Dans la générosité de Presley, il fallait aussi y déceler une certaine part d’égoïsme. Si Fabien n’avait nulle part où dormir, la solitude dans la vie de la jeune femme pesait vraiment. Sans doute que le jeune français pouvait également comprendre. Parler seule toute la journée, parce qu’un chien peut être adorable, câlin et loyale, mais jamais il ne vous fera la conversation. Quand bien même il demeurait être très à l’écoute de tout les malheurs de la jeune fille, il ne lui rendait pas l’appareil et ça restait déplaisant. Au début de l’année encore, Presley avait une colocataire, qui était devenue au fil des mois une très bonne amie. Elle fut surprise et déçue de constater un beau jour qu’elle avait mit les voiles sans même prévenir. Elle n’en avait même pas parlé auparavant et ignorait complètement la raison de ce départ précipité. Perdant ainsi une amie mais aussi une grande compagnie, il y avait cependant Sloan. Se voyant régulièrement, bien que le couple ne vivait pas ensemble, les visites chez l’un ou chez l’autre étaient assez régulières pour en donner la sensation. Elle ne voulait pas être un poids dans sa vie et c’était sans doute pour ça qu’elle n’avait jamais parlé de cette idée, bien qu’elle lui ait traversé l’esprit. Après tout elle aimait aussi son indépendance, et prendre aussi le temps de gérer les obsessions du jeune homme, qui pour une bordélique, maladroite, était au début assez difficile. Si à présent elle gérait tout ça à la perfection ça ne servirait en revanche plus à rien maintenant. Tant pis, au quotidien elle finirait par y voir un certain mieux. Alors l’idée d’héberger le jeune homme, même si elle ignorait tout de lui, n’était en fin de compte pas si mauvaise. Certes, les apparences pouvaient être trompeuses, mais s’il était un psychopathe ou tueur en série, il cachait tout de même bien son jeu. En vue de la gentillesse dont il avait fait preuve avec la jeune femme, elle avait du mal à le voir d’un mauvais œil. Qui plus est, il était non seulement adorable, mais également sympathique. Il l’avait déjà vu dans son état le plus pathétique qui soit, il ne risquait plus qu’à la voir dans les moments ridicules, sa maladresse ne lui laissant aucun répit. Et de ce côté-là, elle ne ressentait plus la moindre gêne, le ridicule ne tuait pas, et elle le savait mieux que quiconque. « Ca serait vraiment super Presley! » Visiblement l’idée l’enchantait aussi. Surprise néanmoins par cette étreinte, elle n’allait pas s’en peindre pour autant, après tout elle s’était montrée envahissante la première. De plus elle devait admettre qu’avoir Fabien sous son toit serait finalement rassurant. Avec les derniers événements du quartier, ne plus être seule dans une grande maison, l’aiderait à s’endormir sur ses deux oreilles. Bien que Robert ne soit pas le chien le plus commode du quartier, un homme en plus ne serait pas de trop tout de même. Pourtant elle imaginait déjà le tableau, des deux zozo entrain de flipper ensemble. Ça promettait d’être amusant comme cohabitation, et la perspective d’apprendre à le connaitre, l’enchantait vraiment. « Je serais un colocataire en or, tu verras! Je pourrais te faire découvrir la nourriture française. Genre, les cuisses de grenouilles, c'est super bon! Y'a aussi les escargots mais ça, c'est pour les grandes occasions. Enfin tu verras, tu y auras droit! » Et puis son enthousiasme la touchait. Elle aurait pourtant penser que son cinéma de ce soir serait rédhibitoire, qu’il préférerai encore dormir à la belle étoile que sous son toit, mais apparemment, elle n’avait pas fait si mauvaise impression. Presley avait d’ailleurs cru comprendre qu’il lui parlait gastronomie Française, et étant non seulement gourmande et fan de la France, elle serait ravie d’en apprendre plus sur les habitudes françaises. « Je suis contente, si ça peut te rendre service. » Dit-elle en réalisant son propre enthousiasme. Disons qu’elle savait peut être peut de chose de lui, mais c’était un vrai coup de cœur amical, elle était ravie de cette rencontre et elle était persuadée qu’elle n’aurait pas de mauvaises surprises. « Je te fais confiance. Et j’espère bien gouter à tout ça, moi qui en rêve depuis des années, tu as la lourde tâche de réaliser mes rêves, te loupe pas. » Bien sur, dit sur le ton de la plaisanterie, elle n’allait pas l’égorger dans le cas contraire.

La soirée avançait et prenait une tournure imprévue. Apprenant la marseillaise alors qu’elle trônait fièrement dans une bouée gonflable dans la piscine, en compagnie de Fabien, professeur pour l’heure. Et de Damon, qui tout aussi entamé et bourré, ne devait plus réaliser dans quelle galaxie il était tombé. Il les avait rejoint un peu fortuitement, et c’était sans doute l’alcool mais Presley n’y avait pas vu le moindre inconvénient pour une fois. Moustachue pour l’occasion ça lui donnait un petit air Français qui finalement collait bien à l’ambiance, tandis que les autres observaient béatement le feu d’artifice tiré en l’occasion de la fête nationale Américaine. On pouvait dire que tout les trois avaient bien l’air ridicules, complètement bourrés, chantant horriblement faux, pourtant ils avaient l’air de bien s’amuser, en dépit de tout les soucis qui les tracassaient et les avaient pousser à boire autant ce soir.
Lorsque vint le moment de quitter la soirée, elle n’oublia pas pour autant d’appeler un taxi qu’elle paya d’avance pour son nouvel ami, lui donnant également ses coordonnées, téléphone et adresse. Ainsi, il pouvait même l’attendre devant chez elle, elle pouvait très bien l’accueillir dès ce soir, elle n’y verrait aucun inconvénient. Et puis ce fut Ozzie qui se chargea de raccompagner la jeune femme ainsi que Damon qui fut affublé de surnoms ridicules tout le long du trajet tel que GI Joe notamment. Serrés dans cette voiture deux places. Presley avait du se mettre sur les genoux de Damon. Déjà qu’il était grand et elle aussi d’ailleurs, elle avait l’impression d’être une sacrée sardine mais une fois encore elle ne se plaignait pas. Préférant glousser comme une oie à chaque connerie que balançait Ozzie, elle était finalement de bien meilleure compagnie comme ça. Elle s’occupait également de la coiffure de Damon, lui faisant des bouclettes avec les mèches qu’elle arrivait à choper. N’allons pas nous poser de question sur son obsession pour ses cheveux. L’alcool était parfois source de miracle. Ainsi Presley avait déjà dut dire une quinzaine de fois à quel point elle les aimait. Que cela soit à Ozzie, mais également à Damon. La soirée se finit sur une note joyeuse et amusante, bien qu’elle ait très mal commencée pour la jeune femme, elle se rendait compte qu’après tout il y avait aussi des alternatives qui pouvait offrir de bons moments.