HAVE YOURSELF A MERRY LITTLE CHRISTMAS

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Il était temps de célébrer l’investiture du nouveau Maire de Miami. G. Dagher Nystrand prenait les rennes d’une ville plongée dans un chaos absolu. Surtout lorsqu’il s’agissait de cibler le tristement célèbre quartier d’Ocean Grove, son quartier. S’il avait eut fort à faire pour se plonger dans les différentes affaires en cours et planifier le redressement de ce qui était désormais sa ville, il n’avait pas encore eu l’occasion de célébrer son élection. Chose qui n’échappa pas aux sœurs Odair. Ces deux pestes montées sur talons hauts, avaient quelques affaires irrésolues avec le nouveau Maire. En plus d’avoir élevé leur nièce -celle-ci se révélant exécrable à leur égard- il avait donc gagné. Chose qui n’était pas pour plaire à la cadette de la fratrie. Si elle affichait un sourire fairplay et satisfait en publique, en privé il en était tout autre. Quant à Evelyn, elle avait un petit goût amer de ne pas avoir pu participer à cette élection, ce poste aurait du lui revenir, elle en était plus que certaine. Alors les deux jeunes femmes avaient décidé de jouer la carte de l’hypocrisie politique. Des pirouettes acquises aux côtés de leur paternel si doué en la matière. Les deux jeunes femmes avaient alors loué un Yacht pour l’occasion. Elles avaient tout organisé ou plutôt orchestré, laissant au petit personnel le soin de se charger des détails les plus épuisants. Bien sûr, cette petite fête fut organisée en accord avec l’agenda de leur charmant Maire, les invitations furent alors envoyées une semaine à l’avance. Si tous les résidents d’Ocean Grove étaient conviés, la soirée promettait d’être pompeuse et cérémonial, peut être pas le dada de tous. Il était évident que si les administrés étaient conviés, il en serait de même de tout le gratin politique de Floride. Mais les deux jeunes femmes n'en ont pas oublié le plus important. Noël méritait tout autant d'être célébré. La douce décoration, blanche et argent vous plongera instantanément dans une ambiance hivernale. Pourquoi passer les fêtes chacun dans son coin ? Alors mettez-vous sur votre trente-et-un cher Ocean Groviens, le soir du 23 décembre, le Yacht prendra la mer à 21h précise, pour voguer au large des côtes. Champagne et petits-fours à volonté, douce musique d’ambiance, un majestueux sapin blanc raffinement décoré. Il ne manque plus que vous.

D’un pas décidé, l’un des serveurs était si pressé de rejoindre sa mystérieuse destination qu’il ne se préoccupait plus des convives qu’il bousculait sur son chemin. Arrivé à hauteur du Maire, le jeune homme d’à peine une petite vingtaine d’année, un gringalet à l’air hagard et la chevelure en bataille, tendit une petite enveloppe au charismatique scandinave. « Vous devez lire ceci Monsieur, c’est important. » Nystrand le jaugea un instant, examinant son interlocuteur avec un brin d’indifférence. S’il ne disait rien, le jeune serveur cru lire : « je ne suis pas ici pour écouter les requêtes farfelues des habitants. Regardez-moi, aimez-moi et fermez-là ! » dans ses prunelles au bleu glacé. Dagher se contenta pourtant de lui adresser un sourire poli et lui affirma alors d’un ton monocorde à vous en filer la chaire de poule : « Je m’en occuperai demain à la première heure. » Mais le jeune homme ne l’entendait pas de cette oreille et restait convaincu qu’il la jetterai à la mer à la première occasion. Ses cheveux déjà trempés de sueur collaient sur son front et dans sa nuque. Ses mains moites tremblaient nerveusement, il perdit alors soudainement son calme. « Vous devez l’ouvrir immédiatement ! » s’emporta-t-il brusquement. Si deux gardes-du-corps s’apparentant plus à des gorilles s’empressèrent de conduire le serveur hors de porté de vue du nouveau Maire, celui-ci resta intrigué un instant. Bien sur, il était habitué à croiser des illuminés partout, néanmoins il était désormais responsable de toute une ville et de ses habitants, il ne pouvait se permettre de se désintéresser de tout. Quand bien même il s’agirait d’une lettre d’amour, il aurait au moins la conscience tranquille et pourrait continuer de séduire ses administrés de ses œillades transpirant l’assurance. Il décacheta l’enveloppe avec un certain empressement, souhaitant passer là-dessus au plus vite. On pouvait identifier ces pattes de mouches comme une écriture plutôt masculine, des traits grossiers mais une très belle calligraphie, il s’agissait probablement d’un adulte à l’éducation raffinée.

« Monsieur le Maire,
Je me souviens avoir suivit votre campagne avec attention, et je ne pouvais m’empêcher de sourire en voyant votre détermination à souhaiter ramener ordre et sécurité sur la ville. Comme si un seul homme pourrait faire la différence .. Miami n’est plus la ville qu’elle était, Ocean Grove est un quartier pourri jusqu’à l’os. Un quartier où des voleurs, côtoies des tueurs en série, des trafiquants en tout genre, des violeurs, des nymphomanes, des écolos extrémistes. Un ramassis d’ordures indélogeables que vous voulez protéger ? Au nom de quoi Mr le Maire ? J’ai fais parti de cette communauté pendant des années, mais à croire que j’étais bien trop honnête pour vous. Je regrette Doug Jackolson bien que ses manigances aient causé ma chute, mais il savait comment traiter avec les nuisibles de votre espèce. Alors je vous le demande Mr le Maire, comment comptez-vous protéger vos convives ce soir ? »

Dagher resta pantois un instant, bien sur qu’il ne faisait pas l’unanimité, mais en était-il ravit pour autant ? Non, évidement que non. Néanmoins ce fut la dernière phrase qu’il ne put s’empêcher de se répéter inlassablement « comment comptez-vous protéger vos convives ce soir ? » qu’est-ce qu’il entendait par là ? Avait-il prévu quelque chose ? Il s’apprêtait alors à rattraper le jeune homme, l’interroger, le secouer un peu. Il avait l’air à fleur-de-peau et facilement impressionnable. Pourtant à peine avait-il fait un pas, que cette soirée se transforma instantanément en cauchemar ..
Dans un bruit fracassant et assourdissant l’arrière du Yacht explosa .. Des scènes purement cauchemardesques se dessinaient alors. Plusieurs passagers furent propulsés dans l’eau par la déflagration, peinant à remonter à la surface, affaiblit par le choc mais animés par l‘adrénaline circulant dans leurs veines. D’autres gisaient inconscients sur le pont, des cris de terreur avaient nappé l’atmosphère. Tandis que le bateau entamait sa descente au fond de l’eau, les moins amochés commençaient à prendre conscience de ce qu’ils vivaient. G. Dagher Nystrand se releva, si sa première pensée se tourna vers Pacey Severide, il ne put laisser les autres passagers à leur sort. Et cette même scène se dessina un peu partout, si l’on aidait les personnes à côté de nous, nous serions en mesure d’espérer que quelqu’un en ferait de même pour ceux que nous aimions. C’était avec cette même pensée que Sansa O’Faolain se précipita vers la personne la plus proche, mais elle resta glacée d’effroi, les larmes inondaient ses prunelles, brouillant sa vue. « S’il te plait .. » murmura-t-elle, qu’elle le connaisse ou non n’avait aucune importance, la jeune femme était penchée au dessus du corps désormais sans vie d’Aaron Waterson. Probablement s’était-il brisé la nuque en heurtant violemment la rambarde, mais cela n’avait pas d’importance pour la rouquine, elle continuait de le regarder espérant qu’il se réveillerait. Elle jeta alors un regard autour d’elle, avec cette impression de flotter de ne regarder tout ça que de l’extérieur, cela ne pouvait être réel. Pourtant la douleur, la peur déformant les visages de ses voisins étaient bel et bien réelles, un peu trop d’ailleurs. Elle se sentit alors portée et se retourna pour voir le visage du Maire se dessiner vaguement, les yeux toujours emplies de larmes, Sansa en eut même un doute. « Ne reste pas là ! » lui dit-il simplement, mais la jeune femme lança un regard vers le corps d’Aaron, Dagher comprit alors ce qui l’a retenait. Et même s’il ne pouvait rien faire, il se contenta de lui adresser un regard confiant, comme pour lui faire la promesse implicite de s’occuper de lui. Une fois la jeune femme partie, le Maire se contenta de fermer les yeux du jeune homme.
Oui cette soirée était prometteuse, pourtant, pour une sombre raison tout tourna subitement au drame. La panique s’était répandue telle une traînée de poudre, impossible de savoir ce qu’il était advenu de nos proches, la seule chose envisageable était alors de sauver sa peau et aider ceux que l’on trouvait prêt de soi. Mais tous ne pouvait être aidé ou sauvé …

Qui avait finit par lancer cette fusée de détresse ? On l’ignorait, et à vrai-dire, personne n’eut vraiment le temps de se sentir soulagé, ni même d’entrevoir un infime espoir. Le chaos qui régnait alors sur ce bateau était tel, qu’en un instant, les rancœurs passées furent mises de côtés. Les jalousies oubliées, de nouvelles alliances furent nouées, des mots trop longtemps gardé pour soit, finirent par trouver une oreille attentive. Des bateaux affluaient en direction du Yacht, les secours commençaient à se répartir et évacuer les premiers passagers qui étaient tombés à l’eau ou avaient plongés volontairement. D’autres, montaient à bord de l’embarcation qui ne tarderait plus à amorcer sa descente au fond de l’eau. Il ne restait que quelques minutes décisives pour les secours, peu de temps pour les passagers bloqués dans les niveaux inférieurs. Pour les quelques passagers qui avaient pu s’éloigner du bateau, cette scène de désolation ne pouvait être qu’un cauchemar.
A la lumière du jour dans les allées fleuris et bien entretenues du désormais célèbre quartier d’Ocean Grove, certain de ses passagers ne s’accordaient même plus un regard. Parfois par désintérêt pur et simple, parfois en mémoire de vieux conflits souvent puérils. Des regards inquisiteurs ou une indifférence qui avaient alors disparu. Ce soir, tous avait perdu des amis, des connaissances, d’autres s’étaient entraidés alors qu’ils furent un jour ennemis. Blessés, abattus, dévastés ou perdus, tous avaient pourtant gagné quelque chose. Qu’il s’agisse d’une veste sur les épaules, d’une main sur une autre ou d’un geste encore plus significatif, chacun avait trouvé de l’aide auprès d’un voisin. Sans doute que les rancœurs du passées régneront de nouveau aux premières lueurs du jour, mais pour l’instant, tous vivaient la même tragédie, égaux dans l’adversité, ces voisins qui s’étaient un jour retournés les uns contre les autres, s’unirent de nouveau.