Rhys avait posé ses valises deux jours plus tôt et n'avait pas cessé de se déplacer dès lors. Avec ses allers-venus vers la ville de Miami et ses environs pour essayer de racoler de son mieux les dégâts qu'avait engendré son départ long et soudain, il n'avait pas trouvé une minute à lui. Ce n'était pourtant pas un problème : Rhys savait qu'il aurait ce genre de choses à faire s'il décidait de rentrer un jour à Ocean Grove et d'ailleurs, il pensait avoir largement profité de minutes à lui durant l'année écoulée. A présent, c'était aux autres qu'il devait penser et s'il le faisait avec difficulté, le cœur y était intégralement investi. Aussi, lorsqu'il se décida à rendre visite à Candide Cobeyn, ce fut à l'improviste certes mais malgré lui. Il avait conscience qu'il avait posé sur ses frêles épaules une certaine responsabilité en faisant d'elle l'unique personne ayant reçu de ses nouvelles pendant son absence et il trouvait lui-même l'idée de venir jusqu'à chez elle sans prévenir assez déplacé. N'ayant cependant pas le choix, il gara sa Land Rover dans l'allée et descendit de son véhicule. Il en fit le tour pour ouvrir la portière côté passager et en faire descendre son labrador qui, ayant reconnu la maison par la vitre, bondit devant lui. La mine ravie, Rhys le suivit, jonglant avec ses clefs de voiture lorsqu'il vit la porte d'entrée s'ouvrir alors qu'il était encore sur le perron. Agréablement surpris, il rit en voyant les cheveux blonds et le visage pétillant de son amie. Le jeune homme accéléra le pas et haussa les épaules négligemment à sa remarque de « l'homme invisible ». C'était même pas de l'invisibilité dont il avait fait preuve mais carrément d'une absence intégrale. Invité à entrer, il fit signe à Glutton de l'attendre à l'extérieur tandis qu'il s'engouffrait lui-même dans la coquette maison. Cela lui faisait un bien fou d'être enfin accueilli avec joie et ne pas recevoir de la rancœur et de la colère à son égard.
Puis, il fut d'avantage touché lorsqu'il sentit la jeune femme se blottir contre lui après qu'elle eut refermé la porte derrière eux. Poussant un soupire de soulagement, il la serra doucement et esquissa un sourire à sa question.
« Je comptais te prendre dans mes valises, figure-toi ! Mais je me suis finalement rétracté en pensant à tes jambes de gazelle qui auraient eu du mal à y tenir. »
Il la laissa s'écarter de lui et, plaçant ses mains sur ses hanches, lui dit alors.
« Merci d'avoir répondu à mes lettres. Sincèrement, ça m'a fait un bien fou. »

Rhys hocha doucement la tête lorsqu'elle lui assura que le plaisir des lettres échangées était partagé et la suivit donc de bon cœur jusqu'à la pièce voisine, sa salle de séjour. La démarche lente, occupé à observer l'intérieur qu'il trouvait vraiment bien agencé et très cosy, il laissa tout de même un rire bref sortir de ses lèvres tandis qu'il regardait toujours autour de lui. Candide l'assaillait de questions sur ce qu'avait été son existence pendant un an alors qu'elle était déjà celle qui en savait le plus dans tout Ocean Grove. En effet, étrangement, ceux qui n'avaient pas eu la moindre nouvelle de lui pendant un an semblèrent moins curieux de savoir où il avait bien pu traîner. Comme quoi, plus en a, plus en veux. Amusé, il la rejoignit en s'asseyant sur le fauteuil faisant face au sien. Posant ses bras sur les accoudoirs, il prit alors la parole mais restait encore assez avare dans les détails. « Tu sais, il se passe beaucoup moins de choses qu'on peut le croire à l'autre bout du monde. A vrai dire, Ocean Grove reste encore dans le top de ma liste pour les endroits les plus agités du globe. Mais c'était sympa. Vraiment, sympa ... » Il sourit et son regard sembla un instant se perdre dans un flot de souvenirs. Il revoyait les paysages, les visages qu'il avait croisé au fil de ses déplacements. Il fut cependant extirpé de sa passagère torpeur lorsqu'il entendit la jeune femme reprendre la parole. Il reposa instantanément son regard sur elle et perdit son sourire. Que voulait-elle dire ? Soudainement soucieux et réalisant la portée de ce choix, il se redressa doucement, se pencha en avant, appuyant ses coudes sur ses genoux et fixa Candide de ses yeux émeraudes. Il n'était pas en colère, juste trop éberlué et inquiet. « Tu veux dire que tu n'as dis à personne que tu avais des nouvelles de moi ? A personne tu n'as dis où j'étais, que j'allais bien ... » Il secoua vivement la tête avant de la regarder à nouveau. « Pourquoi ?! Enfin … C'est vrai que je ne t'ai jamais demandé de le faire mais je pensais que cela allait de soi. » Prenant une profonde inspiration, il glissa une main nerveuse dans ses cheveux avant d'ajouter sur un ton mi-amusé, mi-agacé. « Je comprend mieux pourquoi tout le monde a voulu me faire la peau ... »