Assis dans son bureau, Adriel étudiait le dossier « Presbury c. Hullbury & Guerlain Inc. ». C'était une affaire classique où un mannequin décidait de se retourner contre un autre mannequin, et la compagnie qui l'avait engagée. En l'occurrence, l'entreprise était évidemment Guerlain, celle pour laquelle travaillait Adriel, et le second était Abraxas Hullbury. Le juriste avait eu plusieurs fois l'occasion de le rencontrer, notamment lorsque ce dernier venait signer ses contrats de travail avec la société, et honnêtement, il paraissait être un honnête homme. On ne pouvait jamais réellement savoir, Adriel le savait mieux que quiconque. Mais c'était bien la première fois qu'une plainte du genre était faite à l'encontre de ce mannequin, qui travaillait régulièrement pour Guerlain. La mannequin en question, une certaine mademoiselle Presbury, affirmait que celui-ci avait cherché à faire plus que des photos de cette dernière, et la société était sensé avoir communiqué à ce dernier les coordonnées de cette dernière, et la responsabilité de cette dernière était donc engagée elle aussi. D'ici un quart d'heure, une demi-heure, M. Lamontagne avait rendez-vous avec la photographe pour qu'ils discutent de l'affaire, et avoir également la version des faits de ce dernier. Il avait réussi à obtenir un rendez vous dès le lendemain avec l'avocat de Melle Presbury, et cette dernière. Il tenait à revoir une dernière fois les faits du dossier, les preuves qu'avaient chacun à apporter au dossier, et les déclarations qu'ils avaient déjà faites à la police. A vrai dire, la culpabilité ou l'innocence de Abraxas lui importait peu. Son but premier était de prouver que les coordonnées de Melle Presbury n'avait pas été transmises au photographe, et que la société ne pourrait se faire incriminer sur aucun point. A priori, il n'y avait aucun soucis à se faire à ce sujet, mais les juges avaient tendance à se montrer particulièrement exigeants envers les entreprises, et Adriel tenait donc à ne laisser aucun élément de surprise aux mains de la défense pour le jour du procès. Si jamais l'affaire allait jamais jusque là. La secrétaire du service juridique pénétra dans le bureau où se trouvait Adriel lui précisant que son patron souhaitait le voir avant son rendez-vous.
Après s'être entendu dire, redire, et re-redire que il était hors de question que Guerlain débourse des milliers de dollars pour une affaire comme telle, et encore moins quand la jeune femme n'avait aucun moyen de prouver ce qu'elle alléguait, Adriel put enfin retourner dans son bureau où Abraxas l'attendait déjà. Il lui proposa rapidement un café, suivant l'étiquette. Abraxas n'avait pas vraiment changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Il avait toujours le même look soigné que Adriel associait, à tort ou à raison, aux photographes, et il semblait toujours aussi imbu de lui-même. Adriel n'appréciait particulièrement ce genre de personnage, honnêtement. Il n'avait pas été élevé comme ça, et n'avait clairement pas les mêmes valeurs que Hullburry. Pourtant, le jeune juriste n'avait rien contre ce dernier. Il était plus ou moins dans les bonnes grâces de ce dernier, et par conséquent, ils s'entendaient bien. Adriel ne cherchait donc pas plus loin. Il échangea les civilités de coutume, et enchaina. «
Je ne vais rien te cacher, Abraxas. Guerlain ne va pas te soutenir. On ne va pas t'incriminer, mais on ne cherchera pas à prendre parti. Le but de la société, c'est de ne pas se faire condamner. Notre crédibilité est en jeu, et tu sais comment c'est important dans ce milieu. » Il marqua une pause, s'assurant que ce dernier ait tout compris. «
Je peux te conseiller un avocat, et quel point de défense adopter si tu veux, mais je ne peux pas beaucoup plus... » C'était le genre de nouvelles que Adriel détestait annoncer. Il ne se faisait pas particulièrement de soucis pour Hullbury ; celui-ci avait plus d'argent qu'il n'en avait besoin, et il était certain qu'il trouverait un avocat digne de ce nom qui saurait le défendre. Mais ce n'était pas toujours le cas, et Adriel le savait mieux que personne. Et il détestait cela. Mais les choses étaient ainsi, et il était clair, et net que Guerlain ne pouvait se permettre d'assurer la défense de toutes les personnes qui étaient liées de près ou de loin à l'un de leur procès.