Ava & Jay.


Depuis sa rencontre avec Ava, la vie de Jay avait changée du tout au tout. Finit le Jay déprimé qui passait ses journées à penser à sa défunte femme, celle qu’il pensait être son unique amour. La belle et caractérielle brune était venue tout chambouler, tout changer. Il avait perdu ses repères et ses habitudes et avait dû s’en trouver d’autres. Des nouveaux qui tournaient autour d’Ava, malgré qu’il refusait de l’avouer, se voilant bêtement les yeux sur une vérité qui semblait pourtant plus qu’évidente. Mais des circonstances extérieures lui avaient en quelque sorte retirées ce fameux voile, de force, et ce fut là qu’il comprit enfin. Qu’il comprit que sans Ava, il ne pourrait plus jamais regoûter au bonheur. Qu’il avait besoin d’elle, vraiment besoin d’elle, et que seule sa présence lui faisait tant de bien. Qu’elle l’obligeait à se bouger, à aller de l’avant et qu’elle lui redonnait des tas d’espoirs, des tas d’envies qu’il avait cru perdus à jamais. Enfin, ils cessaient de se tourner autour, de s’approcher pour mieux se fuir. Comme quoi, chaque moment de désolation pouvait finalement conduire à la clé du bonheur. Sans le câlin avec Karen, sans le baiser d’Ava pour l'ex de son amie et sans l’accident, Jay savait qu’il ne serait pas avec elle. Et peut-être ne l’aurait-il jamais été. Mais Jay, vous le connaissez à force, n’était pas du style à philosopher sur ce genre de sujets-là. Il prenait la vie comme elle venait, et ça n’allait pas plus loin. Il était désormais heureux d’être avec Ava, point. Le comment du pourquoi ne l’intéressait absolument pas.

Ce jour-là, Jay bossait sur un chantier sur Miami. Le soleil cognait dur et son torse dévoilé prenait un peu plus à chaque fois une couleur hâlée qui lui allait plutôt bien. Son pantalon de travail dévoilait plusieurs marques de peintures différentes, tout comme ses mains. Il sifflotait gaiement, heureux et détendu. Ava était chez son père à cette heure-là, et elle devait le rejoindre dans la soirée, chez lui. Jay avait du mal à masquer son impatience. Tous ses collègues étaient déjà au courant de sa nouvelle situation, et la plupart l’en avait félicité, heureux de voir qu’il pouvait enfin recommencer sa vie comme il l’entendait. Jay n’était pas le genre d’homme fait pour vivre en célibataire, il avait bien trop à donner et espérait toujours recevoir. La vie de solitaire l’avait fait souffrir, bien qu’il n’en ait jamais rien montré. Comme bien souvent, le blond ne montrait pas ses peines. Il était du genre « tout va bien, je me fou de tout ». Ce qui n’était pas non plus entièrement faux d’une certaine façon. Il avait également quelques problèmes relationnels. Il avait beau aimer une personne à en crever, il avait beaucoup de mal à le montrer au quotidien, tout simplement parce qu’il ne se rendait pas compte du besoin de l’autre à être rassuré. Néanmoins, si lui ne l’était pas, alors-là il n’hésitait pas à pester contre sa partenaire pour y remédier. Un homme bon, mais difficile à gérer.

Mais sa journée allait bien vite être écourtée. Son téléphone sonna et en voyant le nom d’Ava s’afficher, il s’empressa de répondre, légèrement inquiet. A cet instant même, il crut perdre l’ouïe. La voix haut perchée de la belle lui arrachait les tympans et il ne comprenait qu’un mot sur deux de ce qu’elle racontait. Il éloigna le combiné de son oreille et plissa front et sourcils en signe de douleur. Elle était malade de hurler comme ça ! Puis, bientôt le « bip bip » du téléphone le calma, signe qu’elle avait raccroché. De tout ce qu’elle avait dit, il avait juste comprit qu’il devait aller la chercher chez son père. Bon… Jay soupira, n’aimant pas spécialement laisser son travail en plant, surtout en plein milieu. Il rouspétât, mais bien trop soucieux il finit par abandonner pinceaux et peinture pour regagner sa voiture. Il enfila son t-shirt blanc de travail et fila, n’ayant même pas le temps de se changer. Mais qu’est-ce qu’il se passait ? Elle lui avait semblé si furieuse au téléphone, il ne l’avait jamais vu comme ça. Il savait qu’elle était dotée d’un tempérament de feu, mais là… ça dépassait l’imagination ! Vingt-cinq minutes plus tard, il se garait devant chez le père d’Ava et sonna au portail pour signaler sa présence. Puis, il s’appuya contre sa voiture et croisa tranquillement ses bras sur sa poitrine, patientant. Et subitement, une tornade brune déboula devant lui…