casser.

En l'occurrence, après s'être octroyée un petit déjeuner modeste mais fort en caféine, la pharmacienne chaussa ses baskets et attrapa son Ipod, ses clefs et sa casquette : elle allait faire du vélo, même avec une vilaine gueule de bois. Avec détermination, elle claqua sa porte d'entrée et la verrouilla soigneusement : elle avait apprit il y a peu que le quartier était sujet à des cambriolages et elle n'avait pas vraiment envie de retrouver sa demeure sans dessus-dessous à son retour. D'autant plus qu'elle vivait seule à présent et que même si elle prétendait s'y être facilement habituée, elle ressentait une certaine peur à l'idée de passer toutes ses nuits seule dans cette grande demeure. Contournant sa maison, elle rejoignit son garage qui servait plus à accueillir son bric-à-brac qu'à abriter une voiture et se glissa à l'intérieur pour récupérer sa bicyclette. C'était simple, la jeune femme ne passait pas une journée sans ce moyen de transport et ne pouvait même pas imaginer passer vingt-quatre heures sans faire travailler ses mollets. Sportive obsessionnelle ? Peut-être bien. Chevauchant l'engin, elle finit donc par redescendre Apple Road, à un rythme las, en saluant vaguement les têtes qui lui étaient familières, tout en prenant soin de garder sa casquette bien vissée sur son crâne et ainsi d'éviter que quiconque croise son regard noircit par d'impressionnantes cernes. Il était onze heures et le soleil commençait déjà à taper sur sa nuque mais elle tenait à regagner le parc du quartier pour s'exercer plus sérieusement. Une fois arrivée au Greynolds Park, elle accueillit avec allégresse une fine brise qui vint rafraîchir son visage en même temps que ses idées. Le lieu était relativement calme, plus bondé qu'en début de matinée mais Penny avait largement de place pour circuler à son aise. De toute manière, elle pouvait toujours utiliser son klaxon pour expédier loin d'elle toute tête blonde haute comme trois pommes.

Ce fut alors juste après avoir crié « Oust ! » à un bambin qui lui bloquait le passage avec son énorme chien qu'elle croisa l'homme qu'elle n'aurait jamais pensé recroiser de toute son existence. Il était à quelques mètres d'elle mais elle sentit instantanément sa respiration s'accélérer. Croyant un instant à une hallucination, elle se permit un second coup d'œil pour en avoir le cœur net mais malheureusement, il fut celui de trop. A l'instant où son regard quitta la route, sa roue avant se coinça dans un trou. Une irrégularité du terrain qu'elle n'avait pas prévu. Un petit panneau avait indiqué le creux mais évidemment, la jeune femme ne l'avait pas vu et sa surprise n'en fut que plus grande. Effectuant un véritable vol-plané, elle atterrit sur le sol caillouté dans un bruit sourd et s'érafla les deux genoux, l'intérieur de ses paumes tandis que son front avait percuté quelques petits cailloux. Rien de grave en somme, des blessures superficielles mais qui eurent le don de rendre Penny extrêmement furieuse. Elle était toute poussiéreuse à présent et ses genoux lui faisaient mal, sans parler de sa tête qui la lançait d'avantage à présent. Se retournant sur le dos, elle réussit à se redresser difficilement en position assise pour, de ses doigts endolories, toucher son front et sentir quelques gouttes de sang perler. Elle remarqua par la même occasion que sa casquette l'avait quitté et se fut en la cherchant autour d'elle qu'elle aperçut une silhouette masculine se rapprocher d'elle. Encore secouée par l'évènement, elle en avait presque oublié la cause première et lorsque son regard tomba sur le visage de Tray Rannigan, Penny se mit à s'agiter en vain, comme si elle essayait de trouver un moyen pour disparaître dans l'instant. Mais c'était inutile et tout ce qu'elle réussit à faire pour tenter tant bien que mal de repousser le moment où il la reconnaîtrait à son tour fut de pencher sa tête en avant, laissant ses cheveux longs et bruns masquer la plus grande partie de son visage. Après tout, il l'avait connu avec les cheveux beaucoup plus courts et d'un blond peroxydé, il ne réussirait peut-être pas à faire le rapprochement. Du moins, elle l'espérait dur comme fer.