(#) Sujet: À CHAQUE LARME, J'AI GRANDI | ROMAIN Sam 4 Déc 2010 - 2:52
À chaque larme, j'ai grandi
La douleur, cuisante dans ses côtes, lui fit ouvrir les yeux. En sueur, sa respiration était douloureuse et Andrew se redressa dans son lit, la bouche sèche, en maugréant. Il dut s'étirer pour récupérer le verre d'eau, posé sur la table à côté de lui, ce qui étira ses traits en une grimace à peine contenue. Il passa une main dans ses cheveux et fronça les sourcils en prenant conscience qu'un bandage semblait partir de son cou et grimper sur l'arrière de son crâne. Encore une blessure qu'il n'avait pas remarquée lorsqu'il s'était réveillé, la première fois. On le lui avait changé, sans doute, mais il avait tellement été dans les vapes avec les médicaments qu'on lui donnait qu'il n'avait plus trop conscience des examens qu'on lui avait fait subir. Il avait été heureux de revenir à lui en un morceau; passer le restant de ses jours unijambiste n'avait certainement pas été dans ses projets. Ses côtes lui faisaient mal, toutefois; on l'avait bien avertit que le morceau de métal qu'ils avaient retiré avait profondément transpercé sa chair et qu'ils avaient fait de leur mieux pour réparer les tissus endommagés. Or, le temps de guérison serait sans doute un peu plus long et il devrait faire davantage attention pendant quelques semaines, mais tout finirait par rentrer dans l'ordre. Physiquement parlant, bien entendu, les médecins ne pouvaient pas prévoir les séquelles psychologiques d'un tel accident sur le cadet McAllister.
Il avait bien évidemment demandé des nouvelles de Leslye dès qu'il avait ouvert les yeux, on lui avait simplement dis qu'elle allait bien, mais qu'il ne pouvait pas la voir pour l'instant, qu'il devait se reposer. Il avait eu beau supplier de la voir, personne n'avait concédé à lui accorder ce qu'il voulait. C'était uniquement sa faute, s'ils étaient tous les deux dans des lits d'hôpitaux à attendre qu'on leur donne le okay pour se retrouver parce que dans sa tête à lui, tout finirait par redevenir comme avant. Rien ne changerait, il avait agit comme un con, il n'avait rien écouté. Il s'en souvenait même si les dernières minutes avant l'accident demeuraient plutôt confuses dans son esprit. La tempête s'était rappelée à lui dès qu'il avait ouvert les yeux, ce qui l'avait poussé à demander des nouvelles de tous ceux à qui il tenait. Gabriel. Romain. Leslye. Sa mère. Samuel. La panique l'avait d'abord envahi, jusqu'à ce qu'il voit dans l'encadrement de la porte son frère et Romain s'avancer pour venir à leur tour s'assurer qu'il allait bien.
Poussant un soupir, il retira les draps qui l'enveloppaient et glissa ses deux jambes en bas du lit malgré la douleur qui le fit grimacer. Il eut la mauvaise idée d'appuyer sa main sur le lit pour se relever, mais l'atèle qui retenait son majeur fracturé sembla soudainement lui donner une onde de choc dans tout le bras. Serrant les dents, il ferma un instant les yeux et ce ne fut que lorsqu'il les ouvrit qu'il vit Romain dans l'encadrement de la porte. Surpris, il posa son regard sur lui, évaluant la raison de sa présence d'un rapide coup d'oeil. « Je pensais pas que t'allais venir... » Il sut garnir ses fossettes d'un léger sourire, afin de détendre l'atmosphère et de lui montrer qu'il n'avait pas si mal que ça, finalement. « Tu sais où elle est, Leslye, hein? Tu veux bien m'aider? » Il s'empêtra dans les fils qui le reliaient à sa perfusion, que les médecins n'avaient pas pris soin de retirer une fois la chirurgie terminée. Ce serait plus facile comme ça, et moins douloureux pour lui, qu'ils avaient dis. Mais Andrew voyait bien que ce truc-là était loin d'être discret. S'il quittait sa chambre avec ça, tout l'étage serait au courant de sa fuite, ce qui n'était pas pour lui plaire.
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(#) Sujet: Re: À CHAQUE LARME, J'AI GRANDI | ROMAIN Dim 5 Déc 2010 - 0:59
« Ne cours pas ! » exigea Romain alors que Samuel, du haut de ses petits 75 cm, fonçait comme une flèche à travers le couloir de l’hôpital. Au milieu de celui-ci, sa course fut interrompue par une très (trop) grande infirmière dont le halé de la peau satiné et les courbes harmonieuses du visage, trahissaient des origines arabes. Il s’agissait de Jasmine, une infirmière que Romain avait connu lorsqu’il avait séjourné un moment à l’hôpital suite à son « accident de bateau ». Depuis, il était resté en contact avec cette grande métisse, et peu à peu, ils s’étaient même liés d’amitié. « Il va me rendre fou ! » « Il est interdit de courir dans les couloirs mon petit monsieur. » fit l’infirmière en chatouillant allégrement le petit garçon qui se mit à rire aux éclats tout en se tortillant. « Merci. Je ne sais pas ce qu’il a, mais il est intenable ces jours-ci. » Romain la salua d’un hochement de tête et d’un sourire alors qu’elle passait derrière l’accueil pour déposer Samuel sur le comptoir. « Il est réveillé ? » L’infirmière regarda brièvement sa montre, comprenant qu’il parlait d’Andrew. « Les sédatifs ne devraient plus trop faire effet. » Son visage se ferma quelques secondes. « Il a encore une fois demandé après elle. Je ne sais plus trop quoi inventer pour le forcer à rester dans sa chambre. Il veut vraiment la voir. Et je ne peux pas être toujours-là pour l’empêcher de se lever et de partir à sa recherche. »
Du bout des dents, Romain se mordilla la lèvre inférieure, anxieux à l’idée de devoir un jour annoncer la terrible nouvelle à son beau-frère. Plus qu’un autre dans la famille, Andrew avait payé à l’ouragan le plus lourd tribut. A part quelques égratignures et une maison en ruine, Romain et Gabriel n’avaient pas perdu grand-chose lors de cette catastrophe. Mais c’était hélas différent pour Andrew. Le jeune étudiant ne le savait pas encore, mais il avait été dépossédé par cet ouragan des biens les plus précieux qu’il possédait jusqu’alors. Comment lui annoncer la nouvelle ? Comment lui dire qu’elle ne désirait plus le voir, et que l’accident qui les avait menés à l’hôpital, avait causé bien plus de dégât qu’il ne pouvait l’imaginer ? Comment tout simplement lui dire qu’il allait souffrir plus qu’il n’avait souffert jusqu’alors ? Romain était triste et inquiet à la fois, car il savait que bientôt, Andrew serait mit face à la terrible et cruelle vérité. Arriverait-il à y faire face, lui qui jusqu’à présent, n’était pas très doué pour affronter les embûches de la vie.
« Tu peux me le garder un peu ? » « Aucun problème. » « Tu vas rester un peu avec Jasmine, mon cœur. » Romain déposa sur le comptoir le sac dans lequel se trouvait tout le matériel indispensable afin de s’occuper au mieux du petit. « Je vais voir si tonton Andrew est réveillé. » Il réclama un bisou au petit garçon qui le lui offrit sans broncher et il ajouta afin qu’il ne s’inquiète pas : « Soit sage. Je reviens très vite. »
En quelques pas à peine, Romain rejoignit la chambre d’Andrew. Le jeune McAllister était déjà debout, près sans aucun doute à parcourir en robe de chambre les couloirs de l’hôpital. Le laisser faire n’était pas une bonne idée, d’autant plus que Leslye (car c’était bien pour elle qu’il se levait, Romain en était persuadé) avait été claire : elle ne voulait plus le voir, le tenant responsable de leur accident de voiture.
« Je pensais pas que t'allais venir... » « Ben, faut croire que tu t’es trompé. » « Tu sais où elle est, Leslye, hein? Tu veux bien m'aider? »
Romain éluda volontairement et égoïstement les questions. Il n’avait aucune envie de s’aventurer sur ce chemin glissant. Andrew souffrirait bien assez tôt de la sinistre vérité. Il pouvait encore attendre. Pour l’instant, tout ce que voulait Romain, c’était passer un petit et agréable moment en compagnie de son beau-frère. Andrew était devenu quelqu’un d’important à ses yeux. Il faisait partie de sa famille. Au même titre que son frère ou ses sœurs. Le fait de l’avoir quasiment perdu lors de cet ouragan lui avait fait prendre conscience combien ce crétin comptait dans sa vie.
« Tu ne devrais pas te lever. Maladroit comme tu es, tu vas t’arracher une perfusion et te faire un mal de chien. » Romain s’approcha d’une table dans le coin de la chambre et déposa dessus un sac duquel il tira soigneusement un ordinateur portable, quelques magasines de sport et de musique, et un Ipod flambant neuf encore dans sa boite. « L’un des techniciens de ton frère à réparé ton ordinateur. Le temps te semblera moins long avec lui. » Il lui tendit la boite de l’Ipod. « Cadeau. Je me suis dit qu’écouter de la musique devait te manquer. »
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(#) Sujet: Re: À CHAQUE LARME, J'AI GRANDI | ROMAIN Dim 5 Déc 2010 - 3:04
« Tu ne devrais pas te lever. Maladroit comme tu es, tu vas t’arracher une perfusion et te faire un mal de chien. » Nonchalant, Andrew haussa les épaules. « Ça fait déjà un mal de chien. Je sais pas quand ils vont me l'enlever, mais s'ils le font pas, je les arrache! » Le jeune homme grimaça néanmoins en voyant qu'au lieu de l'aider à marcher, Romain se dirigeait vers une table pour y déposer son sac. Andrew maugréa un instant, mais réprima son envie de partir directement à la recherche de Leslye, prenant conscience que Romain avait sans doute ramené des choses pour lui. Il ne s'en sauverait pas comme ça, de toute façon. Il avait la désagréable impression qu'on tentait de le préserver, que les médecins refusaient qu'ils la voient et que Romain et Gabriel jouaient le jeu sans se douter que le jeune homme était bien plus têtu qu'il n'en paraissait. Son frère était au courant, pourtant! À croire qu'il n'avait pas vraiment eu l'occasion de s'en rendre compte dernièrement.
En voyant Romain sortir l'ordinateur du sac, Andrew en fut soulagé. Il avait tellement de choses là-dessus! Tellement de morceaux de musique, de pièces pour des auditions, c'était une vraie bibliothèque musicale! Tout perdre n'aurait pas été la fin du monde, bien sûr, mais il lui tardait de l'ouvrir afin de s'assurer que tout était en bon état. « L’un des techniciens de ton frère a réparé ton ordinateur. Le temps te semblera moins long avec lui. » « Merci! Mon Dieu, va falloir que je te fasse écouter le ... » Écarquillant les yeux sous le cadeau que Romain venait de glisser dans sa main, il s'interrompit. Son Ipod avait eu moins de chance que son ordinateur, apparemment, puisque l'appareil ne fonctionnait plus et gisait, inanimé et gravement handicapé, sur la petite table de nuit à côté de son lit d'hôpital. « Trop bien! C'est bien ce qui me manque le plus! Même quand ils m'ont traîné je sais plus où pour les radios, ce matin, la seule musique à laquelle j'ai eu droit c'était celle qui jouait dans l'ascenseur! Pas vraiment mon style! » Il récupéra la boîte de sa main valide et tenta de l'ouvrir d'une seule main, avant de grimacer sous la douleur que lui occasionnait l'effort.
« Tu veux bien l'ouvrir pour moi? » demanda-t-il en tendant de nouveau le boîtier à Romain.
Il tenta d'apercevoir les gros titres des magazines qu'il lui avait apporté, mais s'étirer lui faisait un mal de chien, alors que sa blessure n'avait pas encore vraiment eu le temps de cicatriser. D'ailleurs, la première fois que l'infirmière avait refait le bandage, le jour d'avant, il n'avait même pas voulu regarder. Non seulement ça ne l'intéressait pas tant que ça, mais en plus, il était presque certain que ça lui ferait tourner de l'oeil. Or, lorsqu'elle était revenue ce matin, il avait hésité quelques secondes, mais avait finalement jeté un coup d'oeil pour s'apercevoir que ce n'était pas si pire que ça. En apparence. Parce que les médecins avaient bien dit qu'il devrait rester tranquille, histoire que tout redevienne comme avant dans le meilleur des mondes.
« Ma mère est venue tout à l'heure. T'arrivais vingt minutes plus tôt, tu la rencontrais dans les couloirs! » Il eut un léger sourire, même si le haussement d'épaule qui suivit sembla tout à coup donner un peu trop de nonchalance à ses propos. Parler pour parler, il savait bien faire ça. Mais en ce moment même, tout ce dont il avait envie, c'était de s'assurer que Leslye allait bien. Il attendait depuis deux jours maintenant et il n'attendrait pas plus longtemps. Il allait mieux, il devait bien être capable de marcher! Ce n'était certainement pas une petite blessure de rien du tout qui l'empêcherait de la voir! Tout le monde évitait la question, comme si le sujet était soudainement tabou, comme s'ils étaient tous de connivence pour le tenir dans l'ignorance. Ils n'avaient pas le droit de faire ça de toute façon. Il avait le droit de savoir; elle était sa petite amie, c'était de sa faute si elle était blessée, il avait bien le droit d'avoir un maximum d'informations, non? Ça ne pourrait sans doute pas retirer sa culpabilité de l'avoir entraînée là-dedans, mais au moins, une certaine once de soulagement pourrait apaiser son sentiment d'impuissance.
Se redressant finalement sans faire attention à Romain, non loin de lui, il se releva complètement en posant les pieds au sol, neutre quant-à la douleur qui lui vrillait les côtes. Il saisit le support métallique pour le traîner avec lui, alors qu'il n'avait qu'une envie, percer la poche de liquide pour ne plus avoir à se faire chier. « Je vais la voir. Si tu sais pas où elle est, c'est pas grave. Je veux la voir. »
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(#) Sujet: Re: À CHAQUE LARME, J'AI GRANDI | ROMAIN Mer 15 Déc 2010 - 22:03
« Tu veux bien l'ouvrir pour moi? » « Bien sûr. »
En quelques coups de dents bien placés, Romain défit l’emballage plastifié du boîtier pour en extirper l’appareil chromé. D’une oreille (car l’autre surveillait Samuel dans le couloir), il écoutait son jeune beau-frère lui parler de la visite de sa mère. Romain n’avait jamais eu la chance de rencontrer Viviane. Dommage qu’ils se soient loupés, car il aurait beaucoup apprécié la croiser enfin. Jamais depuis qu’il était marié au sénateur, celui-ci n’avait daigné lui présenter celle qui l’avait élevé. Pire encore, Gabriel avait toujours prit soin d’éviter sa mère et de la tenir éloigner de toute occasion de rencontrer Romain. Elle n’avait pas été invitée à leur mariage, ni à l’anniversaire de son fils aîné, et le sénateur la tenait – aujourd’hui encore – éloigné de Samuel. De ce que le jeune homme en avait compris, Gabriel ne la portait pas dans son cœur. Pourquoi ? Il n’en savait rien. Son époux restait très vague à ce sujet. Il parlait souvent d’irresponsabilité et d’alcoolisme. Mais Romain était persuadé que la rancœur de son mari allait bien au-delà tout cela. C’était une rancune bien plus profonde.
« Dommage, ça m’apprendra à traîner dans les couloirs. » fit-il en haussant les épaules tout en tâchant de cacher sa petite déception. « Je ne te cache pas que j’aurais bien aimé enfin pouvoir la rencontrer. Mais bon, j’imagine que j’aurais d’autre occasion de le faire. »
Même si l’envie de poser mille et une question sur Viviane lui brûlait les lèvres, Romain garda pour lui ses interrogations. Il n’était pas ici pour discuter de la relation qu’entretenait Gabriel avec sa mère. Il n’avait aucune envie d’indisposer Andrew avec ce sujet, surtout pas aujourd’hui ! Il savait que son jeune beau-frère avait le cul entre deux chaises dans cette histoire. Andrew était tiraillé entre sa loyauté envers son frère qui s’était toujours occupé de lui, et entre l’amour qu’il portait à sa mère, et ce malgré tout ce que Gabriel pouvait en dire. La position du cadet des McAllister n’était pas vraiment enviable. Romain aurait voulu aider à ce que les choses s’arrange, mais chacune de ses tentatives pour aborder le sujet s’était soldé par un échec cuisant.
« Je vais la voir. Si tu sais pas où elle est, c'est pas grave. Je veux la voir. »
La voir ? Leslye ? Ce n’était pas une bonne idée. Un léger frisson électrisa toute l’échine du jeune homme qui fit un pas sur le côté, s’interposant entre Andrew et la sortie de cette chambre. Il ne pouvait pas le laisser vagabonder dans les couloirs de l’hôpital à la recherche de celle qui – il ne le savait hélas pas encore – ne voulait plus de lui. Romain avait la désagréable tâche de le lui annoncer. Le moment était venu. C’était inévitable. Il ne pourrait mentir plus longtemps, au risque de perdre la confiance d’Andrew. Un instant de silence s’imposa, alors que les deux McAllister se fixaient dans le blanc des yeux. Romain ne peut s’empêcher de souffrir pour lui et de partager un peu de son fardeau. Avec le temps, Andrew était devenu comme son petit frère. Le voir souffrir n’était pas agréable.
« Je suis désolé Andrew… » fit Romain d’une voix hésitante alors que son beau-frère lui lançait un regard interrogateur, se demandant sans doute pourquoi il l’empêchait de s’aventurer dehors. « Mais je ne peux pas te laisser faire ça. » Il inspira profondément, cherchant frénétiquement à l’intérieur de son cerveau les mots adéquats. En existaient-ils d’ailleurs ? Comment dire à un adolescent que sa petite amie avait perdue leur enfant et que de ce fait, elle le tenait pour responsable de tous les maux du monde ? « Andrew… quelque chose de terrible s’est passé… » Sa gorge se noua alors et sa voix s’enraillait. « Leslye ne veut plus te voir. » Le premier coup au cœur d’Andrew fut porté. Romain s’approcha de lui, hésitant. Il ne souhaitait pas le brusquer, ni même le blesser outre mesure. Tout ce qu’il voulait, c’était l’aider à se rasseoir dans son lit afin qu’il ne se fasse pas plus mal qu’il ne souffrait déjà. « Elle a perdu votre bébé durant l’accident. » Dire ces mots à voix haute fut difficilement supportable pour un jeune homme aussi émotif que lui. Les larmes lui montèrent facilement aux yeux. « Je suis désolé, Andy. Sincèrement désolé, mais… tu ne peux pas la voir. »
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(#) Sujet: Re: À CHAQUE LARME, J'AI GRANDI | ROMAIN Ven 17 Déc 2010 - 19:12
« Je suis désolé Andrew… Mais je ne peux pas te laisser faire ça. » Sans comprendre, Andrew avait tenté d'avancer encore une fois, tirant derrière lui le poteau de métal qui était relié à son bras, mais il s'était de nouveau mesuré à Romain, son regard se posant dans le sien, ses prunelles exprimant toute son incompréhension de le voir ainsi lui bloquer le passage. « Je resterai pas longtemps. Je veux la voir un peu c'est tout, je me reposerai après. » Le pas de côté qu'il fit lui tira une grimace sous l'élancement qui le parcourut, mais il tenta de n'en laisser rien paraître. , on ne le laisserait jamais sortir sinon.
Pourtant, le sérieux de Romain suffit à lui mettre la puce à l'oreille. Il n'était pas comme d'habitude et Andrew détestait qu'on tourne autour du pot, même si lui-même avait souvent tendance à prendre cette technique lorsqu'il devait avouer une connerie, ou quelque chose de très peu plaisant. Il savait donc d'instinct que ce que lui dirait Romain ne lui plairait pas et il sentit une boule se former dans son ventre, une boule qui l'empêchait presque de respirer. « Andrew… quelque chose de terrible s’est passé… » « Terrible? Terrible comment? » demanda-t-il en craignant le pire. Se pouvait-il que l'accident ait été plus grave du côté de Leslye que du sien? Se pouvait-il que les médecins aient refusé de lui dire la vérité? Que Romain et son frère lui aient mentit depuis le début? Que Leslye n'allait pas si bien que ça? « Leslye ne veut plus te voir. » S'il s'était attendu à ce que Romain lui dise qu'elle était dans le coma, qu'elle devait subir mille et unes opérations ou qu'elle n'était même plus de ce monde, l'annonce lui fit tout aussi mal qu'elle le soulagea. Elle était vivante. Elle allait bien. Mais elle ne voulait plus le voir. Comment était-ce possible? Il sentit son coeur se briser en mille morceaux alors qu'il lui en voulait de ne pas lui avoir dit que c'était finit elle-même. Il passa une main sur son visage alors qu'il se retenait de l'autre à son poteau métallique, ses jambes étant tellement tremblantes qu'il ne savait plus si elles pourraient le retenir.
« Elle a perdu votre bébé durant l'accident. » Coup fatal. Andrew ne sut même pas comment il parvint à demeurer debout, alors que tout son être lui criait de s'affaler, de se rouler en boule et d'abandonner. Si au départ, il n'avait jamais voulu de l'enfant, il s'était fait à l'idée. Et il venait de le perdre. De la perdre aussi.
Les larmes lui vinrent aux yeux sans qu'il n'esquisse un mouvement pour les essuyer. C'était bien le dernier de ses soucis en ce moment, alors qu'il grimaçait de douleur. On n'aurait su dire si sa blessure, bien visible, le faisait autant souffrir que celle, profonde, que Romain venait de trancher à même son coeur. « Je suis désolé, Andy. Sincèrement désolé, mais… tu ne peux pas la voir. » Il secoua la tête sans comprendre, alors que ses doigts se crispaient sur le métal froid, ses jointures blanchissant même sous l'effort, sans se rendre compte que la douleur dans ses côtes était à la limite du supportable. Incapable de reprendre son souffle alors qu'il sentait qu'il était au bord du gouffre, il ne prit conscience de l'importance de Leslye pour lui que maintenant, alors qu'il comprenait qu'il venait de la perdre. « Pourquoi vous me l'avez pas dit? » demanda-t-il douloureusement en posant son regard baigné de larmes dans celui de Romain, qui semblait lui aussi très émotif par rapport à la situation. Mais Andrew ne voyait que sa propre douleur, il ne pouvait même pas imaginer que les autres puissent avoir de la peine pour lui, pour ce qui se passait dans sa vie.
Sans crier gare, Andrew perdit pied et s'affala contre Romain, manquant de renverser la poche de liquide au bout de son poteau, qui tangua dangereusement en restant néanmoins à sa place. « C'est ma faute. Si elle ne veut plus me voir c'est ma faute. L'accident c'est ma faute. Tout est de ma faute. » Sa voix était entrecoupée de sanglots alors qu'il ne parvenait pas à reprendre le contrôle de ses émotions. Il n'avait pas pris la peine de l'écouter et depuis deux jours, il revoyait l'accident par flash, il entendait la voix de Leslye qui lui disait de faire demi-tour. Comme un con, il n'avait rien écouté. Il n'avait fait qu'à sa tête.
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(#) Sujet: Re: À CHAQUE LARME, J'AI GRANDI | ROMAIN
À CHAQUE LARME, J'AI GRANDI | ROMAIN
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