Tous les matins, j'ai un mal fou à me réveiller. Quiconque me connaissant un minimum le sait, donc inutile de revenir une fois de plus là dessus. J'y pense déjà suffisamment en cherchant le sommeil puisque, au cas où cela ne suffirait pas, je suis insomniaque. Comme quoi le sommeil n'est vraiment pas mon ami.
Donc je me réveille, ou plutôt ouvre les yeux, enfile un pantalon, me dirige vers la cuisine pour préparer le café et jette un œil au passage au réveil: 7h28. Dis comme ça, ça parait tôt mais pour moi c'est un horaire normal. Je ne dors pas plus de cinq ou six heures donc tant qu'à faire je préfère être sur pied avant que le soleil ne se lève et avant que toute énergie n'ait disparue. J'entends le café qui passe et son odeur qui se répand dans toute la pièce et je me dis que la journée commence plutôt bien. Et puis il est 7h41, j'ai fini de boire ma tasse et je suis enfin éveillé. Ma conscience tarde à réagir par moment, mais elle ne devrait plus trop attendre pour se mettre en route. En même temps, pour faire du rangement -programme de la matinée- ça ne sera pas très utile, c'est juste une histoire de logique. J'aime que les choses soient bien rangées et pourtant je vis dans le bazar le plus complet, avec des piles de livres et CD éparpillés un peu partout dans ce qui me sert de chambre. Mon appart est propre, il n'y a pas de soucis, mais niveau rangement j'ai un peu du mal, j'avoue. Je prends de grandes résolutions, me lance dans un grand nettoyage et abandonne dès que je tombe sur quelque chose d'intéressant et généralement je m'arrête au bout de quelques voyages entre ma chambre et le salon.
Voilà, il est 8h33, j'ai réussi à refaire mes piles de CD dans un coin, à choisir lequel écouter pour l'instant et j'ai refoulé les livres dans un coin pour ne pas trop gêner le passage en attendant de faire mieux. Car oui, j'ai craqué en retrouvant "Kitchen" de Banana Yoshimoto que j'avais commencé et oublié dans un coin alors que j'avais bien accroché. Affalé sur le lit à lire, je ne vois pas le temps qui passe et sursaute quand on sonne soudain à la porte. Réfléchissons... je n'attends personne... Bah, ça doit sûrement être ma mère qui m'envoie à nouveau un colis, pensant que je serai ravi de retrouver mes anciennes affaires ou alors agrandir ma collection de bibelots de mauvais goût envoyés par ses soins. Je gueule en direction de l'entrée pour que l'on sache qu'il y a bien quelqu'un à l'intérieur.
J'attrape un tee-shirt que j'enfile en me dirigeant vers la porte, enjambant au passage les derniers trucs traînant par terre et donne un tour de clé pour ouvrir.
Oui? Oh! Qu'est-ce que tu fais là?
Simple résultat de l'effet de surprise. Persuadé qu'il s'agissait de mon facteur, sorte de géant moustachu, je n'avais pas pensé que cela aurait pu être quelqu'un d'autre, en l'occurrence Brooklyn. Et pourtant la voilà sur le perron, les bras chargés de deux gobelets de ce qui semble être du café et d'un sachet de donuts provenant du Starbucks. Ca serait bien son genre de venir à l'improviste, les bras chargés de choses qu'elle sait que je j'aime pour que l'on passe un moment ensemble. Et c'est précisément pour cette raison -parmi tant d'autre- que je l'apprécie. Et parce que la présence de cette charmante personne illuminera probablement ma journée.
C'est donc toi qui embaumait tout le quartier! Allez entre!
Je ferme la porte derrière elle et la regarde se diriger vers la table où elle pose ses paquets. Elle a déjà eu l'occasion de venir chez moi -une fois ou deux, je ne pense pas plus- et sait donc où est-ce que l'on s'installera pour boire nos caramel macchiato. A force d'aller au Starbucks ensemble on sait ce que l'autre aime prendre, ce qui est bien pratique dans le cas des visites surprises même si à ce sujet elle a une nette avance sur moi...