Jamais Analee ne s’était attendue à passer les Fêtes de Nouvel An aussi seule, et pourtant, cette année, c’était effectivement le cas. Il faut dire que ces plans de dernières minutes étaient amèrement tombés à l’eau lorsque Caleb lui avait annoncé que Bonnie et lui s’était remis ensemble, en quelque sorte. Bon, d’un côté, elle se doutait bien que cela arriverait un jour ou l’autre, mais elle ne s’était même pas mit en tête que cela aurait pu lui gâcher son temps des Fêtes. Elle et Caleb s’étaient vu plusieurs fois dernièrement, pour les besoins de leur petite mascarade et, forcément, elle en avait négligé un peu ses amis, qui, faute de la voir, ne l’avait invité à aucune fête durant cette période de l’année. Mais elle ne souhaitait pas s’apitoyer sur son sort, non. Autant être seul que mal accompagné, n’est-ce pas le dicton? Alors elle pouvait bien faire la fête si ça lui chantait, elle n’avait besoin de personne pour s’amuser. Au pire des cas, elle se joindrait à des gens rencontrés sur place : de nouvelles connaissances ne lui ferait pas de tord.

Ayant en tête de vraiment se faire plaisir ce soir et de ne se priver de rien, elle n’avait pas lésiné sur son apparence, un attrape-monsieur très convaincant. Petite robe noire à la mi-cuisse, aux manches longues et évasés et au décolleté plongeant se prolongeant jusqu’au nombril et maintenu en place par une ceinture de la même couleur était à l’honneur. Ses longues jambes étaient aussi dévoilées et compléter par des bottes à talons hauts en cuir noir. À cours sur, elle était certaine d’attirer l’attention et de trouver de quoi s’occuper pour le reste de la nuit… D’ailleurs, à voir le portier la reluquer à son arrivée, elle su immédiatement qu’elle avait bien choisi son attirail, ou plutôt ce qui allait lui servir d’appât, ce soir. Bien entendu, quelques hommes se rincèrent l’œil sous le regard jaloux de leur copine et Analee trouva la situation plus qu’amusante, mais elle ne leur accorda pas plus d’attention que nécessaire. Allant rejoindre le bar, elle fit signe au barman de lui apporté quelque chose à boire, malheureusement sans boisson pour elle – encore mineure, quel drame. Elle se contenta d’un Daiquiri Virgin, faute d’avoir mieux.

Tournant le dos au bar, elle posa son regard sur la salle qui se remplissait à vu d’œil, mais elle ne vu personne de sa connaissance à qui elle pourrait bien se joindre. Tant pis, alors, elle se conterait des restes et des pauvres solitaires, qui, comme elle, avait tenté leur chance en ne venant pas accompagner. C’est ainsi que son attention fut attiré sur son voisin de droite : un homme plus vieux qu’elle (bah, de quelques années), brun avec cette barbe de quelque jour qui l’avait toujours fait craquer chez le sexe masculin. Ce dernier était lui aussi dans la contemplation de la foule qui s’étendait autour d’eux et, suivant son regard, elle remarqua qu’il était dirigé vers un groupe de jeunes filles qui le regardèrent en gloussant. Les hommes étaient définitivement tous des pervers, quel chance. Levant les yeux au ciel, elle prit son verre, en but une gorgée et se tourna vers ce dernier. Décidément, la chasse allait être facile ce soir.

ANALEE • Vous n’avez rien de mieux à faire que de reluquer les jeunes demoiselles, mon cher? lui demanda-t-elle avec un sérieux intérêt pour la question. Accordez au moins votre attention à celle qui sont à votre portée, au moins...

Si ce n'était pas une invitation, je me demande bien ce que ça aurait pu être.