Un petit rire joyeux échappa des lèvres de la jeune Hannigan. Cela faisait un quart d’heure qu’elle était assise sur le canapé qui faisait face à l’un des présentateurs télévisés les plus en vogue du moment, j’ai nommé : Maât Blythe-Sheldon. En effet, une semaine auparavant, Muse avait reçu un appel provenant de cet homme qui désirait l’inviter dans son émission pour l’interviewer. Elle n’avait pas vraiment été surprise, après tout, elle était l’une des mannequins les plus populaires du moment. Elle avait parcouru toute l’Amérique, et décroché des tonnes de contrats en un temps record, mais ces derniers temps, elle s’était posée à Ocean Grove, et s’était un peu retirer de la lumière des caméras. Donc non, cette invitation ne l’avait pas surprise, néanmoins elle l’avait flattée. C’est donc d’humeur joyeuse que Muse s’était préparée, elle avait enfilé une robe beige voluptueuse et plutôt courte, qu’un grand créateur lui avait aimablement offerte. Elle s’était maquillée un minimum, sachant que sa beauté naturelle suffisait à elle-même. C’est donc plutôt décontractée qu’elle s’était rendue sur le plateau de l’émission. Elle avait toujours été à l’aise devant les caméras, répondre aux questions ne lui avait jamais posé de problème, tout simplement parce qu’elle n’était pas stupide, la demoiselle avait en effet fait des études de droit. Comme quoi les mannequins avaient aussi quelque chose dans la tête.

Ainsi le début de l’émission s’était plutôt bien passé. Maât la mettait à l’aise, faisait quelques plaisanteries pour la détendre. Muse riait, s’ouvrait, et répondait de bon cœur à ses questions, qui étaient d’ailleurs plutôt bon enfant. Elle n’avait pas vraiment peur, le but n’était pas de la piéger n’est-ce pas. N’est-ce pas ? La demoiselle n’avait pas vu le vent tourner en sa défaveur elle en était restée aux questions basiques, elle avait même imaginé qu’elle allait participer à des jeux et défis stupides, du style, résister ou non à un saladier de bonbons, ou bien s’habiller de la façon la plus laide possible, ou encore, se conduire de la façon la moins classe possible, bref des activités ridicules, qui terniraient l’espace d’une émission son image parfaite de mannequin, mais qui au fond feraient rire tout le monde. Oui des images qui la rendraient plus accessible aux autres, qui la montrerait sous un bon jour, pour faire court, des images qui l’humaniseraient. Et c’était à peu près ce qu’il s’était passé, jusqu’à ce que Maât prenne une voix sérieuse et lui dise : « Passons aux choses sérieuses. » Muse qui n’avait pas compris qu’il était on ne peut plus sérieux, croisa les mains sur ses jambes, et prit un ton faussement solennel : « Je suis prête à passer sur l’échafaud, allons-y ! » Et elle eut un petit rire qui la rendait toujours attendrissante et adorable. Néanmoins son rire se figea, lorsqu’elle se rendit compte que Maât ne plaisantait pas. Muse sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Tout à coup elle craignait ce qui allait se passer. Elle avait comme un mauvais pressentiment. Elle planta son regard dans celui du présentateur, cherchant à y déceler l’avenir. Patience ma douce, tu ne vas pas être déçue du voyage…