Maât Blythe-Sheldon Victoria Blythe Scott Matthews Tyler Hudsen
J'attrapais une coupe de champagne sur un des plateaux tenus par les serveurs qui déambulait dans la salle de réception, à l'intérieur du paquebot. Je vidais le verre d'un trait. - Maât... C'est la deuxième... fit remarquer Scott en hésitant. - Et la dernière. Je t'assure que c'est la dernière. - Qu'est-ce qui te prend à vide toutes les coupes ? - Je ne sais pas, c'est juste que toute cette histoire de gala fierté de la famille me stresse un peu... dis-je, accompagnant la parole d'une moue coupable. Scott posa sa main sur mon dos et me déposa un léger baiser sur la joue, se voulant rassurant. - Ne t'inquiète pas, je suis sûr que ce sera une merveilleuse soirée.
J'avais ensuite passé les minutes suivantes à serrer des mains viriles et à déposer des bises délicates sur les joues de mes convives féminines, m'assurant de remplir mon rôle d'organisateur de soirée à la perfection. Intérieurement, je stressais complètement - la peur que les choses ne se passent pas que je l'imaginais, que les invités ne s'amusent pas ou n'apprécie pas la soirée, et bien sûr que nous récoltions pas assez de donations pour la lutte contre le SIDA. Je me retournais, cherchant d'une regard ma jeune soeur. Nous avions convenu que c'était Victoria qui prononçait le discours d'ouverture de notre gala de charité mais elle se révélait introuvable. Je soupirais : il était évidant que la laisser sortir de l'hopital aussi rapidement avait été une erreur : elle souffrait encore des répercussions de son coma. J'espérais qu'elle serait à l'hauteur de la soirée. En effet, notre gala de charité n'était pas comme n'importe quel évènement mondain qui animait régulièrement Miami. Notre grand-père Archibald Blythe avait toujours accordé une attention toute particulièrement à son gala qui existait depuis des dixaines d'années, depuis qu'il avait rendu son entreprise autrefois familiale la Blythe Events Compagny aussi importante que n'importe quelle société côtée en bourse. Aujourd'hui, il était mort plusieurs mois plus tôt. Nous étions persuadés que nous ne toucherions pas un centime de sa fortune - il n'appréciait pas Victoria et Rhys, quant à moi j'avais eu le malheur de me le mettre à dos quelques années plus tôt. J'avais même arrêté mes prometteuses études pour lui. J'avais vécu un an au Texas pour lui. J'avais foutu ma vie en l'air pour lui. Je ne parvenais pas encore à comprendre pourquoi je me retrouvais aujourd'hui vice-président de sa société, et riche comme jamais je n'aurais pu l'imaginer. Le jeune wedding planner de San Francisco était aujourd'hui devenu un des hommes les plus influents de la ville, me promettant à un bel avenir. Qui plus est, les mystères entourant sa mort alimentaient de jour en jour la crainte que l'on perce mes secrets au grand jour, ruinant tous mes espoirs. Et la vie de toutes les personnes qui m'entouraient aujourd'hui. Mes yeux se posèrent sur Scott qui se tenait fièrement à mes côtés, trop heureux d'être enfin présenté officiellement comme mon compagnon. S'il savait... Je n'étais pas sûr qu'il me pardonnerait, je n'étais pas sûr que notre couple - qui était apparu quelques jours plus tôt dans un tabloïd people - en sortirait indemne. Mais pour le moment, je devais avouer qu'il s'en sortait à merveille et assumait pleinement sa nouvelle position d'homme public. Complètement dans mes pensées, je ne vis pas ma soeur me rejoindre.
Victoria n’avait jamais pu voir à quel point ce genre d’évènement demandait du temps et de la patience – ainsi que de l’argent mais ça, ça coulait de source dans la famille Blythe. Elle qui avait toujours connu ce gala, elle ne s’était jamais rendue compte de l’investissement nécessaire pour une telle occasion. Déjà plus jeune, elle avait eut l’occasion de s’émerveiller des spectacles, des décors et des attractions que son grand-père choisissait. Combien de fois avons-nous pu voir les jeunes Blythe, dont le plus vieux était âgé de quelques dizaines d’années à peine, courir à travers les couloirs et rigoler de bon cœur, sans se soucier de la raison de ce gala. Pour Victoria, cela avait toujours été une tradition. Et il y avait fort à parier que, s’il n’y avait pas eut une cause derrière cela, elle aurait été aux abonnés absents. Mais le SIDA était un sujet toujours d’actualité, malheureusement. C’était pourquoi elle avait lourdement insisté pour assister à ce gala. Après tout, elle avait autant mis la main à la pâte que ses frères – dans la mesure du possible, tout du moins. Et elle n’allait pas laisser une, soi-disant, fragilité de santé ainsi qu’un plâtre et deux béquilles l’empêcher d’y aller. La jeune Blythe était donc postée à l’entrée, le cœur plutôt léger et le regard parcourant la salle avec satisfaction et admiration. Après tout, elle était un peu comme les invités ; elle n’avait pas mis les pieds sur le bateau depuis plus d’une semaine et demie. Les deux derniers jours où elle se trouvait à la maison, ses frères avaient tout simplement refusé à ce qu’elle vienne avec eux – la privant ainsi de beaucoup de sortie. Ils avaient jugé – surtout Maât – que son lit était la meilleure place au monde pour elle pour l’instant. Ce n’était qu’après avoir eut confirmation de sa présence au gala qu’elle décida de ne plus rechigner, comme une enfant ayant peur que ses parents changent d’avis sur un coup de tête. La jeune blonde ne souhaitait pas se fâcher, et encore moins avec Maât. Les derniers mois passés avaient été plutôt durs pour la famille Blythe, elle avait jugé bon de se calmer et de s’assagir tranquillement. Son plaisir de retrouver du monde était tout de même présent. Non pas qu’elle n’avait vu personne – bien au contraire. Mais sa jambe gauche commençait à s’engourdir furieusement et elle se trouvait plus fatiguée que jamais. Passer quatre jours à rien faire, c’était beaucoup plus épuisant qu’une journée de travail. Victoria retrouvait donc un peu les mondanités dont elle n’était pas forcément habituée mais qui, pour le coup, lui avaient bien manqué. Les mots de bienvenue résonnaient dans sa bouche et elle saluait chaque personne franchissant le palier avec un automatisme flagrant. Sa tête était perdue dans le décor et son esprit plongé dans l’attente impatiente d’une personne en particulier. Elle n’était pas encore assez tombée sur la tête pour croire toutes ces personnes lui souhaitant un bon rétablissement. Bien sûr, c’était touchant de la part de certaines personnes mais pas de tous. Mais ce n’était pas forcément le lieu et le moment. L’instant était fait pour les festivités, pour prolonger un peu plus l’envie de fête, avant la reprise.
Quelques minutes après, Victoria se trouvait près du buffet mais n’arrivant pas à mettre ce bout de charcuterie dans sa bouche. Elle le tournait encore et encore dans sa main, ses yeux émeraude parcourant de nouveau la salle avec une inquiétude perceptible. Accoudée à sa béquille, l’autre étant posée contre le meuble du buffet, la jeune fille semblait paniquer. Il avait été convenu qu’elle devrait prendre la parole pour le discours d’ouverture. Elle s’était entrainée et Maât s’était montré un coach de luxe. Mais maintenant, à quelques minutes de sa prise de parole, elle doutait furieusement. Pourtant, ce n’était qu’un discours, se disait-elle. Mais ce n’était pas n’importe quel évènement. Et il n’y avait pas n’importe qui. Une bonne partie des personnes présentes ne pouvait pas supporter sa présence. Il semblait qu’elle n’avait pas travaillé avec son frère sur la manière de faire oublier qu’elle était Victoria Blythe, fouineuse d’Ocean Grove, et qu’elle se montrait en tant que Victoria Blythe, adhérente de la lutte contre le SIDA. Dans un fort soupir, la jeune fille engloutit ce qu’elle avait dans sa main en grimaçant avant d’attraper sa deuxième béquille. Se glissant entre les invités avec des béquilles sans bousculer quelqu’un relevait de l’exploit. Elle ne savait pas où aller mais elle savait ce qu’elle cherchait : ses frères. Ou au moins, un des deux. La jeune Blythe avait le regard qui tournait et tournait jusqu’à ce qu’elle aperçoive son aîné, celui dont elle avait le plus besoin pour la rassurer. Seulement, plus elle s’approchait et plus elle fronçait des sourcils. Maât semblait dans ses songes. Et son visage trahissait son anxiété. Apparemment, même la présence de Scott à ses côtés ne réussissait pas à le détendre. La jolie blonde commençait à se faire à l’idée que son frère sortait avec le jeune Matthews. La réaction qu’elle avait eut lors du coming-out de Maât avait été stupide et affreusement déplacé, elle le reconnait volontiers. Aussi essayait-elle de se montrer un peu plus agréable envers celui pour qui Maât avait menti et trompé. Quand elle arriva à leur hauteur, Victoria eut un léger sourire. Scott paraissait nettement plus zen et détendu que son compagnon, dont le visage était fermé et ailleurs.
VICTORIA : Il est comme ça depuis longtemps ? son timbre était amusé alors qu’elle dévia son regard vers Maât après s’être adressée à Scott. Maât, arrêtes de te leurrer ; les petits fours sont succulents. Et tu sais que tout se passe dans la nourriture.
La jeune blonde lâcha un léger rire, comme amuser de sa propre bêtise. A vrai dire, elle n’avait goutté à strictement rien d’autres que l’eau fournit par les robinets des cuisines. Mais, quand c’était pour redonner un semblant de vie à son frère, tout était permis. Elle ne savait pas vraiment ce qui pouvait le tramer. Après tout, cette soirée était à la hauteur de celles qui avaient précédé. Jusqu’à présent, personne ne s’était plains de quoique ce soit, c’était plutôt bon signe, non ? Même si elle ne connaissait rien à l’organisation de ce genre de festivités, Victoria était sûre qu’ils n’avaient fait aucun faux pas et que la soirée se déroulerait comme prévue.
« L'expérience prouve qu'il est beaucoup plus facile de prendre des otages que de les relâcher. » André Frossard
Autant dire que ce genre d'évènement n'était pas dans les habitudes de notre cher Matthews. Lui qui avait vécu quatre ans à Los Angeles en trimant en tant que serveur pour se payer ses études n'avait jamais été un des nombreux invités de ces soirées très privées. Mais plutot le celui qui servait ces personnes vétu de smokings et de robes haute coutures. Aujourd'hui était donc une grande première et si les trois membres de la famille Blythe n'avaient pas été les organisateurs de ce gala de charité, Scotty serait bien resté chez lui devant un café et un bon film sans oublier biensur de donner une somme d'argent pour lutter contre le SIDA qui malheureusement atteignait encore beaucoup de personne dans le monde et dont la seule protection était le préservatif.
Mais ce soir, tout restait encore à faire. Arrivé avec Maât, Scott le suivait, impressionné par le nombre de mains qu'il avait déjà serré alors qu'il n'en connaissait leur propriétaire. Son petit ami était donc plus connu qu'il ne l'aurait imaginé. Un serveur leur tendit alors deux coupes de champagnes. Il en but une gorgée contrairement au jeune Blythe qui le vida d'un trait pour en reprendre une deuxième qu'il but aussi rapidement.
- Maât... C'est la deuxième... fit remarquer Scott en hésitant. - Et la dernière. Je t'assure que c'est la dernière. - Qu'est-ce qui te prend à vide toutes les coupes ? - Je ne sais pas, c'est juste que toute cette histoire de gala fierté de la famille me stresse un peu... dit-il, accompagnant la parole d'une moue coupable. Scott posa sa main sur son dos et déposa un léger baiser sur sa joue, se voulant rassurant. - Ne t'inquiète pas, je suis sûr que ce sera une merveilleuse soirée.
Les habitants de Miami faisaient leurs apparitions de minutes en minutes. Le paquebot qui, était vide il y a moins d'une heure, se remplissait tranquillement. Scott qui n'avait pas l'habitude d'être au centre d'une soirée se sentait légèrement gêné et angoissé. Bien qu'il ne le montrait à personne et surtout pas à Maât qui stressait bien plus que lui. D'après ce que le jeune Matthews avait compris, ce serait la cadette de la famille Blythe, Victoria Blythe, qui parlerait en première en ouverture de cette fameuse soirée qui s'annonçait particulièrement réussie. Justement, la voici qui arrivait. Voyant pertinement qui son ainé n'était pas dans son état normal.
- Il est comme ça depuis longtemps ? Scotty lui fit un signe de tête lui indiquant qu'il ne comptait déjà plus le nombre de minutes. Maât, arrêtes de te leurrer ; les petits fours sont succulents. Et tu sais que tout se passe dans la nourriture.
Scotty souria également face à la remarque de la demoiselle que l'on pourrait aussi nommer sa belle-soeur. Elle n'avait pas changé malgrès l'accident qu'elle venait d'avoir avec un des amis de Scott, Dakota Wayhne qui avait une véritable haine envers la jolie blonde. Jettant un regard aux alentours, le chef cuisinier du Four Seasons Hotel Miami aperçut alors son meilleur ami, colocataire et anciennement amant qui faisait son entrée sur ce magnifique édifice.
- Je reviens ... Chuchota-t-il à Maât s'appuyant légèrement sur son épaule.
Sourire aux lèvres, il s'avança alors vers Tyler qui était très classe dans son costume. Cela changeait de son uniforme de flic. Autant dire qu'il était à croquer vétu ainsi. Cependant Maât l'était bien plus encore. Se rapprochant de lui, il attrapa une coupe qu'il prit sur un plateau de l'un des nombreux serveur de la soirée et le donna à Ty après lui avoir fait la bise.
- Tu es venu finalement ... Il souria bêtement et l'entraîna avec lui vers Victoria et Maât qui discutait tranquillement en attendant le discour de cette dernière.