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 Wake up this world | Jed

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Wake up this world | Jed Vide
Message(#) Sujet: Wake up this world | Jed Wake up this world | Jed EmptyDim 27 Fév 2011 - 21:34

Wake up tonight
and run with me

« Il s'est réveillé? » demanda la jeune fille à l'infirmière, anxieuse et agitée alors qu'elle venait d'atterrir à l'étage de l'hôpital où avait élu domicile son ami. « Écoute, Ella ... Il est possible qu'il ... » « Ne se réveille jamais. Je sais, vous me l'avez déjà dit. Mais je n'y crois pas. Il se réveillera. » Angoissée, elle poursuivit son chemin sans égard aucun pour la femme, désespérée, qui ne savait plus comment lui dire qu'elle ne devait pas trop s'attendre à un miracle. Jed avait été en mauvais état, il y avait de fortes chances pour que son état ne s'améliore pas, ils n'arrêtaient pas de le lui répéter. La jeune fille refusait de les croire, préférant suivre son propre instinct et c'est avec délicatesse qu'elle ouvrit la porte de la chambre de son ami, comme si elle ne voulait pas le déranger. Étendu au beau milieu des draps blancs, il lui semblait serein et seul le moniteur posé à côté de lui précisait qu'il était toujours en vie. Son coeur battait, Jed se battait! S'approchant de lui en se mordant la lèvre, la jeune fille laissa son pouce caresser sa main avant de fermer les yeux et de se détourner de la scène qui, encore une fois, l'horripilait. Elle ne savait pas combien de temps elle tiendrait, comme ça, à se rendre à son chevet, sans craquer. Elle avait déjà l'impression qu'elle perdait pied et elle se rendait compte à quel point elle espérait plus que de raison un miracle qui ne venait pas.

Prenant de nouveau place dans le fauteuil - qui était devenu son nouveau lieu de prédilection et qui était posé dans un coin de la pièce - la jeune fille redressa ses jambes contre elle après avoir retiré ses chaussures, laissant sa tête reposer contre le dossier en laissant ses prunelles vaciller devant les murs blancs, mais un peu sombres à cause de la nuit qui avançait à grands pas. La noirceur croissante suffit à l'attirer dans les bras de Morphée, alors qu'elle se sentait un peu plus détendue dès lors qu'elle se retrouvait en la compagnie de son ami. Ses rêves, peuplés de situations toutes plus invraisemblables les unes que les autres, la réveillèrent un peu plus tard, alors que la nuit était désormais complètement tombée et que les rayons du soleil ne pouvaient plus percer l'horizon. Fronçant les sourcils en passant une main sur son visage pour tenter de faire disparaître les signes d'un sommeil évident, elle sursauta brusquement lorsqu'elle entendit un bruissement éloigné. Ce ne fut que lorsqu'elle posa son regard sur la silhouette de Jed qu'elle comprit: il était réveillé. Sa bouche s'ouvrit sous la stupeur et la joie de le savoir en vie, même si elle ignorait encore dans quel état il se trouvait. Elle aurait sans doute dû courir chercher un médecin pour lui signifier que son ami venait d'ouvrir les yeux, contre toutes espérances, mais elle ne serait même pas parvenue à faire un pas tellement ses jambes étaient molles. « Ils ne pouvaient pas avoir raison. Je le savais. » murmura-t-elle davantage pour elle-même que pour lui. Les médecins ne comprenaient vraiment rien; ils avaient préféré lui donner les termes médicaux, lui expliquer ce qu'il en était de l'état de Jed - même si elle n'y comprenait pas grand chose -, plutôt que de la laisser croire à un futur rétablissement. Peut-être avaient-ils cru qu'elle ne méritait pas qu'on lui fasse de faux espoirs, mais Ella n'en avait été que plus blessée.

Elle réussit à se redresser et fit quelques pas, passant une main dans ses cheveux alors qu'elle ne savait plus comment faire face à ce réveil soudain. Lorsqu'il était endormi, elle avait pu poser un baiser sur sa joue, se glisser à ses côtés pour se sentir un peu plus en sécurité et désormais, tous ces gestes lui paraissaient dénués de sens. Elle préféra demeurer à quelques pas du lit, osant un petit sourire en coin alors qu'elle se doutait qu'il ne devait pas être au mieux de sa forme. « Lawson ne serait pas heureux de savoir que j'ai dormi dans la même chambre que toi ... » fit-elle avec une légère pointe d'humour, sachant pertinemment qu'elle n'obtiendrait jamais la réponse « Ça va. » si elle lui demandait comment il se sentait. Elle préférait donc éviter, afin de ne pas le forcer à mentir s'il ne voulait pas lui dire la vérité. Hésitante, son regard dériva sur la porte de la chambre, toujours fermée, reportant finalement son attention sur son ami, évaluant d'une oeillade son état, même si elle n'y connaissait rien. Jed pourrait bien dire que tout allait bien, l'adolescente comptait sur son propre sens de la déduction pour déceler dans ses prunelles le véritable sens de ses paroles ou de ses gestes.
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Wake up this world | Jed Vide
Message(#) Sujet: Re: Wake up this world | Jed Wake up this world | Jed EmptyLun 28 Fév 2011 - 1:58

Rien.
Il n'y avait rien. Autour de lui, à l'intérieur de lui, partout, tout était vide. Il n'y avait rien et puis, soudain, il y eut du son. Pas un son clair et distinct, plutôt un bourdonnement désagréable, comme lorsqu'un insecte particulièrement belliqueux s'acharne à vous tourner autour une nuit d'été. " Nuit d'été " étant d'ailleurs la meilleure des comparaisons possible puisque Jed mourrait de chaud. Sans trop savoir pourquoi, il avait l'impression de crouler sous le poids d'une chaleur inexpliquée. Imperceptiblement, ses sourcils se froncèrent en signe d'irritation. Qui avait bien pu avoir l'idée sadique de lui imposer en fond sonore ce " bip bip " régulier qui semblait vouloir lui marteler le crâne jusqu'à ce qu'il en devienne fou ? Mon dieu qu'il avait mal à la tête ... Mais la douleur n'avait rien de lancinante. Elle était là, anesthésiée ; palpable mais pas tout à fait en surface, étouffée par la morphine très certainement, quoiqu'assez présente pour le faire se rendre compte qu'un simple mouvement suffirait à lui arracher un cri de souffrance. Mais était-il en état de crier ? Pis, était-il en état de bouger ? Froncer les sourcils, même en gardant les yeux fermés, lui paressait être une tâche herculéenne ...

Faible, malade, vulnérable, il tâcha de reprendre ses esprits bien que tout autour de lui lui semblait étrangement distant. Dans un effort surhumain, il ouvrit les yeux et laissa sa vue brouillée fixer le plafond une bonne dizaines de minutes. Dix minutes qu'il passa à réfléchir en silence sur le pourquoi de la présence de ces néons au plafond alors qu'il s'était très certainement attendu à un ciel dégagé dans lequel aurait paradé une armée d'anges avec des plumes dans le cul. Peu à peu le fil de sa pensée retrouva sa ligne conductrice et les déductions se firent, non sans mal. Le " bip bip " qui l'agaçait tant n'était autre que le son d'un moniteur, il n'avait pas besoin de tourner la tête pour le deviner car les deux petits tubes qui lui chatouillaient les narines ne pouvaient vouloir dire qu'une seule chose : quelqu'un, ici bas, s'était assuré qu'il ne manquerait pas d'oxygène. Toujours sans oser bouger, il regarda du coin de l'œil de part et d'autre de son lit pour voir s'il était seul dans la chambre : c'était apparemment le cas. Dans l'impossibilité de voir par delà ses pieds qui formaient une bosse sous les couvertures immaculées, il ne devina pas la présence d'Ella au fond de la pièce. Encore, il s'accorda le temps de la réflexion, tentant tant bien que mal de rassembler ses idées et ses souvenirs afin de mieux comprendre comment il en était arrivé là. Il lui fallut un certain temps avant de se remémorer Rose, l'alcool, le pont et tout ce qui avait touché à sa tentative de suicide ratée. Se rendant compte du temps de réflexion anormalement long dont il devait faire preuve avant que son cerveau n'intègre les informations, il en vint à se demander s'il ne s'était pas claquer la tête quelque part durant sa chute. Une chute dont il ne se souvenait absolument pas à vrai dire. Tout était flou, rien ne semblait vouloir lui revenir précisément en mémoire. Des images, des flashs, peut-être même quelques mots mais pas plus, il avait l'impression d'être un véritable gruyère mental mais le simple fait de s'en exaspérer suffit à le fatiguer, ce qui l'incita donc à ne plus chercher à comprendre pour préserver le peu de forces qu'il lui restait.

Déviant sur des pensées plus terre à terre, sa curiosité se porta alors sur le ressenti cotonneux qu'il avait de son corps. Bras, jambes, torse, rien ne lui semblait réellement sensible et réceptif à l'environnement extérieur ; comme si son sens du touché avait été atténué sur l'intégralité de sa surface épidermique. Inquiet de s'imaginer peut-être paralysé, il se fit violence pour tenter de gigoter, ne serait-ce qu'un minimum, histoire de voir si chacun de ses membres répondait à l'appel. Ce fut le cas, mais le soulagement naissant qu'il ressentit se brisa net lorsque Ella - sortie de nul part - apparut dans son champ de vision. Hypersensible psychologiquement faute de l'être physiquement, il sentit son esprit de rétracter comme une huitre à la vue de la jeune fille.

« Lawson ne serait pas heureux de savoir que j'ai dormi dans la même chambre que toi ... »

Ce qui - jusqu'alors - n'était que des suppositions d'ado déboussolé et vaseux se transforma en une réalité concrète qui le gifla d'une violence inouïe. Non, il n'était pas mort. Non, il n'était pas au purgatoire, en enfer, au paradis, ou n'importe où ailleurs qu'ici, sur Terre, avec les mêmes personnes qu'il avait voulu fuir en décidant de se donner la mort. Le choc l'aurait paralysé si seulement il n'avait pas déjà été dans l'incapacité plus ou moins concrète de bouger ... Vidé de toute substance, tourmenté et ressentant un besoin imminent de solitude, Jed ne pipa mot. Que pouvait-il répondre ? Outre le fait qu'il n'était pas du tout certain de savoir parler, sa gorge serrée lui indiquait clairement qu'il n'en avait pas envie, tout simplement. Raide et terriblement mal, il dévisagea l'adolescente d'un regard pire que meurtrier : juste vide. La voir là, maladroite, hésitante, inquiète sans trop oser s'approcher, lui donnait envie de vomir. Il n'en revenait pas d'être en vie, d'avoir survécu et de devoir vivre ce retour déchirant à la réalité alors qu'il avait espéré de tout son être que c'en était fini de ce monde, de cette douleur et de la vie en générale.

Abattu, assommé, avec l'impression d'avoir un monde entier à reconstruite, il se contenta de soupirer - lourdement.
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Message(#) Sujet: Re: Wake up this world | Jed Wake up this world | Jed EmptyMar 1 Mar 2011 - 5:34

Malgré l'horreur qu'un tel regard pouvait lui inspirer, Ella le soutint sans ciller, consciente que tout ce qu'elle avait essayé de faire avant avait été réduit en poussière. Elle ne savait plus ce qu'elle pouvait tenter d'autre pour le garder dans leur monde, elle ne connaissait pas les mots qui suffiraient à le retenir une bonne fois pour toute. Elle voyait toute la douleur au fond de ses prunelles et elle en aurait bien pris la charge sur ses épaules s'il avait pu en être apaisé, mais elle savait qu'elle ne pouvait rien faire pour lui, sinon de tenter de lui apprendre à vivre avec son chagrin. N'avait-il pas déjà tenté, sans obtenir les résultats escomptés? Était-elle capable de porter à bout de bras un si lourd fardeau, quand bien même cela permettait à Jed de rester à ses côtés? Elle ne savait pas comment elle devait faire, elle ne savait ni quoi dire, ni quoi faire pour le rassurer, pour qu'il imprime dans son esprit qu'elle serait toujours là malgré tout ce qu'il avait pu faire. Sa présence incessante dans la chambre aurait pu lui faire comprendre qu'elle n'avait pas l'intention de l'abandonner, mais elle n'était pas certaine qu'il puisse réellement en saisir le sens. Sans doute voulait-il qu'elle disparaisse, justement. Qu'elle le laisse tranquille et qu'elle fasse voeu de silence jusqu'à la fin de sa vie. Or, la jeune fille, déstabilisée par le mutisme de son ami, refusait catégoriquement d'abandonner. Elle n'avait là que la preuve d'un Jed qui se torturait l'esprit pour une mort à laquelle il ne pouvait rien changer. Si sa soirée passée avec Rose avait pu déclencher tous les récents évènements, Ella savait, au plus profond de son coeur, que Jed n'allait pas bien depuis bien plus longtemps que ça. Il allait mal depuis son arrivée et il n'aurait pas su quitter sa ville natale comme ça, d'un claquement de doigt et sur un coup de tête, si sa soeur avait été encore en vie et si les remords n'assaillaient pas son coeur. Il ne serait pas obligé de se shooter à la drogue pour oublier.

Réduisant à néant la distance qui la séparait du lit de son ami, la jeune fille saisit sa main, l'entourant des siennes, en se mordant la lèvre, ses prunelles regardant sans les voir les doigts de Jed qui disparaissaient sous les siens. « T'es pas tout seul, Jed. » Y'a plein de gens pour t'aider, aurait-elle voulut dire alors que les mots mouraient sur ses lèvres en même temps que ses mains relâchaient les doigts de Jed comme si un feu soudain s'était déclenché ou qu'un fusible venait d'éclater entre ses paumes, au choix. Elle se rendait compte à quel point ce simple contact physique lui faisait mal, à quel point elle voulait à tout prix le croire lui et se dire que tout ça n'était qu'un mauvais rêve. Ne pas savoir la tuait et pourtant, la jeune fille ne pouvait pas le lui demander. Pas maintenant. Se mordant la lèvre en fermant un instant les yeux sous l'affliction qui la prenait par surprise, l'adolescente recula d'un pas avant de se mettre à compter les tuiles du carrelage, comme dans un autre monde. Tout pour ne pas poser les yeux sur la silhouette de son ami, ami qui avait voulu en finir et qui ne serait pas ici aujourd'hui sans un gros bloc de chance. Elle ne savait pas comment le prendre et même si elle se sentait égoïste ne serait-ce qu'à l'énonciation de l'idée, elle avait cru qu'elle avait su l'aider. Purger un coeur de toutes les émotions néfastes qui l'entretenaient et le poussaient à battre n'était pas une chose facile et parfois, il ne suffisait plus que d'un seul plongeon pour tout faire chavirer, mais elle avait cru, à tort, qu'elle lui avait appris à nager.

« Tu veux un peu d'eau ... ? Je ... Tu as mal? » Le dévisageant de ses prunelles inquiètes, mais presque hésitantes, un peu méfiante, la jeune fille avait versé dans un petit gobelet un peu d'eau, ne serait-ce que pour qu'il puisse y tremper les lèvres. Elle s'était approchée de nouveau, le verre en carton au creux de sa main, mais ne voulait pas faire le pas supplémentaire qui le conduirait à son chevet s'il ne le lui avait pas demandé. Bien sûr, que Jed ne lui demanderait jamais rien et c'est pour ça qu'elle devait voir d'elle-même ce qui n'allait pas: chose parfois impossible lorsqu'on avait devant soi Jed Vargas. Pas qu'il soit un maître dans l'art de cacher ses émotions, mais dès lors qu'il prenait un peu trop de drogues, Ella ne savait plus si ses réactions étaient amplifiées ou si, au contraire, elles ne voulaient rien dire. Il n'avait même pas besoin d'être saoul ou drogué, dès lors qu'il n'était plus tout à fait lui-même, elle avait du mal à tout remettre en place. Elle aurait amené le gobelet à ses lèvres s'il l'avait voulu et qu'il ne possédait pas la force nécessaire pour le prendre de lui-même. Elle aurait appelé l'infirmière pour qu'elle vienne voir et augmenter sa dose de morphine s'il avait mal. Elle aurait tout fait pour qu'il se sente mieux.

Tout.

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Wake up this world | Jed Vide
Message(#) Sujet: Re: Wake up this world | Jed Wake up this world | Jed EmptyVen 4 Mar 2011 - 2:06

La voyant s'approcher de lui, Jed détourna le regard, bien incapable de soutenir plus longtemps celui d'Ella et aussi désireux de manifester à sa façon - dans la mesure de ses maigres moyens physiques - sa non envie d'engager la conversation. Pourtant, cela n'empêcha pas l'adolescente de lui prendre la main et de lui rappeler qu'il n'était pas seul, chose qui le fit fermer les yeux puis s'arranger pour que ses paupières soient les plus crispées possible, comme si fermer les contracter aussi fort avait pu effacer de ses oreilles les mots qu'elle venait de prononcer et qui lui faisait mal. Il n'était pas tout seul, oui et non. Oui parce que, en effet, il était bel et bien là : allongé comme le dernier des légumes, vulnérable et fatigué, condamné à subir visites, conversations et regards à venir sans rien pouvoir faire d'autre que de fermer les yeux en priant de toutes ses forces pour qu'on le laisse tranquille et que plus jamais personne ne le regarde. Non, parce que tout aussi entouré qu'il puisse être (par elle, par Lawson, par Crash, par Meryl et par ses parents lorsqu'il se trouvait encore à Paris), il était bel et bien seul. Seul. Tout seul dans sa peine, dans sa colère, sans sa détresse et dans tout ce qui faisait de lui un ado isolé, renfermé et proprement bouffé par une maladie plus communément appelée " dépression ". Voilà, c'était pensé faute d'être dit : Jed était dépressif. Tout dans ce réveil au mauvais endroit au mauvais moment lui faisait prendre conscience de cet état de fait responsable de son malêtre indescriptible ; le paradoxe suprême résidant dans le fait que - même s'il la morphine anesthésiait la douleur physique - son esprit, lui, était au supplice ...

Alors oui et non, il n'était pas tout seul. De toute façon et quoiqu'on puisse en dire, la seule solitude qu'il aurait pu décrocher dans le repos éternel lui avait été enlevée, volée, chapardée et - même s'il était évident qu'il n'aurait pas du en vouloir à Ella pour ça - cela ne l'empêcha pas, sur le moment, de la haïr d'être présente. Une présence qui - c'est ce qu'il supposait en tout cas, et il ne pensait sincèrement pas se tromper - n'aurait pas du l'accompagner jusque sur ce pont où tout aurait pu se finir une bonne fois pour toutes, sans plus qu'on n'en parle et sans plus qu'il n'y ait de douleur. Qu'avait-elle fait ? L'avait-elle sauvé ? Avait-elle appelé les secours ? De quel droit ? En quel nom ? Depuis quand se prenait-elle pour Dieu, à décider de la vie ou la mort des autres humains qui l'entouraient ? Pire, depuis quand se permettait-elle de décider pour LUI ! Lui qui n'avait aucun dieu et qui - par conséquent - mettait un point d'honneur à être le seul maitre de sa vie, de ses choix et de ses actes, dussent-ils lui être fatals.

« Tu veux un peu d'eau ... ? Je ... Tu as mal ? » Rouvrant les yeux en l'entendant reprendre la parole et en constatant qu'elle lui avait lâché la main sans qu'il ne s'en soit rendu compte, il se décida enfin à tourner son regard assassin vers elle ; quand bien même toute logique et toute raison aurait du lui crier de ne pas la prendre pour cible, de se mettre à sa place et de comprendre ce qui la poussait à être là, en cet instant, alors qu'il aurait donné tout et n'importe quoi pour que jamais personne ne soit amené à l'accompagner et à l'incommoder jusque dans ce moment sombre de son existence ou l'idée de se savoir incapable de cacher sa détresse suffisait à le rendre agressif, désespéré et irrationnel. Le syndrome de l'animal blessé en somme. Capable de mordre le maître l'ayant nourri toute sa vie pour lui faire payer d'être là, de le regarder mourir, de s'obstiner à l'amener chez le vétérinaire quand lui-même savait pertinemment qu'il n'y avait plus rien à faire et qu'il fallait s'y tenir, point.

Ah il n'était pas tout seul ? Ah elle voulait être là pour lui ? Ah elle n'abandonnerait pas, ni hier, ni aujourd'hui, ni demain ? Bien, très bien. Dans ce cas elle allait en payer le prix. Dans son état, à bout de nerfs et plus bas que terre, Jed n'avait plus la force de penser aux autres. Il n'avait plus la force de faire semblant et de prendre sur lui pour ne pas imposer sa douleur à autrui tout comme il l'avait fait avec Rose en espérant que jouer un rôle aiderait la jeune femme à mieux l'oublier et à mieux se remettre de l'évènement déclencheur à toute cette descente aux enfers qui, pourtant, avait déjà bien été amorcée par la mort de Sally. Tant pis pour elle, tant pis pour sa sensibilité et tant pis pour ses larmes. Le moment était arrivé où il ne pouvait plus la préserver de lui. Son acharnement à le harceler sans relâche avait gagné, à elle maintenant de savourer le goût amer de sa victoire :

« Qu'est ce t'as fais ? » Souffla-t-il d'une voix mi déçue, mi colérique, rendue rugueuse par l'intubation qu'il avait très certainement du se faire poser à sa sortie du fleuve. « Qu'est ce t'as fais Ella ? » Du reproche, de la haine presque ... Jamais encore il ne lui avait parlé sur ce ton là. « Est-ce que j'ai mal ? EST-CE QUE J'AI MA ... * kof kof kof * » S'emporta-t-il avant qu'une quinte de toux monstrueuse ne lui arrache la poitrine et le fasse mimer une grimace affreusement douloureuse. Il ne pouvait pas crier, il était bien trop faible pour ça. Qu'à cela ne tienne, la colère froide remplacerait la colère brute et décadente dont il aurait fait preuve en temps normal, si son corps et sa force avaient été au rendez-vous pour lui permettre de tout casser, jusqu'au moindre de ces maudits gadgets apparemment mécontents de voir son rythme cardiaque s'emballer sous le coup de l'énervement. « Qu'est ce que tu fais là ? » Froide, nette, tranchante, inquisitrice ... Eut-elle été posée par un jury populaire cherchant à savoir si oui ou non il fallait condamner à mort l'accusée dont le rôle était ici joué par la petite blonde, que le ton de la question n'aurait pas été différent ...

Malêtre, désespoir, déception, déprime, douleur, ce comportement inhabituel n'était rien d'autre que la manifestation de sentiments toujours plus violents et toujours plus confus, qui se battaient les uns les autres à l'intérieur de Vargas et criaient leur besoin de s'exprimer. C'était normal, c'était prévisible et, pourtant - toute aussi prévenue qu'elle ait pu être de par ses nombreuses mises en garde - Ella n'avait pas su présentir que sa présence lors du réveil serait une porte ouverte à l'apocalypse. Tant pis pour elle, tant pis pour son acharnement. S'il est vrai que l'on apprend de ses erreurs, l'heure était de toute évidence à la grande leçon de vie.


Dernière édition par Jed Vargas le Dim 6 Mar 2011 - 0:27, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Wake up this world | Jed Wake up this world | Jed EmptyVen 4 Mar 2011 - 21:27

Elle dut faire un effort de concentration monstre pour ne pas détourner les yeux lorsque Jed la jaugea d'un regard meurtrier à la faire pâlir et crouler sous l'abattement. Comment pouvait-il la regarder comme ça? Comment pouvait-il lui en vouloir à ce point alors qu'elle ne comprenait même pas ce qu'elle avait pu faire de mal? Il avait voulu mourir et il n'était pas mort; il avait le droit à une seconde chance et alors que la jeune fille s'apprêtait à caresser doucement sa joue pour lui dire qu'il serait bien vite sur pied, qu'il n'avait pas besoin de s'inquiéter et que ses blessures n'étaient pas trop graves - parce que c'était bel et bien la première et seule raison qui lui venait à l'esprit pour laquelle il semblait lui en vouloir - elle suspendit son geste sous les mots venimeux qu'il lui adressa. Incertaine du sens qu'elle devait donner à ses propos, elle fronça les sourcils sans comprendre, jusqu'à ce qu'il réitère ses paroles. « Qu'est ce t'as fais Ella ? » Blessée par le ton sur lequel il s'adressait à elle, la jeune fille entrouvrit la bouche sans rien dire, consciente qu'il la prenait pour responsable de tout ce qui lui arrivait. Il avait même glissé son prénom afin de lui assurer que c'était bien à elle qu'il parlait, qu'elle devait prendre le reproche personnellement. Si son nom sonnait plutôt bien dans la bouche de Jed habituellement, il lui semblait désormais être l'un de ces jurons que l'on crache pour s'en débarrasser et pour hurler sa colère et sa déception. Il n'y avait plus aucune douceur dans son ton, ni même un peu d'affection.

Tout n'était que douleur, désespoir et reproche. Reproche qu'elle ne parvenait pas à comprendre, parce qu'il savait très bien qu'elle n'aurait jamais pu le laisser partir sans tenter de le retenir. L'absence d'une petite flamme dans les prunelles de son ami, une petite flamme qui pourrait lui montrer qu'il avait toujours l'intention de se battre, suffit à la contraindre au silence, alors qu'elle ignorait ce qu'elle devait dire pour le ramener à l'ordre, pour se défendre.

« Est-ce que j'ai mal ? EST-CE QUE J'AI MA ... * kof kof kof * » « Arrête, tu vas te faire mal ... » murmura-t-elle non sans détourner légèrement les yeux sous la douleur de son ami. Elle avait mal pour lui, alors qu'elle se doutait un peu de l'état dans lequel il devait se trouver présentement. Il devait sans doute tenter de mettre son malheur sur le dos de quelqu'un, de trouver un coupable et il s'avérait que c'était elle qui prenait. Pourquoi elle? Avait-il déjà tout oublié des moments qu'ils avaient passé tous les deux? Il n'y avait pas eu que des peines et des disputes, il y avait eu de beaux moments aussi, avec des rires et des chamailleries. Il ne devait pas voir tout en noir, il ne devait pas! C'était ainsi qu'il finirait par s'effondrer, s'il cessait de se souvenir de tout ce qui avait pu le rendre heureux avant. Il devait se rappeler toutes les belles choses afin de restructurer un peu son coeur, afin de ne pas se laisser aller à une descente sans fin vers les enfers, d'où il aurait tout le mal du monde à remonter.

Elle reporta douloureusement ses prunelles dans les siennes alors qu'elle ne parvenait même pas à bouger ne serait-ce que le petit doigt. On aurait presque pu dire qu'elle se retrouvait à sa place, clouée dans ce lit, paralysée des pieds à la tête tellement ce sentiment d'abandon faisait rage contre son envie de le protéger, beaucoup moins légitime. Elle aurait voulu lui tendre le verre d'eau qu'elle lui avait versé pour tenter d'apaiser sa gorge sans doute brûlante, mais elle n'osait même pas le faire. Depuis quand n'osait-elle pas? « Qu'est ce que tu fais là ? » Comme un couperet, la question tomba, plongeant aussitôt l'adolescente au beau milieu de l'abîme. Elle perdait pied. Elle était même incapable de répondre du tac au tac qu'elle était là pour lui, incapable de trouver les mots pour lui dire ce qu'elle ressentait vraiment et surtout, ce qu'elle avait ressenti lorsqu'elle s'était rendue compte qu'elle ne le verrait peut-être plus jamais. Elle avait l'impression que lui avouer tout ça n'aurait été que dénué de sens en ce moment, comme si c'était impossible qu'elle ait pu s'inquiéter pour lui au vu du désintérêt certain de Jed pour elle. Il n'avait même pas essayé, il avait préféré fuir plutôt que de se battre et de confronter les conséquences de ses actes, fussent-elles trop grandes pour ce qu'il pouvait supporter. Comment pouvait-elle se trouver encore dans la pièce alors qu'il ne voulait pas qu'elle soit là? Pourquoi n'avait-elle pas décidé de partir au lieu de se planter un nouveau couteau dans la chair à chaque minute de plus qu'elle passait avec lui?

« Parce que je ne voulais pas que tu reprennes connaissance tout seul. » Demi-vérité, c'était toujours mieux qu'un demi-mensonge. Sans réellement s'en rendre compte, ses doigts avaient effleuré les siens avant qu'elle ne recule de quelques pas. « T'étais pas toi-même ce soir-là, Jed ... » T'es tombé. Tu ne voulais pas te tuer, avoue-le moi. Tu ne voulais pas te tuer. Elle aurait voulu s'en assurer, mais seuls quelques murmures étaient parvenus à briser le silence, alors qu'elle faisait un pas vers la porte en se mordant la lèvre. Elle ne voulait même pas entendre la réponse. Elle ne voulait rien entendre.
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Wake up this world | Jed Vide
Message(#) Sujet: Re: Wake up this world | Jed Wake up this world | Jed EmptyDim 6 Mar 2011 - 0:56

« Parce que je ne voulais pas que tu reprennes connaissance tout seul. »

Le regard plus dur que jamais et les lèvres étroitement serrées comme pour retenir le flots d'injures qui lui brulaient la langue, Jed accomplissait un effort surhumain pour ne pas hurler de nouveau. S'en sachant incapable, il serra les dents pour ne pas se tenter et souffrir d'une nouvelle quinte de toux affreusement douloureuse. Au lieu de quoi, il la fusilla des yeux, bien content pour une fois de la savoir capable de deviner ses pensées, même si ce don horripilant l'exaspérait d'habitude. Et - comme pour lui faire plus mal encore - il s'appliqua à ne surtout pas battre des cils, pour qu'elle puisse bien les voir tous ces nuages noirs de reproches qui lui barraient la vue et qui mourraient d'envie de déverser leurs eaux sales et bouillonnantes sur ca vilaine petite personne ! Comme s'il allait la croire ! Comme si l'excuse avait pu tenir debout une seule seconde ! Le prenait-elle vraiment pour le dernier des crétins ? Égoïste ! Il savait bien que ce n'était pas pour lui mais pour elle qu'elle était là ; tout comme il se doutait bien que ce n'était pas pour lui mais pour elle qu'elle avait appelé les secours le soir du drame au lieu de le laisser mourir comme il l'avait prévu et comme il en avait eu envie. Pourquoi ne pouvait-elle pas se mêler de ses affaires ? Pourquoi fallait-il TOUT LE TEMPS qu'elle fourre son nez partout et qu'elle vienne l'emmerder même quand il n'avait strictement rien demandé à personne ? Fallait-il y voir un délire de persécution divine qui, en plus de lui avoir arraché injustement sa sœur, s'appliquait désormais à lui pourrir la vie par l'intermédiaire de cette blonde tellement égocentrique qu'elle en devenait sans aucune considération pour ce que les autres pouvaient vouloir, quand bien même la ou les choses voulues n'entraient pas dans le sillage de ses perceptions à elle ?

Plus il y pensait et plus il sentait la colère monter en lui. D'ailleurs, plus elle se décomposait sous ses yeux et plus il avait envie de la voir réduite à néant. Qu'elle bouge, qu'elle dégage, qu'elle aille pourrir quelqu'un d'autre et surtout, SURTOUT, qu'elle arrête d'essayer de lui faire croire que tout cela partait de bons sentiments ! « T'étais pas toi-même ce soir-là, Jed ... » La voyant reculer vers la porte, Jed saisit l'occasion de lui répondre avant qu'elle ne disparaisse : « T'en sais rien du tout. Tire-toi. » Glacial, il refusait de la voir s'auto-convaincre. Or de question de lui laisser le temps ou l'occasion de se persuader que les choses étaient ce qu'elles n'étaient pas, de partir une fois de plus dans son délire optimiste et de se convaincre que son comportement était le meilleur de tous alors que - à ses yeux à lui - elle était loin, bien loin d'avoir une attitude adaptée à la situation. Il en avait ras le bol de ses petits poney roses et de ses papillons printaniers. Pour qui se prenait-elle à vouloir croire désespérément - et pire, lui imposer - que la vie était belle, valant la peine d'être vécue quoiqu'il advienne ? Qu'elle vivre ses conneries niaiseuses toute seule ; lui ne voulait pas la suivre sur ce terrain et jamais il ne pourrait lui pardonner d'avoir interféré dans la prise de décision qui aurait théoriquement du être la dernière de sa courte vie sur Terre !

Amère, il tourna la tête dans le sens opposé. Il ne voulait plus la voir.
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Message(#) Sujet: Re: Wake up this world | Jed Wake up this world | Jed EmptyDim 6 Mar 2011 - 6:26

« T'en sais rien du tout. Tire-toi. » Tire-toi. Blessée, encore une fois, par le regard marmoréen qu'il venait de lui lancer et le ton qu'il employait pour s'assurer de l'éloigner, elle se mordit la lèvre avant de baisser les yeux, essuyant d'un rapide revers de la main les larmes qui y perlaient, comme si son orgueil refusait qu'il la voit pleurer par sa faute. Et pourtant, ce fut un regard baigné de larmes qu'elle leva sur lui, ne serait-ce que pour lui montrer qu'il avait réussi et qu'elle le laisserait tranquille. Prostrée au pied du lit, les pensées qui lui embrouillaient l'esprit suffisaient à lui déchirer le coeur, alors qu'elle se rendait compte qu'il lui en voulait de ne pas l'avoir laissé mourir. Qui l'aurait fait, hein? Quel genre de personne était capable d'en laisser mourir une autre en sachant qu'on pouvait tout mettre en oeuvre pour la sauver? On s'acharnait sur des presque-cadavres parfois, pour tenter de les réanimer et s'assurer qu'ils puissent dire au revoir à leurs familles, même quand il n'y avait plus aucun espoir, alors quel genre de personne pouvait abandonner, comme ça, un adolescent de dix-huit ans, même en sachant que c'était exactement ce qu'il avait voulu? Pas elle. Jed ou un autre, Jed ou un inconnu, il n'y avait presque aucune différence. Peu importe qui se trouvait aux abords de la mort à cet instant-là, elle aurait eu les mêmes réflexes. Et sa douleur, au contraire, l'avait même paralysée pendant un court moment, un peu comme le médecin qui voit arriver sa fille ou son épouse aux urgences en très piteux état et qui ne parvient pas à faire les gestes qu'il connait pourtant sur le bout de ses doigts afin de lui sauver la vie. C'était toujours plus facile de gérer les problèmes des gens qu'on ne connaissait pas et Ella s'en rendait parfaitement compte. Avec ses proches, avec les gens auxquels elle tenait réellement, elle avait toujours l'impression de ne pas savoir ce qu'elle avait pu faire de travers, de ne pas savoir les mots de trop qu'elle aurait pu dire ou ceux qui, au contraire, elle avait tut et qu'elle aurait dû prononcer pour que la situation soit différente.

Secouant doucement la tête, la jeune fille déglutit avant de se retourner sans rien dire. Elle savait qu'ici, au moins, il était entre de bonnes mains et qu'il ne pouvait de toute évidence pas trop bouger s'il ne voulait pas s'arracher un bras. Elle n'avait rien à dire et de toute façon, elle n'était pas certaine qu'elle ait pu émettre un son ayant changé la donne. Alors à quoi bon? Elle passa une main dans ses cheveux et ne posa un dernier regard sur la silhouette de Jed que lorsqu'elle fut dans l'encadrement de la porte. Il voulait qu'elle disparaisse, il ne voulait plus la voir et si la jeune fille avait tendance à se montrer bornée, cette fois-là, elle sut qu'elle devait partir et que ça ne servirait à rien de s'acharner. « Il s'est réveillé. » murmura-t-elle simplement en accrochant doucement l'infirmière qui s'occupait de Jed dans le couloir, séchant rapidement ses larmes avec la manche de sa veste avant de s'éloigner sans un mot de plus.

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