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 N°1666. BLYTHE SHELDON HOUSE. | Maât

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N°1666. BLYTHE SHELDON HOUSE. | Maât Vide
Message(#) Sujet: N°1666. BLYTHE SHELDON HOUSE. | Maât N°1666. BLYTHE SHELDON HOUSE. | Maât EmptyLun 22 Juin 2009 - 15:07

N°1666. BLYTHE SHELDON HOUSE. | Maât Jensen152bN°1666. BLYTHE SHELDON HOUSE. | Maât Pada-something4-05

it’s been a long year,
since we last spoke…




    Les rayons du soleil tiède s’étalaient sur les trottoirs immaculés d’Apple Road, illuminant le peu qu’il restait des incendies passés, faisant briller les luxueuses carrosseries de voitures, et laissant les fenêtres des belles villas opulentes étinceler de gaieté. Le soleil rougeoyait au fil des heures, et la température douce de cet été naissant vidait les rues et les maisons de leurs habitants qui profitaient des charmes de la plage ou d’une promenade à l’air frais.

    Just between you and I…

    Parcourant d’un pas lent toute l’avenue, la jeune Tammy Hunkerfield aurait été tellement reconnaissable à sa manière de se vêtir, mais si peu identifiable à la manière dont elle se tenait et à l’expression qu’elle affichait. Si ses talons étaient toujours aussi provocants par leur hauteur, ils ne claquaient pas avec la fierté habituelle dont sa démarche était imprégnée. Si le jean qu’elle portait était un peu trop taille basse et le décolleté de son débardeur auraient paru un peu trop osés comme d’habitude, cette allure n’était pas comme d’habitude sensuelle et vulgaire. Sa taille fine semblait en cet instant brisée par le poids lourds qui avait l’air d’orner ses épaules. Ses yeux étaient fermés, clos, mais les commissures de ses lèvres étaient tristes, si tristes, l’absence de fossette marquant davantage le manque de joie ou d’ironie pure qui avait pour habitude de maquiller son visage. En cet instant, Tammy ne ressemblait guère à Tammy.

    I never believed you.

    Elle marchait le long de la ligne blanche qui séparait les deux routes sans même se soucier de qui pouvait arriver, quelle voiture aurait pu la renverser, ou quelle personne aurait pu lui jeter un œuf en pleine tête, un ballon sur le crâne ou une bombe à eau. Elle risquait peut-être d’être écrasée sous les pneus d’une camionnette d’un traiteur, et son corps serait peut-être retrouvé le soir même, gisant face à son ancien chez-elle ravagé, son visage autrefois séduisant réduit en bouillie par le chauffard imprudent, son corps vidé de son sang et une seule personne tout au plus à son enterrement. Oui, c’était ce que beaucoup auraient voulu qu’il se passe pour Tammy Hunkerfield. Et elle y songea en entendant le lointain klaxon d’une voiture dans une des rues parallèles. Cette pensée la fit sourire cependant, si brièvement qu’on aurait pu en douter. Tammy restait ce qu’elle était : elle se fichait bien de tout cela.

    What did I miss ?

    S’arrêtant avec lenteur, la jeune femme tourna doucement la tête et ouvrit ses yeux. Des yeux aux iris éteintes de ce feu habituel et insolent, aux cavernes noisettes à peine éclairées par la lueur faiblarde de la résignation. Sûrement était-ce la faute de ce qui se trouvait en face d’elle. Le numéro 1666 brillait de mille feux, un rayon lumineux cernant chaque chiffre avec soin comme pour narguer la rouquine qui tourna lentement les talons pour faire face à la demeure.

    I can’t get used to it.

    Oserait-elle y rentrer ? Oserait elle seulement mettre son pied droit, puis le gauche sur le trottoir ? Et cela fait, irait-elle jusqu’à souiller les pavés de l’allée centrale, poser son doigt sur la sonnette qui ne voulait pas d’elle, et guetter vainement qu’une porte s’ouvre alors qu’aucune des habitants de cette maison ne tenait à ce qu’elle puisse parler ou voir l’un d’eux ? Non, non, c’était pure folie. Une … humiliation, le mot écorcha l’esprit à vif de la jeune femme qui poussa un soupir dénué de sentiments, l’anxiété traversant les membres de son corps un à un. Une nouvelle inspiration, et lentement, ses jambes s’animèrent comme un pantin désarticulé pour prendre la direction tant redoutée.

    I'll never get used to it.

    Elle était terrifiée par ce qu’il l’attendait. C’était quelque chose qu’elle n’avait jamais fait de toute sa vie. Comme… Comme la représentation théâtrale à l’école primaire où on a la trouille de sa vie d’oublier son texte. Comme une première fois avec son petit ami. Comme son premier examen. Comme son arrivée dans la vie des adultes et du travail. Comme le jour de son mariage, face aux alliances, au curé, et à votre mari qui vous sourit avec insistance et guette votre approbation. Comme à votre accouchement, quand vous ne savez pas ce qui se passera pour vous et pour votre bébé. Comme à votre premier entretien d’embauche. Comme un saut dans le vide, ou à l’élastique. Comme l’hésitation entre se suicider et continuer votre vie dénuée d’intérêt quand vous avez été largué. Comme toutes ces choses si angoissantes de la vie, ces moments parfois si importants qui marquent votre progression et votre évolution personnelle dans la vie. Comme une sorte de jeu de la vie où on ne gagne pas toujours, et où des fois il faut savoir perdre avec le sourire.

    Could I have saved you ?

    Tammy n’avait jamais su ce que perdre signifiait. Elle ne pensait sûrement pas l’apprendre si tôt. A vrai dire, elle aurait préféré que ce mot n’existât jamais. Qu’elle soit débarrassée de cette idée et que plus personne ne remette ça sur le tapis. Mais elle était malheureusement revenue à la réalité brutale. Elle avait dépassé, pour la première fois de sa vie, un stade où elle en avait eu assez. Véritablement assez. Elle n’en pouvait plus, il fallait bien qu’elle souffre quelques instants pour aller mieux. Pour être capable de continuer à avancer malgré ces putains de coups qui vous font si mal que vous serrez les dents et vous retenez les larmes, parce que ca finira par cicatriser. Ca finit toujours par cicatriser.

    Would that’ve betrayed you ?

    Elle y est déjà, et elle ne s’en était même pas rendue compte… Bon sang ce que le temps peut jouer des tours. Ses jambes sont en plomb, la lueur dans ses yeux s’est éteinte et personne n’est là pour la tirer en arrière. Elle est paralysée, presque tétanisée comme une enfant qui a peur de la piqûre qu’elle va avoir, de la baffe qu’elle va se prendre après avoir fait autant de conneries. Il est temps de subir la punition suprême, Hunkerfield. Son index effleure à peine la sonnette que cette dernière retentit avec férocité pour bien remuer le couteau dans la plaie. La jeune femme a vite fait de reculer sa main comme si elle s’était brûlée à force d’avoir trop joué avec le feu. Elle ne regrette pas son geste, mais elle en appréhende les conséquences.

    I wanna burn this film.

    Si c’est Rhys, elle se prendra un poing violent et ca sera fini.
    Si c’est Victoria, ce sera plus douloureux. Il faudra se répandre en répliques venimeuses et cracher tout à la figure de la pauvre fille.
    Si c’est Darla, elle préfèrera encore finir six pieds sous terre que lui parler.
    Si c’est quelqu’un d’autre, elle ne tien pas à s’effondrer devant un voisin quelconque.

    Mais si c’est lui

    Ses jambes sont sous le point de flancher et elle serre ses poings aux jointures blanchies par la violence qu’elle contient, lorsque la porte s’ouvre avec lenteur sans grincer une seule fois. Elle a mal, son cœur cogne beaucoup, beaucoup trop fort dans sa poitrine. Et son visage cependant imperméable et étrangement vide se décide à lutter contre la peur.

    → Bonsoir, Maât… Je … peux te parler ?

    Les derniers mots… Non, tous les mots sont prononcés de telle sorte qu’on croirait à la confession qu’une sorcière qui va être brûlée sur son bûcher et qui avoue ses crimes au dernier moment, affolée et en larmes, d’une voix si basse et si … calme, lointaine de son timbre claironnant et moqueur. Sauf que Tammy ne pleure pas, Tammy n’est pas affolée. Elle est juste glacée par la tournure que prend l’évènement de ce soir.

    → S’il te plaît.
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Message(#) Sujet: Re: N°1666. BLYTHE SHELDON HOUSE. | Maât N°1666. BLYTHE SHELDON HOUSE. | Maât EmptyVen 26 Juin 2009 - 14:26

      Octobre 2002. Chambre universitaire de Maât et Dallas Flynn, université de Columbia. NY, USA.
      Maât, ton portable sonne ! m'appela la voix de Dallas derrière la porte de la salle de bain de notre chambre universitaire.
      Tu peux lire qui c'est sur l'écran s'il te plait ?
      Y'a marqué "Tammy".
      J'hésitais un instant avant de lui dire :
      Laisse-le sonner.
      Je me regardais dans le miroir, les yeux vides. La poignée de la porte tourna et Dallas apparut à côté de mon reflet.
      Pourquoi tu ne décroches jamais quand c'est elle qui t'appelle ?
      Parce qu'il a des discussions que l'on ne devrait jamais avoir...
      Tu sais, c'est en évitant les secrets qu'on leur donne au contraire de l'importance.
      Il posa mon téléphone portable sur le rebord de la vasque.
      Et il y en a aussi d'autres que l'on devrait au contraire avoir, Maât.

Retour au présent.
    Bonsoir, Maât… Je … peux te parler ?
    Tammy... ?
    S’il te plaît.
    Je... Oui, bien sûr... Je me dégageais de l'entrée pour l'inviter à pénétrer dans ma maison. Je t'en pris, rentre.
    Et c'est ainsi que Tammy Hunkerfield entra chez moi, l'intérieur de cette maison qu'elle n'avait pas vu depuis des années et des années. C'était étrange de la voir ici, droite mais si fléchie, grave mais le visage si provoquant. Tammy était une contradiction vivante que je me plaisais à observer du coin de l'œil.

    Les premières notes d'un piano me ramena à la réalité : avant qu'elle n'arrive, j'étais en train de regarder un film français que l'on m'avait conseillé. Un genre de comédie policière, "8 femmes". Mon visage et celui de la première femme que j'eu aimé se tournèrent vers la télévision pour observer une des actrices chanter :