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 Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose

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Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Vide
Message(#) Sujet: Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose EmptyLun 1 Nov 2010 - 22:27

    Et voilà que j'entamais déjà ma cinquième année à Ocean Grove, presque étonnée d'y avoir tant trouvé mes aises et mes marques que l'idée d'en partir se faisait presque douloureuse lorsqu'elle venait à me traversait l'esprit, sachant pertinemment que désormais j'y perdrait plus qu'autre chose. C'était d'ailleurs assez fou: en arrivant j'aurai presque mis ma main à couper que dans les six mois, voire dans l'année si les choses venaient vraiment à tarder, je serai dans un avion pour le retour vers Londres et la vie que j'y avais laissée, et puis non! Après tout, mon départ reposait sur un alibi, alors à quoi bon courir après des chimères? Mais j'étais bien là où j'étais. Belle maison, quartier agréable et voisins charmants. J'avais réussi à me faire quelques amis avec qui j'avais envie de plus que de simplement tromper ma solitude durant les mauvais jours, et puis j'avais surtout trouvé une famille, cousins plus ou moins éloignés qui m'avaient pourtant rapidement admis comme l'un des l'autre, et dont la perte récente de l'un d'entre eux m'avait plus ébranlé que ce que j'aurai pu croire... Et comment négliger la principale raison à mon installation durable ici? Alors oui, j'aurai pu lui proposer que l'on parte ensemble, et dans l'état actuel des choses je n'aurais pas été complètement étonné de l'entendre accepter de partir vivre en Angleterre, mais c'était un choix que l'on aurait probablement regretté tous les deux à un moment ou un autre. Et puis d'ailleurs, le lui proposer maintenant, dans son état, n'aurait pas été raisonnable du tout. Une chance donc qu'il ne se soit rien passé de fâcheux depuis le retour de notre petite échappée à Londres, faute de quoi il aurait fallut de nouveau se poser la question de savoir ce que l'on allait bien pouvoir faire pour la suite de notre vie commune... Son père n'avait pourtant pas lâché prose, continuant de l'appeler régulièrement, mais elle se montrait toujours aussi inflexible, et quant à lui il n'était pas encore passé à la vitesse supérieure, nous laissant l'espoir qu'un jour il se lasserait et abandonnerait l'idée que sa fille pourrait revenir vers lui. Mais en attendant ce jour béni il nous fallait continuer à vivre, sans se laisser trop gagner par la paranoïa, ce qui au final n'était pas si difficile vu le nombre de choses annexes auxquelles il nous fallait penser, les jumeaux les premiers.
    En quittant la maison quelques heures plus tôt, j'avais lâché notre petite phrase devenue autant rituel que running gag, bien que plus le temps passait et plus une petite voix dans ma tête priait pour qu'elle s'y conforme: "tu m'attends pour accoucher, hein?". Elle avait acquiescé en riant, comme à son habitude, m'assurant qu'elle ferait son possible pour que ça n'arrive pas, à la condition expresse que je n'oublie pas ce qu'elle m'avait demandé de lui prendre. Ça c'était facile, puisque d'une fois à l'autre la liste qu'elle me confiait restait globalement inchangée: Nutella, Lemon Puff dont elle raffolait depuis qu'elle les avait découverts chez ma mère... auxquels s'ajoutaient aujourd'hui de la mayonnaise et un lot de CDs vierges. En soi rien de bien original, et j'avais promis avec un dernier baiser avant de partir. Je n'aimais pas la laisser seule à la maison, surtout avec le terme de sa grossesse qui approchait chaque jour un peu plus -normal-, mais là c'était un cas de force majeure avec un colis que je devais aller chercher au plus vite en ville, faute de quoi il serait renvoyé à l'expéditeur, l'avis de passage déposé pendant notre absence ayant été retrouvé seulement ce matin entre les griffes d'Eliade. Ayant choisi le plus kamikaze des chats, je l'imaginais très bien bondir sur la porte pour arracher ce bout de papier mal fixé qui voletait au vent et le trimbalait avec elle au gré de ses ballades dans le jardin et la maison. Quoi qu'il en soit je n'avais plus que cette journée pour aller chercher ce que mes meilleurs amis londoniens m'avaient envoyé, et ce sans trouver un bonne âme pour rester avec ma femme. Elle en tout cas n'avait pas l'air de trouver ça trop inquiétant, persuadée que n'allait pas être pour tout de suite cet accouchement que je craignais de voir survenir quand je m'y attendais le moins... Ne me restait plus qu'à prier pour qu'elle ait raison!
    Je venais de finir mes achats, complété par la trouvaille du nouveau roman d'un auteur que j'appréciais et bien décidé à aller chercher mon colis au plus vite, quand je vis sortir d'un magasin une silhouette bien connue, même si je n'avais pas franchement eu de ses nouvelles depuis quelques temps; ni réponse à mes appels, ni réponse à mes mails, comme si elle m'évitait. Au début j'avais pensé qu'elle était peut être débordée par ses cours au point de ne plus avoir la possibilité de donner signe de vie aussi rapidement qu'avant, comme cela avait été mon cas par moments lorsque j'étais encore étudiant, mais il avait peu à peu fallut que je me fasse à l'idée que c'était pire que ça. D'ailleurs, je ne comprenais même pas ce revirement de situation si radical: est-ce que j'avais fait quelque chose de mal? Et alors quoi? Ou est-ce que son frère avait réussi à la monter contre moi? C'était le genre de truc très lâche que je voulais bien faire Aiden, aussi l'hypothèse n'était pas totalement exclue. Mais dans tous les cas, il n'y avait qu'une seule façon de savoir, et je pressai le pas pour la rattraper.

      Rose!

    Elle s'était retournée en entendant son nom et s'arrêta presque aussitôt, avec sur le visage une expression que j'avais du mal à déterminer: la seule chose dont j'étais sûr, c'était qu'elle n'était pas folle de joie à me voir là, à côté d'elle....


Dernière édition par Basil Lane le Ven 5 Nov 2010 - 21:43, édité 1 fois
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Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Vide
Message(#) Sujet: Re: Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose EmptyMer 3 Nov 2010 - 15:12

Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Sulky210 Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Sans_t63
ROSE & BASIL
Makes no sense at all, things aren't what they seem.




Nous étions un jeudi, mais Rose n'avait cours que l'après-midi. Cependant, ce n'était pas une raison pour elle de profiter et de dormir toute la matinée. Non, elle se levait toujours aux alentours de 8h00 pour bosser ses cours. Ce matin ne fit donc pas exception. Se tirant de son lit sans grande conviction, elle descendit à la cuisine pour prendre son petit déjeuné. La maison était vide et silence, ni Aiden ni Hailey n'était là ce matin. Son frère était au travail, quant à Hailey elle était à l'hôpital si ses souvenirs étaient bon. La cohabitation n'était pas évidente tous les jours, surtout vis-à-vis de Hailey que Rose n'appréciait guère. Cette femme avait prit sa place dans la vie d'Aiden et ça, la jeune fille ne le supportait pas. Certes, on ne remplace jamais une sœur, mais ces derniers temps Rose était fragile et elle se laissait vite emporter par ses émotions. Bêtement, elle avait décidée de le faire payer à Hailey -qui n'y était absolument pour rien et qui plus est, avait d'autres problèmes plus important dernièrement- et ne lui adressait jamais la parole, ou si peu. Et encore, quand elle lui parlait elle ne se montrait pas vraiment sous son meilleur jour. Rose avait besoin de temps pour digérer tout ça, pour s'y habituer. Tout avait été si soudain, si brutal. Rose avait déjà eu une enfance difficile, elle aurait aimé pouvoir souffler un peu, mais c'était raté. Après avoir apprit à parler français, à s'habituer à toutes les coutumes du pays, elle devait à nouveau opérer tous ces changements, se remettre à parler sa langue maternelle etc. C'était très fatiguant mine de rien. Et la jeune fille avait beau s'être endurcie au fil des années, elle restait encore bien faible face à tous ces évènements. Bref. Elle était remontée à l'étage, se dirigeant vers la salle-de-bain. A chaque fois qu'elle prenait une douche, elle avait la sensation de se laver l'esprit aussi. Comme si elle se débarrassait pendant quelques instants de tous ses malheurs. Elle soufflait enfin, elle était seule et plus rien n'avait d'importance. Seulement voilà, ce n'était que l'instant d'une douche et ça passait malheureusement bien trop vite. En quelques minutes elle se retrouvait plongée dans la réalité avec amertume, avec l'envie de fuir une bonne fois pour toute. Machinalement elle effectua tous les gestes jusqu'à son habillement sans grande conviction. S'attachant les cheveux en une longue tresse, elle enfila ensuite sa blouse de peinture et se posta devant son chevalet.

Deux heures s'écoulèrent et Rose ne vit pas le temps passer. Elle avait mit en fond un CD de Jazz. Elle ne savait pas pourquoi, mais cette musique l'inspirait et la détendait comme aucune autre. Elle ne pouvait pas s'en passer pratiquement lorsqu'elle peignait. C'est donc au bout de tout ce temps qu'elle finit son tube de peinture bleue. Elle se leva pour aller en chercher un autre dans ses affaires. Mais au bout de 5 minutes de recherches intempestives, il fallut qu'elle se rende à l'évidence : elle n'en avait plus. Rose lâcha un profond soupire, râlant discrètement. La peinture allait sécher, la différence allait se voir ! Elle attrapa ses chaussures et une légère veste et quitta la demeure. Elle avançait rapidement dans la ville, se faisant légère et discrète. Elle s'arrêta donc dans son magasin "préféré", celui qui vendait toute sorte de matériel artistique. Là, elle fouina dedans un long moment. Certes officiellement elle n'avait besoin que de peinture bleue, mais comment résister ? Il y avait tant de choses insolites et intéressantes qu'elle ne pouvait s'empêcher de regarder un peu plus longuement. Il avait fallut très peu de temps aux vendeurs pour connaître Rose. Elle discutait parfois avec eux, et ils lui faisaient part de leur expérience, lui conseillaient les meilleurs produits. C'était un des rares endroits où Rose se sentait vraiment bien, à sa place. Elle repartit donc avec sa peinture, plus quelques autres trucs, notamment des nouveaux pinceaux. Elle quitta le magasin, saluant gentiment les vendeurs et reprit son chemin pour rentrer chez elle, impatiente d'essayer ce qu'elle venait d'acheter. Mais les choses n'allaient pas se passer comme elle l'avait imaginée. Elle entendit soudain quelqu'un crier son nom dans la rue, une voix d'homme. Elle se coupa dans son élan et se retourna lentement, hésitante. Ses doutes furent malheureusement réalisés. C'était Basil. Le visage de Rose se ferma doucement, laissant place à un regard fuyant et timide. Elle resta planté sur place, ne voulant pas faire le premier pas vers lui. Elle aurait voulu lui faire un signe de la main et repartir bien vite chez elle, mais là, elle était coincée. Cela faisait des jours qu'elle ne donnait plus de nouvelles, qu'elle l'évitait, qu'elle ne répondait pas à ses messages. Là, elle n'avait aucun moyen de lui échapper. Elle déglutit lentement, gênée. C'est lui qui s'avança vers elle, apparemment plongé dans l'incompréhension. Il allait lui poser des questions, lui demander des explications ! Elle sentit une vague de stress l'envahir. Elle serra sa main autour du sac qui contenait son matériel neuf, appréhendant la suite. Elle finit par se décider et prit la parole.

    « Bonjour Basil. » Elle marqua une légère pause, hésitante. Et tandis qu'elle reculait d'un pas, elle ajouta : « Je suis désolé, mais... Je suis un peu pressée. J'étais... Enfin, je suis en train de peindre chez moi et... La peinture va sécher tu comprends alors... Je ferais mieux d'y aller. »


Son hésitation trahissait sa gêne et le fait qu'elle tentait de trouver n'importe quelle excuse pour rentrer chez elle. Elle évitait de trop le regarder dans les yeux, posant son regard un peu partout. Son cœur s'était légèrement emballé et elle sentait ses joues virer au rouge et devenir brûlantes. Depuis quelques temps, Rose s'était rendue compte que les sentiments qu'elle éprouvait pour Basil dépassaient ceux de l'amitié. Elle s'était rendue compte qu'elle pensait à lui plus souvent, trop souvent même. Rose refusait l'éventualité de ressentir quoi que ce soit pour lui. Déjà parce qu'il était fiancé, mais aussi parce que de toute façon elle ne voulait plus s'attacher aux gens et encore moins aux garçons. Ou en tout cas, pas au point d'avoir des sentiments pour eux. Surtout que, comme si ça ne suffisait pas, Basil n'était pas le seul en ce moment à troubler ses pensées et à emballer son cœur. Il y avait Hermès aussi. Déjà qu'un seul homme c'était difficile, alors deux ça devenait de la torture morale. C'était pourquoi elle préférait l'éviter dernièrement. Elle espérait ainsi voir ses sentiments s'envoler, ne pas souffrir, ne pas faire de mal autour d'elle et ne pas gâcher son amitié avec Basil. Car oui, Basil était un excellent ami. Sensible et très compréhensif. Elle aurait tout donné pour revenir au départ de leur relation, quand tout était clair entre eux. Maintenant, c'était devenu trop compliqué, trop ambigüe pour elle. Devoir mentir, faire comme si de rien était, c'était au-dessus de ses forces. Elle savait que si elle passait du temps avec lui, il remarquait son trouble et c'était la dernière chose qu'elle voulait. Elle recula encore d'un pas, espérant qu'il se montrerait compréhensif et qu'il l'a laisserait partir.




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Message(#) Sujet: Re: Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose EmptyVen 5 Nov 2010 - 23:56

    Depuis toujours, de ce que je m'en souvenais comme de ce que ma mère m'avait raconté, j'avais du mal à me faire de nouveaux amis. Ce n'était pas parce que j'étais un complet asocial, refusant d'adresser la parole à qui que ce soit et s'enfermant dans un mutisme inébranlable, mais les choses n'allaient pas de soi pour moi. J'avais des rêves et des préoccupations qui n'étaient pas vraiment de mon âge, mes goûts eux mêmes m'apparaissant avec le recul en décalage par rapport à ceux de mes camarades, et si je ne faisais pas d'histoire quand à nos différences il n'en était pas de même "d'eux". Je passais pour un petit garçon bizarre, avec ses lubies, et ma situation familiale n'était pas pour arranger les choses, aussi bien du point de vue des parents que de mes semblables à partir d'un certain âge.... Moi pourtant j'avais mis du temps à comprendre ce qui clochait, car le fait de ne pas avoir de présence paternelle fixe ne m'apparaissant pas comme un problème, bien au contraire; comme quoi Parfaite n'avait peut être pas tord quand elle me reprochait de voir toujours le bon côté des choses, même si ce n'était pas le plus flagrant quand on s'y penchait un peu plus sérieusement. Je n'avais donc que très peu de véritables amis, mais je savais que je pouvais compter sur eux pour tout et n'importe quoi, à la vie à la mort et même au delà! La preuve était qu'après toutes ces années mon meilleur ami était toujours le même, et que si un océan nous séparait désormais ça ne changeait pas tant de choses que ça entre nous! Mais j'avais quand même essayé de changer les choses à Ocean Grove. Ce n'avait pas vraiment été mon intention au départ, mais j'avais vite réalisé qu'ici personne ne me connaissait, logique après tout, et que je ne risquais rien à me présenter. A Londres, afficher le nom de "Lane" comportait généralement de petits sourires entendus, de ceux que l'on aimerait bien ne pas avoir en face de soi en réaction, et pourtant ils étaient mon lot quotidien. C'était aussi pour ça que j'avais arrêté de faire des efforts avec les gens que je rencontrais, car ça ne servait strictement à rien... S'il n'y avait pas de quoi me poser en victime, j'avais très tôt pris l'habitude de rétorquer par les poings pour ne pas savoir comment faire autrement, laissant ensuite tomber: je ne pouvais pas me faire un ennemi de chaque personne se trouvant dans mon lycée, alors à quoi bon répondre à leurs attaques? Je n'étais pas plus malheureux, me sentant beaucoup mieux une fois à distance de tous ces imbéciles dont j'avais désormais oublié jusqu'au visage, et puis c'était tellement plus simple. En arrivant ici j'avais donc arrêté de faire semblant, et les rares fois où l'on me regardait, l'air dubitatif, avant de me demander si j'étais lié à la peintre, j'étais plutôt admiratif. Comme quoi on se défait vite de ses vieilles habitudes, même si on se les traine depuis des années déjà. Et j'en avais donc pris de nouvelles, presque inconsciemment. Au début j'avais été un peu considéré comme une bête curieuse, mon accent amusant tout particulièrement, mais là encore ça n'avait pas duré. Je ne comptais pas rester alors je n'avais pas fait de gros efforts concernant mon intégration, mais elle s'était pourtant produite malgré moi, et ce à un point tel que j'étais définitivement lié à bien plus de personnes que je n'avais pu l'être durant toute ma scolarité en Angleterre, et j'exagérais à peine! Une chose en revanche n'avait jamais changé, c'était le fait que j'étais très attaché à eux. Je ne donnais pas facilement ma confiance, du moins ma confiance totale, mais une fois que je me sentais vraiment bien avec une personne ça l'était pour de bon. Il y en avait bien que je perdais de vue pour des raisons quelconques, mais toujours en en gardant le souvenir dans un coin de ma mémoire, et j'étais capable, même des années après, de les reconnaitre en un seul coup d'oeil. Autant dire que ça n'arrivait quand même pas tous les jours! Mais je gardais une affection particulière pour chacun, quels que soit les chemins que nos vies empruntaient, et je souhaitais sincèrement que les choses perdurent plus que l'espace de quelques heures agréables que l'on pourrait passer un jour ensemble... Et Rose faisait partie de ces personnes que j'estimais plus que le commun habituel des mortels, et sa fuite me causait plus d'interrogations qu'elle ne devait l'imaginer...

    Au départ le fait qu'elle soit la soeur de quelqu'un comme Aiden m'avait gêné, je devais bien l'admettre. J'avais fait sa rencontre un peu par hasard et l'avais trouvée charmante, et ce sans penser à mal du tout, mais le fait d'entendre son nom m'avait aussitôt refroidi. Lui aussi m'avait fait une bonne impression au départ, mais j'avais très vite été convaincu du contraire: quelqu'un capable d'un tel chantage, capable d'une telle bassesse, il n'y avait plus de doutes possibles. Même air d'ange, même façon de vous amener à penser que tout ira bien maintenant, et ce grâce à vous en plus, j'avais déjà vu ce que ça donnait une fois et avait retenu la leçon. C'était bien simple, son nom énoncé j'étais tout de suite devenu plus distant, me hâtant à la quitter avant de regretter plus amèrement de lui être venu en aide... Mais il fallait croire qu'elle n'était pas faite de la même mauvaise graine que lui, et quand elle était revenue vers moi je m'étais dit que je pouvais bien lui laisser une chance, juste une petite, et c'était ce que j'avais fait. Elle s'intéressait à la peinture, connaissant l'œuvre de ma mère mieux que la plupart des gens qui avaient tenté de m'en parlé jusque là, et pas juste en tant que spectatrices d'émissions pseudo-culturelles sur lesquelles elles aurait pu tomber un soir d'insomnie, rien de tout ça! Elle m'avait parlé thèmes et techniques, presque aussi fascinée par l'idée de s'entendre raconter comment telle ou telle toile avait été réalisée que par le fait de m'en donner ensuite son avis. Moi je n'avais jamais été un grand amateur de peinture, mes connaissances en histoire de l'art étaient plus que limitées aux plus grands noms, et là j'avais vraiment eu l'air malin face à elle! Heureusement, j'avais pu sauver les meubles en parlant du travail de ma mère, mais probablement que j'aurai pu aussi bien faire à l'âge de dis ans vu ce que je lui avais raconté... Mais, une choses en entrainant une autre, j'avais réalisé que je m'étais peut être fait une mauvaise opinion à son sujet. Elle était une Lancaster, ça c'était ce qui était marqué sur ses papiers d'identité, mais depuis quand est-ce que les tares du genre de celles d'Aiden étaient génétiques? Et même dans l'hypothèse où elle les cachait suffisamment bien pour que je ne les voie pas, alors elle avait fait de l'excellent travail. Je ne pouvais pas dire qu'elle était devenue parmi les personnes les plus importantes dans ma vie, mais elle avait quand même sa petite place dans mon quotidien. Et je me surprenais à faire plus attention qu'avant aux articles concernant l'art pictural quand il y en avait dans le journal, décidé à ne pas continuer à passer pour un inculte à ce sujet. Parfaite en avait d'ailleurs aussitôt déduit que je prévoyais de futures visites au musées quand nos enfants seraient en âge de les apprécier assez, et j'avais acquiescé, tenté par la proposition, m'imaginant déjà avec un de nos petits accroché à chaque main, leur expliquant le sens d'une œuvre qui les subjuguerait tout particulièrement. Un tableau idyllique si je pouvais me permette un jeu de mot si facile!
    Et puis, tout d'un coup, ça s'était arrêté. Elle s'était montrée plus évasive, plus distante, jusqu'au moment où je n'ai carrément plus eu de nouvelles de sa part. Une excuse remplaçant l'autre, j'avais tout de même fini par ne plus rien y comprendre, et son comportement présent n'était pas pour arranger les choses. Elle avait le regard fuyant, tout son corps prêt à partir au plus vite, comme si je présentais un quelconque danger pour elle. Non seulement j'avais déjà eu l'occasion de bien me creuser la tête pour essayer de comprendre ce qui était en train de nous arriver, mais là j'y comprenais encore moins. Visiblement il y avait quelque chose chez moi qui la repoussait, mais je ne voyais pas quoi. Ca pouvait être une phrase qu'elle avait mal interprétée, ou moi qui m'était mal exprimée, ou n'importe quoi d'autre, élargissant les probabilités à l'infini... Et c'était la réponse la plus simple qu'elle m'avait donnée face à mon appel, si banale qu'elle en était désarmante. Bonjour Basil. Et puis, l'air d'hésiter à ajouter quelque chose, elle avait fait un pas en arrière, manifestant son envie (son besoin?) de ne pas rester arrêtée. Je suis désolé, mais... Je suis un peu pressée. J'étais... Enfin, je suis en train de peindre chez moi et... La peinture va sécher tu comprends alors... Je ferais mieux d'y aller. L'excuse tenait la route, qui plus est quand on voyait le sachet qu'elle avait à la main, et pourtant quelque chose sonnait faux. Probablement ses pauses, trop nombreuses pour être honnêtes. Je voyais qu'elle cherchait ses mots, peut être même qu'elle cherchait quoi dire, et ceci ne m'aiguillait en rien sur une éventuelle explication. Tentant de mettre mes idées au clair, je voyais son regard oscillait nulle part et partout en même temps, indécis, bien que ne se posant jamais sur moi. Je voyais qu'elle mourait d'envie de partir, alors je ne pouvais pas la retenir...

      Je t'accompagne un peu alors, apparemment on va dans la même direction... Et puis tu sais que je marche vite, je vais pas te retarder!

    Petite tentative d'humour qui n'eut pas franchement de réaction, mais elle avait néanmoins repris sa course, avançant à grand pas, si bien qu'il me fallut me dépécher pour la rattraper et gagner son allure de course. Elle regardait droit devant elle, concentrée, le visage crispée. Et là je ne pus résister à lui poser la question cruciale, celle qui m'obsédait depuis quelques jours. Enfin, je ne pouvais pas la poser directement, alors je tentai une approche détournée qui avait le mérite de mettre les pieds dans le plats et envisager, cas échéant, une sortie de crise.

      Ecoute, si j'ai fais quelque chose qui t'as déplu je suis désolé, je... c'était pas volontaire...

    Quoi que, ce n'était peut être pas vraiment le meilleur moment pour le dire alors que l'on avançait sans ralentir, évitant les gens qui arrivaient en face de nous du mieux que l'on pouvait. Mais le mal était fait comme on dit...
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Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Vide
Message(#) Sujet: Re: Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose EmptyMar 9 Nov 2010 - 12:29

Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Sulky210 Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Sans_t63
ROSE & BASIL
Makes no sense at all, things aren't what they seem.



Toujours mal à l'aise, Rose tentait vainement de lui échapper, de lui faire comprendre que ce n'était pas le moment. D'ailleurs, ça ne sera jamais "le moment". Rien qu'à l'idée qu'il puisse savoir ce qui lui trottait dans la tête ça lui donnait des sueurs froides. Rose n'avait eu qu'une véritable histoire d'amour. Il s'appelait Tom et il avait su lui faire baisser toutes ses barrières, il l'avait apprivoiser comme personne ne l'avait jamais fait -à part Aiden évidemment, mais c'était tout autre chose. Elle s'était ouverte à lui, lui avait donné sa confiance de façon totalement aveugle. Ça dura un an. Et ça aurait pu continuer encore, elle en était sûre. Tout était si parfait, il était si parfait ! Mais voilà, tout s'était arrêté brutalement. Il était partit à l'autre bout de la France, pour les études. Ce départ avait été un véritable calvaire pour Rose, elle avait l'impression de revivre la même chose que lors du départ d'Aiden pour les USA. Elle ne voulait plus vivre ça, elle ne voulait plus s'attacher pour au final voir les gens s'éloigner d'elle le plus loin possible. Aujourd'hui, elle n'avait plus le moindre contact avec Tom. De nombreuses fois il lui avait écrit des lettres, envoyé des messages sur son portable et son adresse mail. Mais elle n'y avait jamais répondu. Comme avec Aiden, elle avait décidé de supprimer toute relation. A quoi bon ? C'était s'infliger des douleurs inutiles au quotidien. Et Rose en avait marre d'avoir mal, elle était blasée, fatiguée. Elle voulait juste vivre tranquillement, avoir une vie paisible ou il ne se passe rien d'exceptionnel. Elle voulait juste être comme tout le monde. Elle ne voulait pas que les gens se posent des questions sur elle, sur sa vie. Elle ne voulait pas que les gens compatissent à ses malheurs. Elle voulait juste être Rose Lancaster, futur peintre. C'était tout. La jeune fille n'avait jamais demandé la lune, elle n'avait jamais espéré des choses impossibles. Et pourtant, on ne lui avait rien donné de ce qu'elle voulait. Adieu petite vie légère, adieu l'innocence de l'enfance, adieu les rêves et les espoirs colorés. A chaque étapes difficiles de sa vie, ses espoirs disparaissaient. Elle avait également remarqué que quand elle peignait ou dessinait pour elle, pour le plaisir, ce qu'elle faisait était de plus en plus sombre et chaotique. Elle avait commencé avec des paysages fleuris et des visages souriants. Aujourd'hui les couleurs prédominantes étaient sombres, beaucoup de larmes et de douleurs étaient représentés de façon concrète ou abstraite. Et encore, c'était quand l'inspiration était là. Elle avait de plus en plus de mal à peindre. Il lui fallait certainement le temps de se remettre de ces dernières émotions. La mort de ses grands-parents encore récente et sa nouvelle vie à Ocean Grove, chez son frère. C'était réellement difficile et même si Rose avait l'habitude de s'adapter aux nouvelles situations, celle-ci lui causait beaucoup de soucis et de troubles.

Heureusement pour elle, elle avait rencontré des gens qui lui faisaient un bien fou. Certains plus que d'autres certes, mais pour le moment personne ne lui nuisait. Enfin, presque. Basil qui au départ avait fait partie de ces gens si précieux à ses yeux était aujourd'hui devenu une source de conflit intérieur et d'angoisse. Et ça la rendait malheureuse. Elle avait tant aimé pouvoir lui parler librement, il était doté d'une sensibilité rare pour un homme qui le rendait extrêmement compréhensif. Il avait dès le départ -ou presque car leur début ne fut pas franchement une réussite- su trouver les mots pour apaiser ses douleurs et la rassurer. Pourquoi y avait-il fallut que tout ceci change ? Elle se détestait d'avoir tout gâché inutilement. Elle aurait tant aimé que tout reste comme ça avait commencé et là, oui là tout aurait été parfait. Il aurait fait partie de ces gens pour qui ont était prêt à tout, quoi qu'il se passe. Enfin, elle l'était toujours mais c'était beaucoup plus délicat à présent. Elle avait peur que le moindre de ses gestes ou une de ses paroles soient trop ambigüe et qu'il le prenne mal. Être avec lui était devenu trop compliqué, car elle passait son temps à calculer tout son comportement. Et ça, elle n'en voulait pas. Elle aimait être naturelle face aux gens qu'elle côtoyait, surtout s'ils étaient important à ses yeux. Alors l'idée de mentir constamment à Basil lui était insupportable. Mais elle savait combien elle était lâche de le fuir ainsi, de l'éviter par tous les moyens. Elle se doutait que Basil ne devait rien y comprendre et à sa place, Rose aurait beaucoup souffert d'un tel comportement. Mais elle n'arrivait pas à faire autrement. Elle ne savait pas comment faire. Elle ne voulait pas inventer n'importe quoi en lui faisant croire qu'elle en avait marre de lui ou quelque chose dans le genre. Ce serait méchant et totalement injustifié. Et Rose était tout sauf méchante. Mais aujourd'hui elle était piégée et elle allait devoir faire quelque chose, dire quelque chose. L'appréhension grandissait en elle, lui serrant la gorge et lui faisant perdre ses moyens. « Je t'accompagne un peu alors, apparemment on va dans la même direction... Et puis tu sais que je marche vite, je vais pas te retarder ! » Rose se tétanisa. Mais pourquoi allaient-ils dans la même direction bon dieu ? Elle déglutit difficilement, manquant presque de s'étouffer. Elle tenta de lui sourire, mais le résultat ressembla plus à une grimace crispée qu'autre chose. Sans plus attendre, elle fit demi-tour et se mit à marcher. Elle ne prit même pas le soin de vérifier qu'il la suivait. Au contraire même, s'il pouvait finalement abandonner ça l'arrangerait à un point qu'il n'imaginait même pas. Elle fixait droit devant elle, le visage interdit et tendu. Son cœur lui déchirait la poitrine à chaque battement et sa respiration s'était accélérée. Elle avait envie de se retourner et de lui hurler de partir, qu'il fallait qu'il parte, que c'était mieux ainsi. Mais elle restait totalement muette, incapable d'aligner deux mots à la suite.

Rose fendait la foule le plus rapidement possible, essayant inconsciemment de le semer dans les passants. Mais Basil marchait vite en effet et il parvenait sans trop de mal à se maintenir à son niveau. Et dès qu'elle s'éloignait un peu trop, il réduisait aussitôt la distance en se rapprochant. Puis, il y eu un petit vide, la foule se dispersa et ils se retrouvèrent côte à côte. C'est là que Basil en profita pour aborder LE sujet. Celui que redoutait tant Rose. « Écoute, si j'ai fais quelque chose qui t'as déplu je suis désolé, je... c'était pas volontaire... » Oh non et voilà qu'il se croyait responsable maintenant ! C'était pire que ce qu'elle pensait. Elle ne voulait absolument pas que Basil se sente coupable de quoi que ce soit. Il n'y était pour rien, pour rien du tout. Son regard s'affola et son sang ne fit qu'un tour, venant cogner contre ses tempes. Elle ferma les yeux l'espace d'une seconde à peine, se sentant vaciller. Elle continuait de marcher sans vraiment s'en rendre compte, ni même sans voir où elle allait. Elle était devenue presque livide, cherchant quelque chose à répondre. Mais rien ne lui venait à l'esprit. Elle prit une grande inspiration, cherchant à se ressaisir. La situation était ridicule ! Elle n'était plus une gamine, il fallait qu'elle arrête de fuir à la première difficulté. Elle s'arrêta subitement, attrapant le bras de Basil pour l'inciter à faire la même chose. Puis elle se décala sur le trottoir, se rapprochant des magasins afin de ne gêner personne. Là, elle serra ses mains nerveusement avant de se les passer sur le visage. Il lui fallut quelques secondes encore avant qu'elle ne se lance :

    « Tu n'as rien fait Basil, je t'assure. Ne t'en fais pas. Le problème vient... Ça vient de moi. Tu n'as rien à te reprocher. » Elle réalisait qu'elle venait de se mettre dans un sacré pétrin. Avec ça, Basil n'allait certainement pas la lâcher. Sa bouche trembla légèrement avant qu'elle ne reprenne à la hâte : « C'est... C'est un peu compliqué pour moi en ce moment. J'ai juste besoin de prendre quelques distances avec certaines personnes. »


Elle n'aurait pas dû préciser le "avec certaines personnes". Elle ne voulait pas que Basil le prenne mal ou s'offense. Ce n'était pas son but, pas du tout. Et voilà, à cacher la vérité elle en devenait maladroite et risquait de faire plus de mal que prévu. Elle préféra se taire, de peur d'en rajouter une couche et de s'enfoncer complètement. Elle ne savait plus quoi faire de ses mains, de son corps. Son malaise transparaissait de façon flagrante. Elle serrait son sac dans sa main, posant furtivement son regard sur Basil, ne se sentant pas la force de l'affronter. Elle se détestait, se trouvait idiote et faible ! Pourquoi était-elle incapable de faire face à ce qu'elle ressentait bon sang ? Non, c'était mieux ainsi finalement. Elle risquait de gâcher complètement leur relation. Et elle ne voulait pas perdre un ami comme lui. Il avait prit trop d'importance pour qu'elle le perde à cause de ses sentiments. Il valait mieux qu'il ne sache jamais rien. Il fallait juste attendre que ça lui passe, car ça finira forcément par lui passer. Et là elle reviendra vers lui... Mais il y avait le risque que cela soit trop tard. Dans une relation, on est au moins deux, elle ne pouvait pas être la seule à décider comme bon lui semblait de quand ils se voyaient ou pas. C'était tout à fait égoïste et elle le savait. Et tout ceci ne l'aidait pas franchement à se sentir mieux.



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Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Vide
Message(#) Sujet: Re: Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose Makes no sense at all, things aren't what they seem | Rose EmptyLun 15 Nov 2010 - 22:42

    Jusque là je m'étais plutôt bien débrouillé niveau temps, échappant au grand rush qui touchait parfois les allées commerçantes de la ville et aux files interminables une fois à la caisse. Je n'avais d'ailleurs regardé ma montre qu'une seule et unique fois, en sortant du magasin, et ça avait été pour avoir confirmation de ce qu'il me semblait, j'étais plus que bien. J'avais prévenu Parfaite que je ferai aussi vite que possible, et j'avais alors eu l'espoir de pouvoir retourner à la maison sans que mon absence n'ait duré plus d'une heure. Je n'étais pas à cinq minutes prêt, c'était évident, mais quand je me trouvais loin d'elle j'avais toujours un relent d'angoisse qui s'emparait de moi, vieux démons qui me faisaient penser au pire... Probablement que je m'inquiétais pour rien, c'était même presque sûr, mais surtout plus fort que moi. Et si elle avait un problème? Et si elle venait à perdre les eaux? Mieux valait ne pas y penser! Au pire j'avais portable avec moi, et sa promesse qu'elle m'appellerait s'il y avait quoi que ce soir, ou qu'elle contacterait son frère si ça pressait vraiment et que je ne pouvais pas revenir aussi vite que la situation le demandait. Inutile donc de préciser que je n'avais pas trainé dans les allées de l'épicerie, me rendant directement dans les rayons concernés sans chercher pendant des heures quel paquet prendre, et si tel emballage était en meilleur état que l'autre. Je savais quel produit, quel marque, quelle quantité, et c'était bien suffisant. Et puis, un dernier coup d'œil au moment de passer en caisse pour vérifier les dates limites des aliments, histoire de ne pas l'empoisonner bêtement. Je savais que les gérants s'occupaient de ce genre de détails, mais l'on n'était jamais trop prudent, et moi je l'étais peut être un peu trop. J'avais alors tout enfourné dans le sac en papier que la caissière m'avait tendu, le glissant ensuite comme je le pouvait dans la sacoche qui pendant à mon épaule, payant en donnant le compte rond puisque j'avais le calcul tout fait dans ma tête et la ferme intention de ne pas perdre de temps inutilement pour qu'elle calcule l'appoint. Tout était ainsi en place pour m'assurer un retour à la maison rapide, une petite prière lancée au passage pour qu'il n'y ait pas trop de monde non plus au lieu de réception de mon colis, mais comme à chaque fois où les choses marchaient un peu trop bien il y avait eu un imprévu. Habituel.
    Sans m'apitoyer inutilement sur mon sort, car ce n'était pas vraiment mon intention, on aurait dit que le destin s'amusait toujours à me barrer la route quand tout paraissait se mettre en ordre autour de moi. Ce n'était pas de la paranoïa, juste une sorte de constatation. Il y avait des jours avec et des jours sans pour tout le monde, les autres autant que moi, mais j'y faisais peut être un peu plus attention que la moyenne des gens dans le sens où j'attachais de l'importance au moindre détail, déformation professionnelle peut être. Quand une situation se présentais à moi, j'en voyais le sens immédiat, direct, et puis toutes les répercutions qu'elles pourraient avoir sur l'avenir, à plus ou moins long terme, le bon comme le moins bon. Car je croyais très profondément au destin, et quand l'imprévu apparaissait, c'était en me doutant que ce n'était pas sans contrepartie à la suite. Ainsi, l'arrivée de Rose dans ma vie m'avait laissé quelque peu perplexe. Est-ce qu'elle était celle qui pourrait me faire changer d'avis sur la famille Lancaster, ou au contraire me conforter dans l'idée que je ne voulais plus jamais avoir à faire à eux, de près comme de loin? Et soit une volonté divine, soit la jeune fille en elle-même, je ne savais pas trop laquelle des deux, mais il y en avait eu une qui avait réussi à dépasser mes suspicions pour lui faire une petite place.
    Et comme le jour où nos routes s'étaient croisées, aujourd'hui encore c'était comme si le destin avait voulu nous réunir. Après tout, la probabilité qu'elle sorte d'un magasin devant lequel je passais était plus que faible, et pourtant l'événement avait bien eu lieux. Et quel probabilité ensuite que je sois en avance sur l'horaire que je m'étais fixé, me permettant de creuser un peu pour obtenir la vérité sur son comportement actuel? L'une dans l'autre, ces deux hypothèses devaient tenir de l'improbable, et pourtant si. Pourtant on était là, tous les deux, et je savais que je devais saisir l'occasion pour éclaircir ce qui m'apparaissait comme un mystère.

    Ma proposition de l'accompagner n'eut pas l'air de l'emballer, ce qui ne m'étonna qu'à moitié. En temps normal j'aurai été intrigué, mais sa façon d'agir ces derniers temps était telle que je ne pouvais pas dire que je ne m'y attendais pas. Elle avait ainsi repris sa route sans me répondre, avançant à grand pas, me donnant presque l'impression qu'elle tentait de me perdre dans la foule. A moins que ça ne soit pas qu'une impression? Elle marchait, vite, et pourtant j'arrivais à maintenir l'allure, la suivant des yeux pour m'assurer de ne pas la perdre en chemin. Moi qui n'aimais pas les lieux trop fréquentés, j'étais servi! Au moins notre course m'évitait de penser à tous ces gens, jusqu'à ce que le flot s'atténue tout à coup, nous laissant presque seuls à seuls, me permettant alors de tenter une approche. Celle-ci comme la précédente échoua, et je vis Rose blêmir presque instantanément, comme si j'avais dit la pire des horreurs. Elle s'arrêta alors, m'attrapant fermement le bras pour m'inciter à faire de même, ce que je fis bien entendu. Et, les yeux rivés sur sa main, je la vis me serrer un peu trop fermement, la marque de ses doigts apparaissant très légèrement sur ma peau. Ça ne faisait pas mal, c'était juste bizarre, un détail de plus sur lequel je me concentrai un peu trop. Elle se détacha quelques secondes après, reculant vers le trottoir, où je la suivis sans trop réfléchir. Elle semblait en état de choc, comme bousculée par un trop plein de pensées en même temps; pensées que j'étais curieux de découvrir. Tu n'as rien fait Basil, je t'assure. Ne t'en fais pas. Le problème vient... Ça vient de moi. Tu n'as rien à te reprocher. Quoi? J'avais beau avoir demandé une explication, l'entendre ne me renseignait pas plus que ça, je comprenais même moins qu'avant: car si j'étais disculpé, le mystère restait entier. Elle dut d'ailleurs s'en rendre compte, enchaînant presque aussitôt. C'est... C'est un peu compliqué pour moi en ce moment. J'ai juste besoin de prendre quelques distances avec certaines personnes. Et là je n'y comprenais pas plus. L'espace d'un instant elle me fit penser à Parfaite, à toutes ces fois où je l'avais trouvée en situation de crise et où je m'étais senti complètement impuissant: le jour où elle m'avait raconté la vérité sur son père avant de me demander de l'aider à le faire tomber; cet après-midi où je l'avais trouvée sur la plage et où nous avions échangé notre premier baiser; ce soir où elle avait fait le choix de rester à Ocean Grove alors que je devais rentrer à Londres, juste après sa fausse couche. Avec elle j'avais découvert une capacité en moi à affronter l'inconnu et j'avais appris à la réconforter même quand je n'avais au départ aucune idée de comment y arriver. J'avais tâtonné, parfois fait des erreurs, mais au final je savais désormais comment m'y prendre avec elle et comment la soutenir quand elle en avait besoin. Et là je voyais le visage de Parfaite se superposer sur celui de Rose, cette même impression de fragilité là où jusque là je n'avais vu que de la force. Ca avait quelque chose de déstabilisant, comme un rapport qui s'inversait, et je savais que je ne pouvait pas laisser passer la chose sans rien faire. J'en étais incapable.
    Elle avait le regard fuyant, et entre ses mains son sac subissait un malaxage qui ne devait pas lui faire que du bien. Ses explications n'étaient pas claires, parlant de "certaines personnes" qui pouvaient faire référence à n'importe qui. Est-ce que je faisais partie du lot? Évidement que oui, mais la raison m'échappait... Et puis, tout à coup, une illumination. Comment est-ce que j'avais pu ne pas y penser plus tôt?! Et je soupirai avec une moue, quelque peu embété.

      Si c'est avec ton frère que ça pose problème tu peux me le dire... Entre lui et moi c'est un peu "tendu" pour pas dire autre chose, mais il n'a pas à te dire qui fréquenter ou ne pas fréquenter...

    Si c'était effectivement Aiden qui se cachait derrière son comportement récent, alors ce type était une ordure pire que ce que j'avais pu penser. Parano en plus, s'il s'imaginait que je voyais sa sœur juste pour lui nuire! Mais, en voyant le regard de Rose, je compris que j'étais tombé à côté, ce qui me rassura presque. Pas jusqu'au point de le faire remonter dans mon estime, mais suffisamment pour que je me demande si je n'en faisais pas un peu trop avec lui. Non. Vu notre passif, il était évident que je n'en faisait pas trop. J'étais même peut être encore trop gentil, allez savoir.

      Tu sais que tu peux me parler si tu as des problèmes avec quelqu'un... Suivant la carrure de la personne j'irai peut être pas jusqu'à lui casser la figure pour te défendre, mais t'as compris l'idée je pense.

    Je tentai un petite touche d'humour pour essayer de raviver ce sourire qui avait disparu de son visage, ce qui avait tendance à fonctionner avec Parfaite. Je n'étais pas en train de les confondre, et même si elles avaient toutes deux de l'importance dans ma vie l'une d'entre elles en avait quand même un peu plus, mais ma chère et tendre était la seule référence que je pouvais avoir présentement. En deux ans j'avais appris comment lui remonter le moral quand ça n'allait pas vraiment, et si je n'étais pas certain de l'effet que cela pourrait avoir pour Rose ça ne coûtait rien d'essayer. Au mieux ça s'arrangerait, au pire on en reviendrait à la case départ.
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