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 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie.

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Message(#) Sujet: 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. EmptyLun 18 Oct 2010 - 10:50

8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. Sans_t15
ROSE - AIDEN - HAILEY
J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie.



Citation :
Flash Back
2 semaines plus tôt.

21h30. Rose est seule dans le manoir. Elle est rentrée depuis maintenant 4h de l'école, mais il n'y a toujours personne à la maison. Rose s'inquiète, ce n'est pas normal. Elle le sait et ça l'angoisse. Ses grands-parents ne disparaissent jamais ainsi sans la prévenir. Et là, il n'y a aucun mot nul part, ils ne l'ont pas appelé non plus. Rose est incapable de se concentrer sur quoi que ce soit. Elle essaye de peindre, de lire, de faire ses devoirs, mais en vain. Elle finit par s'avachir devant la télé, mais elle ne suit pas l'intrigue du film qu'elle visionne. Elle ne serait même pas capable de dire de quoi ça parlait. Ses yeux se rivent sans cesse sur la grosse horloge du salon. Le "tic-tac" des aiguilles lui semble interminable. A chaque seconde qui passe, la peur grandit en elle. Elle tente de se calmer, de se raisonner. Si ça se trouve ils sont allé passé l'après-midi chez les voisins, ils n'ont pas vu l'heure passé et ils vont arriver. Même si elle n'y croit qu'à moitié, elle se force à s'en persuader. Ça doit être ça, il n'y a pas le choix, il n'y a pas d'autres possibilités, c'est forcément ça, ça DOIT être ça ! Mais l'heure tourne et toujours rien. Et finalement, elle réalise que ce ne peut pas être ça. Ils l'auraient forcément prévenu, ça ne leur ressemble pas. Elle n'a malheureusement aucun moyen de les joindre. Une boule se forme dans sa gorge. Elle a peur.

22h10. Le téléphone de la maison sonne. Rose sursaute. C'est eux ! Ça y est, ils ont vu l'heure, ils l'appellent pour la rassurer et lui dire qu'ils arrivent. Elle bondit du canapé et court jusqu'au téléphone qu'elle s'empresse de décrocher. Sa voix est paniquée et pleine d'espoir.

    « Allô ?!
    - Rose.. C'est madame Curtis.
    - Ah... Je suis désolé madame Curtis, mes grands-parents ne sont pas encore rentrés.
    - ...
    - Allô ?
    - L'hôpital m'a appelé.
    - Oh mon dieu ! Qu'est-ce qu'ils ont ? C'est grave ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
    - Je suis désolé Rose... Ils n'ont pas pu les sauver. Ils ont eu un acc...
    - Non ! Ils ont du se tromper, ce n'était pas eux. Ils vont rentrer bientôt, vous verrez.
    - Je suis désolé ma petite Rose. Ils sont formels, c'est eux. Si tu as beso... »


Mais Rose n'entendit jamais la fin de la phrase. Dans un acte désespéré, elle balança violemment le téléphone contre le mur. Celui-ci s'écrasa dans un grand fracas et vola en morceaux. La jeune fille lâcha un long cri de douleur et de détresse et se laissa tomber par terre, se raccrochant faiblement au meuble qui se trouvait à côté d'elle. Une seule question : Pourquoi ?


Citation :
Fin du Flash Back
Aujourd'hui.


Rose n'aimait pas l'avion. A chaque fois qu'elle l'avait prit, c'était pour une raison douloureuse. D'abord la mort de sa mère, et maintenant la mort de ses grands-parents. A croire qu'une malédiction s'abattait sur leur famille, prenant un malin plaisir à détruire les gens, à leur ôter injustement la vie, laissant les vivants encaisser le choc sans forcément y parvenir d'ailleurs. Mais contrairement à la mort de sa mère, cette fois-ci Rose avait été seule pour surmonter cette douloureuse étape. Après avoir passé plusieurs jours enfermée dans le manoir, sans manger, les volets clos, elle avait dû se bouger, réagir, faire quelque chose. Ça n'avait pas été simple, elle le faisait sans envie. Il avait fallut remplir des tas de papier, signer des trucs, s'organiser. Faire tout ça lui demandait de puiser dans ses dernières forces. Elle avait l'impression que le monde autour d'elle avait déjà tourné la page sur ses grands-parents, qu'on les avaient déjà oublié, qu'ils n'étaient plus que des bouts de papiers à signer. Ça l'avait mit dans une rage folle. Elle ne pouvait tolérer une telle chose ! Est-ce qu'au moins cet idiot devant elle, qui lui avait demandé si elle voulait enterrer ou incinérer ses grands-parents savaient tout ce qu'ils avaient représenté à ses yeux ? Est-ce qu'il savait que c'était quasiment impossible pour une gamine de 18 ans de prendre une pareille décision ? Comment pouvait-elle savoir si elle "préférait" les voir se faire bouffer par les vers ou manger par les flammes ? Elle n'en savait rien et elle ne voulait pas savoir d'ailleurs. Elle était restée muette devant cet homme si bien habillé avec son trois pièces certainement hors de prix. Qu'est-ce qu'il croyait ? Que sa classe allait atténuer la douleur des gens ? Idiot. Rose n'avait pas desserré ses lèvres, incapable d'aligner plus de deux mots à la suite. Elle se contentait de pester intérieurement contre ce fichu bonhomme. Finalement, ce furent des amis de ses grands-parents qui prirent la décision. Soit disant qu'ils savaient ce qu'ils voulaient : être enterré. De toute façon qu'est-ce que ça changeait ? Ils étaient mort, ils n'étaient plus là. Rose était toute seule, dans ce manoir, dans sa vie. A peine commençait-elle à se remettre de quelque chose, qu'un nouveau malheur arrivait. A quoi bon s'obstiner à chercher le bonheur ? Celui-ci semble vouloir l'éviter à tout prix. Qu'il en soit ainsi alors. Résignée, Rose n'ouvrit plus la bouche durant des jours. Sauf quand elle était toute seule, pour pleurer, pour gémir, pour sangloter, pour crier sa peine.

Puis, il avait fallut discuter de ce qu'on allait "faire d'elle", du manoir, de tous les meubles. Mais Rose n'était toujours pas capable de prendre la moindre décision. Elle demanda un peu de temps, le temps de réfléchir à tout ça. Mais ce qui était certain, c'est qu'elle ne pouvait plus vivre dans ce manoir. Chaque nuit elle sentait encore les murs vibrer sous la force de son cri lorsqu'elle avait apprit leur mort. Elle faisait des cauchemars, elle revivait toutes ses années ici. En passant dans la cuisine, elle revoyait sa grand-mère cuisiner avec amour pour faire plaisir à tout le monde. Et elle sentait les bonnes odeurs des plats qu'elle mijotait. Dans le salon, elle revoyait son grand-père lire le journal et commenter chaque article avec précision et conviction. Et dehors sur la terrasse, elle se revoyait elle et eux, à table, riant et discutant. C'était devenu insupportable. Seulement voilà, Rose ne pouvait pas vivre toute seule. Bien qu'elle soit légalement majeur en France, elle ne se voyait pas avoir son appartement. Elle n'aurait pas pu travailler pour se payer le loyer, bien que ces grands-parents leur lèguent un héritage important. Et de toute façon, elle n'avait pas le courage de se retrouver toute seule. Alors, avec l'aide d'un organisme elle a trouvé une école d'art sur Miami, on l'a aidé à s'occuper de tous les papiers pour qu'elle retourne en Amérique et on lui a également fournis le formulaire qu'Aiden devra signer, déclarant officiellement être son tuteur légal puisqu'aux États-Unis, elle sera considérée comme mineur. Rose à peur et peu envie de retourner en Amérique, de débarquer dans la vie de son frère, de vivre sous son toit. Elle n'est même pas sûre qu'il voudra d'elle, qu'il acceptera. Et elle lui en veut toujours, elle ne veut toujours pas le revoir. Mais cette fois-ci, elle n'a plus le choix. Elle n'arrive plus à dormir. Elle ne cesse de penser, de se poser des questions. Elle n'a pas une seconde de répit et ça la fatigue énormément.

L'avion finit par atterrir. Elle récupère ses valises à l'aéroport et prend un taxi. Elle annonce l'adresse de son frère qu'elle a noté sur un bout de papier. Recroquevillée sur la banquette arrière, Rose se demande si elle a eu une bonne idée. Elle aurait peut-être dû le prévenir de son arrivée. Mais elle n'avait pas eu le courage de l'appeler. Il lui aurait forcément demandé pourquoi et elle ne voulait pas et ne pouvait pas non plus d'ailleurs, dire : Papi et mamie sont mort. Non, elle en était incapable. Une compagnie devait s'occuper de livrer ses cartons d'ici quelques jours, cartons qui contenaient principalement son matériel scolaire, mais également d'autres objets et surtout : de nombreux souvenirs. Le chemin jusqu'à chez Aiden pourtant long, lui sembla passer à toute vitesse. Bien trop vite d'ailleurs. Elle se retrouva bientôt sur le trottoir, ses valises à la main, devant la maison de son frère qu'elle n'avait pas vue depuis des années maintenant. Elle avait l'estomac noué et se sentait tremblante. Elle s'imaginait un tas de scénarios plus terribles les uns que les autres. Ne pouvant pas non plus rester sur le trottoir ainsi, elle fut obligée de se lancer. Elle passa le portillon, marcha sur l'allée, grimpa les quelques marches qui menaient jusqu'à la porte d'entrée. Et c'est tremblante qu'elle appuya brièvement sur la sonnette. Elle réalisait enfin qu'elle allait se retrouver devant son frère et peut-être, vivre avec lui. Cette idée la bouleversait et elle se sentait totalement perdue. C'est donc figée, pâle, fatigué, les yeux marqués par les cernes et le regard éteint qu'elle attendit qu'on vienne lui ouvrir. Bientôt, des bruits de pas, la poignée qui s'enclenche. Son cœur bondit dans sa poitrine, elle a envie de s'enfuir, de disparaître. Mais elle ne bouge pas d'un poil, elle est totalement pétrifiée sur place, et elle attend son heure.

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Message(#) Sujet: Re: 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. EmptyJeu 4 Nov 2010 - 1:13



j'aimerais effacer les

douleurs du passé

comme on efface la craie.

    ROSE & AIDEN LANCASTER

    8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. Edr151010_04 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. 2vuf24w
    © emonet25 & b_edshaped @LJ





Depuis plusieurs semaines déjà, le rythme de vie d’Aiden Lancaster avait changé. Le jeune urgentiste ne se levait plus tous les matins dans un lit vide alors qu’il faisait encore noir dehors pour se rendre au Baptist Hospital, en veillant à ne pas réveiller Hailey qui dormait dans la chambre voisine. Il ne croisait plus son amie furtivement au détour d’un couloir entre deux services. Et, surtout, il ne devait plus feindre de ne ressentir qu’une amitié des plus fraternelles à l’égard de la jeune Caldwell. Désormais, c’était aux côtés de sa petite amie qu’il se réveillait – bien sûr, il devait toujours veiller à ne pas la réveiller, mais lorsqu’il faisait trop de bruit, la jeune femme se réveillait en lui souriant avec tendresse et le congédiait d’un baiser doux et passionné. La vie d’Aiden, autrefois dure et truffée d’embûches, avait enfin trouvé un ton serein et apaisé – chose qui n’était plus arrivée depuis des années, à l’époque où il vivait à New York. Une époque bien plus difficile que maintenant, marquée par une mère alcoolique et un frère jumeau qui ne lui facilitait en rien la vie. Mais une époque marquée également par l’amour partagé avec sa sœur, la seule personne pour qui il aurait tout plaqué, n’importe où, n’importe quand, à n’importe quel prix. Rose. Il n’y avait pas un jour qui passait sans qu’il pensât à son visage d’ange, un visage qui avait égayé quotidiennement sa vie grise à Brooklyn, et, plus tard, en France.

Pas un jour ne passait sans qu’il regrettât de l’avoir quittée, des années auparavant. Rose avait toujours été la prunelle de ses yeux, la personne qu’il aimait le plus au monde. Elle avait rompu tout contact avec lui, le blâmant d’avoir rompu cette promesse qu’il avait faite alors qu’ils n’étaient que des gosses. Bien qu’il pût comprendre cette réaction, elle le blessait. Repenser à Rose était devenu douloureux, et pourtant, il ne pouvait s’en empêcher. Parfois, Hailey le voyait, perdu dans ses pensées, une lueur nostalgique hantant son regard noisette, et elle l’interrogeait. Aiden était alors incapable de lui expliquer. Personne ne pouvait comprendre ce que cela représentait, être fautif de la perte de ce qu’on a de plus cher au monde. Parfois, il rêvait d’elle. Plus proche du cauchemar que du rêve, le mirage mettait systématiquement en scène le jour de son départ. Le jour où il était venu la retrouver pour lui dire au revoir, pour l’embrasser une dernière fois, et où elle s’était contentée de prononcer une seule phrase : tu as rompu ta promesse.

Ce matin aussi, il s’était réveillé en sueur, hanté par le visage lourd de reproches de sa petite sœur. Hailey, blottie contre lui, s’était réveillée à cause du spasme qui avait parcouru le corps de son petit ami, et avait posé une main réconfortante sur sa joue avant de l’embrasser avec douceur. D’abord prêt à quitter son lit pour se préparer à partir à l’hôpital, Aiden s’était souvenu qu’aujourd’hui, il n’était pas de service. Il aurait la journée entière pour profiter de Hailey – il serait aux petits soins avec elle, comme il l’avait, autrefois, été avec Rose. La matinée avait défilé agréablement, ponctuée par des paroles et des baisers pleins de tendresse. Cependant, Hailey dut partir au cours de la journée pour vaquer à ses occupations et Aiden, profitant de ce qu’il était libre de toute obligation, se rendit au Greynolds Park pour y faire son jogging quotidien. Le tout ne dura pas plus d’une heure, et lorsque le jeune homme rentra chez lui, en sueur, il ne sut trop quoi faire : la vérité était que, à force d’être en permanence dépassé par les tonnes de choses à faire lorsqu’il était au travail, il n’appréciait pas plus que ça ses jours de congé où il s’ennuyait rapidement, privé d’occupations propices aux montées d’adrénaline. La journée s’écoula donc doucement, et Aiden put récupérer les heures de sommeil dont il manquait à cause de ses horaires impossibles.

Ce ne fut qu’une fois le soir venu que les choses devinrent intéressantes : Aiden, allongé sur le canapé et contemplant d’un air absent l’émission qui passait sur l’écran géant du salon, était parti pour une soirée assommante en attendant le retour de sa dulcinée. Habillé uniquement d’un pantalon de survêtement, le jeune urgentiste jetait régulièrement des coups d’œil à l’heure affichée sur son portable. Il savait que Hailey ne rentrerait pas avant au moins une bonne demi-heure, mais c’était comme s’il espérait que quelque chose arriverait s’il continuait à fixer l’heure avec autant d’insistance. Sa patience, ou plutôt, son impatience, fut bientôt récompensée lorsque la sonnette de la porte d’entrée retentit. Aiden fut pour le moins surpris, car Hailey avait la clé et n’était pas du genre à l’oublier. Il n’attendait personne, et, l’espace d’un instant, la polémique suscitée par les cambriolages dans le quartier ces derniers mois lui revint à l’esprit. Cependant, de nature peu méfiante malgré les ennuis qu’il a pu avoir au cours de sa vie, Aiden se leva paresseusement de son canapé et se déplaça, tout à son aise, en direction de la porte d’entrée. Il était à mille lieues de s’imaginer ce qu’il allait découvrir en ouvrant celle-ci… Après tout, comment aurait-il pu ?

Il posa sa main sur la poignée de la porte, sembla hésiter une fraction de seconde, puis la poussa vers le bas. Lorsqu’il ouvrit la porte et posa ses yeux sur l’invité surprise du soir, il se figea. Ses yeux s’écarquillèrent, et sa bouche resta entrouverte – Aiden était stupéfait, et encore, c’était un doux euphémisme pour décrire l’état dans lequel il se trouvait. Il était carrément en état de choc, à deux doigts de se pincer pour savoir s’il rêvait, une fois de plus, ou non. Il fixa Rose, sa petite sœur, celle qu’il n’avait plus vue depuis des années, alors que ses visites en France, infructueuses, avaient fini par s’espacer jusqu’à devenir inexistantes. Il avait fini par renoncer, comprenant qu’il ne pourrait plus voir sa sœur dans des circonstances favorables avant un bon moment. Il s’était résolu à la vérité dure mais indéniable qu’il n’avait plus qu’à attendre que les choses s’apaisent, qu’elle soit plus encline à une réconciliation. Mais jamais, au grand jamais, il n’avait imaginé qu’elle ferait le premier pas, et qu’elle ferait le voyage jusqu’à lui. Pas même dans ses rêves les plus fous. Visiblement, elle non plus n’aurait jamais imaginé une telle chose, à en juger par l’expression froide qu’elle arborait. Mais Aiden n’en tint nullement compte. Il connaissait sa sœur, malgré les années passées. Il savait que quelque chose de particulier animait cette visite, et, qu’à force de patience et de persévérance, il pourrait lui prouver qu’il était digne de sa confiance. Il pourrait lui prouver qu’il l’aimait toujours, plus que tout. Qu’elle était toujours sa Rosie, sa fleur, la prunelle de ses yeux. Mais en attendant, il devait réagir. Lorsqu’il finit par parler, ce fut d’une voix enrouée par l’émotion et la surprise. « R… Rose ? » Bien sûr, qui d’autre ? Loin d’être une véritable question, l’exclamation était plutôt un moyen de s’assurer que tout cela était bien réel, qu’Aiden ne rêvait pas.

Il continua de l’observer. Elle avait grandi, mûri. C’était une femme, aujourd’hui. Aiden ressentit une vive douleur à la poitrine en se disant qu’il ne l’avait pas vu grandir, qu’il n’avait pas assisté aux années les plus importantes de la vie de sa petite sœur. Comme toujours, un sentiment brûlant de culpabilité s’empara du jeune homme et calcina son cœur déjà douloureux. Rose était radieuse, encore plus belle que lorsqu’elle n’était qu’une petite fille – et à l’époque, Aiden n’avait cessé de lui répéter qu’elle était la plus jolie des filles au monde. Blonde aux yeux bleus, elle était la seule des trois enfants Lancaster à avoir hérité des caractéristiques physiques de leur défunte mère. Là où Aiden regardait Rose, il semblait voir Gabrielle, en plus jeune et moins usée. Mais, paradoxalement, elle se démarquait incroyablement de sa mère, que ce soit par la lueur de défi dans son regard, cette force dont sa mère avait toujours manqué, ou, tout simplement, par l’allure générale qu’elle affichait. Rose était sublime, radieuse. Et pourtant, Aiden pouvait, sans aucune difficulté, distinguer un immense chagrin qui accablait sa sœur. Une envie pressante de la serrer contre lui s’empara du jeune homme, mais il se retint. Il se doutait qu’elle ne réagirait pas bien. « Oh mon Dieu… Entre, mon cœur, entre… » Il s’effaça pour laisser entrer Rose, sans lui poser davantage de questions. Il avait suffisamment de tact pour ne pas la brusquer, se doutant bien que s’il voulait qu’elle parle, ce ne serait pas en se jetant directement sur elle qu’il obtiendrait ce qu’il désirait. Il était déjà habité d’un bonheur sans nom depuis qu’il l’avait aperçue là, sur le pas de sa porte. Peu importent les motivations de la demoiselle, il était heureux qu’elle soit là.

Lorsque Rose arriva à la hauteur de son frère, lui-même debout dans le hall d’entrée, Aiden ne put s’empêcher de la prendre dans ses bras dans une étreinte douce mais remplie d’amour. Elle n’imaginait même pas combien elle lui avait manqué, combien cela avait été difficile pour lui de renoncer à lui parler. Elle n’imaginait pas combien il regrettait et combien il s’en voulait.

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Message(#) Sujet: Re: 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. EmptyMar 9 Nov 2010 - 10:35

8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. Sans_t15
ROSE - AIDEN - HAILEY
J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie.





Alors que le coeur de la jeune fille s'était emballé dans un rythme progressif à l'approche de la porte, celui-ci s'était aussi arrêté quand Aiden était apparut dans l'encadrement. Son visage qu'elle aurait préféré neutre se décomposa lentement. Le revoir lui rappelait combien elle avait souffert de son absence toutes ces années. Elle serra sa mâchoire tandis que ses yeux se voilaient doucement de larmes. Elle cligna à plusieurs reprises, tentant de les faire disparaître. Aiden restait sur le pas de la porte, complètement abasourdi apparemment. Il l'a fixait avec de grands yeux, la bouche entrouverte tandis qu'il restait muet. Rose ne bougeait pas non plus, ne sachant pas comment réagir. Elle le fixait droit dans les yeux, ne vacillant pas une seule fois et pourtant elle aurait pu tant l'émotion était forte. Après tout, même si elle l'avait "détesté" toutes ces années il restait son grand-frère et l'amour qu'elle lui portait, bien que camouflé au fond d'elle à cet instant, était resté intact. Et le revoir ne la laissait pas indifférente, même si elle l'aurait voulu. Il finit par reprendre ses esprits, doucement. « R… Rose ? » La jeune fille ne broncha pas, la réponse était évidente et elle le savait très bien. Tenant fermement ses valises, elle se contentait juste de le regarder, impassible -ou du moins autant qu'elle le pouvait. Son regard s'échappa de son frère quelques instants pour se poser sur la maison, le jardin et ce qu'elle apercevait à travers la porte. Son cœur se serra. Une sorte de jalousie s'insinua dans ses veines et assombrit son regard. Aiden avait refait sa vie, sans elle, loin d'elle. Il vivait dans les beaux quartiers de Miami et une maison d'une telle taille n'était certainement pas faite pour une seule personne. Un goût d'amertume et de rage remplit sa gorge. Sa pensée était peut-être égoïste mais oui, elle aurait préféré qu'il ne mène pas la belle vie, qu'il ne soit pas vraiment heureux. Comme elle elle ne l'a plus été depuis son départ. Elle reposa doucement ses yeux sur lui et on pouvait voir dans son regard le mélange de ses sentiments. Entre les reproches et l'incompréhension. Ses yeux lui hurlaient « pourquoi ? pourquoi tu m'as fait ça ? pourquoi t'es partit ? ». A cet instant elle avait envie de tout lâcher, de s'effondrer au sol et de pleurer. De pleurer comme avant, comme une petite fille, comme quand Aiden la prenait dans ses bras pour apaiser ses chagrins et ses douleurs. A l'époque, il suffisait qu'il lui caresse tendrement les cheveux et lui murmure quelques mots rassurant à l'oreille et tout le mal qui l'habitait s'évanouissait aussitôt. Mais là, pendant 12 ans il n'avait pas été là lorsqu'elle pleurait, lorsqu'elle en avait besoin.

« Oh mon Dieu… Entre, mon cœur, entre… » Rose se sentit déstabilisée l'espace d'un instant. L'entendre l'appeler mon cœur raisonnait dans sa tête comme un rappel douloureux à "avant". Mais pourquoi l'avait-il laissé bon sang ? Il n'avait pas idée de combien tous ces petits noms tendres avec lesquels il la nommait avaient pu lui manquer. Il n'y avait pas eu une journée depuis qu'elle était née ou il ne l'avait pas appelée mon cœur, ma puce et tout ces petits noms si affectueux, si précieux à ses yeux. Ne plus l'entendre les dire avait procuré un immense vide en Rose. Aiden avait toujours été un point de repère pour elle, quand il est partit c'est le monde entier de Rose qui s'était écroulé. Il lui manquait le plus important, il lui manquait l'élément essentiel pour construire sa vie. Elle ferma les yeux un court instant, cherchant à se calmer et à oublier toutes ses pensées qui martelaient son esprit sans relâche. Et alors qu'il s'écartait pour la laisser rentrer, la jeune fille prit une grande inspiration et se lança. Elle monta la dernière marche et se retrouva ensuite dans le hall de la maison de son frère. Toujours les valises en main elle se mit à observer l'intérieur avec précision. Comme si en quelques secondes elle allait pouvoir tout savoir de la vie qu'il avait menait depuis qu'il était revenu aux États-Unis. Elle regardait aussi avec la peur de découvrir quelque chose qui lui déplairait fortement. Mais son inspection fut interrompue rapidement. Elle sentit soudainement son frère venir tout contre elle et l'enlacer comme il savait si bien faire. Interloquée, elle se contenta tout d'abord de se redresser et de se figer. Ses mains se serrèrent sur les poignées de ses valises. Elle dû de nouveau ravaler ses larmes en sentant l'odeur de son frère. Cette odeur qui lui avait tant manqué. En l'espace de quelques secondes elle avait revu des moments forts qu'elle avait partagé avec son frère. Elle les revoyaient rire, complices. Elle se revoyait s'endormir dans les bras de son frère devant la télévision. Elle le revoyait prendre sa défense coûte que coûte. Sa gorge se noua, la laissant muette. C'était trop dur. Rapidement, elle se dégagea de l'emprise de son frère et recula de quelques pas. Elle prit soin d'éviter son regard, sachant pertinemment que ce qu'elle venait de faire lui ferait mal. Mais elle ne pouvait pas se laisser bercer comme si de rien était, comme si elle revenait de deux semaines de colonies de vacances. Non, ça faisait 12 ans ! Et il était partit, lui. C'était son choix de vivre loin d'elle. Mais inconsciemment, ce geste la rassura : il l'aimait toujours.

Elle finit par lâcher ses valises, reprenant ses esprits. Son visage se ferma à nouveau, laissant place à une expression glaciale. Elle regarda de nouveau autour d'elle. Et puis, dans une voix pleine de reproches et d'accusations elle déclara : « Et bien... Je vois que tu as la belle vie ici, toi. » Rose avait nettement appuyé sur le "toi", induisant donc que elle, ce n'était pas le cas. Mais ça, Aiden le comprendrait tout seul. Et puis, Rose pâlit légèrement. Elle allait devoir lui expliquer la raison de sa venue. Mais elle en était incapable. Les mots restaient coincés dans sa gorge, formant une boule douloureuse. Elle baissa les yeux, la mine inquiète et bouleversée. Encore une fois, elle avait dû être seule pour affronter cette terrible nouvelle, seule pour affronter la mort de ses grands-parents. Silencieuse, elle se baissa et ouvrit une des valises. Elle en extirpa une pochette bleue. Les mains tremblantes elle l'ouvrit et attrapa les deux documents qui se trouvaient dedans. Elle se releva et sans un bruit, elle tendit le premier à Aiden. Il s'agissait d'un papier officiel qu'Aiden devait signer pour attester qu'il acceptait d'être son tuteur légal. Quant au deuxième, il s'agissait d'une copie du certificat de décès de ses grands-parents. Rose le tenait dans ses mains, elle fut soudainement agitée de tremblements. Et alors que ces yeux ne quittaient pas le document, les larmes se mirent à couler le long de ses joues, s'écrasant par terre ou sur le bas de la feuille. Elle repensait encore à cette terrible soirée ou madame Curtis l'avait appelée pour lui annoncer... Elle entendait encore son cri raisonner dans sa tête, elle sentait encore toute la détresse qui l'avait habité ce soir là et les jours qui avaient suivit. Elle relâcha la pression sur la feuille, ayant subitement envie de s'en débarrasser. Mais ses yeux de s'en détachaient pas, comme si elle voulait encore vérifier que c'était bien le nom de ses grands-parents qui apparaissaient dessus et non pas ceux d'autres personnes. Comme si ça pouvait encore être une erreur...



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Message(#) Sujet: Re: 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. EmptyJeu 25 Nov 2010 - 18:54





Aiden sentit son cœur se briser en mille morceaux lorsque Rose le repoussa pour se dégager de son étreinte, mais ne broncha pas. Il comprenait, après tout. Il était celui qui lui avait fait du mal en premier lieu, bien qu’elle le lui ait bien rendu par la suite, et –contrairement à lui– de manière volontaire. Jamais il ne lui en avait voulu pour cela, car il connaissait ses raisons pour adopter un tel comportement. Cependant, chacune des fois où elle l’avait rejeté, ignoré ou évité avait agi avec autant de violence qu’un coup de poignard. Cet énième signe d’animosité ne fit pas exception à la règle. Mais Aiden était bien trop heureux de revoir sa sœur pour se laisser abattre. Il savait qu’elle aussi était affectée par la situation : il pouvait la voir, détournant le regard, baissant ses yeux afin de ne pas croiser ceux de son frère. Il savait qu’elle n’était pas indifférente, qu’au fond, son amour pour lui continuait à se manifester. Mais il savait également que la rancœur et la fierté de Rose surplombaient ses autres émotions et sentiments – elle réagissait comme lui l’aurait fait, à la différence près qu’Aiden n’était pas aussi rancunier et amer que sa cadette. À partir du moment où il l’avait vue sur le pas de sa porte, il avait su que les instants qui suivraient ne seraient pas des faciles – après tout, il se doutait bien que, retrouvailles ou non, Rose n’avait pas laissé sa rancœur en France. Mais malgré qu’il eût deviné qu’elle le rejetterait, il avait voulu la sentir contre elle, ne fût-ce que pendant quelques secondes. La tenir dans ses bras, comme à l’époque où tout allait bien, où ils étaient les deux personnes les plus proches au monde. Il avait voulu ressentir comme un écho de cette époque, bien qu’il sût que celle-ci était désormais révolue. Mais quelque part, au fond de lui, subsistait l’espoir de pouvoir un jour retrouver sa relation avec Rose, telle qu’elle était avant le départ d’Aiden pour Dartmouth.

L’expression glaciale de Rose, en revanche, n’indiquait aucun des souhaits qui habitaient Aiden : elle ne semblait pas plus motivée qu’elle ne l’avait été au cours des dernières années, lorsque son aîné avait tenté de reprendre contact, de renouer les liens qu’elle avait rompus par sa faute à lui. Ce constat était affreux à faire, mais Aiden ne voulait pas baisser les bras. Il voulait passer outre la colère de sa sœur afin de retrouver celle qu’il avait perdue : une jeune fille pétillante, pleine de douceur et d’amour. Celle qu’il avait vue grandir et qu’il avait protégée de tous les maux, toutes les douleurs du monde – sans savoir qu’au final, ce serait lui qui lui infligerait la pire d’entre elles. « Et bien... Je vois que tu as la belle vie ici, toi. » Aiden ferma les yeux, l’espace de quelques secondes. Le ton accusateur de Rose ne lui avait pas échappé, et, curieusement, loin de l’agacer comme cela aurait pu être le cas, le blessa encore un peu plus. Elle agissait comme s’il avait fait une croix sur son passé, sur elle, alors que c’était tout le contraire. Bien que des milliers de kilomètres l’aient séparé de Rose au cours des dernières années, il avait toujours tout fait, en vain, pour ne pas la perdre. Elle parlait désormais comme si tout ce qu’ils avaient vécu ensemble pendant leur enfance avait été enterré par Aiden. Comme s’il avait tourné la page de leur histoire et qu’il était passé au chapitre suivant… Alors qu’il n ‘y avait pas un jour qui passait sans qu’il ne pense à sa sœur, à son sourire serein et ses mimiques adorables. « Rose… » Le ton de sa voix était pratiquement suppliant, teinté de toute la tristesse du monde, comme un contraste abyssal avec la joie qu’il avait éprouvé en la découvrant sur le pas de sa porte. Que pouvait-il dire pour sa défense ? Comment pouvait-il lui faire comprendre que peu importaient la maison, l’argent et les autres biens qu’il détenaient à présent, elle resterait à jamais ce qu’il avait de plus cher dans ce monde ? D’ordinaire brillante et extraordinairement observatrice, Rose se montrait têtue et bornée lorsqu’il s’agissait de voir l’amour qu’Aiden lui portait encore et qu’elle ignorait délibérément. Il voulait la convaincre, lui faire comprendre tout ça. Mais avant qu’il n’ait eu le temps de prononcer quoi que ce soit d’autre, sa soeur se saisit d’une pochette blueue dont elle sortit un papier qu’elle tendit au jeune homme, sans un mot. Aiden attrapa le document et le parcourut rapidement, tandis que ses yeux s’écarquillèrent brusquement dès que les informations écrites sur la feuille lui parvinrent au cerveau. Il s’agissait de documents d’adoption, qui lui étaient, de toute évidence, destinés. Bien que cette perspective fût, en soi, réjouissante, car elle impliquait un rapprochement avec Rose – rapprochement qu’il aurait souhaité avoir en tant que simple frère et non comme tuteur légal, mais il n’allait pas faire la fine bouche –, elle soulevait également un tas de questions. A commencer par : pourquoi ? Rose était déjà sous le tutorat de leurs grands-parents, et elle semblait tout à fait s’en être accommodée ; du moins, suffisamment pour ne pas devoir s’en remettre à son frère aîné à qui elle n’avait pas adressé la parole depuis bien longtemps. Aiden posa ses yeux sur Rose, abasourdi. « Qu’est-ce que… » Il s’interrompit brusquement en apercevant des larmes couler sur les joues diaphanes de Rose, et un mauvais pressentiment s’empara, à juste titre, de lui. Elle fixait la deuxième feuille que contenait la pochette, et Aiden sut aussitôt qu’il ne voulait pas savoir ce qui était écrit sur celle-ci. Cependant, il ne devait pas agir de la sorte – il devait être fort, prendre les choses comme elles venaient, être aussi courageux que Rose, qui venait clairement de voir un nouveau poids s’écrouler sur ses frêles épaules. Avant qu’il ait pu amorcer le moindre mouvement pour la réconforter, elle lui tendit la feuille, et il ne vit d’autre solution que de la prendre. Une horrible appréhension lui tordait l’estomac, et lorsque ses yeux parcoururent l’acte de décès, il eut l’impression de sentir quelque chose en lui s’écrouler, pour tomber dans un gouffre sans fond. « Non… c’est pas vrai… » Malgré lui, il sentit sa gorge se nouer et une horrible pression s’exercer sur ses yeux. Mais il devait se montrer fort… comme toujours. Il ferma à nouveau les yeux en sentant les larmes perler aux coins de ceux-ci. « Putain de merde, c’est pas possible… » Pour la deuxième fois en peu de temps, Aiden perdit son calme avant d’avoir pu tenter quoi que ce soit pour s’en empêcher. Il refusait d’y croire, et pourtant, tout était écrit là, noir sur blanc. Entre ses mains se trouvait la preuve que ses grands-parents étaient morts. Ceux qui avaient veillé sur lui pendant trois ans et qui lui avaient permis de vivre son rêve, de pouvoir s’installer ici après de laborieuses études. Ils étaient partis. Pour toujours. Le cœur d’Aiden saignait, et ses mains se mirent à trembler. Cependant, un autre souci accaparait son attention : Rose. Bien qu’elle tentât, de toute évidence, de rester, elle aussi, aussi impassible que possible, elle pleurait en silence, et Aiden put ressentir sa douleur dans toute son intensité. Elle avait été encore bien plus proches d’eux que lui ne l’avait été, car elle avait vécu près la moitié de sa vie avec eux. Il devait la réconforter, la rassurer… Mais que pouvait-il bien lui dire après une telle nouvelle ? La quasi-totalité des choses qu’il pourrait lui annoncer risquait de l’énerver, car elle en avait déjà après lui. Il posa prudemment une main sur la joue de Rose, pour essuyer le sillon creusé par les larmes sur sa peau. Il se rapprocha d’elle sans la serrer contre lui, ne désirant guère devoir faire face à un nouveau rejet, et lui murmura avec une douceur infinie : « Je suis là, Rose… Je sais que j’aurais dû l’êtrre bien plus tôt, mais sache que je suis là. » Il soupira, sentant de nouvelles larmes perler et couler de ses yeux noisette. « Ça ira, crois-moi… » Lui-même avait du mal à y croire, tant la nouvelle le dévastait. Il était d’autant plus anéanti qu’il devait cacher sa propre détresse pour calmer celle de Rose. « Viens, suis-moi. » Il avait tenté de parler d’une voix ferme et rassurante, mais celle-ci était parcourue de légers tremblements. Il prit Rose par la main avec douceur et la guida vers la salle de séjour. Autant être bien installés, ils pourraient alors discuter de tout ce qui s’était arrivé.

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Message(#) Sujet: Re: 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. EmptySam 4 Déc 2010 - 2:36

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ROSE - AIDEN - HAILEY
J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie.





Bien sûr que Rose aimait son frère. Plus que tout au monde d'ailleurs. Jamais l'amour qu'elle lui avait porté plus jeune n'avait disparu. On ne cessait pas d'aimer son frère comme on arrêtait d'aimer n'importe quel homme. Les liens étaient plus forts, éternels. Elle ne faisait que camoufler tout ça, laissant sa rancœur et sa douleur prendre le dessus et étouffer toutes ses autres émotions. Elle avait toujours été ainsi, très rancunière même avec ceux qui comptaient énormément pour elle. Elle ne contrôlait pas ce genre de réaction, c'était ainsi et ça lui semblait normal, inévitable. Et puis, elle avait toujours voulu faire bien comprendre à son frère le mal qu'il lui avait fait. Peut-être en avait-elle trop fait, trop longtemps. Mais comme toute chose, quand on commençait on ne savait jamais où on allait s'arrêter et même, si on pourrait encore arriver à tout stopper un jour. Quand on se lançait dans ce genre de spirale, on ne déterminait pas à l'avance la fin. Ça venait tout seul. Ou alors ça ne venait pas, tout simplement. Si Rose n'avait pas été contrainte d'aller vivre ici, il était certain que son petit manège aurait encore duré bien longtemps. Trop fière et trop blessée pour faire le premier pas vers lui et marquer une trêve définitive. Même si en apparence elle semblait fortement contrarié de se retrouver ici, au fond d'elle, tout au fond d'elle elle voyait cette situation comme une opportunité de renouer avec son frère. Car elle avait beau le repousser, le rejeter et changer de sujet quand ses grands-parents parlaient de lui, il lui manquait affreusement. Alors oui, les choses n'allaient pas s'arranger en une semaine de cohabitation. Oui ça allait prendre du temps -surtout que Rose ignorait encore certaines choses qui n'allaient pas les aider à retrouver leur relation d'antan. Mais il était impossible que jamais ils ne retrouvent leur complicité d'avant. Ils tenaient bien trop l'un à l'autre. Et Rose avait besoin de lui, plus que jamais. Elle avait juste besoin de temps, beaucoup de temps.

Sa phrase l'avait touché, blessé elle l'avait vu. Il avait un court instant fermé ses yeux, certainement dans un élan de désespoir, ne sachant plus comment réagir face à sa cadette. Rose elle était restée impassible, le fixant d'une rare intensité. Comme si subitement il allait lui avouer ce qu'elle redoutait le plus : il était en effet passé à autre chose. Et même si elle savait qu'elle n'était plus vraiment en position de lui faire des reproches car elle était allé très loin elle aussi, elle ne pouvait pas s'en empêcher. S'en prendre à lui de façon aussi injuste c'était un peu comme un test. Ses réactions dissiperons ou confirmerons ses craintes. Elle savait qu'elle s'aventurait sur un terrain glissant et qu'elle risquait de se faire mal à son tour. Mais après tout, elle se disait qu'au point où elle en était elle n'avait plus grand chose à perdre. Le pire qui pouvait arriver c'était qu'Aiden lui annonce qu'il n'avait pas de place pour elle ici, qu'il fallait qu'elle se trouve un logement quelque part. Oui, ce serait terrible et là elle savait qu'elle ne pourrait plus lui pardonner. Mais dieu soit loué, ça ne semblait pas du tout être le cas. Aiden n'avait pas changé, il était toujours le même garçon. Si gentil, si calme, si compréhensif. Elle déglutit, repenser à toutes les qualités qui faisaient qu'il était lui, lui serrait le cœur, et amplifiait son amertume. Il finit par souffler « Rose… » telle une supplication. Elle resta impassible, ignorant catégoriquement l'expression qu'il arborait et le ton de sa voix. Il était bien plus facile pour elle de faire comme si elle ne voyait pas. Ainsi, elle ne craquait pas. Ainsi elle avait pu s'échapper de son étreinte sans culpabiliser. Il était rare qu'elle adopte un tel comportement, aussi égoïste et injuste. Mais une fois fait, elle n'allait jamais dans la demi-mesure, poussant tout au maximum. C'était stupide et elle s'infligeait un mal inutile. Tant pis, trop tard...

Et puis, elle s'était baissée par attraper la pochette et lui avait tendu une des feuilles. Elle n'avait même pas relevé la tête pour voir sa réaction. La jeune fille était obnubilée par le deuxième document. Ce sont les mots de son frère qui l'a sortirent de son état de torpeur. « Qu’est-ce que… » Elle ferma les yeux, échappant une énième larme, toujours en silence. Elle avait déjà tant pleuré qu'elle ne savait même pas comment elle y parvenait encore. D'une main fragile elle lui tendit la fille qu'il attrapa sans attendre. Il ne devait pas comprendre, s'imaginer le pire... Et il avait raison. Car c'était bien le pire qui était arrivé. « Non… c’est pas vrai… » Rose gardait les yeux baissé, ne trouvant pas le courage d'affronter le visage blessé de son frère. Elle tentait de ravaler ses larmes discrètement et passa de façon maladroite ses mains sur ses joues afin de les sécher. Elle reprenait son souffle, sa poitrine se gonflant rapidement et de façon saccadée face aux légers sanglots qui la tourmentaient. « Putain de merde, c’est pas possible… » Ce coup là, Rose redressa subitement la tête. L'avait-elle déjà entendu employer ce genre d'expression ? Ça ne lui disait rien. Mais sa surprise se dissipa vite en voyant la mine anéantie qu'il tentait tant bien que mal de masquer. Rose remarqua rapidement les larmes qui bordaient les yeux de son frère et elle se sentit soudainement honteuse de lui avoir annoncé ça de cette façon. Était-ce correct de balancer à quelqu'un le certificat de décès de proches ? Non, certainement pas. Mais la jeune fille était bien trop chamboulée et perdue et elle n'avait pas prit le temps d'y réfléchir. Tout s'était précipité, elle avait dû gérer tant de choses toute seule, prenant à peine le temps de se remettre de cette terrible nouvelle. Elle n'avait alors pas trouvé la force de trouver les mots pour l'annoncer à Aiden. Elle se sentait lâche et affreuse d'avoir fait ça. Mais le mal était fait et il était trop tard pour réparer ça.

Une ou deux larmes parvinrent cependant à s'échapper de ses yeux humides, attirant l'attention de son ainé. Alors que leurs regards se croisaient, Rose se redressa tentant du mieux qu'elle pouvait de paraître au-dessus de tout ça. Mais Aiden la connaissait bien trop pour se laisser berner par cette expression si fragile. Il leva la main, l'approchant de sa joue. Rose eu un léger mouvement de recul mais ce stoppa. Au moment même ou il posa sa main sur elle, elle ferma les yeux l'espace de quelques secondes. Son corps se crispa et son cœur s'emballa. Il lui fallut quelques secondes avant de parvenir à se détendre. Elle rouvrit les yeux doucement ayant besoin de se trouver un point de repère pour ne pas s'écrouler. Et tandis qu'il essuyait tendrement sa joue, Rose entrouvrit la bouche pour dire quelque chose mais se ravisa. Elle ne parvenait pas à trouver les mots, ses émotions se bousculaient en elle, la troublant. Cette main sur sa joue, ça pouvait paraître anodin pour quiconque, mais pour elle c'était tellement fort, tellement intense. Elle avait été seule depuis la mort de ses grands-parents, il était le premier à avoir pour elle un geste de réconfort. Et il n'était pas n'importe qui alors ce geste trouvait une signification encore plus forte à ses yeux. C'est lui qui reprit la parole en premier, murmurant alors : « Je suis là, Rose… Je sais que j’aurais dû l’être bien plus tôt, mais sache que je suis là. » Bien sûr qu'il était là. Elle le savait pertinemment. Elle avait toujours su au fond d'elle que si un jour elle avait eu besoin de lui, il aurait rappliqué aussitôt. Mais l'entendre dire lui procurait un soulagement et un sentiment de sécurité qui lui avait terriblement manqué depuis son départ. Elle préféra garder le silence face à cette phrase, craignant de commenter seulement le fait que en effet, il aurait dû être là plus tôt. Mais était-ce vraiment le moment ? Après tout, il souffrait tout autant d'elle de la mort de leurs grands-parents. Elle n'avait pas besoin d'en rajouter une fois encore. Ou du moins, pas pour le moment. « Ça ira, crois-moi… » Elle le fixa alors d'un œil plus froid. Elle n'avait plus huit ans, ce genre de mensonges n'avaient plus d'impact sur elle, elle n'y croyait plus depuis longtemps. A nouveau, sa voix glaciale s'éleva, contrastant de façon marquante avec l'émotion du moment : « Non ça n'ira pas Aiden. Ça ne va plus depuis 6 ans maintenant. Je ne vois pas pourquoi ça changerait subitement. » Et alors qu'elle parlait, elle avait vu à nouveau des larmes s'échapper des yeux de son frère. Son cœur se serra, l'incitant à se taire. Mais c'était plus fort qu'elle, elle ne parvenait pas à avoir un petit mot gentil pour lui. Ses blessures étaient encore trop présentes, trop douloureuses. Il lui attrapa alors la main, l'entrainant avec lui en direction du salon. Rose se laissa mener sans bruit, n'opposant aucune résistance. Elle se surprit même à serrer la main d'Aiden, comme si elle ne voulait pas qu'il la lâche. Et d'ailleurs, elle ne voulait pas. Sa main dans la sienne... ça lui avait tellement manqué. Elle s'assit à côté de lui, se séparant subitement de son emprise afin d'y voir plus clair et de ne pas se laisser submerger par ses émotions. Et puis, n'y tenant plus, la jeune fille craqua. A nouveau les larmes jaillirent de ses yeux, avec plus de force et d'intensité cette fois-ci. Des larmes de rage, de rancœur, de tristesse. « Où est-ce que tu étais Aiden quand j'avais besoin de toi ?! Où étais-tu lorsque j'ai découvert que j'étais douée pour dessiner ? Où étais-tu quand je suis tombée amoureuse et que j'aurais voulu que mon frère soit là pour m'aider ? Où étais-tu quand je pleurais toutes ces nuits ? Où étais-tu tous ces matins ou j'attendais que tu frappes à ma porte pour t'assurer que j'étais bien réveillé ? Où étais-tu lorsque j'ai reçu ce coup de téléphone pour m'annoncer que papi et mamie avaient eut un accident ? » Sa voix s'était élevée au fil de ses questions, jonglant entre reproches et désespoir. Elle reprit son souffle, ne lâchant pas son regard. Puis, dans un murmure elle ajouta enfin : « Je t'avais juste demandé de ne pas m'abandonner... Juste ça... » Ses lèvres tremblaient. Elle baissa les yeux, se laissant aller dans le canapé. Elle posa sa main sur son ventre pour tenter de se calmer et de ralentir son souffle. C'était sortit et malgré tout, ça faisait un bien fou.
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Message(#) Sujet: Re: 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. EmptyVen 10 Déc 2010 - 17:33





Lorsque la main d'Aiden entra en contact avec la joue de Rose, le jeune homme ressentit un soulagement sans pareil en réalisant qu'elle ne l'avait pas repoussé. Certes, elle avait peut-être esquissé un mouvement de recul, mais pouvait-il lui en vouloir pour cela? Après tout, cela faisait maintenant six ans qu'il n'avait pas pu la toucher de la sorte, la réconforter, la serrer contre lui. Et la pensée que cela n'arriverait sans doute pas avant un bon bout de temps, bien qu'ils fussent enfin réunis, et ce, en des circonstances désastreuses, ne faisait rien pour réconforter le jeune homme qui était désemparé face à la rancœur évidente de sa sœur. Comment lui faire comprendre combien il était désolé, combien il l'aimait et ce à quoi il était prêt pour regagner sa confiance et son affection ? C'était tout bonnement impossible – il pouvait lire tout le poids des reproches qu'elle semblait lui adresser en permanence dans son regard bleu, qui contrastait si délicieusement avec ses prunelles noisette. Il voulait qu'elle lui laisse une chance, qu'elle comprenne qu'il n'avait jamais voulu que les choses prennent cette tournure. Qu'il aurait préféré mourir, plutôt que de la perdre. Et qu'il n'avait pas passé un jour sans avoir une pensée pour elle, et ressentir un pincement atrocement douloureux au coeur en songeant au mal qu'il lui avait infligé, et à la colère qu'elle éprouvait en retour à cette blessure qu'il n'avait jamais voulu causer. Alors, voir les paupières de Rose se fermer l'espace d'un instant, et sentit ses muscles se détendre sous ses doigts fins procurait à Aiden une étrange sensation de bien-être, des plus paradoxales si l'on considérait la gravité du moment et la douleur qui accablait les deux Lancaster. Mais c'était le premier geste de tendresse qu'elle acceptait, venant de lui, depuis six ans qu'ils avaient été séparés. Et cela signifiait énormément aux yeux d'Aiden, qui s'était senti plus seul que jamais depuis que Rose avait cessé de lui parler. Certes, il avait un frère jumeau, quelque part dans le monde. Mais quand le reverrait-il ? Combien de temps n'avaient-ils plus échangé une parole, une nouvelle ? Quand découvrirait-il, à son tour, la mort de leurs grands-parents ? Aiden savait d'instinct qu'il ne pouvait pas compter sur ce frère qui avait disparu dans la nature, et malgré l'amour qu'il lui portait encore après tout ce temps passé sans se parler, cette perspective ne l'affectait plus trop. Leur relation avait été forte et ce, depuis leur toute petite enfance. Mais jamais ça n'avait été comparable à ce qu'il avait connu avec Rose, malgré la différence d'âge, de sexe, de père, et toutes les autres. Être jumeaux ne garantissait pas forcément une relation qui durerait à jamais, et pour laquelle on ferait tout afin de ne pas la voir s'effriter... Alors qu'il suffisait à Aiden de songer à sa petite soeur pour sentir son estomac se serrer. Parce qu'il savait qu'il l'avait perdue, malgré tout ce qu'il avait fait pour éviter que cela n'arrive. Peu importe sa bonne volonté à lui, ses efforts pour la garder auprès de lui, elle avait rejeté toutes ses tentatives de maintenir leur relation en bon état, rongée par la colère que lui inspirait son abandon. Aiden savait, quelque part au fond de lui, qu'il n'était pas le seul fautif de cette situation, mais il ne pouvait se contraindre à blâmer Rose. Ce serait lâche et irresponsable, car, peu importe la mauvaise foi de la jeune femme, il était le premier à accuser. Il était celui qui avait rompu sa promesse, malgré l'importance que celle-ci avait aux yeux de Rose. Et tous les remords qu'il pouvait éprouver ne changeaient en rien la réalité : il avait provoqué la perte de la personne qui lui était le plus chère, et avec qui il avait partagé le plus tout au long de sa vie. Entre un père disparu, une mère jamais totalement sobre et un jumeau égocentrique, bien trop occupé à se faire remarquer et choyer que pour se soucier des états d'âme d'Aiden, Rose avait toujours été une bulle d'oxygène. Cette famille absurde avait suscité énormément d'amour de la part d'Aiden, mais sans Rose, il se sentait plus perdu que sans chacun des autres. Il avait conscience qu'aujourd'hui, il les avait perdus tous, sans exception. Une mère morte depuis dix ans, un frère exilé en Asie, une soeur haineuse et, maintenant, des grands-parents partis pour de bon, eux aussi. Aiden n'avait pas le choix, il devait accepter les choses comme elles venaient. Mais il ne pouvait se résoudre à renoncer à sa relation avec Rose. Il ferait tout pour la retrouver, pour guérir les plaies qu'il avait infligées à sa cadette. Et bien que ce geste, cette simple caresse ne fût en rien suffisante pour effacer toute la douleur qu'il avait suscitée chez Rose, il représentait les intentions d'Aiden, son envie de tout réparer, de se faire pardonner, d'être à nouveau digne de l'amour de Rose. Mais il avait fallu, une fois de plus, que ce fragile instant de sérénité fût brisé – Aiden avait, une fois de plus, contrarié Rose à cause de ce qu'elle estimait être un mensonge. La voix de Rose, devenue à nouveau glacée et pleine de rancoeur, sonna aux oreilles d'Aiden avec la même violence qu'un coup de poignard infligé au creux de l'estomac. « Non ça n'ira pas Aiden. Ça ne va plus depuis 6 ans maintenant. Je ne vois pas pourquoi ça changerait subitement. » Exténué, blessé et désespéré, Aiden ne savait plus quoi penser, comment réagir. Elle l'accablait de reproches tous plus douloureux les uns que les autres, et pourtant, il ne pouvait pas la blâmer : elle avait raison de lui adresser ces critiques, qui étaient plus que justifiées. Oui, elle allait mal depuis six ans, et il en était le seul responsable. Il était parti faire sa vie ailleurs, et toutes les pensées qu'il avait pu avoir pour Rose, depuis l'autre bout du monde, n'étaient sans doute pas suffisantes pour la demoiselle, qui voulait bien plus. Aiden savait qu'elle aurait voulu qu'il restât auprès d'elle jusqu'à la fin des temps, qu'il ne fût jamais parti faire ses études à Dartmouth, comme il l'avait promis lorsqu'ils n'étaient que des enfants. Aiden savait tout cela. Mais que pouvait-il faire d'autre ? Le mal était fait, et les efforts que fournissait Rose pour le lui rappeler en permanence portaient leurs fruits : une larme perla à nouveau aux coins des paupières du jeune homme, qui ne savait même plus si celle-ci était issue des reproches de sa soeur, ou de l'annonce de la perte de ses grands-parents.

Mais, malgré tout, un faible espoir s'était à nouveau formé en lui lorsqu'il avait senti la main de Rose serrer la sienne. Ce message infime mais plein de sens, qui lui signifiait qu'elle avait encore besoin de lui, qu'il comptait toujours à ses yeux, sembla cicatriser partiellement les plaies douloureuses qu'elle venait de faire à son coeur. Certes, ce n'était qu'un minuscule pas vers la réconciliation, mais cela équivalait à un énorme réconfort pour Aiden, qui aurait tout donné pour ne voir ne serait-ce qu'un signe de tendresse de la part de Rose. Cette paix fragile, cependant, ne dura, une fois de plus, pas longtemps, et ce fut une nouvelle salve de reproches qui vint frapper Aiden, au lieu de la tendresse qu'il avait tant espéré voir apparaître dans le regard de sa soeur. « Où est-ce que tu étais Aiden quand j'avais besoin de toi ?! Où étais-tu lorsque j'ai découvert que j'étais douée pour dessiner ? Où étais-tu quand je suis tombée amoureuse et que j'aurais voulu que mon frère soit là pour m'aider ? Où étais-tu quand je pleurais toutes ces nuits ? Où étais-tu tous ces matins ou j'attendais que tu frappes à ma porte pour t'assurer que j'étais bien réveillé ? Où étais-tu lorsque j'ai reçu ce coup de téléphone pour m'annoncer que papi et mamie avaient eut un accident ? » Aiden aurait voulu, une fois de plus, fermer les yeux, échapper un instant au regard accusateur de Rose, mais c'était la dernière chose à faire. Il ne pouvait plus fuir, il était temps d'affronter les reproches de Rose, saisir sa chance pour lui faire comprendre, au bout de toutes ces années de non-dits, qu'il l'aimait malgré tout ce qu'elle pouvait penser et qu'il ne renoncerait jamais à l'amour qu'il ressentait pour elle. « Je t'avais juste demandé de ne pas m'abandonner... Juste ça... » La façon d'agir de Rose après ces aveux fut encore plus déroutante pour Aiden : loin d'un regard noir et d'une attitude de défi, la jeune femme s'était laissée retomber en arrière, visiblement en proie à une douleur aussi intense que celle qui rongeait son aîné. Savoir qu'il était fautif de ce mal-être était une réelle torture pour Aiden. Il murmura alors, s'efforçant de maîtriser sa voix qu'il estimait bien trop tremblante : « Je sais, Rose... Je le sais aussi bien que toi, et crois-moi, il n'y a pas un jour qui passe sans que je me déteste de t'avoir fait ça. Je sais ce que je t'ai promis, je sais comment j'ai agi, et je sais que je t'ai infligé une douleur pour laquelle je m'en voudrai à jamais... » Il soupira, non pas de lassitude, mais de frustration, voire de désemparement. « Crois-moi, Rose, ce que j'ai fait m'a blessé autant que ça t'a blessé toi. Tu ne sais pas combien j'ai souffert de la distance qui nous a séparés tous les jours, même si je savais très bien que j'en étais le seul fautif... Mais je devais partir, Rose, je ne pouvais pas rester là, alors que j'ai passé ma vie à vivre à l'ombre d'un frère égoïste, sous le regard d'une mère jamais là pour moi. Elle le préférait à moi, et je n'avais que toi. Tu as toujours été ma vie entière, Rose, mais j'avais enfin une opportunité de sortir de la misère dans laquelle je suis né, d'accomplir un rêve... Et la perspective de devoir te quitter pour pouvoir l'accomplir, ça me tuait, mais je m'étais promis de revenir te rendre visite à chacun de mes congés, dès que j'avais du temps libre, peu importe les heures de vol ou le prix du voyage. On avait enfin de l'argent, on aurait pu maintenir notre relation en état, et après quelques années, on se serait retrouvés ! Pourquoi tu ne veux pas comprendre que je me serais jamais permis de te perdre ? » La voix d’Aiden, devenue rauque, se brisa. Il se força à se ressaisir et reprit, dans un murmure : « Je ne peux pas te forcer à me croire, Rose. Mais quelque part, tu sais aussi bien que moi que je n’aurais jamais rien fait pour te blesser. » Certes, le mal était fait. Mais Aiden voulait tenter le tout pour le tout, et, cette fois-ci, enfin convaincre Rose. Il voulait qu’elle sache.
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Message(#) Sujet: Re: 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. EmptyJeu 23 Déc 2010 - 18:04

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ROSE - AIDEN - HAILEY
J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie.





L'attitude de son frère ne faisait qu'accentuer cette sensation de culpabilité qui l'accablait depuis des années déjà. Il restait d'un calme déroutant et il semblait accepter bien trop facilement toutes les accusations qu'elle lui faisait. Elle aurait certainement préféré le voir s'énerver, le voir perdre ses moyens. Parce qu'il aurait été plus facile pour elle de lui en vouloir, de lui faire encore et encore des reproches incessants. Mais elle aurait dû se douter que ça n'arriverait pas. Aiden ne s'énervait jamais, ou presque. Et il était bien trop mâture et responsable pour lui retourner tous ses reproches. Il ne serait pas non plus très intelligent d'en dire encore plus, de le pousser à bout jusqu'à ce qu'il craque. Ce serait égoïste et cruel et Rose ne voulait plus de toute cette souffrance. Ou du moins, elle n'en voulait pas plus. Celle qui les rongeait déjà était amplement suffisante et la jeune fille se sentait suffisamment victime du poids du temps et des erreurs de l'un et de l'autre. Elle ne le lâchait pas du regard et le voir en proie à un espoir soudain dû au fait qu'elle ne le repousse pas la mettait dans un état second, se sentait tiraillé entre plusieurs sentiments. Tout d'abord et comme toujours, la honte de lui en vouloir encore et de lui faire tant de mal en adoptant cette attitude. Mais aussi un apaisement puissant qu'elle n'avait plus ressentit depuis son départ. Il était bien le seul à pouvoir alléger son cœur et le poids des maux. Perdue, elle ne savait plus quel comportement avoir face à lui. Tout ceci lui embrouillait l'esprit, lui faisant perdre le peu de repères qui lui restaient. Et elle se sentait comme livrée à elle-même, consciente que seul son frère pourrait la tirer de là, mais elle refusait d'accepter son aide. Comme si elle voulait lui prouver qu'elle n'avait plus besoin de lui, qu'à présent elle avait apprit à vivre sans lui, qu'il n'avait plus la place qu'il occupait autrefois. Et pourtant, tout ceci n'était que mensonge. Si ses yeux le rejetaient, toute son âme criait au secours, le suppliant de ne pas abandonner, jamais. Et si elle ne sombrait pas totalement, c'était uniquement parce qu'elle connaissait son frère par cœur et qu'elle savait que d'une certaine façon, il entendrait ses appels et ne la laisserait pas. En fait, elle l'avait toujours su. Mais elle avait catégoriquement refusé, et ce de façon inconsciente, d'ouvrir les yeux sur cette réalité évidente. Dans une telle situation, il est toujours beaucoup plus facile de se voiler la face que d'affronter la réalité. Surtout quand on était pas totalement innocent au final. Réagissant sans réfléchir, elle avait de nouveau attaqué avec force, lui laissant peu de chance de riposte face à la tournure de ses phrases. Elle vit à nouveau des larmes briller dans les yeux de son frère et cette fois-ci, elle n'eut pas de mal à deviner ce qui en était à l'origine ; elle. Elle tenta de rester la plus froide possible, comme si tout cela ne l'émouvait pas. Mais en elle, c'était un chaos d'une rare violence. Au fond, de quel droit venait-elle vivre chez son frère après 6 ans de silence ? Surtout en se comportant d'une telle façon, avec une impolitesse et un irrespect effrayant. C'est pourquoi elle décida de se "livrer" une deuxième fois, en resserrant son étreinte sur la main de son frère. Et une nouvelle fois, sa réaction n'échappa pas au regard de la blondinette qui s'autorisa un petit moment de répit. Malheureusement, de courte durée. Elle avait eu ce besoin incontrôlable de se vider, de lui montrer qu'elle avait terriblement souffert sans non plus l'attaquer.

Elle sentait le désemparement de son frère face à cette nouvelle vague d'accusations et elle le comprenait. Qu'aurait-elle fait elle, à sa place ? D'une certaine façon, elle l'admirait de parvenir à la tolérer encore. Rose aurait fait une telle chose avec n'importe qui d'autre, elle savait pertinemment qu'à cette heure-ci on l'aurait déjà mise dehors et sans retenue. Mais lui, non. Et elle savait que ce qui les liait en était la raison. Elle savait que depuis le départ il avait voulu reprendre contact avec elle, qu'il n'avait jamais voulu la mettre à l'écart de sa vie. Mais la souffrance vous aveugle et vous empêche de faire la part des choses. Affalée sur le canapé, comme si elle n'avait même plus la force de se tenir droite tant la douleur était cinglante, ce fut au tour d'Aiden de prendre la parole. Et Rose ne s'était pas attendue à ça. « Je sais, Rose... Je le sais aussi bien que toi, et crois-moi, il n'y a pas un jour qui passe sans que je me déteste de t'avoir fait ça. Je sais ce que je t'ai promis, je sais comment j'ai agi, et je sais que je t'ai infligé une douleur pour laquelle je m'en voudrai à jamais... Crois-moi, Rose, ce que j'ai fait m'a blessé autant que ça t'a blessé toi. Tu ne sais pas combien j'ai souffert de la distance qui nous a séparés tous les jours, même si je savais très bien que j'en étais le seul fautif... Mais je devais partir, Rose, je ne pouvais pas rester là, alors que j'ai passé ma vie à vivre à l'ombre d'un frère égoïste, sous le regard d'une mère jamais là pour moi. Elle le préférait à moi, et je n'avais que toi. Tu as toujours été ma vie entière, Rose, mais j'avais enfin une opportunité de sortir de la misère dans laquelle je suis né, d'accomplir un rêve... Et la perspective de devoir te quitter pour pouvoir l'accomplir, ça me tuait, mais je m'étais promis de revenir te rendre visite à chacun de mes congés, dès que j'avais du temps libre, peu importe les heures de vol ou le prix du voyage. On avait enfin de l'argent, on aurait pu maintenir notre relation en état, et après quelques années, on se serait retrouvés ! Pourquoi tu ne veux pas comprendre que je me serais jamais permis de te perdre ? Je ne peux pas te forcer à me croire, Rose. Mais quelque part, tu sais aussi bien que moi que je n’aurais jamais rien fait pour te blesser. » Le cœur de la jeune fille s'était serré au fil des paroles de son aîné. Ses larmes ne coulaient plus et ses yeux semblaient s'être asséchés. Les lèvres closes, la mine interdite, elle n'avait toujours pas tourné la tête dans sa direction, ne se sentait pas le courage d'affronter son regard. Elle l'avait écouté sans le couper, incapable de réagir face à l'évidence de ses paroles. Même si depuis le départ elle savait que lui aussi avait horriblement souffert de cette situation, les choses ne lui étaient pourtant jamais apparues aussi fortes. Sa gorge s'était nouée, lui coupant la parole et ses entrailles se tordaient douloureusement, finissant de l'achever. Elle resta un long moment ainsi, sans bouger, silencieuse. Elle fixait le vide, juste devant elle, totalement immobile et décontenancée. Elle se sentait faible, terriblement faible. Pourquoi est-ce que la vérité donnait raison à Aiden ? Pourquoi avait-elle soudainement l'impression d'être la méchante dans l'histoire alors que pendant six longues années, elle s'était persuadée que c'était lui. Tout s'écroulait et elle se sentait perdre pied, affligée et impuissante. Et Aiden trouvait encore la douceur de ne pas lui faire de reproches, comment était-ce possible ? Soudainement, plus rien ne semblait avoir de sens, laissant la jeune fille dans un état de perplexité intense. Puis, elle se ressaisit. L'idée d'être responsable de quoi que ce soit était insupportable. Elle ne se sentait pas encore prête pour assumer ça. Elle se redressa alors, se tournant vers lui. Son regard encore si vague quelques secondes plus tôt était devenu dur. Sa voix, froide et assurée s'éleva, comme un poignard tranchant : « Me rendre visite ? Tu crois que c'était ça que je voulais moi ? Avoir un frère qui vivait à des milliers de kilomètres de moi et qui viendrait me "rendre visite" quand il en avait le temps ? » Elle serra les poings, sentant la colère l'envahir. « Je ne voulais pas que tu me rendes visite ! Je voulais que tu restes ou que tu m'emmènes. Je voulais être avec toi, comme tu me l'avais promit. » Son égoïsme l'a surprit elle-même, ses paroles avaient dépassées ses pensées. Mais elle n'arrivait plus à faire demi-tour. Et dans un excès de rage, elle déclara en serrant la mâchoire et en arborant une voix calme et dure : « J'espère que tu as souffert. Tu ne méritais que ça. » Elle le fixa, comme si elle le provoquait. Elle n'ajouta rien d'autre, incapable d'aligner encore deux mots.

Puis, elle détourna le regard, incapable d'affronter ça. Elle se leva subitement et manqua de tomber face aux tremblements qui la secouait. Elle resta fébrile quelques secondes, attendant de retrouver son équilibre. Son cœur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait exploser dans sa poitrine. Elle ne réalisait toujours pas ce qu'elle venait de lui balancer au visage. Elle retourna dans l'entrée, empoignant ses bagages d'une main hésitante et toujours tremblante. Puis, elle se retourna et déclara d'une voix maladroite et qui trahissait tout le malêtre qui l'habitait à cet instant : « Où est-ce que je dois m'installer ? » Sa gorge était si comprimée que chaque mot qu'elle prononçait lui faisait mal. Ses yeux se voilèrent alors, prenant de plus en plus conscience de ce qu'elle avait osé lui dire. Elle tenta de ravaler ses larmes, restant toujours aussi froide. Il pouvait bien lui dire toutes les horreurs du monde qu'elle ne lui en voudrait pas, elle savait très bien qu'elle ne méritait plus que ça à cet instant.




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8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. Vide
Message(#) Sujet: Re: 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. 8077 ► J'aimerais effacer les douleurs du passé comme on efface la craie. EmptyMer 2 Fév 2011 - 1:55





Douce ironie après tant de fausses espérances et de cruelles déceptions en si peu de temps, Aiden ressentit à nouveau une lueur d’espoir lui animer le cœur. Une fois de plus, le jeune homme fit la lourde erreur d’imaginer que la force avec laquelle il aimait Rose suffirait à tout arranger en deux temps, trois mouvements. Il restait persuadé qu’elle ne pouvait ignorer tout l’amour qu’il éprouvait pour elle, et qu’elle n’avait pas arrêté de ressentir l’admiration et l’affection qu’elle avait toujours eues à son égard. Avec la vie difficile qu’il avait eue, Aiden avait longtemps abandonné l’habitude de se fier à ses rêves et avait bien vite laissé sa délicieuse et innocente naïveté sur le côté. Quelqu’un, un jour, lui avait dit que le grand avantage du pessimisme était qu’on avait soit raison, soit droit à d’agréables surprises. Aiden n’aimait pas cette philosophie de vie – toujours partir du pire, au cas où la déception de ne pas voir ses espoirs se réaliser serait trop douloureuse. Et pourtant, afin de se protéger de toute la douleur qu’il avait déjà dû ressentir à un stade si peu avancé de sa vie, il avait fini par l’adopter, bien malgré lui. Il avait abandonné l’optimisme avec lequel il était né pour une vision plus terre-à-terre du monde qui l’entourait. Sans jamais devenir fataliste ou défaitiste – Aiden tenait à sa santé mentale. Mais là, étrangement, alors que passé et présent s’affrontaient dans la même pièce, Aiden semblait totalement avoir oublié que les espoirs n’étaient là, en général, que pour se transformer en déceptions par après. La joie de revoir Rose, l’émotion qui le traversait de part et d’autre en revoyant ce visage dont il avait si longtemps été privé, le poussaient à oublier que la vie n’était pas aussi rose qu’il avait bien voulu le croire. Non, la vie est une chienne, peu importe les efforts que l’on peut faire pour y remédier et pour tenter de l’améliorer. Rose avait sans doute appliqué ce même principe au sujet d’Aiden – elle devait être persuadée qu’il était fautif de tout, qu’elle n’avait absolument rien fait et qu’elle était donc en droit de lui faire payer la douleur qu’il lui avait infligée depuis son départ. Aiden ne pouvait nier être le principal coupable de la création du gouffre qui s’était désormais installé entre sa cadette et lui, mais il n’était pas assez bête pour se voiler la face sous prétexte qu’il était prêt à assumer ses erreurs : il savait aussi que Rose dramatisait les choses et qu’elle réfléchissait toujours avec l’esprit de la fillette de douze ans qu’elle était à l’époque. Sans doute avait-elle tout simplement arrêté de réfléchir, restant braquée sur la position qu’elle avait adoptée depuis le départ d’Aiden : il était fautif, il avait failli à sa promesse. Sur ce point-là, elle avait tout à fait raison. Mais la Rose d’aujourd’hui, celle dotée d’un esprit plus critique et mature, aurait dû prendre en compte les autres facteurs qui avaient entouré ce qu’elle avait toujours considéré comme un abandon : l’opportunité unique d’enfin pouvoir bénéficier d’un enseignement de qualité, la première fois où il surpassait son jumeau qui avait toujours veillé à projeter son ombre sur lui pour mieux briller, la possibilité, après tant d’espoirs déçus, d’accomplir un rêve qui le hantait depuis la perte de sa mère. Le fait de n’avoir pu la sauver avait agi comme un déclic en lui – il voulait passer le reste de sa vie à sauver le plus de vies possibles, quitte à devoir sacrifier d’autres choses qu’il considérerait malgré tout comme primordiales. Rose ne pouvait pas comprendre tout ça lorsqu’il était parti – qui, à douze ans, l’aurait compris ? Mais aujourd’hui, elle était tout à fait en mesure d’adopter un regard plus objectif sur la situation. Mais comment Aiden, tout rongé par le chagrin et les remords qu’il était, pourrait-il blâmer sa sœur de lui en vouloir d’être parti ? Il lui avait promis de rester pour toujours à ses côtés, c’est vrai. Il représentait une énième perte pour Rose, qui avait tant enduré avant même d’avoir franchi le seuil de l’adolescence. Aiden s’en voulait à mort, et pour cela, il était prêt à passer outre le fait que Rose réagissait de façon irréfléchie. Elle était humaine, il l’était aussi. Et il ne ferait pas la même erreur qu’elle – oublier de prendre suffisamment de recul que pour envisager les choses du point de vue de la personne face à soi.

Alors, avec toutes ces idées en tête, Aiden aurait dû savoir que ce ne serait pas gagné de reconquérir sa sœur, qui semblait décidée à ne plus jamais lui accorder une once de confiance. Et pourtant, stupidement, c’est vrai, à chaque fois qu’il percevait un signe encourageant, il ressentait le besoin violent de considérer comme acquise cette chose qu’il désirait plus que tout : des réconciliations qui leur permettraient de tout reprendre à zéro, ou, encore mieux, là où ils s’étaient arrêtés avant le départ d’Aiden. Lorsqu’il vit que sa sœur restait muette après sa tentative désespérée de la convaincre, Aiden crut, pendant quelques secondes, être parvenu à la convaincre. Ne voyait-il pas la tristesse et le désarçonnement voiler le regard cristallin de Rose ? Peu importe, car il fut aussitôt déçu, une fois de plus. Visiblement désireuse de lui faire comprendre qu’il méritait de souffrir et d’avoir mal, Rose mettait un point d’honneur à prononcer les paroles les plus blessantes de la voix la plus glaciale que l’on puisse imaginer. Et cela fonctionna : le visage d’Aiden se crispa et il ferma une nouvelle fois étroitement les paupières, partagé entre l’envie de se dire que tout cela n’était qu’un mauvais rêve, et l’obligation d’accepter au mieux les infamies qu’il devait entendre. « Me rendre visite ? Tu crois que c'était ça que je voulais moi ? Avoir un frère qui vivait à des milliers de kilomètres de moi et qui viendrait me "rendre visite" quand il en avait le temps ? Je ne voulais pas que tu me rendes visite ! Je voulais que tu restes ou que tu m'emmènes. Je voulais être avec toi, comme tu me l'avais promit. » Aiden ouvrit la bouche pour répondre, pour tenter, une nouvelle fois, de lui faire comprendre qu’il n’avait jamais voulu l’abandonner. Qu’elle comptait plus que tout à ses yeux, mais qu’il avait eu à faire un choix quasiment impossible, mais dont, malgré tout, il ne regrettait pas l’issue. Il aurait juste souhaité que Rose se montre plus compréhensive, et qu’elle tente, ne serait-ce que l’espace d’une seconde, de se mettre à sa place. Issu d’un milieu des plus modestes, Aiden était bien placé pour savoir que quelque chose comme une place à Dartmouth n’était pas une opportunité que l’on laissait passer, promesse ou non. C’était une chance sur laquelle il aurait été odieux et idiot de cracher. Aiden savait tout cela, mais Rose n’y pensait pas, et elle s’obstinait à ne rien tenir en compte, à part sa propre douleur. Aiden aurait tant voulu qu’elle comprenne cela. Il aurait tant voulu trouver les mots pour lui expliquer clairement comment les choses étaient réellement. Mais elle ne lui en laissa pas le temps. « J'espère que tu as souffert. Tu ne méritais que ça. » Aussitôt, il perdit le fil de sa pensée, et referma la bouche, comme assommé par ce qu’il venait d’entendre. Rien de ce qu’elle n’avait dit, jusqu’à présent, n’avait autant blessé Aiden. Le simple fait de se dire que c’était sa propre sœur qui avait proféré de tels propos lui brisait le cœur en mille morceaux. Et une fois de plus, une larme perla au coin de son œil pour rouler lentement le long de sa joue. Aiden ne put répondre à cela, trop blessé, trop stupéfait et incrédule. L’espace d’un instant, il eut envie de lui ordonner de retirer ses paroles. D ‘arrêter. Il l’aurait fait, s’ils étaient encore à l’époque où elle accordait de l’importance à ce qu’il pensait, et voulait. Il l’aurait fait, si elle le considérait encore comme son frère adoré, son modèle, la personne qui serait toujours là pour elle, quoi qu’il arrive. Mais maintenant, clairement, il n’était plus qu’un étranger. Un étranger qui serait chargé de l’héberger, mais un étranger quand même. Cette perspective acheva Aiden. Avait-il donc définitivement perdu Rose ? La vraie Rose, sa sœur, celle qu’il avait toujours eu l’habitude de serrer contre lui et de traiter comme la plus précieuse des princesses, n’aurait jamais dit quelque chose de pareil. Elle n’aurait jamais voulu blesser quelqu’un de telle manière, surtout pas quelqu’un dont elle savait pertinemment qu’il ne lui voulait que du bien. Non, cette phrase, ce n’était pas Rose. C’était une personne qui le détestait bien trop pour se souvenir de combien elle l’aimait.

Elle se leva, le laissa derrière elle, encore sonné et blessé à mort. Aiden mit quelques moments à réagir, revenant tout juste du choc et assimilant tout juste la douleur qui l’accablait avec une force insupportable. Il la voyait, à quelques mètres de lui, dans le hall, empoignant ses valises. Il rassembla le peu de forces qui lui restaient sans trop savoir pourquoi il se donnait cette peine – après tout, la seule chose à laquelle il aurait droit, ce serait une nouvelle salve de reproches, ou une autre série de remarques blessantes. Mais il avait l’impression de la perdre encore plus en la voyant s’éloigner, même si ce n’était que de quelques pas. Il la rejoignit donc, lentement, presque précautionneusement. Elle lui tournait le dos. Regrettait-elle ce qu’elle lui avait dit ? Quelque chose en lui voulait absolument y croire, se dire que le contraire était impossible. Mais quelque chose de beaucoup plus fort lui murmurait que Rose avait changé. Qu’elle ne regrettait pas, et pensait sincèrement la dernière phrase qu’elle avait prononcée. Cependant, lorsque Rose lui fit à nouveau face, son visage était triste et, curieusement, presque aussi marqué par la douleur que celui de son aîné. « Où est-ce que je dois m'installer ? » Était-ce un tremblement qu’il percevait dans sa voix ? Ou n’était-ce qu’une illusion de plus, qui, comme toutes les autres, finirait par se transformer en coup de poignard ? Aiden voulait continuer à espérer, se dire que perdre sa sœur était tout bonnement impossible – en tout cas, qu’il ne laisserait jamais une telle chose arriver, peu importent les efforts qu’il aurait à fournir pour cela. Sans doute était-ce pour cela qu’aucune colère n’habitait son regard noisette lorsqu’il le posa sur sa sœur, qui était toujours clairement en proie à une véritable détresse. Aiden fut incapable de répondre, si banale soit la question. Il n’en avait pas la force. Au lieu de cela, il la regarda longuement, droit dans les yeux, le regard empreint d’une infinie tristesse. Il leva la main et l’avança pour replacer une mèche de cheveux derrière l’oreille de Rose. Lorsqu’il finit par répondre, ce fut tout sauf une réponse à la question qu’elle lui avait posée qui franchit ses lèvres : « C’est pas toi, Rose… Je t’en supplie, dis-le. C’est pas toi. Arrête ça. Tu sais que j’ai raison. Tu sais que je m’en veux. Et tu sais que tu ne veux pas me blesser. Je t’en supplie… » Le dernier mot n’avait été qu’un murmure, et à nouveau, Aiden voulut espérer.

Mais le bruit d’une porte d’entrée qui claqua brisa le moment, puis emporta tout espoir de réconciliation avec lui, dans le néant.
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