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Ce soir-là, Kimberley, l'été étant finie, se sentit soudainement nostalgique. Il est vrai que les deux semaines détendue passée aux Iles Canaries furent particulièrement relaxantes et revigorantes. Le teint halée par le soleil, la jeune femme s'observait devant la glace perdue dans ses pensées. Il est vrai que l'intégration à Ocean Grove n'est pas de tout repos. Les gens ont beaucoup trop de préjugés, d'aprioris à son égard et ce qui amplifie sa tristesse. Elle se surprit à pleurer, elle qui n'avait pas l'habitude à ce que les larmes coulent sur ses joues. Pourquoi tant de haine ? Etait-elle aussi cruelle qu'on le prétendait ? Et c'est ainsi qu'elle se mit à fouiller dans ses souvenirs qu'ils soient dans des albums photos ou dans sa mémoire pour vérifier si réellement elle était un monstre sans coeur et perfectionniste. Mais l'on ne peut pas être son propre juge. Et c'est pourquoi, elle prit l'initiative de demander aux employés de maison de la solvabilité des propos tenus par certains qui ne portent pas vraiment la jolie Kimberley dans leur coeur. Après maintes demandes, Kimberley considéra que son enquête s'est soldée par un échec, certainement car les employés ont peur du licenciement si la réponse pourrait ne pas lui plaire.

C'est dans cet état nébuleux et nostalgique que Kimberley décida qu'il était bon de prendre l'air pour changer d'environnement, l'atmosphère devenant trop pesante chez elle, et la solitude n'aidant pas à rectifier le tir. Vers vingt-deux heures, elle descendit les escaliers en direction du garage pour prendre sa simple coccinelle grise mais avec toutefois quelques motifs indiens. Et miracle, ce soir-là, Kimberley était simplement vêtue d'un t-shirt blanc en coton, un jogging de couleur gris et une paire de baskets. Mais que lui arrivait-il ? Sa déprime était-elle si sévère ? Devant le volant, elle inspira longuement et resta quelques instants inactive dans sa voiture. Puis elle souffla et démarra la coccinelle. Ne sachant pas quelle direction prendre, elle suivit son instinct et arriva à sa grande surprise à Fairway Place. La diversité des restaurants lui donna subitement l'envie de grignoter quelque chose. Etrangement, elle se dirigea vers une pizzeria banale, commune et peu coûteuse, à croire que la belle revoit ses critères à la baisse. Une fois à l'intérieur, elle commanda une margarita avec en plus des poivrons verts. Servie, cette dernière alla s'asseoir à une table à proximité de la porte pour avoir un peu de courant d'air.

Celle-ci ne pouvant plus intérioriser sa peine, elle pleura en sanglots, n'ayant plus le contrôle d'elle-même, elle n'était plus capable de s'arrêter. Tous les obstacles parcourus au cours de sa vie, toutes les peines l'empêchaient de rester de marbre. Et c'est ainsi que de mauvaises idées lui vinrent à l'esprit, ces idées qui peuvent mettre fin à une vie ... Le saut, la piqure ou la pendaison ? Telle était la question.

La fin de l'été, contrairement à toute personne normale, ne dérangeait pas Desiree. En effet, la jeune fille adorait la pluie et c'est donc dans des saisons comme l'automne qu'elle trouvait son bonheur. Pourtant, ici à Ocean Grove, la fin de l'été ne signifiait pas la disparition des journées extrêmement ensoleillée, ce qu'elle réalisait jour après jour. Elle espérait que l'automne qui arrivait apporterait avec elle quelques gouttes, le soleil, elle en avait assez. Desiree se surprit soudain à penser que si quelqu'un pouvait lire dans son esprit, elle aurait sûrement des ennuis pour avoir souhaité cela, ce qui la fit sourire toute seule. Sûrement devait-elle paraître un peu folle, à sourire bêtement toute seule, mais cela ne l'empêchait pas de le faire régulièrement. Pourquoi montrer aux autres sa bonne humeur lorsqu'elle était présente? C'est donc avec cette mine joyeuse que Desiree descendait la rue, à la recherche d'un endroit où manger, car elle s'était donnée un peu auparavant, la résolution de sortir un peu plus qu'à l'accoutumé. Habillée d'un pantalon noir et d'un maillot bleu électrique et les cheveux noués en un chignon négligé, Desiree se fondait entièrement dans la masse. La jeune fille était loin de la superficialité de certaines, et c'est avec peu de maquillage et des tenues pas très recherchées qu'elle sortait. Un écouteur à l'oreille, l'autre qu'elle tenait dans sa main gauche, Desiree prenait connaissance des menus des différents restaurants. Restaurants peu cher, ceux n'étant pas fréquentés par l'élite d'Ocean Grove où elle se sentirait tout sauf à sa place. Puis elle se décida pour une pizzeria toute simple, et c'est en entrant qu'un flash back lui apparut, la cause? Kimberley Shepeard.

f l a s h b a c k
Le Sud de la France avait beaucoup moins plû à Desiree que le Nord, c'était évident lorsqu'on connaissait ses goûts en matière de climat. De plus, c'est au Nord qu'elle avait fait les rencontres les plus innatendues. C'est parfois dans des endroits peu propices que l'on rencontre les gens. Par exemple, Kimberley, lorsque Desiree l'avait rencontré, séjournait dans le même hôtel qu'elle. Evidemment, la jeune fille ne s'était guère souciait du prestige de son logement, l'important pour elle étant de visiter le pays. Elle avait donc était fortement surprise de trouver une blonde snob dans la chambre juste à côté d'elle. « Cet endroit est infecte! », c'est cette phrase qui indiqua à Desiree beaucoup de choses. Premièrement, elle allait détester cette fille, ensuite, elle allait - elle en était à peu près certaine - gâcher ses vacances. Cette phrase avait aussi apporté à Desiree la voix mielleuse de la blonde, rien qu'avec cette phrase, la jeune fille avait su que cette fille était une pure snob.

La Kimberley Shepeard du Sud de la France n'était pas la même que celle que Desiree voyait maintenant devant ses yeux. Elle était avachie sur une table, devant une maragarita, et surtout, elle pleurait. Le contraste de leur deux expressions la frappa et son sourire s'estompa aussitôt. Très peu rancunière, et ne pouvant que s'appitoyer sur le sort de quelqu'un en train de pleurer, Desiree hésita une seconde puis s'installa en face de la jeune fille. Avant de parler, Desiree se posa une question. Est-ce-que c'était un jeu pour Kimberley de choisir les endroits les moins adaptés à sa personne pour ensuite les dénigrer? Peut-être était-ce pour cela qu'elle pleurait... Cette pensée s'échappa bien vite de son esprit, quand quelqu'un se sentait mal, elle oubliait vite son goût pour la critique.
« Je me suis permise de m'asseoir, parce qu'on se connaît... Je sais pas si tu te souviens, Desiree Myers, ça va peut-être te sembler bizarre mais on s'est rencontrées en France... » Elle se sentit soudain très stupide puis elle poursuivit. « Je t'ai vu dans cet état, et je pense que tu as besoin de parler à quelqu'un. Si tu te souviens de moi, tu vas te rappeller du fait que l'on ne s'entendait pas du tout, mais puisqu'on se retrouve ici et que je suis là devant toi je pense que tu devrais en profiter. Je pense même que cette coïncidence est un signe, au final, on est peut-être faites pour s'entendre! » Desiree lui lança un léger sourire. Elle venait de réaliser qu'en effet, cette situation était une étrange coïncidence, surtout si l'on considérait la taille de la ville et le fait que, évidemment, les deux jeunes filles n'avaient pas gardé le contact.